Campagne de Medeva

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Campagne de Medeva
Informations générales
Date 497
Lieu Medeva
Issue Victoire pyrrhique caroggianne
Belligérants
Expédition de Tussaud

Expédition de li Velpucci

Commandants
Capitalins:

Caroggians:


La campagne de Medeva de 497 est une campagne militaire, menée par le roi Adryan II contre les colons caroggians dans le sud de Medeva. Il s’agit de l’un des rares conflits armés ayant opposé le Royaume Central et la République Marchande de Caroggia, bien que de façon officieuse. Elle est souvent nommée la “sale guerre”.

Causes et contexte

Fidèles à l’expansionnisme prôné par la Magistrature Barhoran, des oligarques désireux de créer de nouveaux latifundios, des latifundiers de l’ouest de la Vellabria cherchant à agrandir leurs domaines, et des gens du commun désireux de s’élever par la possession de terres, commencent à racheter de façon massive des terres dans le sud de la Province de Medeva, aux environs d’Indubal, pendant la seconde moitié du cinquième siècle du calendrier impérial. Les terres ainsi rachetées sont organisées à la façon des latifundios caroggians déjà présents dans l’extrême est medevan. Les paysans métayers locaux sont systématiquement chassés de ces latifundios, pour laisser place à de larges groupes d’esclaves et de colons s’affairant aux champs. Ceci conduit à des déplacements de population. Les colons se justifient en évoquant le cas des Tragiques des Trassèdes.

À la Capitale, cette montée en puissance caroggianne en Medeva déplaît. Le Roi Adryan II, souhaitant intervenir face à cette colonisation rampante de Medeva, mais ne pouvant envoyer de troupes en son nom propre pour des raisons politiques, confie à deux nobles capitalins, Hugue de Humblecour et Glendyl de Hauteville, la tâche de partir dans le sud, accompagnés de leurs troupes personnelles.
Les deux nobles obtiennent par ailleurs le soutien du haut-fonctionnaire banneranois Tussaud, ainsi que d’une garnison galdyri.
Au total, trois régiments de soldats sont envoyés dans le Sud, avec pour mission de stopper la colonisation caroggianne dans la région, de manière rapide et discrète.

Une guerre par procuration

Outre son atrocité intrinsèque, le conflit qui oppose le Royaume Central et la République Marchande de Caroggia se caractérise par sa discrétion. En effet, les deux belligérants préfèrent s’abstenir d’entrer ouvertement en guerre, pour des raisons propres à chacun.

D’une part, Adryan II manque cruellement de soutien, et une guerre publique en Medeva risquerait de voir intervenir en sa défaveur le Monastère adaarion, plutôt favorable à la République Marchande à ce moment-là, et l’Ordre phalangiste, historiquement conciliant avec Caroggia. De plus, une guerre en bonne et due forme rendrait incertaine la situation au nord et sur les côtes du Royaume. Ocolidiens et nordiques sont alors relativement remuants, et la perspective d’une guerre sur plusieurs fronts, sans garantie de soutien hura ou adaarion, appelle à la prudence. Enfin, sur le plan strictement matériel, trop d’argent capitalin se trouve dans les banques caroggiannes pour pouvoir se permettre de se mettre à dos la totalité des oligarques de Caroggia ; d’où le choix de petits nobles peu proches de la couronne, aisément sacrifiables si l’affaire venait à mal tourner.

De son côté, Zuanne Barhoran est à la tête d’une nation peu guerrière et toujours politiquement désunie, après la disparition des li Alcontini. Du reste, rares sont les caroggians convaincus, comme l’est le questeur Barhoran, que la République est en mesure d’affronter le Royaume sans courir à sa perte. L’objectif de Zuanne est donc double : protéger les latifundios coloniaux et adresser un message à Adryan II : “Caroggia ne pliera pas”.
Thurmin li Velpucci semble alors l’homme de la situation. Marié à la cadette des Palmirane, une famille implantée dans le sud-ouest medevan, il entretient des liens familiaux avec Zuanne Barhoran, grâce à leur alliance commune avec la famille Palmirane, et constitue ainsi un gage de confiance.
De plus, Thurmin a hérité de sa famille de nombreux contrats traditionnels pour le compte du Monastère adaarion, de l’ordre phalangiste et de quelques familles pieuses de Roskilde, et peut ainsi contrôler facilement les quelques bribes d’informations officielles qui pourraient parvenir aux oreilles des autorités religieuses. Enfin, il est un quasi-inconnu à Caroggia, ce qui permet d’éviter de rendre l’affaire trop publique.

Forces en présence

Royaume Central

Les troupes du Royaume Central sont composées de trois régiments de la Légion Royale, dirigés par le haut-fonctionnaire Tussaud, sous la supervision des nobles Humblecour et Hauteville, commissionnés en secret par le Roi.
Trois mille hommes sont ainsi rassemblés.

République marchande de Caroggia

Pour protéger les latifundios medevans, Thurmin li Velpucci se voit remettre deux officiers de l’école militaire de Caroggia, ainsi qu’une forte somme d’argent, avec laquelle il engage une importante troupe mercenaire, qu’il complète avec quantité de gladiateurs et d’esclaves combattants bien moins coûteux. Le choix d’employer des esclaves armés est alors surprenant.
Les colons caroggians peuvent ainsi compter sur deux-mille cinq cents mercenaires de toutes origines, dont douze centaines de nomades dionians et un millier d’esclaves armés.

La campagne

Guerre de mouvement

En Mai 497, les troupes de la Légion se regroupent dans la ville de Cossaverdos, en Galdyr, avant de faire route vers le sud medevan.

Dans le même temps, Thurmin li Velpucci commence à organiser ses troupes dans les latifundios et prend ses quartiers dans le latifundio Palmirane, tandis que les colons s’arment pour le soutenir, ou fuient vers Indubal et la Vellabria. Les mercenaires sont envoyés vers le nord pour former la ligne de front. Les esclaves, eux, sont répartis dans les domaines, où ils préparent la défense.

Malgré la fatigue accumulée par les légionnaires, le long d’un trajet de plus de trois-cent kilomètres, les affrontements tournent à l’avantage de la Légion, qui parvient à confronter les mercenaires dans une bataille rangée. Ceux-ci, peu disciplinés, sont contraints de reculer vers le sud, après de lourdes pertes, et seules la poigne de fer des officiers caroggians et l’expérience des dionians permettent d’éviter que la retraite ne se transforme en débâcle totale.

Confiant, Tussaud fait avancer ses troupes toujours plus loin vers le sud. Ne se heurtant qu’à des bataillons isolés, la progression est rapide.
Thurmin li Velpucci veut préparer la retraite via Indubal, mais le prêteur général d’Indubal refuse ostensiblement de s’impliquer dans ce conflit, afin de préserver le commerce maritime de sa ville et de satisfaire ses partisans locaux, qui considèrent avec mépris la colonisation des terres.

Terre brûlée

Se retrouvant coupés de toute retraite possible, li Velpucci et ses officiers mettent au point une tactique non-conventionnelle de terre brûlée, par l’emploi régulier d’incendies, pour ralentir les troupes adverses, et l’empoisonnement systématique de l’eau des puits, à l’aide de charognes de bétail. Le climat chaud et sec du sud medevan se prête particulièrement bien à cette manoeuvre, et la marche des légionnaires s’en trouve aussitôt ralentie. En effet, bon nombre de fantassins souffrant de déshydratation, à cause de la chaleur ambiante de Thermidor, tente de se guérir de la soif et tombe malade.
De plus, la plupart des fermes medevanes ayant été incendiées par les mercenaires caroggians au cours de leur retraite, les soldats sont contraints de fourrager dans les villages medevans. Toutefois, les populations medevanes, déjà peu royalistes à l’accoutumée, sont scandalisées par cette pratique et résistent. Peu à peu, les fourrageurs de la Légion se mettent à commettre des pillages en règle. Ceci achève de briser la moindre entente entre Tussaud et le gouverneur de Medeva.

Profitant du désordre ainsi occasionné, li Velpucci rassemble les restes de ses mercenaires pour organiser le harcèlement des troupes capitalines. Divers succès lui permettent de clouer les légionnaires sur place, tandis qu’il se met en déplacement constant, pour empêcher les capitalins de savoir où se diriger pour le vaincre. La belle avancée de Tussaud est stoppée net et le conflit s’embourbe.

Enlisement et exactions

Durant les mois qui vont suivre, les troupes capitalines vont littéralement errer à la recherche de li Velpucci, pour tenter de mettre fin à la guérilla menée avec une redoutable efficacité par les dionians. Les dirigeants capitalins se laissent distraire de leur objectif principal. Progressivement, le fourrage dans les fermes locales ne permet plus aux capitalins de s’alimenter. Ils doivent alors commencer à attaquer les domaines, mais la prise de position se solde presque toujours par un désastre : terre brûlée, empoisonnement des puits, résistance acharnée des colons, sabotages. De son côté, li Velpucci frappe durement le moral des légionnaires, en torturant ses prisonniers avant de les renvoyer mourants à leurs frères d’armes, ou en les exposants crucifiés aux abords de leurs campements. En retour, les légionnaires se montrent sans aucune pitié avec les colons pris, et rasent les fermes coloniales de rage, plutôt que de les investir pour s’y reposer.

Finalement, la grogne monte à la Capitale, où les nobles de la cour s’offusquent d’une seule voix du côté humiliant qu’a cette campagne pour la Légion. Nombreux sont ceux qui, dans l’Ordonnance, se mettent à soutenir le gouverneur de Medeva, monté jusqu’au Palais Royal, pour y plaider sa cause. Beaucoup, à raison, s’inquiètent de voir ainsi les troupes royales piétiner face à une force caroggianne, désormais inférieure en nombre, et composée essentiellement de “racailles”.
Adryan II intervient finalement et avorte son plan initial. Il feint l’ignorance et rappelle le trio ainsi que les légionnaires. Ceux-ci reçoivent un blâme sévère, et le haut-fonctionnaire Tussaud, discrédité par ses pairs, est exécuté pour divers “crimes”, quelques temps après sa disgrâce.

Conséquences post-conflit

Conséquences matérielles et humaines

À l’issue de ce conflit, on estime que plus de 2100 légionnaires périrent contre 3200 combattants caroggians, dont 1400 mercenaires et 900 esclaves-gladiateurs.

La population du sud de Medeva connaît une effroyable disette suite à cet événement, et bon nombre de medevans meurent de maladie après avoir bu de l’eau contaminée. De nombreux exodes ont lieu. Indubal et la province de Galdyr sont assiégés de réfugiés.

Conséquences politiques et diplomatiques

Le roi Adryan II se présente comme le défenseur de la paix et le garant de la stabilité sur le territoire royal, en mettant en disgrâce Hugue de Humblecour et Glendyl de Hauteville pour leur “initiative téméraire et stupide”. Il obtient le soutien du peuple, globalement peu au fait des réalités du conflit, et le récit d’une guerre illégale, menée par des nobles et un haut-fonctionnaire rebelle, est repris par les élites capitalines. Si les deux nobles tentent de se décharger d’une part de leur faute, ils se voient rapidement imposer le silence. Ni l’un ni l’autre ne survécurent au-delà de l’année de leur disgrâce.

Du côté caroggian, Thurmin li Velpucci gagne une certaine popularité au sein de l’oligarchie (excepté à Indubal, où il était absolument détesté). En effet, persuadés que les colons n’avaient aucune chance, beaucoup considèrent la résistance comme un exploit, sans compter que de nombreux latifundiers ont apprécié le jusqu'au-boutisme de li Velpucci. Tout ceci éclipse le manque de considération qu’a eu le caroggian pour les fermes et latifundios, et l’énormité des dégâts matériels. Zuanne Barhoran profite de l’occasion pour envoyer Thurmin li Velpucci au Conseil de la Fiducie, et lui garantit même le poste de Questeur aux Mercenaires, qu’il ne gardera que quelques années, avant que sa vie scandaleuse ne soit révélée lors des Scandales de Damazara.

À Indubal, de nombreuses émeutes et conflits entre réfugiés et indubalis, ainsi que l’impopularité des prises de positions du préteur général, accélèrent la chute de ce dernier et permettent à Anna Aligarri de prendre le pouvoir, et de se faire une réputation en ramenant l’ordre à Indubal.

En conclusion, si le Royaume Central a profité de la participation opportune de Thurmin li Velpucci et de ses conséquences désastreuses pour l'implantation caroggiane en Medeva, c’est Zuanne Barhoran qui remporte la victoire symbolique et politique. Il prouve par cette “victoire” que la République marchande de Caroggia possède la capacité de se défendre, et qu’un conflit entre la République et le Royaume ne tournerait pas forcément en une victoire écrasante du Royaume. Qui plus est, Zuanne démontre personnellement à Adryan II son intransigeance et sa détermination dans le conflit personnel qui oppose les deux dirigeants. Cet état de grâce pour Zuanne Barhoran prendra bientôt fin avec le commencement des Scandales de Damazara en 502, lors desquels les détails de la guerre seront largement exposés depuis Caroggia.

Plus anecdotiquement, on peut aussi noter que le comportement caroggian et capitalin, durant cette campagne, va encore davantage éloigner les Medevans de ces deux pays, et conforter leur indépendantisme en naissance.

Trivia

  • La campagne de Medeva est un travail commun d'Untertrack (Bahadur/Tartifus) et Guidrion.