Utilisateur:Walsungilesa

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Vous consultez la fiche d'un personnage reparti dans l'ancien monde.

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Informations RP
Nom
Genre
Femme
Année de naissance
Rang


Famille


Quartier
Rang Politique
Haut Conseiller




Métier
Métier
Compléments








Origines
Ville d'origine
Informations HRP
Login Minecraft
I_Walsung
Pseudo
Walsung
Prénom IRL
Laura
Âge IRL
ça ne se demande pas aux filles, voyons!



Informations Diverses
A l'impossible, nul n'est tenu, mais c'est à nous d'en reculer les limites.



Caractéristiques

Description

Ilesa a 18 ans. C'est une jeune fille de taille moyenne, aux beaux yeux bleus. Sa peau a bruni au soleil et ses longs cheveux bruns forment une natte qui pend librement dans son dos. Elle est vêtue d'une simple robe de laine bleue, un peu déchirée par les courses dans les bois. Elle a vécu à Caroggia où ses parents étaient pêcheurs; de cette enfance elle en a gardé quelques rudiments de savoir scolaire, elle sait compter, bien sûr, mais ses parents n'étaient pas assez riches pour lui offrir une éducation complète: elle ne peut donc lire que les écritures les mieux formées, et son écriture est assez laborieuse, il lui faut beaucoup de temps et d'application pour arriver à écrire une simple phrase. Enfin, Ilesa est très croyante, mais c'est une foi un peu irrationnelle, mystique.

Compétences

  • Connaissance de la flore: Ilesa ayant vécu en complète autonomie pendant huit années, elle a acquis une certaine expérience dans la connaissance des plantes, herbes et autres. Il s'agit essentiellement d'une compétence pratique bien plus que théorique, elle ne pourra pas nommer ces plantes par leur nom académique.
  • Alchimie: Ilesa, toujours dans cette période érémitique, a tenté à plusieurs reprises d'assembler différents produits en sa possession pour en voir le résultat. Peu à peu, ces essais ont fini par donner quelques succès et Ilesa, au fil des ans, n'a fait que perfectionner ces techniques.
  • Alphabétisation et calcul: Ilesa savait lire et écrire avant d'arriver à Esperia, mais plutôt mal: au fil de ses obligations, elle a finit par s'entrainer et à présent, elle lit et écrit passablement bien. Quant au calcul, étant Caroggiane, la question ne se pose même pas.
  • Minutie: Ilesa est très patiente et aime prendre son temps afin de réaliser des gestes sûrs, précis et efficaces.
  • Connaissances scientifiques: très peu versée dans le domaine scientifique, Ilesa connait néanmoins assez bien les secrets du corps humain, mais là encore, il s'agit d'une connaissance pratique bien plus que théorique: Ilesa ne connait pas les grands mots compliqués pour désigner chaque partie dudit corps.
  • Endurance: Ilesa a appris peu à peu à se faire obéir de son corps. Le terrible hiver qui l'a poussée à trouver refuge à Caroggia l'a vaccinée de tous les petits froids ordinaires de l'automne; elle est capable d'efforts physiques importants quand elle le veut, même si ce n'est pas ce qu'elle préfère, en revanche, elle résiste très bien au stress et à la pression.

Qualités

  • Très fière de ses parents, de sa ville, Caroggia, et de son savoir acquis par expérience
  • Pragmatique et très logique, sauf quand il s'agit d'amour
  • A très bon coeur, et n'hésite pas à venir en aide aux autres, tant qu'il ne s'agit pas de prêter de l'argent
  • Peut faire de belles phrases pour appâter le client
  • Très patiente, elle écoute soigneusement ce que les gens ont à lui dire, même si parfois elle n'hésite pas à s'énerver pour préserver la paix de quelqu'un ou de son dispensaire

Défauts

  • Très économe, les méchantes langues disent même un peu avare
  • Va souvent à la taverne boire son cidre préféré ou dans les grandes occasions, du lait au miel: elle a tendance à perdre sa méfiance face à quiconque lui en offre une tasse
  • Très indépendante, elle préfère observer (ces mêmes méchantes langues disent espionner...) plutôt que parler, et réserve l'essentiel de ses conversations à ses chères plantes
  • Très rancunière, elle ne pardonnera jamais à quiconque lui a causé du tort, sauf si c'était involontaire
  • A force de voir des malades et des blessés venir au dispensaire, Ilesa peut parfois se montrer cynique et pessimiste sur la nature humaine.

Changements de caractère

Après de longs mois vécu à Esperia, Ilesa a changé. De petite provinciale naïve, elle est de venue peu à peu une politicienne expérimentée. Voici les changements de caractère principaux:

  • Avec son accession à la citoyenneté, puis à la noblesse, Ilesa a appris peu à peu à devenir généreuse avec son argent, pas au point de le gaspiller stupidement, bien sûr, mais elle sait donner un ou deux EO à qui en a besoin.
  • Ayant été secrétaire des abbus Renault et Fabrice, puis ayant occupé des postes de responsabilité, Ilesa a appris avec le temps à lire et écrire couramment quoique lentement, mais avec un certain style administratif.
  • Ilesa est moins naïve, elle a appris que les hommes pouvaient être méchants. Et afin de se protéger de leur méchanceté, elle continue à se faire discrète et à espionner toutes les conversations possibles, tout en n'hésitant pas à expliquer aux autres de ne pas le faire.
  • Ayant constaté que la franchise n'engendrait la plupart du temps que de la violence, Ilesa a appris à se faire hypocrite, et à dissimuler ses pensées, même en face de ceux qu'elle déteste, pouvant ainsi leur faire croire qu'elle les apprécie. Elle ne se dévoile complètement qu'à son mari, Kemelvor Kemaltar, et, dans une moindre mesure, à son fils Tenzo Kemaltar et à ses chères amies Audrey et Enewia Farendir Hugrekki.
  • Ilesa est d'une fidélité sans faille, presque une dévotion envers les gens ou les institutions en qui elle croit avoir une dette, et ce malgré les rumeurs qui peuvent les entourer. Elle s'est ainsi attachée à l'abbus Praefectis Lucio Aperta dit Renault, qu'elle considére comme un père adoptif, à l'Abbaye, à ses murs et ses cultures, à Esperia, qu'elle voudrait une ville idéale à la Caroggiane, et aux Spiritueux, sa famille, avec laquelle elle a toujours entretenu une relation assez ambivalente, mais qu'elle ne quittera jamais.
  • Ilesa n'a jamais pu se résoudre à demander une faveur. C'est son premier mari, Utilisateur:Napalm78, qui lui a offert sa citoyenneté et sa noblesse, c'est l'abbus Fabrice qui lui a proposé de devenir sénatrice de l'abbaye, c'est Marcus Loinvoyant qui lui a proposé de devenir sous-directrice de l'école...
  • En politique, Ilesa est indépendante. Elle agit selon sa conscience et son idéal d'Esperia, ne se préoccupant pas des tentatives d'incitation de vote. Malgré tout, si le chef de famille des Spiritueux lui ordonne de voter pour une loi, elle le fera, en vertu de sa fidélité, malgré ce qu'elle pourra en penser.
  • On aurait cependant tort de croire qu'Ilesa est une jeune femme complètement innocente et droite. C'est l'image qu'elle veut donner d'elle, mais seules quelques très rares personnes savent qu'elle a parfois été de l'autre côté de la barrière...

Proches

Praefectis Lucio Aperta dit Renault, son ancien maître, avec qui elle entretient une relation quasi filiale. C'est lui qui l'a achetée alors qu'elle venait de débarquer du bateau de Markus, c'est lui qui lui a permis de s'occuper de ses chères plantes à l'abbaye, c'est lui qui l'a affranchie, qui a béni son mariage avec Utilisateur:Napalm78, et c'est encore lui qui, bien plus tard, l'a aidée dans ses difficultés de couple en lui proposant de divorcer, puis en approuvant son amour avec Kemelvor Kemaltar quand d'autres l'aurait réprouvé.


Valiya, sa collègue à l'abbaye, c'est en partie grâce à elle que Ilesa a commencé à s'établir comme soignante, pour chercher un remède à sa folie


Marcus Loinvoyant, avec lequel elle aime se lancer dans de grandes conversations plus ou moins philosophiques. Elle est toujours heureuse de le revoir, il a eu la gentillesse de l'héberger lors des situations difficiles et elle est ravie de pouvoir lui rendre service en s'occupant de l'école.


Valef Depère, quelqu'un de très proche, trop peut être. Elle apprécie beaucoup ses conversations et sa façon de parler, qui lui change des conversations policées habituelles, mais elle marche sur un fil et le sait: à tout moment, cette relation de proche amitié peut dévier.


Kemelvor Kemaltar, un Caroggian comme elle; même si elle pense que ses rêves sont irréalisables, Ilesa le respecte d'en avoir et de mettre tout en oeuvre pour les réaliser. Avec le temps, il est devenu un ami très précieux, et la jeune femme aime avoir de longues conversations paisibles avec lui. Peu à peu, ces conversations sont devenues de plus en plus fréquentes, les absences de plus en plus douloureuses: insensiblement, Ilesa a appris à connaitre et à aimer Kemelvor avec qui elle partage désormais ses jours, paisible et heureuse.


Enewia Farendir Hugrekki, sa meilleure amie, et plus si affinités. Ahem. Disons qu'entre femmes Spiritueuses, il faut bien s'entraider, et Ilesa lui est très reconnaissante de l'aider au dispensaire. Et puis, c'est une Caroggiane comme elle, ce qui ne peut que jouer en sa faveur.


Kingaroth, un manieur de poudre rouge assez original. Ilesa apprécie beaucoup sa compagnie généreuse et spontanée, et le protège à chaque fois qu'il a des ennuis.

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Utilisateur:Napalm78, son ancien mari. Ilesa a vécu des jours très heureux avec lui, et se souviendra toute sa vie de ces instants de bonheur, mais les choses n'ont pas tourné comme ç'aurait dû l'être, et la séparation s'est faite dans la douleur. Ilesa n'oubliera jamais ce mari qu'elle a profondément aimé, et garde leur maison du Quartier Ouest en souvenir.

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, son autre meilleure amie. Ilesa a connu Audrey quand elle était son esclave au dispensaire de l'abbaye. Du même âge, les jeunes femmes se sont rapprochées et leur amitié n'a jamais été altérée. Elles se confient bien des choses, allant des petits problèmes quotidiens au dispensaire à leurs amours et leurs soucis. Ilesa sait qu'elle peut avoir une confiance aveugle en Audrey, elle ne la trahira jamais.

Amis

Tenzo Kemaltar, un grand optimiste un peu fou. Ilesa ne voit pas tout à fait les choses comme lui, mais cela l'amuse de parler avec lui, il a le don de la remettre de bonne humeur. Peu à peu, les petites piques amicales qu'ils se lançaient se sont transformées en une relation plus ou moins filiale, officialisée par l'adoption de Tenzo par Kemelvor Kemaltar et Ilesa.


Scholwitz: Faisant partie de la même famille qu'Ilesa, la jeune femme a été amenée à le cotoyer régulièrement et est très souvent allée manger à sa taverne. Elle ne le connait pas vraiment personnellement, Scholwitz étant surtout l'ami de Napalm, mais étant elle même l'amie d'Enewia, elle a pu partager un peu de leurs joies et de leurs peines, allant de leur mariage à la perte de leur enfant. Quant à Scholwitz lui même, Ilesa le considère comme quelqu'un de très franc, sans doute trop même parfois, et de loyal envers sa famille. Il se montre volontiers amical et protecteur envers Ilesa qui l'apprécie bien.


Kelmazad: Ilesa a fait sa connaissance de façon un peu imprévue: son maitre Erik ne sachant qu'en faire, il a voulu le donner à l'abbaye. Ilesa a donc accueilli l'esclave comme il se devait et bien vite, un lien fait de respect et de reconnaissance s'est noué entre eux. Ilesa l'a peu à peu laissé voler de ses propres ailes, et il s'est dirigé vers Kemelvor après un passage à la taverne de Will. Ilesa l'a laissé faire tout en gardant un oeil attentif sur lui mais bien vite, l'esclave a dépassé le maitre et la relation s'est inversée: désormais, c'est Kelmazad qui protégeait la jeune femme. Après son affranchissement, cette relation de respect et de reconnaissance s'est ajouté de l'amitié, et désormais, même si Ilesa ne voit plus guère Kelmazad, devenu davantage une relation de Kemelvor, elle sait qu'elle pourra toujours compter sur lui.

Connaissances

Barbetousse, contre lequel elle n'a rien personnellement, à part sa grande froideur et sa tendance à écouter et s'immiscer dans les conversations qui ne le regardent pas, mais comme Samara le déteste...


Samara: Ilesa pense que cette amie de coeur l'a trahie, et elle en est tellement dégoûtée qu'elle préfère oublier ce qui s'est passé, elle se contente donc de l'ignorer systématiquement


Necko: sans la détester vraiment, Ilesa s'en méfie beaucoup, elle la juge trop égoïste et faisant du mal autour d'elle, certes involontairement, mais le résultat est là.


Mors Westford: Ilesa le déteste de tout son coeur pour ses regards trop appuyés en direction de sa poitrine et l'évite le plus possible, serrant contre elle certaine petite dague tout en espérant ne pas avoir à s'en servir un jour. Il s'est excusé, et elle lui a pardonné, mais elle reste quand même prudente.


Abisse Westford: Ilesa l'a aperçue de temps à autres chez Kemelvor dont elle était l'esclave. La jeune femme apprécie grandement son talent de couturière, qui la dispense d'aller chez Myrrh qu'elle déteste cordialement. Peu à peu, à force de la croiser, elle a fini par la tenir en haute estime et très touchée par un geste de gentillesse de sa part, elle aimerait bien se rapprocher davantage d'elle. Qui sait, peut être pourrait elle devenir une amie?


Dranna Lunargent: Brillante élève quand Ilesa lui a donné des cours de soins, Ilesa pensait pouvoir s'en faire une amie, surtout qu'elle devait travailler au dispensaire sous ses ordres. Mais le caractère déroutant de Dranna et surtout son adoration pour Kemelvor exaspère profondément la jeune femme, qui ne sait si elle doit la plaindre ou la secouer d'importance. 


Myyrh Frae Kemaltar: Ilesa la déteste très sincèrement. Au début, la jeune femme la voyait comme une pleurnicheuse incapable de maitriser ses nerfs et refusant d'aller de l'avant, puis en voyant son amour pour Tenzo et en entendant le plaidoyer que Kemelvor lui avait fait pour la défendre lorsqu'elle avait abordé le sujet, Ilesa a senti son coeur s'adoucir, se demandant si elle n'allait pas réviser son jugement, mais sa réaction profondément injuste pour Kemelvor à la mort d'Arn et Mikamus puis le fait qu'elle évade Darion, qui veut pourtant la mort de Kemelvor, et enfin le fait qu'elle ait profondément blessé Kemelvor par ses actes et ses paroles a fait redescendre en flèche le peu d'estime qu'elle lui portait. Elle ne lui pardonnera probablement jamais d'avoir autant fait souffrir Kemelvor.
  • Astorimus
  • S'est réconciliée après maintes hésitations avec Slight, Mistaur et Escalius

Métier

Est soignante et responsable du dispensaire.

Histoire

Avant Esperia

Résumé

Les parents d'Ilesa étaient pêcheurs à Caroggia. Ils donnèrent à leur fille une éducation convenable, et celle-ci les aime tendrement. Mais quand Ilesa eut dix ans, ils moururent dans un naufrage en laissant à leur fille de grosses dettes non remboursables. Le Conseil de la ville fit donc saisir la maison d'Ilesa et expulsa cette dernière de Caroggia. Ilesa trouva alors refuge dans les bois, où elle apprit à cultiver les plantes. Mais huit ans plus tard, un hiver particulièrement rigoureux décima ses plantations, et elle essaya de revenir en cachette à Caroggia pour trouver un abri en attendant la fin de l'hiver. Mais son refuge fut découvert, les gardes l'envoyèrent en prison pour vagabondage, et au printemps, elle fut vendue au marchand d'esclaves Markus pour payer sa pension à la prison. C'est ainsi qu'elle prit place sur le navire en direction d'Esperia pour y commencer une nouvelle vie en tant qu'esclave.

Passages détaillés de la vie d'Ilesa (textes de la candidature whitelist)

Ilesa a 10 ans. Elle vient d'apprendre la mort de ses parents, des pêcheurs dont le bateau a chaviré au cours d'une tempête, et elle reçoit la visite d'un délégué du Consul de l'Économie.

Un peu intriguée, je le fis entrer. De toute façon, je ne pouvais recevoir pire nouvelle que celle de ce jour si funeste où l'on m'avait annoncé la mort de mes chers parents.

« Asseyez-vous, lui proposai-je.

Il refusa d'un geste. Puis, après s'être éclairci la voix, il me fit part de la raison de sa visite, de ce ton protocolaire qui trahissait le greffier fraîchement diplômé de son université de droit:

–Écoutez, damoiselle, je sais combien ces derniers jours ont dû vous être pénibles.

J'acquiesçai d'un simple signe de la tête. Je ne souhaitais pas qu'il s'appesantît sur le sujet, je ne voulais pas me mettre à pleurer devant lui. Il dut comprendre, car il reprit aussitôt:

–Mais je suis obligé de vous annoncer une nouvelle qui sera, je le crains, au moins aussi mauvaise. Je suis désolé de vous l'apprendre, damoiselle, mais il y a un mois déjà, vos parents avaient contracté une dette très importante auprès de la municipalité pour pouvoir étendre leur négoce. Malheureusement, au jour d'aujourd'hui, ils ne sont plus en mesure de régler cette dette...

Je fis une petite grimace intérieure. Certes, cet humour noir n'était sans doute pas volontaire, mais c'était quand même assez mal venu.

–…et vous êtes trop jeune pour reprendre leur commerce. Par conséquent, conformément à l'article 25-b du code des Lois Économiques, je me vois dans l'obligation, au nom du Consul de l'Économie, de saisir votre demeure et tout ce qu'elle contient pour effacer cette dette.

Je sursautai.

–Et moi, demandai-je d'une voix étranglée par l'émotion, que vais-je devenir?

Le greffier leva la tête de son grimoire qu'il n'avait pas cessé de lire et me regarda d'un air chagriné, comme pour me dire que mes questions ne lui simplifiaient pas la tâche. Puis il regarda à nouveau son grimoire, pour vérifier que la réponse ne s'y trouvât point.

–Eh bien, damoiselle, conformément à l'article 25-b, il vous faudra quitter cette demeure dans les plus brefs délais afin que le Consul de l'Économie ou ses représentants puissent saisir la demeure au plus tôt possible.

Éberluée, j'insistai:

–Mais où irai-je?Je n'ai point de parents à qui demander asile, et nul ami sur qui compter. Le greffier haussa les épaules. Ce n'était plus de sa compétence.

–Je l'ignore, damoiselle. Vous pourrez partir sur les routes, je suppose. C'est la loi de l'argent. Je ne peux rien y faire. Vous devrez quitter cette demeure au plus tard demain au lever du soleil, sans rien emporter d'autre qu'un pièce de drap pour votre vêtement, sans quoi la ville vous expulsera sans appel possible.

Puis, comme il était tout de même un honnête homme, il ajouta:

–Bonne chance, damoiselle. Qu'Arbitrio vous accompagne. »

Le greffier partit. Après avoir refermé la porte, je restai là, immobile, anéantie, appuyée contre le mur. Je venais de perdre mes parents, et maintenant il faudrait aussi que j'abandonne le seul souvenir qui me restât d'eux, cette demeure? Non, cela ne pouvait être! Il fallait que je fasse quelque chose! J'essayai de réfléchir, de trouver une solution qui me permettrait de conserver un peu de mon bien. Voyons, je pouvais demander un emprunt, peut-être? Mais non, impossible, mes parents s'étaient déjà trop endettés, aucun prêteur ne me confierait une somme aussi importante pour racheter leurs dettes. Et je n'avais pas d'amis qui accepterait de me secourir. Ici, à Caroggia, les habitants ne se lient pas entre eux. Ils passent du bon temps ensemble à la taverne, entretiennent un commerce de bon aloi, mais quand on parlait espèces sonnantes et trébuchantes, c'était une autre affaire. L'argent, c'est chacun pour soi et Arbitrio pour tous. Et je ne pouvais pas leur en vouloir. Je connaissais les règles, moi aussi. J'étais comme eux.

Cependant, il fallait que je trouve une solution. Et vite! Je n'avais plus beaucoup de temps. Les routes étaient trop peu sures à cette époque pour qu'une jeune fille seule ne s'y attarde. De nombreux brigands rôdaient souvent dans les bois à la sortie des villes riches, pour s'attaquer au marchand trop faiblement défendu. Alors une jeune fille seule! Mieux valait ne point y songer. Il fallait que je m'établisse ailleurs. Peut-être aller à la Capitale, pour me vendre comme servante. Oui, c'était le meilleur parti à prendre.

Ma décision prise, je mis ma meilleure robe, une robe de laine bleue encore neuve, qui pourrait me faire un long usage, et, après avoir lancé un dernier regard sur cette demeure qui m'avait vu grandir, je partis sans me retourner. Je ne voulais pas être tentée de revenir sur ma décision. Le coeur lourd, je franchis rapidement les murs de Caroggia. Adieu ville impitoyable, généreuse envers les riches et cruelle envers les pauvres! Tu m'as chassée de tes murs, alors que j'avais besoin de toi. A présent, je m'éloigne de toi, et s'il plaît à Arbitrio, pour toujours!

Au fond de moi, je savais que j'étais un peu injuste, et je comprenais le point de vue du Conseil de l'Economie. Je n'avais plus d'argent pour rembourser la ville, il était normal qu'elle me chasse. Comme l'a dit le greffier, c'est la loi de l'argent. Et j'avais profité de cette loi pendant dix ans sans songer à ma plaindre. Je n'allais certes pas commencer à me plaindre aujourd'hui!

Je marchai pendant près de quatre heures, quand je vis le jour décliner. Je sus qu'il fallait arrêter ma route, et me mis donc en quête d'un abri quelconque. Le chemin étant bordé de forêts, je me dirigeai vers l'une d'elle en guettant le moindre bruit qui m'indiquerait un repaire de pilleurs. Le jour tombait rapidement, à présent. Il devait me rester moins d'une heure avant que la nuit ne règne sur le ciel. Je marchais au hasard. Mes pas se faisaient plus hésitants, à mesure que la fatigue, la faim et la peur d'un brigand me taraudaient. Plusieurs fois, de fausses alertes vinrent fort à propos pour réveiller mon esprit. Des animaux se promenaient librement dans la forêt, et le bruit de leurs pattes s'enfonçant dans l'humus frais me faisaient craindre une embuscade. Mais Arbitrio veillait sur moi, et me protégea des brigands et des bêtes féroces alors qu'épuisée, je m'endormis contre un gros chêne rassurant.

Ce fut le soleil qui me réveilla le lendemain matin. Ses doigts chaleureux caressèrent doucement mon visage, et lorsque j'ouvris les yeux, un sentiment d'euphorie m'envahit. Je riais de mes peurs de la veille: comment ai-je pu croire que des brigands pouvaient m'en vouloir alors que j'étais si bien cachée, loin de tout? Je me levai assez péniblement, réprimant des grimaces de douleur dues à mes courbatures engendrées par la marche de la veille. Je venais à peine de me remettre debout lorsque soudain, tous mes sens furent en éveil. J'entendais un bruit familier. Je fis quelques pas vers la gauche. Oui, c'était bien cela! De l'eau! Je courus maladroitement vers le clapotis. A quelques toises à peine de mon gros chêne, une source s'écoulait paisiblement dans une clairière délicatement ombragée. Ivre de bonheur, je me plongeai dans l'eau. Je nageais, je nageais, jusqu'à ce que mes forces me fissent défaut. Puis je m'étendis sur l'herbe, laissant le soleil me sécher, plus heureuse que je ne l'avais jamais été. J'étais libre! Toute la forêt m'appartenait! Ce fut alors que je décidai de m'établir ici, et d'y commencer ma nouvelle vie. De quoi vivrai-je? Je cultiverai mes propres plantes, champignons, baies, tout ce qu'Arbitrio voudrait bien me fournir. Puis j'irai vendre le surplus de mes récoltes au marché de Caroggia ou de la Capitale. Et avec cet argent, je pourrai m'acheter une vêture convenable, ou boire mon cidre préféré à la taverne de Caroggia. Je n'y connaissais rien en agriculture? Peu importe. J'allais apprendre. Il y avait là toute une économie à mettre en place, et j'avais l'impression de rendre hommage à mes parents en l'installant. Après tout, ne m'avaient-ils pas élevée pour que je puisse un jour gérer mon propre négoce? Oui, certainement, où qu'ils soient, ils doivent être fiers de moi.

A la taverne: (Ilesa a quatorze ans. Elle vient de récolter ses premières citrouilles dans sa clairière, ce qui n'était pas facile à cause des variations de température.)

Pour fêter mon succès, j'eus la soudaine envie d'aller dans une des tavernes de Caroggia boire une choppe de lait au miel. Cela faisait déjà quatre ans que je n'étais pas revenue dans ma ville natale, mais elle ne me manquait pas vraiment. Certes, son ambiance paisible était unique, mais je craignais que la revoir ne me rappelât trop de souvenirs. J'avais réussi à éviter ce voyage en vendant toutes mes marchandises au marché de la Capitale, mais le lait au miel, qui était l'une des meilleures spécialités de Caroggia, me manquait trop, et je décidai donc de me lancer dans l'aventure.

Je partis le lendemain à l'aube. En effet, il me fallait plusieurs heures avant de rejoindre la ville, et je ne devais pas baguenauder. Je mis ma nouvelle robe, celle que j'avais acheté il y a trois mois au marché de la Capitale car l'ancienne commençait à faire sentir son usure, et me munis d'une petite somme d'argent, de quoi m'offrir deux choppes de lait au miel, plus un petit supplément si les prix avaient augmenté en quatre ans. Puis je me mis en route.

En quatre ans, j'avais largement eu le temps de repérer ma route, et je ne m'égarai donc pas un instant du chemin à suivre. Je marchais vite, l'oreille attentive au moindre bruit, comme chaque fois que je portais de l'argent. Comme le disait Papa, prudence est mère de sûreté.

Au bout de plusieurs heures, je parvins enfin aux portes de Caroggia. Je n'étais pas très rassurée, j'ignorais quels changements avaient pu avoir lieu dans la ville, et surtout si on me reconnaitrait. Je tenais en effet à rester anonyme, je ne voulais pas m'attirer la pitié des anciennes connaissances de mes parents. J'étais fière de moi et de mon labeur, je ne désirais aucune pitié.

Le premier obstacle était la grande porte de la ville, en général soigneusement surveillée: les gardes fouillaient les ballots de marchandises qui y transitaient pour éviter la fraude. Mais je connaissais un moyen pour contourner la difficulté. Il me suffisait de faire le tour de la ville, et de pénétrer par la poterne de la muraille ouest. L'entrée était en effet si étroite que les chariots de marchands ne pouvaient pas la franchir, et les gardes qui surveillaient cette entrée étaient le plus souvent occupés à jouer aux dés entre eux. Et en effet, personne ne me prêta attention.

Ma taverne préférée était une auberge nommée "Au lion d'or". Ce n'était pas la plus renommée de la ville, mais elle était très convenable et elle faisait à mon sens le meilleur lait au miel de tout Caroggia. Je respirai un grand coup et passai la porte.

L'auberge était restée comme dans mes souvenirs, elle n'avait pas changé. Une vingtaine de tables et de chaises polies par le temps se répartissaient de façon équitable dans toute la pièce principale. Une cheminée où cuisait doucement quelque gigot de mouton au fumet délicat réchauffait l'atmosphère, quoiqu'elle n'en n'eût nul besoin par cette belle journée de septembre. Dans un coin, deux marchands qui avaient visiblement abusé de la bonne chère ronflaient joyeusement, tandis que le tavernier et la fille de salle passaient de table en table s'enquérir du bien-être de leurs clients, et leur suggérer quelque vin goûteux qui puisse satisfaire à la fois le gosier des clients et la bourse dudit tavernier. La clientèle était essentiellement composée de petits marchands qui discutaient entre eux d'un air affairé des modalités d'une nouvelle association, et de soldats qui jouaient aux dés avec de gros rires en réclamant de temps à autres d'une voix tonitruante un nouveau pichet de vin, que la fille de salle s'empressait de servir en prenant soin de montrer de façon plus que suggestive ses avantages naturels, de manière à conserver des clients dont la bourse était bien souvent généreuse.

J'observais cette scène avec émotion. J'étais une Caroggiane, et je les connaissais, tous ces petits secrets pour délier la bourse. Je les avais appris de mon père, avec qui j'allais souvent à la taverne, au grand désespoir de Maman, qui considérait qu'une jeune fille bien éduquée ne devait en aucun cas se compromettre dans ces lieux d'hommes. Je respirai l'air de cette taverne, l'air de Caroggia. Ici, j'étais dans mon élément naturel, je n'étais pas perdue comme dans la Capitale. J'étais chez moi.

Je m'assis à une table, un peu à l'écart des autres. Aussitôt le tavernier s'empressa vers moi. Je lui commandai une chope de lait au miel. Il me lança un regard intrigué. Assurément, il n'était pas accoutumé à ce qu'une jeune damoiselle vînt seule en son auberge. Mais il ne pipa mot. Après tout, une cliente, c'est une cliente. Il revint quelques instants plus tard avec ma chope et la posa sur ma table. Je tirai discrètement la monnaie de la poche secrète de ma robe, puis la lui tendit. Il la prit, l'observa un instant, la soupesant pour vérifier son aloi, puis me regarda et dit avec hésitation:

« Excusez moi, damoiselle, mais votre joli minois me fait souvenance d'une autre damoiselle qui a quitté la ville il y a de cela quelques années.

C'était précisément ce que je voulais éviter.

–Vous vous méprenez, tavernier. C'est la première fois que je viens ici.

Il insista:

–En ce cas, quelle est donc la contrée qui vous a vu naître?

–La Capitale est ma province d'origine.

Le tavernier me regarda à nouveau, hésita puis s'inclina:

–Faites excuses, damoiselle, ma mémoire m'a sans doute trompé.

–Il n'y a point d'offense, tavernier, lui répondis-je soulagée. »

Une fois le brave homme partit, je me replongeai dans la contemplation de mon lait au miel. Comme il était appétissant! Le lait crémeux formait une mousse onctueuse sur les parois de la choppe, et le miel donnait un parfum inimitable de douceur à cette mixture. Je bus une gorgée. C'était encore meilleur que dans mes souvenirs. Je me régalais.

Pendant près de deux heures, je restai ainsi, me délectant de cette boisson merveilleuse, et m'imprégnant de l'atmosphère caroggiane que je ne reverrais certainement pas avant plusieurs mois voire années, jusqu'à ce que j'aie un autre événement à fêter. Mais au bout de quelques heures, il me fallut partir. Je retardais cet instant jusqu'à la plus extrême limite, mais là, il fallait vraiment que j'y aille, je voyais par la fenêtre de la taverne le soleil commencer à descendre dans l'horizon. Il devait me rester environ quatre heures avant la nuit, c'était assez, mais ce n'était point trop. A regret, je saluai l'aubergiste, qui se fendit d'une courbette et m'invita à repasser dans son antre quand il me plairait, puis, après un dernier regard à la taverne, je repartis par ma poterne préférée. Ç'avait été une merveilleuse journée.

(Ilesa a dix-huit ans. Un hiver particulièrement froid a fait geler ses cultures. N'ayant plus aucune ressource, paralysée par le froid, elle tente de trouver refuge à Caroggia.)

J'ai froid. Les bourrasques de vent transpercent mon mince vêtement, offrant mon corps aux aléas du ciel. Je ne sens déjà plus mes membres. C'est à peine si je peux marcher. Il faut que j'atteigne Caroggia au plus vite. Là, je serai en sécurité, à l'abri de ce froid glacial. La neige a recouvert tout le chemin de son voile blanc. Heureusement, il n'a pas gelé. Mais mes chausses de piètre qualité ne forment pas un bon isolant face à la quantité d'eau et de boue qu'elles doivent écarter. Mes pieds sont déjà trempés. Je ne sais pas comment je peux arriver à marcher, c'est un vrai miracle. Arbitrio doit être avec moi. Oui, il est avec moi: je vois enfin se dessiner au loin les murailles de Caroggia. Plus que quelques toises... [...]

La poterne. Elle est fermée. Non, en fait, pas fermée. La porte est juste repoussée. Mais avec ce froid, je n'arrive pas à l'ouvrir. Il doit y avoir un amas de neige derrière qui la bloque. Allons, c'est trop sot! Je suis presque arrivée, la chaleur de la ville m'attend. Je ne puis abandonner maintenant! Allons, un dernier effort! Je rassemble les maigres forces qui me restent. Je m'arc-boute contre la porte, la poussant avec l'énergie du désespoir. Là, ça y est! La porte a bougé! Galvanisée par ce petit succès, je me mets à pousser de plus belle. Allez, allez, ça y est, j'y suis presque, plus que quelques pouces... Oui! J'ai réussi! La porte est à présent entrebâillée, laissant un espace suffisant pour que je puisse ma faufiler dans l'interstice. Arbitrio est avec moi! Haletante, épuisée, je repousse la porte. Je suis enfin à Caroggia, ma ville préférée, celle que je chéris par-dessus tout. Je suis tellement fière d'avoir bravé les éléments pour être parvenue jusqu'ici...

Quand j'étais partie de ma clairière ce matin, je n'avais eu aucun but précis, juste atteindre Caroggia pour me mettre à l'abri. Mais à présent que j'y suis, les choses se compliquent soudain. Il faut en effet que je me trouve un abri au plus vite, car la nuit commence déjà à tomber. Peut-être le port? Essayons. Les rues de Caroggia sont bien dégagées, suivant en cela un décret du Conseil exigeant que chaque citoyen nettoyât le bas de sa porte pour pouvoir circuler dans la ville avec plus de facilité. Cela me réussit. Malgré le temps, j'arrive vite au port. Mais là, déception. Les étals sous lesquels je comptais m'abriter avaient été démontés pour ne pas que la neige les abîme, je n'ai donc plus d'abri. Vite, une idée. L'inspiration me vient soudain. Pourquoi ne pas aller me dissimuler dans le lavoir? Outre le bassin exposé à l'air libre, il y a en effet également un large auvent pour abriter le linge à sécher. Je ne serais certes pas à l'abri de tous les vents, mais au moins aurais-je un toit. Aussitôt dit, aussitôt fait. La porte du lavoir n'est jamais fermée parce qu'il n'y a rien à voler. Je me glisse donc à l'intérieur et referme la porte, pour que nul ne soupçonne mon intrusion. Puis, blottie contre un mur, je m'endors, épuisée.

Soudain, je me réveille en sursaut. Que se passe-t-il? J'ai entendu un cri aigu, un cri de femme. Un vol, une agression? Mais non, c'est vrai, je suis à Caroggia, et non à la Capitale. A Caroggia, on ne mange pas de ce pain-là. Peut-être une femme qui s'est blessée, tout simplement. Je me lève péniblement. Mes membres sont douloureux, après la marche éprouvante de la veille. Brusquement, je tends l'oreille. J'entends des pas pressés, avec un bruit de métal. Des gens d'armes. Mais que se passe-t-il donc ici? Je n'y comprends rien. La porte du lavoir s'ouvre violemment. Trois gardes, qui auraient visiblement préféré être à la taverne plutôt que de se geler à l'extérieur, entrent dans la pièce. Ahurie, je recule machinalement. Ils m'attrapent par le bras, et le plus âgé m'adresse ces paroles:

« Eh bien, ma belle, tu ne sais donc pas que le vagabondage est interdit à Caroggia?

Je bégaye:

–M... Mais co... comment m'avez vous trouvée?

Les gardes rient. Puis celui qui me tient le bras gauche explique:

–La très respectable épouse du marchand Vandoosler a vu des traces de pas dans la neige s'arrêter au lavoir. Elle a entrebâillé la porte et t'a aperçue. Elle nous a aussitôt averti. C'était sans doute la femme que j'ai entendu crier. Je suis furieuse contre moi-même de n'avoir pas été plus prudente.

–Allez, ma belle, tu vas nous suivre sans clabauder, sinon on sera obligé d'être un peu plus empressés... Tu vois ce que je veux dire? »

Les deux autres gardes éclatent de rire. Non, je ne vois pas ce qu'il veut dire, mais j'ai la vague impression que cela vaut mieux pour moi. Je les suis donc sans rechigner.

Ils m'ont conduite au cachot. C'est un moindre mal. Caroggia est si peu habituée à recevoir des prisonniers que les geôles sont propres et ne sentent pas la moisissure. Certes, l'équipement est très sommaire, une paillasse posée à même le sol, un seau d'aisance et un pichet d'eau, mais enfin, il me semble que je n'ai pas le droit de me plaindre, j'ai ce que je voulais: un abri pour la nuit, et de la nourriture. Finalement, je ne m'en sors pas si mal... […]

Les jours passent et se ressemblent tous. Je ne sais ce que le Conseil compte faire de moi. Pourquoi me garder aussi longtemps alors que je leur coûte de l'argent en nourriture et en paillasse? Par pitié envers un pauvre hère aussi démuni que moi? Impossible. Alors? Ont-ils l'intention de me faire travailler comme servante pour rembourser le prix de mon hébergement? Veulent-ils m'utiliser comme esclave à tout faire? Je n'en n'ai aucune idée. En tout cas, pour l'heure, j'ai un asile sûr et bien isolée de la froidure de l'hiver, je n'en demande pas davantage. Comme le disait Papa, à chaque jour suffit sa peine. […]

Cela fait plusieurs mois que je suis ici. Le printemps commence à éclore, j'entends les oiseaux chanter. Je ne sais toujours pas ce qu'ils ont l'intention de faire de moi. Je commence à m'habituer à vivre ici, et même si je m'ennuie un peu, j'apprécie de n'avoir rien à faire. Les gardes ne sont pas méchants, ils ont si peu l'habitude d'avoir des prisonniers que parfois ils viennent jouer aux dés avec moi, ça leur fait une partenaire de plus au jeu. […]

Ah, j'entends des pas. C'est inhabituel à cette heure-là de la journée. Peut-être vais-je enfin savoir ce que l'on va faire de moi? […]

A présent, je le sais. Un greffier est venu m'annoncer que pour payer le prix de mon hébergement dans cette prison, je vais être vendue comme esclave dans une ville nommée Esperia. A sa grimace insatisfaite, j'ai compris qu'il avait fait moins de bénéfice dans cette transaction qu'il ne l'avait escompté. Il doit sans doute être réjoui de se débarrasser de moi.

Alors, me voici sur ce bateau en direction d'Esperia. C'est un vieux navire, qui a beaucoup bourlingué. J'ai aperçu de loin le capitaine. Il semble expérimenté. Ce serait de la malchance que nous sombrions. Je suis enfermée dans la cale, avec quatre ou cinq autres prisonniers comme moi. Markus, le marchand qui nous a achetés, nous a répété que nous allions être vendus comme esclaves à Esperia. Je n'ai jamais été esclave. Je n'ai jamais entendu parler d'Esperia. Mais je suis prête à recommencer ma vie, une vie que j'espère encore meilleure que la précédente. Et je crois que mes compagnons d'infortune pensent la même chose que moi. Nous avons tous une histoire différente, nous ne venons pas de la même ville, nous n'avons pas fait les mêmes expériences. Mais nos chemins se sont croisés là, sur ce bateau, et bon gré mal gré, nos destins sont désormais liés. Nous ne savons pas ce qui nous attend dans cette contrée. Mais nous savons tous ce que nous en espérons. Alors à présent, tout est entre les mains d'Arbitrio. Qu'il fasse de nous ce que bon lui semble!

Les Premiers Jours

Ilesa arriva à Esperia sur le bateau de Markus un peu anxieuse, mais impatiente de commencer une nouvelle vie. Quand elle monta sur l'estrade de la place centrale en compagnie de Valamtiel pour y être vendue, elle prit conscience de la réalité qui s'offrait à elle en entendant les remarques grivoises à son sujet. Elle pria Arbitrio pour ne pas tomber sur un méchant maître. Finalement, elle fut vendue pour 23EO à l'abbus Renault. Avec le temps, elle se rendit compte que c'était ce qui pouvait lui arriver de mieux. Arbitrio avait veillé sur elle, comme toujours. Renault était un bon maître, il ne la frappait jamais, ne la brutalisait jamais et se montrait toujours bienveillant à son égard. Il lui montra le travail qu'elle aurait à faire, elle aurait s'occuper des champs de l'abbaye. Ilesa connaissait bien les plantes, elle les aimait plus que tout au monde, et savoir qu'elle pourrait continuer à leur parler, à s'occuper d'elles, à les soigner, à les chérir, lui fit beaucoup de bien. Au moins, elle était dans son élément. Puis Ilesa accompagna son maître dans quelques unes de ses visites politiques. Elle resta dans un coin, silencieuse, essayant de ne pas se faire remarquer, mais écoutant soigneusement les conversations, pour comprendre les enjeux politiques de la cité. Par la suite, Pellaon Light s'offrit à lui faire visiter la ville, ce qu'elle accepta avec plaisir, et elle se proposa auprès de Mamie de l'aider à reprendre l'organisation du marché.

La fin de l'esclavage

La maladie de Dranhyl, qui devait rester en quarantaine dans les sous-sols de l'abbaye, donna beaucoup de travail à Ilesa car nombreux étaient les visiteurs qui venaient voir le mourant une dernière fois. Mais dans ces moments de durs labeurs, une lumière vint éclaircir l'ombre: Napalm, venant à l'abbaye pour visiter Dranhyl, s'attarda quelques tendres instants auprès d'Ilesa. C'était la première fois qu'Ilesa se retrouvait confrontée à une situation qu'elle ne maitrisait pas entièrement, et dont elle ne savait pas trop ce que ses parents auraient dit, mais elle finit par laisser parler son coeur, écouta les déclarations enflammées de Napalm et osa y répondre. Les jours passèrent lentement. Ilesa fit la connaissance de Marcus Loinvoyant, avec qui elle partagea des conversations paisibles et agréables sur le goût de chacun pour son travail, et de Samara, une jeune verrière de son âge, qui lui fit part de ses opinions politiques et libertines. Ilesa n'approuva pas tout, mais elle était heureuse de rencontrer une jeune fille de son âge, et admirait son courage de passer au delà des rumeurs, alors elle ne dit rien.

Et puis, le jour tant attendu arriva. La journée était belle, Ilesa en avait profité pour soigner à son habitude les plantes. Napalm vint visiter la jeune femme, mais l'abbus Renault arriva et invita Ilesa à monter à son bureau. Un peu inquiète, elle obéit, mais c'était une bonne surprise: Renault l'invita en effet à s'asseoir et lui signifia son contentement pour le travail effectué et son affranchissement. Radieuse, Ilesa remercia l'abbus qui avait été si bon avec elle. Mais Renault avait une autre proposition à faire à Ilesa: il lui offrit de rester à l'abbaye comme salariée pour continuer à s'occuper des plantes et préparer des potions. Ilesa, qui avait eu dans les bois l'occasion de manipuler les herbes, et qui par ailleurs se sentait comme chez elle à l'abbaye, accepta tout de suite. Puis l'abbus lui pria de se retirer, et fit monter Napalm. Ilesa ne sut jamais ce qui fut dit lors de cette conversation, mais au bout d'un moment, on la rappela dans le bureau de l'abbus, et Napalm lui fit sa demande en mariage. Remplie de joie, Ilesa accepta immédiatement, sous le regard paternel de l'abbus. C'est, à ce jour encore, le plus beau jour de sa vie.