[Essai] De la Justice Dogmatique

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Joris
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dim. 25 janv. 2015 02:07

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De la Justice Dogmatique
Par Joris Tenkor, Abbus Émérite d'Esperia


Préface:


Ce texte, si il ne présente pas l’attirance et la beauté d’un poème, ou la force d’un pamphlet, est voué à la puissance. Puissance rhétorique, argumentaire, et humaine. Car avec ce papier, et cette encre, je veux agir sur l’homme, sur l’esperien, sur Esperia. Je veux convaincre et affirmer, je veux proposer. Et si, lecteur, tu ne conçois pas mon propos, je t’invite à écrire pour me contredire, et à développer de vrais arguments. Mon ambition est d’apporter une nouvelle vision de la Justice, une vision plus pragmatique, et plus sensée, afin d’apporter à Esperia une structure judiciaire adaptée, pieuse, et saine, et pas un simple fouillis de tout ce que l’on peut trouver de pire sur l’Ancien Monde. Cette Justice, je l’appelle Dogmatique, car elle est régie par le Dogme de la Foi, mais je ne cherche nullement à l’imposer à tous les esperiens.


Limites et impuissances de la Foi en Esperia:


Les limites et les impuissances de notre Foi, le Culte d’Arbitrio (ici, distinctions phalangistes ou monachistes n’ont que peu d’importance), sont désolantes, elles ont initiées cet essai, et il faut les éclaircir.

La première concerne le cosmopolitisme. Esperia, cité des peuples et du foisonnement, connaît toutes les religions qu’on peut trouver de l’autre côté de l’Océan, de la moins agressive à la plus obscure. Ainsi, le corps religieux et le corps politique sont incompatibles, car l’un veut répondre à la nécessité d’une partie, et l’autre doit garantir les besoins du tout. Ainsi, il est inutile de chercher le règne d’une entité religieuse quelconque, car il ne serait voué qu’à la révolte, et les esperiens ont déjà refusés ce type de gouvernement.

Aussi, la Foi de l’Ancien Monde ne se concilie pas avec le comportement esperien. Ce comportement est un comportement de fuyant, ou de rejeté. Peu nombreux sont les hommes libres qui arrivent dans la cité. La plupart ont été capturés et vendus, ou jetés à la mer, et la plupart n’ont aucune envie de revoir le monde qui les a refoulé. De la même manière, ils ne souhaitent pas retrouver les failles qu’ils ont connus sur l’Ancien Monde, et la tare de notre Culte, c’est d’être identifié comme le lien entre Esperia et le Continent, et ainsi de rappeler aux plus bestiaux les souvenirs les moins glorieux.

Enfin, je crois que là où notre Culte est le plus impuissant, c’est dans sa rhétorique. Arbitrio est seul juge des âmes dont il est à l’origine. Le châtiment, pour les plus bestiaux, vient après la mort, épreuve abstraite et inconnue des mortels, et dont l’après, le praeter (au delà), n’inspire pas autant de crainte qu’il ne le fait avec les croyants du Continent. Les esperiens sont confrontés à bien trop de tentations bestiales et à bien trop de discours nuisibles à leur équilibre mental (les discours ne sont pas forcément nuisibles en eux-mêmes, mais la multitude de ces derniers perd les croyants entre les différents dogmes), et la crainte du Jugement n’est plus suffisante pour apaiser leurs ardeurs et leurs désirs. Un sentiment lié à la distance vis à vis du Continent, et des institutions religieuses, auxquelles les esperiens associent l’idée du Jugement, alors même qu’Arbitrio règne partout où il a crée.


Légitimité d’une refonte juridique:


Une fois ces limites établies, il apparaît essentiel de modifier notre perception et notre manière de voir la Justice, car la société des croyants esperienne se livre à quantité d’actes et comportements bestiaux, et cela, le corps religieux en est en partie responsable.

Dans l’Ancien Monde, Abbayes et Monastères protègent les croyants des maux auxquels ils sont susceptibles d’être confrontés. Mais le cas de la Nation Adaarionne et d’Huratelon sont spéciaux, car ils se caractérisent par des sociétés dont la religion est exclusivement pratiquée. Aussi je m’intéresse ici à la Capitale, Caroggia, et autres régions moins pieuses, où le corps religieux se charge uniquement de la protection, matérielle ou intellectuelle, du peuple, car la crainte du Jugement est souvent bien assez suffisante pour éviter la tentation du bestialisme.

Cependant, dans les villes comme Iona, ou Lig Ocolide, souvent comparées à Esperia, et similaires en de nombreux points comme j’ai pu moi même le constater, la crainte du Jugement d’Arbitrio et les conséquences qui y sont liées ne sont pas suffisantes pour combattre le bestialisme. Ou alors, le vrai comportement moral n’est pas interprété de la bonne manière, car le corps religieux n’a que peu d’emprise pour pouvoir éduquer ces populations. Il est donc essentiel d’édifier un système plus adéquat, et surtout de proposer une divergence théorique concernant le Culte.


Propos de la Justice Dogmatique:


C’est ainsi que je constate une vision plus proche des maux et des tares de notre époque et de la cité d’Esperia.

D’où la Justice Dogmatique. Arbitrio est incontestablement Juge des âmes, car c’est lui qui en est à l’origine, et que seul lui sait quelles sont les vraies causes et les torts des âmes jugées. Mais il a également confié la mission aux hommes d’établir une société plus équilibrée, plus harmonieuse. Pour cela, les croyants ne doivent pas avoir l’opportunité de céder aux tentations du bestialisme, et donc, la simple menace d’un Jugement défavorable n’est pas du tout suffisante pour assurer cet équilibre de la société des croyants. Il faut concevoir une Justice Dogmatique, c’est à dire une norme, celle du dogme de la Foi, à laquelle chaque croyant devrait tendre. Cette norme est déjà établie, il s’agit de notions simples, telles que le respect des Grands, l’amour des autres croyants et de tout ce qui est fruit d’Arbitrio, ou encore l’inclination à la droiture et à la paix entre croyants. Mais, il ne faut pas être dupe, ces valeurs sont inatteignables dans leur entièreté par un mortel. Aussi, la norme morale, le dogme à respecter, se construit par opposition aux comportements qui forment le bestialisme: jalousie, luxure, bellicisme, débauche, haine… Cette Justice du Dogme, Dogmatique, ne prétend pas juger les hommes au niveau d’Arbitrio, mais uniquement garantir l’équilibre et l’harmonie de la société dans laquelle tout un chacun pourra évoluer, afin d’atteindre sereinement le trépas et d’accéder à un praeter heureux et proche du Créateur.

La Justice Dogmatique n’exclue donc pas la Justice Civile, qui elle doit continuer d’exercer les fonctions qu’elle a toujours détenue: le Culte d’Arbitrio ne doit surtout pas s’immiscer dans les affaires civiles (vol, crime, tout ce qui concerne ceux qui ne font pas partie du Culte d’Arbitrio, etc…). Cependant, tout ce qui concerne les affaires de moeurs, les offenses à la Foi et à ses représentants, et les atteintes à l’équilibre de la société des croyants (semer des tensions entre phalangistes et monachistes) doit être jugé par une assemblée de moines, qui se baseront sur les principes et les valeurs du dogme d’Arbitrio pour évaluer la culpabilité des jugés. Contester les sanctions reviendrait à remettre en doute la parole d’un religieux, ce qui est preuve d’un bestialisme exacerbé.


Conséquences sur le corps religieux:


Aussi, le corps religieux esperien ne peut pas se restreindre aux simples fonctions de la prière, du sermon et de la nutrition des plus pauvres. Ces fonctions évitent à la société des croyants de sombrer totalement, mais elles ne servent à rien pour ce qui est de combattre le bestialisme, et d’apaiser les tensions qui hantent la société des croyants. C’est pourquoi le corps religieux doit être en mesure de juger les croyants, et de leur affliger des sanctions, matérielles ou non, tant que la sanction ne conduit pas à la mort du jugé, car un homme, même religieux, ne peut décider lui même de l’heure du Jugement. Cette idée ne s’applique bien sûr pas aux casles plus effroyables présents dans notre monde, associés à un faux Culte dont je tairais le nom, dont le sort doit être réglé dans le plus grand silence par le corps religieux, et sans conditions, car la menace qu’ils sont pour l’équilibre de la société des croyants est plus importante que le statut de leur âme.

Et, afin de procéder à ces jugements, et d’officier selon la Justice Dogmatique, le corps religieux d’Esperia et des villes qui lui sont semblables, doit être en mesure de protéger, de défendre, et de veiller. Pour ceci, l’existence d’un corps militaire est primordiale, et quiconque la réfutera n’a pas suivi le raisonnement logique qui précède, ou bien souhaite se rapprocher du bestialisme en évitant l’influence de la Foi. Ce corps armé doit être contrôlé, et accessible aux plus nobles âmes, car il doit obéir à des valeurs hautes et à des règles strictes, et en aucun cas être le premier à sortir l’épée: il doit être une phalange adaptée à Esperia, et prendre compte de l’existence d’une Garde, ce qui implique de ne pas interférer avec sa juridiction. Aussi, les hommes qui constituent cette Phalange ne doivent agir que sur des croyants, et nordiques et autres qadjarides doivent être ignorés sauf dans le cas où ils s’attaqueraient à un membre de la société des croyants de manière flagrante. Aussi, je pense que ce corps militaire doit être constamment moins nombreux dans ses effectifs armés que la Garde, afin de rassurer ceux qui verraient là une menace pour le Gouvernement, et ceux qui ne font pas partie du Culte, comme les Nordiques et les Qadjarides, dont la peur des religieux armés est au moins aussi grande que leur susceptibilité.

De ce fait, Gouvernement et Garde doivent accepter la légitimité d’un tel corps dans la cité, et accepter de se soumettre à son autorité lorsque le cas s’y prête. Sinon, ils font preuve d’hostilité envers le corps religieux, et donc envers ceux qui oeuvrent à l’équilibre de la société des croyants. cette hostilité n’est pas acceptable, dans le monde d’Arbitrio, et la frontière est flou entre ceux qui sont hostiles à cet équilibre, et ceux qui veulent sa destruction. De plus, si chaque institution comprend et connaît le principe de la Justice Dogmatique expliqué plus haut, elle ne peut pas légitimement et raisonnablement invoquer l’usurpation et la spoliation, et toute contestation de ce propos doit être perçu comme un refus des lois et de la Foi, car un tel système est bien moins sévère et pragmatique que celui qu’on trouve dans les plus hautes sociétés de l’Ancien Monde. Et refuser les lois et la Foi, c’est ôter le squelette qui constitue notre société, et n’y laisser plus que de la chair. Et la chair, c’est le sang.


Synthèse:


Voici donc ce qu’un bon moine devrait répondre à l’ignorant qui conteste son pouvoir de jugement, ou l’idée d’une Phalange: Esperia est une cité de vices, qui refuse les valeurs de l’Ancien Monde, ainsi, la Foi ne peut pas se reposer uniquement sur la crainte du Jugement d’Arbitrio pour rétablir l’équilibre de la société des croyants et succéder à la mission que nous a confié le Créateur. Le corps religieux doit donc être en mesure de juger les actes bestialistes, et il doit disposer d’un corps armé, une Phalange, pour procéder efficacement. Sans cela, Esperia sombrera dans le déséquilibre et la perdition.

Voici le raisonnement d’un homme aguerri et qui a connu les lieux et les choses sous l’oeil de la Foi. Il n’y a rien ici de révolutionnaire ou de très novateur si l’on regarde derrière nous, mais désormais, quiconque proclamerait le refus d’une Justice religieuse (ici, Justice Dogmatique, moins puissante qu’ailleurs sur le Vieux Continent), ferait face à ce texte, et à cette logique implacable. Et quiconque aurait à défendre ce système pourrait s’appuyer dessus. Esperien, je t’invite à te défaire de ta réticence face au changement, et à réfléchir là dessus, car cet essai ne désire rien d’autre que ton salut.
"Et cette rose sans pétales, qui tombe froide sur la dalle."

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Apollodore
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dim. 19 avr. 2020 21:24
Bonjour,

Le texte à été wikisé et est trouvable ici : De la Justice Dogmatique

Bon jeu !