[Journal] Journal de Cain Keryah

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Cain
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mar. 19 mai 2015 16:58

Hors RolePlay :

Le contenu de se journal n'est évidemment disponible qu'en RP et est écrit en Adaarion. Je vous demanderais évidemment de pas méta dans votre lecture et sinon je sais pas pourquoi je fais ça, je m'emmerdais et j'avais pas envie d'rp.

Hors RolePlay :

Un cahier simple, sans fioritures, les pages sont légèrement jaunies gage que le cahier n'a pas été ouvert depuis un moment. L'écriture est soignée quoiqu'un peu tremblante, les majuscules et la ponctuation débordent proprement sur les lignes d'en dessous. Le tout est écrit en Adaarion.

RolePlay :

Jonka pallot ensimmäisen ihmisen !

Putain de merde, depuis le temps que je voulais sortir ça.
J'imagine même pas les tronches ahuries des types dehors en m'entendant dire ça.

M'enfin, je prends la plume, à nouveau, pour essayer "d'aller mieux". Ouaip. En fait je sais franchement pas quoi dire, ça m'emmerde.
Là, y'a Walae qui cuisine, elle dodeline aimablement du postérieur et ma fille est en train de faire je sais pas quoi avec ses poupées.
Ouais, je suis père, les choses ont bien changées depuis la dernière fois.

[Des dessins sont là, comme si Cain s'emmerdait.]


Bon, j'ai enfin trouvé une utilité !
Tu vas me servir pour ma fille.
Ca paye pas de mine mais elle grandit vite. Je dois t'avouer mon con que je suis assez fier de ça, en fait, je suis fier de tout en ce moment ! Si tu y regardes bien, la dernière fois que j'écrivais pour moi même.. c'était.. [un peu d'espace ici] trop loin. Enfin, j'étais seul et je crevais de faim à l'époque !
Bah maintenant, figures toi que je suis Noble ! Noble nom d'un chien, j'imagine pas la gueule du Rashak s'il apprenait ça.
Et attends !
Je suis riche ! Inconcevable mais vrai, je ne manque de rien, je veux quelque chose, je l'ai, c'est complètement fou -j'adore ça soit dit en passant-
Et enfin.. Je dirige cette ville ! Enfin, je suis le second, oui, mais tout de même ! J'ai dirigé un quartier et maintenant je suis le second du Roy de cet archipel. Tu y crois toi ? Putain de bordel à cul.


Mais comme tu le sais, toutes les- Pourquoi je te nomme, t'es qu'un bout de papier, putain.
Mais comme tu le sais, ma fille, tout les avantages et toute les bonnes choses de ce monde s'accompagnent toujours de malheurs tout aussi importants.

Bon, quand tu lira ça je serais surement déjà au cours de mon jugement face au créateur, donc autant que je te dise tout non ?

Tu aura malheureusement jamais la chance de savoir tout ce qu'il faut, parceque je n'en ai pas le temps.

Ton vieux père -parceque je suis vieux, oui, tais toi et opine- n'est malheureusement pas aussi pur qu'il le laisse paraître.
Alors, je vais te raconter l'histoire de ma vie, l'histoire de notre nom, de notre sang et quelques conseils pour ta vie future.


Chapitre 1 : Le début de ma vie (Je sais, c'est pompeux, mais tu voulais que j'appelle ça comment aussi ?) Ou tes grands parents (mieux ?)



Je vais pas te raconter comment mon père et ma mère ont fait pour m'avoir, parceque déjà c'est dégueulasse, et parceque j'en sais foutrement rien.
Les rares souvenirs qu'il me reste de cette époque sont néanmoins tout à fait clairs. (Pas de l'époque où ils me faisaient, après je veux dire)


Ma mère, donc ta grand mère, s’appelait Filia Keryah. Elle était merveilleusement belle et sentait toujours bon ! Toujours ! (Je me demande encore comment elle faisait, trucs obscurs de femmes disait mon père)
Elle avait des cheveux un peu roux, mais pas trop, plus vers le blond, mais avec des reflets cuivrés tu vois ? Ouais, tu vois.
Elle avait la peau très pâle et de jolies pommettes constamment rouges que je m'amusais à mordre pour la faire rire -j'adorais la faire rire, son rire, Arbitrio ma fille tu serais tombée folle de ce rire !-
C'était une femme douce, élégante et tout à fait cultivée. Elle exercée en temps que Soignante au dispensaire des bas quartiers. (Elle rêvait d'intégrer un dispenser situé à proximité de Castral-Roc) et qui avait le rire facile !


Mon père lui était totalement différent, mais l'amour était bien là c'est sûr. Il s’appelait Brogen Keryah.
Il était radin ! Mais radin ! Arbitrio, ma mère en riait toujours, c'était amusant de le voir grimacer à chaque pièce déboursée. Il avait les cheveux n'importe comment, "en coupe de cul" que disait mon père, j'ai jamais trop compris pourquoi.
Il avait une grosse barbe -c'est un héritage, enfin, son père et le père de son père et tout l'avaient, alors bon- très fournie, la mienne n'est qu'une pâle imitation ! (Veille à ce que ton premier fils ait une barbe)
Il était pas bien grand mais bon sang, trapu comme un nordique ! On jouait souvent à un jeu qui s'appelle "Pépiperres", c'est franchement nul mais j'appréciais ! En gros, celui des deux qui arrive à réduire une pierre en de plus petits morceaux que l'autre avec un seul coup de marteau. Inutile de te dire que je perdais souvent.
Mais ouais, je m'égare là. Il avait de grosses cernes parcequ'il aimait à travailler longtemps.
Il était fier, fier de s'en être sorti qu'il disait. Moi je le trouvais beau mon père, ma mère aussi, mais pas la vieille d'à côté.
Ah, il était tailleurs de pierre aussi (très bon, mais il se cassait souvent les doigts avec le taillant)

Bon, en même temps j'allais pas te dire qu'ils étaient moches et méchant, tu te doutes, mais ils étaient vraiment comme ça.

Et puis..
On vivait dans une maison, grande fierté de mon père, modeste située dans les bas quartiers.
D'ailleurs, si tu veux y retourner, normalement elle y est toujours, j'avais payé un ami pour qu'il s'assure des impôts pour de longues années (Fait gaffe à lui, il te dira que j'avais des dettes mais il me doit encore quarante pièces, met lui dans les dents et ne cède pas à ses avances ! Il veut se marier alors bon)

La nuit, on a une vue impressionnante dans la chambre de mes parents, tu verra, les nuits de nivôse, tu pourra voir l'oeil du créateur au dessus des monts qui luisent de sa clarté, c'est beau !


Bon, je te passe tout les détails parceque j'ai pas envie d'écrire tout ça, je dois dire que çame fait sourire de coucher ça sur papier mais ça me fait également mal.

Ma mère était une grande amatrice des pommes ! (ça faisait criser mon père qu'elle dépense là dedans) Elle disait que c'était bon pour "Le p'tit bidou du Cain".


Bref, chaque année on se rendait ensemble à la ligne de paix. (Tu peux en apprendre plus n'importe où sans soucis, c'est en gros une grosse fête à la frontière avec les Maahvitts)
Mon père y allait pour y vendre des statues et tout, ma mère pour soigner quelques nordiques de maux étranges moyennant pommes du nord. (Si si, y'en a, mais elles sont terriblement dégueulasses)

Le temps passe, toujours, inexorablement, les beaux temps filent à la même vitesse. C'est ainsi qu'au cours de ma treizième année, j'avais gravement fauté du sein du monastère. (Les moines m'instruisaient avec d'autres gosses comme moi)
Alors franchement, pour moi c'est pas une faute, mais bon ! Je te raconte :

L'Apothi écrivait souvent, et nous on faisait de même, quand on était pas assez bon, on était de corvée à faire le service en boisson et nourriture tandis que les autres travaillaient.
Sauf que moi, j'étais franchement nul en capitalin, c'est une langue de dégénérés et je préférais passer mes journées avec mon père dans son atelier pour éviter ces jours là.
Sauf que là.. bah j'ai pas pu y échapper !
En faisant le service donc, le connard de Rashak (un sale petit con prétentieux parcequ'il vivait à la frontière des quartiers plus guindés)m'a fait un croche-patte.
Je me suis donc étalé, en renversant le pichet d'eau sur le bureau de l'Apothi..
AH ! Je me souviens de leurs tronche, ri-sible !
- J'ai, accessoirement, trempé le bouquin de genèse aux lettres d'or ainsi que divers lettres et tout -
L'Apothi, pas content malgré ma défense, demandait réparation. Il voulait que je demeure au monastère une semaine pour travailler en contrepartie.
Après m'être fait claqué par mon père (et réconforté par ma mère) il en a été décidé ainsi..
SAUF QUE !
C'était la semaine du début de la ligne de paix. Donc bah.. je me trouvais penaud.

J'ai eu beau pleurer toutes les larmes de mon corps contre la poitrine de ma mère, rien n'y faisait, mon père soutenait l'Apothi.
Alors bien sûr, tout ce beau monde ce foutait de moi parceque j'étais une "lopette".

Ce fut la dernière fois que je serrais ma mère dans mes bras.
Tu veux connaître nos dernières paroles ?
"Cain, Cain, sèche tes larmes, à notre retour c'est le saladier de pomme qu'on se fait en parlant des nordiques !"
"Ah non, bon sang, tu vas pas le bourrer de pommes encore ! Ca va nous coûter les yeux de la tête !"
"Brogen.. M'enfin, aller mon grand, on t'aime ! Evite de détruire un nouveau livre hm ? On finir celui sur les maux de maman !"
"Oui Maman.. Mais j'vous déteste ! Vous me laissez seuls ! Vous êtes mauvais !"

Voilà.
J'ai regretté amèrement ces paroles.
Qu'elle honte cela devait être pour mes parents d'avoir un fils si ingrat. Je regrette chaque jour de ma vie de ne pas avoir compris, avoir compris qu'ils faisaient ça pour mon bien, pour mon éducation.

Suite à ça, je lisais le livre de ma mère chaque soir, pour lui faire la surprise à son retour.
Et chaque matin, j'allais en direction de la route qui file entre les montagnes pour atteindre le nord.
Mais chaque matin, personne ne descendait en contrebas.
J'ai pas perdu espoir pour autant, je me suis dit que mon père avait du avoir beaucoup de clients ! Alors j'ai aussi nettoyé la maison de fond en comble.

J'étais toujours sur ma petite butte, chaque matin, j'attendais inexorablement qu'une ombre mouvante apparaisse au loin.
J'attendais, sourire aux lèvres.

Les festivités de la ligne de paix étaient finis depuis une semaine, mais toujours aucune nouvelle de mes parents.
Les rumeurs allaient bon train entre les habitants qui parlaient d'une attaque d'un groupe (pour parvenir à la ligne de paix plus aisément, les gens se regroupaient pour faire la route ensemble), d'Adaarions ayant fuit vers le nord, de la froideur des monts, bref, les plus concernés ne faisaient guère attention aux rumeurs.

Moi, j'attendais toujours, sourire aux lèvres.
[l'écriture se fait désormais beaucoup plus tremblante]


Un matin, j'ai vu enfin du mouvement ! Un groupe de cavaliers, oh bon sang.
J'étais tellement heureux que je me suis mis à faire des claquettes sur les pavés en chantonnant joyeusement. Mon coeur battait la chamade à l'approche des cavaliers, j'allais enfin pouvoir demander pardon à mes parents.

Plus le groupe de cavaliers s'approchait, plus je pouvais distinguer que ces derniers étaient en arme et arboraient le fanion Adaarion. (c'est quand même étonnant pour un groupe de civils)
Ils n'ont pas ralenti en passant à ma hauteur et ont continué jusqu'au coeur des bas quartier.

J'ai suivi, riant et gueulant, mains en l'air.

J'ai rejoins l'attroupement qui c'était formé autour des soldats qui posaient pied à terre.
J'ai bousculé les badauds pour être en première ligne, prêt à sauter dans les bras de mon père.

Les soldats avaient mauvaise mine en général, j'ai pas vraiment fait attention sur le coup, j'étais occupé à vérifier chaque visage.
Certains avaient des bandages, d'autres non.

Le chef de la petite troupe désignant les chevaux de bât d'un geste las en commençant à gueuler d'une voix forte et ferme :

"Voilà les affaires de ceux qui ont essayés de rejoindre la ligne de paix en partant d'ici. Si vous êtes un proche, vous devrez faire falloir vos droits au sein de la caserne.
Les cadavres n'ont pas pu être ramenés.
Sachez juste que justice a été rendue et que les pleutres à l'origine de ça subissent à l'heure le jugement du Créateur.
Qu'Arbitrio vous garde tous."


Sur ces mots les visages ce sont décomposés.
Des femmes ce sont effondrées.
Des hommes ont hurlés.
Les vieux s'en retournaient sans mot dire.

Et moi, j'étais là, avec mon sourire niais sur le visage, ne comprenant pas du tout.
C'est en voyant les réactions autour de moi que j'ai pris conscience peu à peu de la chose tandis que l'attroupement se divisait en petit groupes qui se réconfortaient en retournant à leur chaumières ou au monastère.

Je suis resté là, droit comme un piquet, de longues minutes durant.
Mon sourire s'est effacé et les larmes commençaient à couler péniblement mais silencieusement sur mes joues.
A ce moment précis, j'ai pris conscience de la violence du monde, de ma fragilité et ma stupidité.
Je venais de tout perdre, il ne me restait rien.
J'étais là, les gens défilaient et j'étais là, perdu et seul.
Qu'est-ce que je devais faire ?

Je me souviens encore du froid qui commençait à me rappeler que j'étais en vie.
Je me suis retourné vers la route du nord.
J'ai hurlé et j'ai couru tout droit dans cette direction.

Je n'ai pas fais un long voyage, je me suis vautré dix mètres plus loin sur un pavé.
Je ne sais plus vraiment comment, mais on m'a déposé au monastère, j'étais absent, sous le choc, que sais-je.


Je ne continuerais pas pour le moment cette histoire rouvre des plaies que je croyais cicatrisées.
J'espère que tu tirera les morales de mon histoire, elle n'est néanmoins pas finie.



[Des dessins merdiques qui ressemblent vaguement à des visages sont à droite]
[Un soleil avec des montagnes sont à gauche, une route maladroite grimpant à flanc de montagne]

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Cain, survivant de l'Enfer !

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Cain
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mer. 20 mai 2015 13:41

Hors RolePlay :

Ecrit situé après une page blanche du dernier, l'écriture ne diffère pas des autres pages.Le tout est toujours en adaarion.

RolePlay :

Bon, j'ai décidé de reprendre encore la plume pour finir ça.
Là, y'a ta mère qui dort à côté de moi (t'aura la chance d'apprendre qu'elle ronfle) et je n'arrive pas à trouver le sommeil.

Faut que dire qu'en ce moment c'est la merde.
Cette putain de cité me tue, bon, tu apprendra tôt ou tard qu'elle n'est pas la seule à me tuer, mais ça viendra dans les prochaines pages.


Je vais profiter du fait qu'il soit trop tard pour que quiconque se préoccupe de moi à l'heure pour te raconter l'époque la plus sombre de ma vie, on en a tous une et la tienne viendra surement avec ma disparition, j'espère que ce que j'ai vécu te servira à titre d'exemple, de ce qu'il faut éviter, de ce dans quoi tu pourrais tomber.

Chapitre 2 : Les ténèbres


Pour reprendre là où mon récit s'achevait, j'ai été envoyé au monastère.

Je dois t'avouer que sur le coup, les paroles de réconfort creuses, la pitié, l'aide, je ne la voyais pas, j'étais totalement perdu dans le passé, dans mes souvenirs et mes regrets.

Je suis resté quatre jours au sein du monastère.
Les deux premiers, les moines s'inquiétaient du fait que je ne mangeais pas.
Pourquoi me nourrir après tout ? Néanmoins, viens un moment où ce petit jeu prends fin et j'ai du me nourrir me valant les compliments et applaudissements d'un moine surement un peu con.

Suite à ces quatre jours où je ne faisais que demeurer sur ma couche, j'ai été voir l'Apothi.
Du jour au lendemain, je me suis levé et je suis allé voir l'Apothi, traînant les pieds, fixant le sol, ne sachant pas vraiment où j'allais.
Mais finalement, je suis arrivé, me semble t-il, devant lui.
A ce moment, je n'ai pas relevé la tête, je ne me suis pas incliné, je n'ai pas salué, j'ai simplement dit d'une voix morne mais sûre :
"Je retourne chez moi."

Sur ces mots, j'ai tourné les talons et je me suis dirigé machinalement jusqu'à la sortie.
L'Apothi protestait mais sans aucune réaction de ma part il ne m'en a finalement pas empêché (Il aurait surement du, je ne sais ce que vaut son "expérience" mais elle me semble bien médiocre)

Je marchais, bras ballants, au travers des rues animées et bordées de neige noire. Le ciel était terriblement sombre, pas un trait de lumière n'en filtrait.
L'odeur nauséabonde des commerces, des pots de chambres jetés des fenêtres qui parfois m'éclaboussaient sans que je ne réagisse, des types puants qui terminaient leurs vices dans les ruelles, tout ça me donnait la nausée, emplissant mes poumons de manière insistante, comme me rappeler ce qu'était vraiment le monde une fois seul.

J'ai continué, sans vraiment savoir pendant combien de temps je marchais, sans vraiment savoir par où et qui me saluait.

Je me suis arrêté net devant la grosse porte en chêne devant moi, je me semblait ridiculement petit face à cette porte massive que mon père poussait sans mal.
J'ai simplement sorti une clef de ma poche, je l'ai glissée sans tremblements dans la serrure et j'ai déverrouillé bruyamment la porte. Je suis resté devant la porte encore quelques instants, je me rappelle d'une lueur folle d'espoir qui naissait en moi à mesure que je levais ma main pour la poser sur le bois froid.

Je pouvais entendre, loin, très loin, les paroles affolées et désolées d'une vieille femme, c'était probablement la vieille Erja, mais je n'en avais cure, je ne sais si je m'étais rendu compte que c'était elle ou si j'interprétais ça comme des échos de souvenirs d'antan.

Cela dit, j'ai poussé cette lourde porte, mes pupilles se dilatant à mesure que cette dernière laissait entrevoir l'obscurité de la pièce d'à côté.
Je l'ai poussé avec force à mesure qu'elle me laissait entrevoir mon chez moi.
Un espoir fou me prenait, j'étais secoué par la lubie avec laquelle je me voilais la face, et progressivement, je retrouvais le sourire et l'étincelle que tu ne peux voir mais que tu ressent dans tes yeux.

Je suis resté le bras en avant, faisant un pas pour entrer dans la pièce froide et silencieuse.
Je scrutais tout comme je l'avais laissé, la poussière n'était heureusement pas revenue faire son affaire je dois dire.

C'est en plissant les yeux que mon espoir s'est embrasé, que soudainement, tel un coup de fouet, je reprenais vie, un souffle m'animant de manière presque surhumaine.
J'ai pu constater avec un jappement de bonheur une silhouette, une silhouette qui m'était particulièrement familière, à quelques mètres, au coin du couloir qui mène à l'étage, comme si la personne se cachait !

J'ai hurlé, littéralement, de joie en lâchant un "Papa !" qui ne ressemblait en rien à ma voix habituelle.
J'ai couru de toute la force que possédait mon frêle corps, mon âme aurait pu filer si elle avait pu !
Mes pieds ont glissés plusieurs fois sur le parquet avant que ma lancée ne soit assurée, je luttais cependant pour conserver un semblant d'équilibre, pour moi c'était clair.
Il n'était pas question que je retombe, que je leur fasse faux-bond encore une fois, je devais rejoindre cette ombre, cette silhouette, je devais le faire rapidement, c'était un besoin, une nécessité, instinctif, animal, j'étais moi spectateur de la scène. Je me voyais foncer comme jamais vers le couloir.

Et j'y suis parvenu, à temps, les mollets en feu, j'ai sauté en avant arrivé à quelques pas de la silhouette qui n'avait pas esquissée l'ombre d'un mouvement.

Je me suis éclaté, dans un bruit à en faire frémir un mort, l'épaule contre le bout de mur qui terminait le salon.
J'avais espoir d'enlacer la silhouette de tout mon être, mais j'ai oublié de prendre en considération le fait qu'elle était dans un coin.(C'est la boule que j'ai à l'épaule droite soit dit en passant)

Le mur a stoppé net ma lancée, je me suis affalé au sol, fixant toujours la silhouette d'yeux s'embuant progressivement, j'ai tenté de levé mon bras droit pour attraper un pan de la la veste de mon père, je voulais qu'il m'aide, qu'il me relève, j'avais besoin de sa force, de ses paroles sages, j'avais besoin qu'il me sorte de ce cauchemar.
Mon bras droit ne s'est pas dressé comme je lui ordonnais. Ca m'a valu un cri déchirant et particulièrement féminin, non pas à cause de la douleur que je parvenais sans mal à ignorer, totalement focalisé sur mon père, mais bien de frustration. La frustration de perdre du temps, de ne pas pouvoir être comme ils le souhaitent, de ne pas être à la hauteur, que même mon corps refuse de m'obéir alors que mon âme espérait saisir mon père quoi qu'il lui en coûtait.

Naturellement, mon bras s'en contrefoutait de savoir ce que mon âme voulait, il gisait, désarticulé, contre moi, les battements affolés de mon coeur le faisant remuer légèrement.
Mais le créateur a été sage, il nous a munis de deux bras.
Sans une once d'hésitation supplémentaire, mon bras gauche s'est levé prestement, dans un geste vif et puissant qui ne correspondait au frêle être qui gisait au sol, l'espoir fait des miracles ma fille, n'oublie pas ça.

C'est en hurlant à nouveau, cette fois la voix entrecoupée d'un sanglot, le nom de mon père que mon bras s'est saisi du bas de la veste qui pendait avec indifférence.
J'ai relevé la tête en posant un regard brûlant sur le béret de mon père, et j'ai tiré de toutes mes forces pour me hisser jusqu'à ses bras.

Je me rappelle encore de l'incompréhension du moment.
La scène s'est déroulée au ralenti pour moi, interloqué.
Mon sourire s'est figé, mes yeux ce sont éteints, le porte manteau s'est lentement effondrer à mes côtés, le béret allant s'écraser plus loin, le manteau me recouvrant partiellement dans sa chute, mon bras demeurant accroché au morceau de veste, fermement.

Je suis resté là, ahuri, durant je ne sais combien de temps, le calme était revenu dans la demeure, pas un bruit autre que le vent qui frappait aux fenêtres à l'étage ne se faisait entendre.
Les larmes ce sont mises à couler à nouveau, je suis demeuré là, sur le sol.
Finalement, alors que mon corps commençait subir la morsure du froid, je me suis hissé contre le mur.
La veste de mon père, seul vestige d'une époque ensoleillée et révolue, me servait de couverture.
Je fixais le béret, il ne me restait plus que ça finalement.
Je venais de perdre mon bras, mon corps même m'abandonnais.

Je te le demande, ma fille, qu'aurais-tu fais à ce moment précis ? J'étais au comble du désespoir, de la solitude et du désoeuvrement.
Je me demande si une autre solution aurait pu être envisagée sur le coup.

Après que mon cœur ai suffisamment réchauffé ma carcasse, je me suis redressé, d'une main, la tête battante contre ma poitrine.
Je me suis lentement dirigé vers la cuisine.
J'ai pris le plus long des couteaux.
J'ai posé mon bras désobéissant sur la table, il s'y écrasa mollement.
J'ai levé sans aucune prise de conscience la lame.

Et je me suis figé.
Encore une fois, le temps n'avait plus de valeur, le temps n'était rien d'autre qu'un mot, il avait perdu son sens, ma vie c'était arrêtée, elle avait été brutalement interrompue.

Mon bras devenait humide à mesure que mes larmes s'échouaient dessus, celles-ci n'avaient de cesse de couler.

J'ai sourit un instant, l'ombre d'une seconde, un sourire fugace mais dévoilant mon état d'esprit dans la seconde : Revoir mes parents, leur demander pardon.
La lame s'est abattue lentement sur mon bras, l'espace qui l'en séparait de mon être s'amenuisant à chaque seconde où l'hésitation se faisait croissante, le fil de ma vie se tendant à chaque petite seconde.

Mais il ne pouvait en être ainsi. La lame s'est figée, immobile et désintéressée de mon sort.
A une faible distance de mon bras qui tremblait comme le reste de mon corps.
Je me suis souvenu d'une chose ma fille.

Le couteau que je tenais, je l'ai regardé avec plus d'intérêt, la prise me rappelant de lointaines paroles.
C'était le couteau à pommes de ma mère, elle adorait l'utiliser pour ne couper que les pommes malgré sa taille conséquente.
Elle disait que si malheur il devait y avoir, le créateur en avait décidé ainsi, qu'il était de notre sort à tous de respecter l'heure du jugement de tout un chacun.
Qu'on ne pouvait reprocher quoi que ce soit lorsque son heure était venue.
Le danger est partout, on s'y accoutume, comme au désespoir, on l'assume pour espérer goûter au morceau de pomme !
Mon père n'était jamais de cet avis et en riait toujours.
Je dois t'avouer que le sens de ces mots m'est et m'était égal.
Pour moi, ça voulait dire bien plus qu'une phrase pleine de sens, c'était un souvenir auquel me raccrocher, qu'importe les dernières paroles, j'avais tout une réserve de belles, sages et douces paroles.

J'ai donc reposé le couteau.
Je me suis retourné lentement et me suis mis en route vers l'étage, la douleur revenait lentement à mesure que les bons souvenirs envahissaient ma tête et mes yeux.
Ces souvenirs ont agis comme des œillères, le désespoir était là, la solitude, mais j'avais un but, une voie, il ne tenait qu'à moi de la faire !
En temps qu'adulte, avec du recul, c'est ainsi que je l’interprète, mais sur le coup tu te doutes bien que c'était tout à fait différent.

Une fois arrivé à l'étage, je suis entré dans la chambre de mes parents.
Les volets étaient fermés.
Le lit fait correctement, le silence régnant.
J'ai admiré le lit dans lequel je venais réveiller mes parents, parfois, j'ai rit, tel un dément.
J'ai rit, de plus en plus fort, je voulais me convaincre, me convaincre du bien fondé de toute ma réflexion, me convaincre que les souvenirs seraient suffisants.

Je me suis assis dans le lit, amenant les deux coussins contre moi, les enlaçant du mieux que je pouvais.
J'ai fixé l'entrée en riant, riant à m'en déchirer la gorge.
J'hurlais, à plein poumons, entre deux rires :
"ARBITRIO EST BON ! IL EST BON !"
"J'ARRIVERAIS !"
"Je ne faillirai plus !"

Comme tu le constate, dans le contexte j'aurais pu finir au monastère pour le restant de mes jours.

Mes doigts empoignaient avec une telle force les coussins que la toile fut percée.
Mais ça ne m'a pas ramené pour autant à moi même.

Une fois à bout de souffle, d'énergie, de volonté, à court de voix, je me suis affaissé.

J'ai eu la chance de gagner le sommeil dans cette position très inconfortable.

C'est ainsi que je termine mon récit, ce fut l'un des premiers jours de ma folie mais également l'un des premiers de mon gain en maturité.
Je n'ai plus le coeur à continuer d'écrire pour le moment, ta mère vient de se réveiller au son de mes sanglots.

Je t'aime, ma fille.

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