Utilisateur:Dhinata

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     Dhinata Dharati
Informations RP
Genre
Femme
Année de naissance
Rang
Esclave de



Quartier




Métier
Métier
Compléments








Origines
Ville d'origine
Région d'origine
Nation d'origine
Informations HRP
Login Minecraft
audrey98
Pseudo
Audrey
Prénom IRL
Audrey
Âge IRL
19 ans




Description

Dhinata est née dans une famille modeste à pauvre dans un village modeste à pauvre. Ses habitudes sont par conséquent plutôt rustiques, mais elle a su jouir des rudiments éducationnels que prodiguait une petite école établie dans son village, ce qui lui a permis d’apprendre à lire, à écrire ainsi qu’à compter. Elle a été très jeune placée sous le mentorat d’un vieil apothicaire qui lui a transmis son savoir et sa passion, non sans être très rude et seulement après quelques mois de pur acharnement pour prouver la motivation de la fillette. Sa famille étant exclusivement tabatiers, et se transmettant le flambeau de génération en génération, c’est tout naturellement qu’elle maria ses connaissances nouvellement acquises avec son patrimoine familial pour faire de son métier le métier qui rendrait fiers ses parents, celui de tabatière.

Plutôt menue et affinée par la chaleur ocolidienne et la fumette excessive de tabac, elle ne mesurait qu’un petit mètre cinquante pour une cinquantaine de kilos. Ses bras affichent cependant quelques muscles naissants et, bien sûr, sont ornés de ses tatouages, caractéristiques du peuple des Manarades. Sur le bras droit, elle arbore une fleur d’hibiscus, plante proliférant sur son île, ainsi bien sûr qu’une fleur de tabac. Plus timidement gravée dans sa peau, une fleur de pavot se joint à ce trio floral. Sur son avant-bras gauche, elle affiche fièrement une représentation d’un vieillard sec aux longs cheveux et à la barbe touchant presque le sol. Cette représentation du mageneta du savoir, Raga, lui a été prodiguée le jour de son seizième anniversaire, qui marquait également la fin de sa formation auprès de son mentor. D’autres ornements sont encore remarquables sur ses membres, mais sont également plus abstraits. Certains aiment à penser qu’il s’agirait d’images de vagues et de créatures marines imaginaires, ou d’autres plantes burlesques, mais personne n’a jamais eu la certitude duquel il s’agissait. La mention du tatouage de Raga permet également de confirmer son attachement au culte des images, qui a toujours été la seule religion qu’elle ait pratiquée. La chevelure de la jeune femme est de couleur marron, tout comme ses yeux, qui arborent en plus des éclats noisette au soleil. Elle est en permanence vêtue d’une tenue de cuir noir aux bras dénudés, comme le veut la tradition Manarade.

Fidèle héritière des passions du peuple des Manarades, Dhinata adore passer son temps à papoter sur les rumeurs du village. Il lui est même arrivé d’en lancer une qui courut à la perte d’un de ses concurrents commerciaux. Mais lorsque quelqu’un la rencontre pour la première fois, elle est plutôt fermée à ses sentiments et ne sourit que peu, gardant le menton bien haut, signe de sa fierté vis-à-vis de l’inconnu. Une fois amie avec une personne, elle peut se montrer très honnête et ne se retient pas de dire ce qu’elle pense, ce qui peut être très mal toléré par certaines âmes sensibles, mais elle reste fidèle à ceux en qui elle a accordé sa confiance (on raconte qu’elle serait même prête à faire taire des rumeurs sur les gens qu’elle apprécie le plus !). Elle reste avant tout dévouée à son travail et à son amour du tabac, parfois trop prononcé.

Choix

Eduquée. Education : placée jeune sous la tutelle d'un mentor, Dhinata sait lire, écrire et compter. Elle excelle cependant dans ce qui tient de l'alphabétisation et a encore quelques peines avec les chiffres.
Apothicaire. Apothicaire : suivant les traces d'un ancien apothicaire, la Manarade connait les recettes de base que tout bon apothicaire se doit de connaître.
Connaissance.Connaissance : passionnée par la flore de par son patrimoine familiale, il est clair que les plantes n'ont de secret pour Dhinata. Il en va de dire que son domaine de prédilection se trouve dans les herbes à fumer.
Art.Art (loisir) en dessin : à force d'esquisser bon nombre de plantes quelconques sur ses prises de notes lors de son mentorat, Dhinata a pris le coup de main et sait désormais dessiner correctement la flore qu'elle rencontre.

Qualités

Tabac.Dévouée à son métier
Croyante.Croyante et fidèle, dévote à la figure de Raga
Motivée.Curieuse et motivée
Perfectionniste.Ne s'arrête jamais sur des acquis

Défauts

Superstitieuse.Superstitieuse
Fumeuse.Amour parfois trop prononcé du tabac
Renfermée.Peu engageante avec les inconnus
Cinglante.Trop honnête quand elle est familière

Intérêts culturels et goûts

Contes.Adore les histoires
Tabac.Goût prononcé pour le tabac
Nage.Apprécie la nage et le soleil
Dés.Se prête aux commérages et aux jeux de dés selon son humeur

Histoire

La Réussite

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An 497. Mahama, une jeune femme habitée par la vie, récoltait aux côtés de son époux Saraja les plants de tabac arrivés à maturité. Le soleil ardent frappait le couple pendant son travail mais ne semblait le déranger, au moins pas avant que la femme ne se redresse brutalement, les mains plaquées contre son ventre gonflé.

« Qu’est-ce t’as ? » s’inquiéta Saraja, approchant à petits pas de sa femme pâlissant à vue d’œil. « C’est l’bébé » murmura-t-elle, comme dans un état second « J’crois bien qu’il va sortir, c’te fois. » et son instinct fut confirmé la seconde suivante, lorsqu’une douleur vint lui tordre les tripes. Une panique blanche vint se dessiner sur le visage de Saraja, bien conscient que leur distance avec le reste du village rendrait l’accouchement bien compliqué. Mais de sa torpeur il fut sorti lorsque sa femme se laissa tomber par terre de douleur, poussant des cris à faire fuir les bêtes. Il aurait eu besoin de linges, d’eau, de calmant, de tout ce qui aurait pu aider sa femme, mais il n’avait que des plants de tabac à perte de vue. S’agenouillant à ses côtés, il tâcha de la rassurer. Lui prenant sa petite main crispée dans la sienne, il ferma les yeux, et émit un calme surprenant et tout soudain qui rayonnait autour de lui. Elle, déchirée par l’enfant, hurlait pendant que lui absorbait cette douleur de son mieux et la rassurait de sa présence posée. C’était une scène à voir, au milieu de toute cette végétation.

Le soleil eut le temps de parcourir une bonne partie de son trajet avant d’arriver au crépuscule avant qu’un petit cri, plus étouffé, ne se joigne à la douleur de la mère. Une petite fille était née. Poisseuse de tout ce sang mais si belle, presque sereine, elle était née dans le tabac, le tabac était comme son troisième parent. Elle fut nommée Dhinata, fille du tabac.

Elle fut éduquée modestement, bien, mais modestement, jusqu’à l’âge de ses 12 ans, en l’an 509, en plein milieu de l’épidémie qui frappait des contrées bien lointaines. Elle reçut ce jour-là son premier tatouage, et il fut tout naturel que ce soit une fleur de tabac, qu’elle plaça sur la main gauche. Il fut alors décidé de la placer aux services d’un mentor apothicaire, car la famille Dharati voulait donner une nouvelle dimension à ses ventes de tabac. Masata, un ancien respecté, accepta de la prendre sous son aile. Dhinata eut du mal à prouver sa bonne volonté à l’ancien, qui la faisait travailler de l’aube jusqu’au crépuscule le plus sombre dans des travaux sans réflexion ne consistant qu’à porter de lourdes cargaisons de l’autre côté du village jusqu’à dans la hutte chôtienne de l’apothicaire aigri. Mais son travail acharné finit par porter ses fruits, et Masata décida de lui transmettre son savoir.

Aux côtés de son mentor, elle apprit les rudiments de l’alchimie et de la flore locale et plus globale. Elle renforça quelque peu sa lecture à force de bouquiner dans les recherches de l’homme et apprit également à dessiner pour croquer les plantes qu’elle rencontrait dans leurs balades florales. Sa curiosité et sa dévotion n’étaient plus questionnables à mesure que le temps passait et elle le prouva en inscrivant dans sa peau d’autres fleurs que celle du tabac, gardant son avant-bras gauche toujours vide, avec une idée bien en tête. Dhinata était reconnaissante pour sa vie et pensait que les magenetas, particulièrement Raga, l’avaient guidée sur cette destinée glorieuse du savoir. C’est pourquoi, le jour de ses seize ans, accompagnée de Masata, elle alla encrer dans sa peau une représentation de Raga par un artisan inocodoule. Cet évènement signa la fin de son apprentissage et le retour auprès de ses parents, fidèles à eux-mêmes et au tabac.

Elle était bien loin de penser, pendant ces si belles années, qu’une colonie était en train de se créer et qu’elle la rejoindrait à cause d’évènements bien hasardeux. L’affaire familiale devint une bénédiction, car Dhinata créa des mélanges de plantes à fumer hors du commun qui attiraient plus d’un Ocolidien de par leur qualité. La jeune fille s’en flatta et fut dès lors persuadée qu’avec ses talents et la supervision de Raga, elle pourrait créer un mélange d’herbes à fumer qui permettrait de communiquer avec les magenetas. Bien sûr, elle n’y parvint jamais, mais elle créait sans le vouloir des mélanges de plus en plus addictifs qui causaient sa propre perte, sa propre dépendance.

Les commandes se faisaient nombreuses et, un jour, Saraja revint du port où il faisait ses livraisons de plus en plus lourdes tout excité. « Eh, ma fille ! V’là qu’les gens parlent, et j’ai entendu qu’un grand type, j’sais pas trop l’quel, voulait t’rencontrer, tu t’fais connaître par Bakar ! J’te parierais qu’t’aurais moyen de faire un nom sur l’continent, tiens. » lui annonça-t-il, fier comme un coq. L’excitation fut transmise dans le cercle familial et il fut décidé qu’elle irait faire la livraison de tabac avec son père la semaine suivante, mais loin était-elle de penser que cet épisode marquerait sa perte.

La Défaite

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Bakar était moins... incroyable comme Dhinata aurait pu l’imaginer. Elle la voyait comme une grande ville portuaire remplie de marchands, presque autant grande et belle que Caroggia, une illusion nourrie par sa naïveté et l’amour de son île. Lorsqu’elle ne trouva que cette bourgade, elle fut quelque peu déçue, mais tout de même impressionnée. Elle marchait fièrement aux côtés de son père qui tirait une charrette pleine de tonneaux de tabac et regardait très rapidement de droite à gauche les écumeurs qui, pipe aux becs, les observaient passer. Elle ne pouvait s’empêcher de se demander s’ils fumaient un de ses mélanges, mais l’odeur saturée par la fumée de la ville l’empêchait de les distinguer les unes des autres. Ils descendaient ensemble sur les rues pavées et sales en direction du port, en contrebas.

« T’vois ma fille, c’que les gens peuvent pas vendre ‘ci-bas, ils le vendent vers Melihab. Par là-bas, on peut vendre d’tout. Impensable. » Expliqua Saraja à sa fille, qui hochait humblement sa tête sans répondre. Dans le fond, elle était terrorisée de devoir rencontrer qui que ce soit, et restait le plus proche de son père, même si elle se faisait violence pour ne pas laisser transparaître sa crainte.

Arrivés devant le port, Saraja s’avança vers un homme qui hurlait des ordres aux marins sur le bateau se trouvant derrière lui. Sa voix grave et forte portait loin, et Dhinata le prit immédiatement en respect, s’effaçant un peu plus derrière son père. « Vieux frère, v’là qu’j’t’apporte la cargaison d’cette s’maine ! J’espère qu’t’as mon dû. » annonça Saraja au dirigeant. Celui-ci se tourna et serra la main du tabatier, y glissant quelques pièces de roye discrètement. « J’ai toujours ton dû, Sara. » répondit l’homme, un sourire de commerçant que Dhinata connaissait bien aux lèvres. L’homme regarda alors dans sa direction et ses interrogations furent vite résolues quand la jeune femme prit la résolution de se présenter. « Dhinata Dharati, fille d’Saraja Dharati, c’t’un plaisir. » dit-elle, sans expression et sans vraiment prouver le plaisir dont elle parlait. « Ah, c’donc toi. J’ai une connaissance qu’voudrait bien t’connaître, t’sais ? C’t’un type assez opulent, ce s’rait bien pour tes affaires s’tu veux bien. » expliqua-t-il d’un ton presque bienveillant. La fierté l’inonda à nouveau, mais elle se contenta de hausser un peu son menton, gardant son expression de marbre.

« J’peux l’rencontrer où ? » un grand sourire se dessina sur le visage du commerçant. Il leur fit signe de le suivre et les guida dans une taverne. À l’intérieur, il fit un simple signe au tenancier puis se dirigea dans l’arrière-boutique, les deux tabatiers sur les talons. Il s’arrêta alors devant une porte qu’il ouvrit pour le père et sa fille. « Allez donc, il attend. » Les deux s’exécutèrent, crédulement, et ne sentirent la mascarade que lorsque la porte se ferma derrière eux. Derrière le battant de la porte, un homme empoigna Saraja et lui glissa une lame sous la gorge tandis que de l’autre côté un autre larbin attrapa Dhinata pour l’immobiliser. Un Manarade apparut alors du fond de la pièce, visiblement plus riche que les deux premiers. « Ma p’tite... T’as pas d’chance j’dois t’dire tout d’suite. » commença-t-il dans un ton susurré « V’là, t’aurais pu suivre ton p’tit bout d’chemin, avec tes p’tits parents en p’tits fermiers, mais nan. » il secoua la tête en s’approchant davantage d’elle « V’là qu’il a fallu qu’tu t’fasses une éducation, et qu’tu fasses d’ton tabac un produit plus... appréciable on va dire. » un des larbins hocha la tête en rigolant, mais le regard froid du meneur l’interrompit derechef. « Sauf qu’le tabac plus appréciable, c’mon domaine, et là t’empiètes sur mon domaine, et ceux qu’empiètent sur mon domaine, ben j’les laisse pas s’en sortir si facilement. T’sais, c’est l’message qui passe pour les aut’ comme ça. » Saraja, humilié de tout son être, se débattit malgré la lame frottant contre sa peau. Un fin filet de sang coula d’une entaille qu’il se faisait dans sa bataille, pendant que Dhinata faisait de son mieux pour se défaire de l’emprise du truand. « Daphaho ! » hurla-t-elle, crachant au visage du meneur, qui essuya la glaire du revers de sa main. Il souleva son visage pour fixer son regard dans le sien et sourit. « Ma p’tite pair, t’vois, j’voulais laisser ton père partir pour porter la nouvelle de ta mort, mais j’ai changé d’plan, t’aurais pas dû faire ça, et j’vais t’le faire regretter. » il fit un signe à son acolyte, qui tenait Saraja, et celui-ci trancha aussitôt la gorge du tabatier. La jeune femme hurla à s’en déchirer les cordes vocales, se débattant d’autant plus pour essayer de se précipiter pour rattraper son père qui s’écroula au sol, dans des gargouillis gutturaux. Tel un porc qu’on égorge, ils le laissèrent se vider de son sang, qui s’écoula jusqu’aux pieds de Dhinata, étouffée par ses cris et ses pleurs. « Toi, j’vais t’vendre maint’nant, tu vas tout perdre et moi j’vais tout gagner. On r’verra pas demain ta tête, eh ! Une nouvelle doula sur l’marché, ça f’ra pas mouche. » il ricana tandis que l’homme qui la tenait la poussa par terre, dans la flaque du sang de son père. « Prépare-toi pour l’grand voyage, chiennasse. »

Elle n'attendit pas longtemps. Peut-être un jour, peut-être deux... Difficile à dire, il n'y avait pas de fenêtre dans cette arrière-boutique du cauchemar. L'odeur du cadavre de son père commençait à devenir insupportable, mais elle était pratiquement sûre que c'était surtout parce qu'il s'agissait de son père qu'elle dramatisait la putréfaction qu'elle ressentait. Un besoin maladif de boire l’affaiblissait et lui avait fait fouiller de fond en comble la pièce de laquelle elle espérait se libérer le plus vite possible, mais ses espoirs, et elle le savait, étaient vains. Elle finirait esclave comme annoncé par le Manarade et ne reverrait certainement jamais sa terre natale. L’amertume envahit son cœur, mais sa faiblesse la força à se laisser choir par terre. Elle se sentait poisseuse malgré ses efforts pour nettoyer le sang de Saraja qui avait maculé son corps lorsque l’homme l’avait poussée contre la flaque pourpre. En plus de tous ces malheurs, elle se sentait fébrile et tremblait beaucoup. Elle ressentait un besoin maladif de fumer du tabac, son tabac, juste pour transiter vers le monde des magenetas et voir ce qu’ils pensaient. Elle était persuadée que si elle en fumait à cet instant précis, la recherche de toute sa vie trouverait son sens et sa résolution. Mais elle n’aurait pas son tabac. Alors, elle aurait juste tout fait pour juste sortir de cet endroit.

La porte s’ouvrit alors. Elle ne bougea pas. Un premier homme entra, sortit le cadavre, et referma la porte, temps durant lequel Dhinata n’avait pas bougé, immobilisée par la terreur du jugement dernier qui lui semblait arriver de plein fouet. Des minutes, qui paraissaient être des heures, s’écoulèrent. L’homme entra à nouveau, accompagné du marchand qui l’avait conduite ici. Elle voulut se lever, lui hurler à la face, le traiter de traître et de tous les mots existant pour décrire sa perfidie, mais elle baissa juste la tête, faible et soumise.

« Faut la laver. » déclara le marchand, avec un ton très neutre, presque froid. Son accompagnant s’activa immédiatement et revint avec un seau d’eau, qu’il balança sur la jeune fille. Comme réanimée par un instinct de survie, elle tâcha d’en boire le maximum, sa langue de sable lapant encore l’air une fois tout le liquide passé. D’elle-même, elle se frotta frénétiquement pour se débarrasser du sang sec de son corps, recommençant à sangloter sans larmes, tant elle était asséchée. Le commerçant détourna le regard de ce spectacle désolant et, glissant ses mains dans ses poches, il fit sonner des pièces des bourses qui s’y cachaient, comme pour se motiver. « Fais la boire, murahka ! T’veux quand même pas qu’elle crève dans ma cale, ou quoi ? » le larbin s’exécuta à nouveau, grognant lors de son appellation comme tel. Il apporta un nouveau seau d’eau, le posa par terre, et le fit glisser sur le sol pour ne pas trop s’approcher de Dhinata, qui se précipita sur le récipient. Elle plongea sa tête dans l’eau et but tant qu’elle en oublia presque de respirer. Tel un chien ayant passé la journée dehors à rassembler les bêtes, elle lapait encore et encore l’eau, elle en but plus qu’elle ne s’en crut capable, avant de se coucher au sol, essoufflée. Les hommes échangèrent un regard, puis sortirent de la pièce, la laissant à nouveau seule avec elle-même. Elle observa ses tatouages longuement à la recherche de réconfort qu’elle trouva particulièrement lors de sa contemplation du megeneta Raga.

« Lève-toi ! » un coup de pied dans le ventre et la voix sévère de commerçant traître la réveillèrent. Elle s’était donc endormie. Combien de temps ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Mais elle se releva du mieux qu’elle put, soutenue par une personne dans son dos. Il noua ses mains ensemble et la poussa pour la faire marcher. « On va où ? » demanda-t-elle faiblement. Sa démarche nonchalante ralentissait l’avancée des hommes, à l’air pressé. « On t’mène à la plaque tournante du commerce d’esclave. » expliqua simplement le commerçant, toujours autant neutre. Il était évident pour Dhinata que l’homme se faisait violence pour ne pas l’aider, en souvenir de ses relations cordiales avec Saraja, mais visiblement la paye qu’il en découlerait était plus grande que sa fidélité. « À Fort-Lointain. Ils t’vend’ront sûr’ment sur l’nouveau continent. »

Esperia... Elle continuait d’avancer, vaincue, et grimpa sur le bateau du commerçant, où elle fut précipitée dans la cave, et enfermée certainement jusqu’à la fin du voyage. Esperia... Elle eut bien le temps de s’en faire une image, pendant son voyage. Un repère de bandits, de truands, de rats de cale comme elle en voyait tant. Elle, honnête femme qu’elle était, serait sous les services d’un bandit s’étant échappé de la puissance royale par la fuite. Elle soupira. Elle eut une pensée alors pour la ferme familiale, sa mère y mourrait veuve et sans héritière. Cette affaire qui florissait tout juste allait faner à cause de sa naïveté, de sa fierté et de sa suffisance. Dhinata se jura alors que, quoi qu’il arrive, elle ne se ferait plus pareillement avoir et honorerait le nom de son père, malgré son statut d’esclave.