[Document personnel] Les récits d'un chevalier nostalgique.

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Morgann
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mer. 6 déc. 2017 18:23

Hors RolePlay :

Ce document est un journal relatant les expériences de Morgann Telcontar. Il n'existe qu'un seul exemplaire, que l'individu porte actuellement sur lui dans l'Ancien Monde.

Note : Ce document a pour but de retracer la vie de Morgann depuis son départ d'Esperia, afin de donner un contexte et une cohérence si un jour il devait revenir en jeu. Il se peut donc que je fasse référence à d'anciens joueurs et personnages et que je donne à l'occasion mon point de vue (ou plutôt celui de mon perso', et pas forcément un point de vue juste) sur certains évènements particulièrement "marquants".

RolePlay :

Première page du journal :
06 Décembre 517.
« Pour chaque frère tombé,
Une blessure,
Pour chaque ami trépassé,
Une fracture,
Ainsi va l'âme du survivant,
A jamais mutilée... »


Ces mots ne sont pas de moi. Ce sont les propos d'un vieux légionnaire que j'ai pu rencontrer lors de mes pérégrinations. Et pourtant, ces mots décrivent avec justesse ce que j'ai pu ressentir en lisant avec nostalgie les deux lettres d'Alvahryn. Je ne sais d'ailleurs plus s'il s'agit de copies ou des originales. A en juger l'écriture, on dirait que ce ne sont là que de pâles copies. Oui. Il s'agit en effet de mon écriture. J'ai du perdre les lettres d'origine sur Esperia, en même temps que mon journal intime. Quoi qu'il en soit, ces morceaux de papier ont eu l'effet d'un coup de poignard. C'est comme si de vieilles blessures venaient de se rouvrir. Il est assez étonnant de constater, en ces heures tristes, que les mots ont autant de répondant qu'une bonne lame. La plume peut donc rivaliser avec l'épée si l'on est assez doué pour la manier avec aisance.

Je ne sais pas quel fut le déclic. Je crois me souvenir que ce fut à peu près à cette période, il y a de cela trois ou quatre ans maintenant, que ma vie bascula pour la deuxième fois. Peut-être est-ce là, inconsciemment, la raison de mes envies de lecture. Esperia fut un tournant majeur dans ma vie. Et les évènements tragiques que j'ai pu vivre là-bas ont considérablement impacté ma façon de voir les choses, d'interagir avec l'environnement qui nous entoure. Je crois, d'une certaine manière, que c'est Esperia qui m'a fait prendre conscience de la cruauté de ce monde. Il me semble que jusque là, j'étais plutôt un jeune homme insouciant et idéaliste. Mon arrivée dans le Nouveau Monde m'a rapidement fait comprendre que j'étais loin de la réalité. J'ai du m'adapter, m'endurcir. Et j'ai pris en maturité.

Si aujourd'hui j'ai envie de m'exprimer à travers ces pages, c'est pour ne pas oublier d'où je viens, qui je fus, et ce pourquoi je me suis battu. Et lorsque la mémoire me fera défaut (ce qui est en fait déjà un peu le cas), il me restera toujours ce support pour ne pas perdre complètement la tête. Peut-être même qu'un jour, mes enfants auront envie d'en savoir un peu plus sur leurs origines, et ce jour là, ils pourront lire ce journal, pour comprendre que le monde dans lequel ils vivent est loin d'être un paradis. Je l'ai appris à mes dépends, rien n'est acquis définitivement. Vivre est un combat de tous les jours...

Mes débuts en Esperia furent des plus dégradants. Dépouillé de tout honneur, de toute dignité, je fus vendu comme esclave à une illustre et puissante famille locale : Les Lindèn. Échanger sa liberté contre des fers est tout sauf plaisant. Si mes maîtres se montrèrent plutôt cléments et bienveillants à mon égard, c'est au détriment du reste de la population. On ne tarda pas à déverser sur moi un flot d'insultes et de coups, chose apparemment récurrente à Esperia lorsque l'on est esclave. J'ai rapidement compris que nous autres, esclaves, étions des défouloirs pour les classes du dessus. Ainsi, l'aristocratie crachait son infect venin sur les citoyens, et ces mêmes citoyens s'en prenaient ensuite aux habitants... Et ainsi de suite. S'il était difficile pour les castes intermédiaires de s'en prendre à un membre de la noblesse, il était toujours possible d'en venir à se venger sur ses possessions, ou de s'en prendre au premier esclave venu pour se défouler quelques instants. En outre, exercer un semblant de pouvoir et d'autorité sur plus petit que soi était un concept fortement ancré dans les mœurs de la ville. Néanmoins, je retire de cette expérience déplaisante de nombreux enseignements. D'une certaine façon, j'ai appris à respecter autrui, à faire preuve d'humilité. En tant qu'esclave de la famille Lindèn, j'avais toutefois quelques "privilèges". Mes maîtres, en raison de mes nombreux services rendus, m'accordèrent de nombreux moments de permission. Durant ce temps libre, j'en profitais pour donner un coup de main au personnel soignant du Dispensaire. Il m'arrivait aussi de m'entraîner avec d'autres esclaves dans la cour de la caserne, lorsque les gardes étaient de bonne humeur. Pour eux, cela restait un bon moyen de garder un œil sur des recrues prometteuses.

Les jours passèrent et les Lindèn en venaient à m'accorder toujours plus de liberté, comprenant que j'étais un être relativement débrouillard et autonome. Puis arriva le jour où l'on vint me prévenir que je n'avais plus rien à apprendre en tant qu'esclave, et que j'étais désormais un homme libre de reprendre en main le cours de son destin. Peu de temps après, je décidais sans hésiter une seule seconde de rejoindre la Garde d'Esperia...



Hors RolePlay :

Le reste de la page est laissé vide. L'écrivain a probablement été sollicité autre part, devant de ce fait interrompre son travail.
Modifié en dernier par Morgann le jeu. 14 déc. 2017 10:56, modifié 2 fois.
Ex Sike Elassar Vestrit, Ex Lieutenant de la Garde, Ex soldat de la Pointe d'Or, Ex assistant du CJS, Ex vétéran de la Guerre Civile et Ex Chevalier d'Espéria.
"Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme."
William Ernest Henley
Actuellement Morgann Telcontar (Tous les titres qui vont avec sont sur sa fiche)

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Morgann
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jeu. 7 déc. 2017 11:41

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Deuxième page du journal :
07 Décembre 517.


Je ne me rappelle plus exactement comment j'ai intégré la Garde, ni de qui j'ai reçu mon armure. Tout ce que je sais, c'est que j'en ai tiré une immense fierté. Rejoindre les rangs d'une organisation militaire, côtoyer la discipline, recevoir des ordres... Tout cela m'a rappelé d'où je venais. J'avais déjà complètement oublié que quelques jours auparavant, je n'étais encore qu'un esclave que l'on sollicitait pour des tâches ingrates. En réalité, j'étais loin de me douter que ma carrière en tant que garde d'Esperia serait tout sauf agréable. Bien sûr, lorsque l'on est soldat, il ne faut pas s'attendre à se reposer très souvent, mais je me m'attendais pas à vivre de nombreux évènements particulièrement marquants dans une aussi petite ville.

La Garde était tout ce que j'avais. C'était d'une certaine façon ma seule et unique famille. La plupart de mes amis (et peu nombreux ils furent) se trouvaient d'ailleurs au sein de cette Garde, sans parler du fait que j'avais réussi à faire rentrer ma chère et tendre dans notre grande famille de gardes. Je me suis rapidement lié d'amitié avec le commandeur, Barboto, et son second, le lieutenant Alvahryn. Moi, le simple soldat, ami, puis frère d'armes, et même Eored des haut-gradés. Cela pourrait être insensé, tout du moins assez étrange... Et pourtant, ce sont les évènements qui nous ont rapproché.

Esperia a connu une grande période de tensions, de troubles politiques, où plusieurs familles et mouvements s'opposaient pour le contrôle de la ville. Être garde en cette époque ne fut pas de tout repos. Des royalistes cherchaient à instaurer une monarchie en Esperia, et ce, dans le sang s'il le fallait. La Garde a connu une période sombre. Nous savions qu'il y avait des partisans de ce mouvement royaliste au sein de nos rangs. Mais impossible pour nous de connaître leur nombre, ni même l'identité de ces comploteurs. En outre, il était difficile de se fier aux autres gardes, du fait des incertitudes. Les seuls en qui je plaçais une confiance aveugle furent mes supérieurs hiérarchiques, Barboto et Alvahryn. Ils avaient noué des liens solides avec la famille Lindèn, celle qui, d'une certaine façon, m'avait recueilli et en qui j'avais décidé de placer ma loyauté. Je ne pouvais donc, naturellement, que rejoindre le camp de ceux qui s'opposaient fermement à l'instauration d'une monarchie. J'y étais tenu par le devoir en tant que garde, et par l'honneur en tant qu'ancien esclave de la famille Lindèn. (J'avais en cette époque considéré Louis Lindèn comme mon nouveau seigneur, lui étant redevable pour les bons traitements et ma liberté rapidement rendue.)

Pour préserver Esperia de multiples coups d’état, nous avons du faire des choses innommables. Des actions qui m'ont changé à tout jamais. Le sang a beaucoup coulé en ces temps sinistres. La neige s'était imprégnée de ce liquide pourpre, le buvant avec un certain appétit. Nous venions d'entrer dans la Nivôse Rouge.


Hors RolePlay :

Des tâches d'encre sont présentes en grand nombre en dessous du texte, comme si l'auteur cherche à donner vie à son récit en représentant des gouttes de sang. Ou alors... Il s'agit peut-être de l’œuvre d'une jeune fille, qui cherche à déranger son père.
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Morgann
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dim. 10 déc. 2017 14:25

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Troisième page du journal :
10 Décembre 517.


La Nivôse Rouge... Ou l'évènement le plus sanglant qu'il m'ait été donné de voir en Esperia. Le simple fait d'écrire ces mots me fait frémir. Mes poils se dressent. Mon échine est parcourue d'un désagréable frisson. Et pour cause... Tout ceci n'avait rien d'agréable. Cette Nivôse Rouge a ébranlé Esperia toute entière. Pas seulement la Garde et le gouvernement, mais bien toute la population. Les royalistes prenaient d'extrêmes précautions pour ne pas être identifiés. Toute la ville s'est embrasée dans un sentiment d'insécurité et de paranoïa. Certains se sont barricadés chez eux. D'autres ont préféré colporter rumeurs et accusations. Il était impossible de se fier à quiconque, pas même au sein de la Garde, comme j'ai déjà pu le dire. Et nous avions raison de nous méfier.

Car finalement vinrent les premiers noms. Les Qadjarides prévinrent le premier consul Louis Lindèn et son état-major qu'un complot royaliste se préparait à l'encontre d'Esperia. Le mouvement avait bien plus d'influence qu'on ne pouvait l'imaginer. Il ne s'agissait en outre pas d'un courant politique marginal. Et les premiers noms apportés par les Qadjarides firent frémir de terreur mes supérieurs. Des membres importants de la ville étaient impliqués dans ce complot. Il fallait réagir, et vite, avant que ces conspirateurs ne puissent accomplir leurs sombres desseins. Sans une ni deux, il fut décidé d'arrêter ces traîtres et de mettre un terme à leurs manigances. Ainsi périrent Baldeaur, le consul à la justice et à la sécurité, Osokiri, sergent de la Garde d'Esperia, et l'Apothi, dont j'ai oublié le nom. Je n'ai pas personnellement participé à cette exécution, car j'étais déjà pris sur une autre affaire de conspiration. Et à ce moment là, Barboto et Alvahryn ne me faisaient pas encore totalement confiance. La prudence était de mise. Toutefois, j'avais eu vent de cette affaire, et au lieu de remettre en question la conduite de mes supérieurs, je décidais de soutenir leur action. Nous avions dès lors convenu de partager ensemble ce terrible fardeau, qui nous le savions, allait entacher la réputation de la Garde.

C'est en outre dans cette période sinistre que nous avons su développer des liens si forts et si fraternels qu'il ne nous a pas fallu bien longtemps pour nous considérer comme des frères à part entière. A défaut de ne pouvoir faire confiance aux autres membres de la Garde, nous avions au moins le mérite de pouvoir nous soutenir mutuellement dans les moments les plus difficiles. Je proposais alors de sceller notre serment en utilisant un terme bien spécifique pour nous désigner. "Eored". Dans le monde militaire hura, il s'agit d'un terme très fort pour désigner ceux que l'on considère avec beaucoup de respect et d'honneur comme des frères. Dès lors, nous étions unis par des paroles sacrées. Mais les trois morts n'étaient en réalité que les premiers d'une longue liste... Et il nous restait encore beaucoup à faire... Et surtout, beaucoup de choses à endurer ensemble.

Je prouvais très rapidement que j'étais digne de la confiance l'on m'accordait. L'enquête que je menais sur une possible piste de conspiration s’avérait être concluante. En me liant d'amitié avec Mayrig de Pamydia, un homme louche et coupable, je perçais à jour une nouvelle tentative de coup d'état. La famille de Pamydia, que j'avais intégré, équipait et entraînait ses esclaves en vue de soutenir le mouvement royaliste. Je crois même que Mayrig avait pour ambition de se tailler une part dans le gâteau et qu'en outre, son armée d'esclaves avait surtout pour vocation de soutenir ses intentions. Je fis rapidement part des plans de cet homme à mes nouveaux Eoreds... Mayrig fut arrêté et tué quelques jours plus tard. Son acolyte et bras-droit eut plus de chance, en disparaissant de la circulation durant un certain temps. Avec la chute de la famille de Pamydia, nous pensions porter un coup dur aux royalistes, et il fut rapidement annoncé que la Nivôse Rouge prenait fin. Mais encore une fois, nous nous trompions.

Certains comploteurs avaient réussi à se cacher, à se dérober à notre vigilance. Et ils tentèrent une nouvelle fois de s'en prendre à Esperia. On ne tarda pas à prévenir la Garde du retour de Davos, commandeur déchu qui avait rejoint le mouvement royaliste. Celui-ci tentait alors de rallier à sa cause le chevalier Thémis Lunargent, un membre très influent de la ville. Notre arrivée au manoir lunaire, la demeure du chevalier, se solda rapidement par un affrontement entre les royalistes et les partisans du gouvernement en place. Plusieurs gardes dévoilèrent leur véritable allégeance en combattant aux côtés de Davos. Je fus pour ma part pris par surprise. Constatant avec horreur que l'on nous trahissait, je prenais alors un vilain coup d'épée dans le dos, qui me transperça de part en part. Ce coup déloyal faillit d'ailleurs m'emporter pour de bon. J'assistais, impuissant, à l'escarmouche, me vidant peu à peu de mon sang.

Mon réveil fut brutal et douloureux. Grâce à l'intervention rapide de mes frères d'armes et du personnel soignant, j'avais pu éviter la mort. Mais cette expérience m'avait rendu plus sombre. Et d'une certaine façon, je porte depuis les stigmates de cet évènement. Mes nombreuses cicatrices me rappellent depuis cette fameuse nuit mon devoir et mes engagements, les valeurs que je défends avec fierté, au détriment de ma propre vie. Mais revenons à notre histoire... Après avoir repris connaissance de la plus horrible des façons, on ne tarda pas à me prévenir de la tragique conclusion de cette bataille improvisée au manoir lunaire. Davos avait perdu la vie dans l'affrontement. Sa perte fut si douloureuse que les gardes s'étant rallié à lui décidèrent de se donner la mort presque aussitôt. Un nouveau bain de sang venait de souiller Esperia.

Au final, la Nivôse Rouge restera l'évènement le plus traumatisant à mes yeux. Débutée dès les premiers jours de Juin 513, elle ne s'achèvera finalement qu'avec la mort de Davos et de ses partisans dans la soirée du 03 Juillet 513. La Nivôse Rouge aura coûté la vie à, il me semble, onze Esperiens, ce qui représentait une partie assez conséquente de la population. Cet évènement sera particulièrement difficile à vivre au sein de la Garde. On nous reprochera en effet notre justice expéditive. On nous accusera d'avoir profité de la situation pour éliminer tous ceux qui osaient s'opposer à Louis Lindèn. On nous mettait même sur le dos les morts mystérieuses de Sheolh et de sa fille. D'une certaine façon, on nous accusait ouvertement d'avoir trahi la confiance du peuple. Ce qui, au final, était entièrement vrai. Nous aurions pu agir autrement en effet. Mais cela aurait-il été différent ? Je pense sincèrement qu'avoir agi autrement aurait été encore plus désastreux. Comment administrer une sentence juste et impartiale quand les représentants de cette même justice sont impliqués dans des complots ? Comment nous assurer que la sentence sera bien appliquée en sachant pertinemment que des royalistes avaient infiltré nos rangs ?

Il nous était impossible d'être impartial en ces temps difficiles. Nous avons fait ce que nous avons cru être la meilleure solution. Garder en prison des traîtres le temps de rendre la justice aurait été trop dangereux. Nous savions que leurs camarades auraient tôt fait de les libérer. Parfois, la décision impossible est la seule décision possible. Et pour cette raison, beaucoup de conspirateurs passèrent au fil de l'épée.
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lun. 11 déc. 2017 18:03

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Quatrième page du journal :


11 Décembre 517.
« Après la tempête, le calme plat... »



Relater cet évènement m'a particulièrement marqué. Je pense que cela n'a fait que raviver en moi de mauvais souvenirs. J'ai à nouveau en tête ces images où le sang coule à flot dans la neige. Car c'était surtout ça la Nivôse Rouge. Du sang. Partout. On se réveillait un jour et l'on se rendait compte que des rigoles rouges traversaient toute la ville, sans savoir du sang de qui il s'agissait. Je n'ai pas réussi à dormir de la nuit. Je n'ai qu'une envie. Écrire. J'ai l'impression, d'une certaine façon, que cela m'aide à expier mes fautes. Si l'on peut toutefois considérer cela comme des fautes...

Esperia est restée profondément meurtrie par le passage de cet évènement tragique et sanglant. Je me souviens particulièrement de ce matin où je sortais enfin du Dispensaire, quelque peu rétabli suite à cette fameuse soirée du 03 Juillet. C'était un matin grelotant. Et jamais Esperia ne m'avait donné cette impression de ville fantôme. Certaines maisons semblaient mortes, abandonnées, vides, quand d'autres restaient hermétiquement closes. Les rues étaient désertes, seulement peuplées de temps à autre d'ombres anxieuses. On pouvait encore apercevoir, à certains endroits, les vestiges de la Nivôse Rouge. La neige blanche était parfois teintée de pourpre, comme souillée à tout jamais. Et je suis resté là, tremblant, vacillant sur mes jambes car encore faible et le cœur glacé, en comprenant que plus jamais nous ne serions les mêmes.

Je me rendais compte que cet évènement, ce conflit sanglant, avait considérablement fracturée, divisée la population. Je me rendais compte, à ce moment, quel était le coût à payer pour servir avec honneur au sein de la Garde. Il fallait parfois être prêt à faire tous les sacrifices possibles pour protéger ce que l'on croit être juste. En outre, si la Nivôse Rouge avait réussi à me perturber, elle n'avait en rien ébranlé la force de mes convictions, mon devoir envers Esperia. Je ne pouvais toutefois pas en dire autant avec mes compagnons d'armes. Barboto m'a semblé particulièrement affecté par tout ceci. Et peu de temps après, il repartait dans l'Ancien Monde, avec sa petite famille. Avec son départ, il incombait à Alvahryn de reprendre le commandement de la Garde. Je fus tout naturellement désigné pour le seconder. Recevoir mon armure de lieutenant des mains de mon Eored fut un moment chargé d'émotions. Bien qu'obligés de continuer à servir Esperia, nous avions à cet instant précis une pensée pour notre frère Barboto, désormais loin de nous. Nous nous jurions de redresser la Garde, de redorer son blason.

Mais la tâche se révélait être difficile, compliquée et pénible. La Garde souffrait des mêmes problèmes que l'ensemble de la population. La Nivôse Rouge a profondément divisée les gardes. Certains se trouvaient être très proches des royalistes, quand d'autres avaient eu une attitude plus passive, spectatrice. Beaucoup, au sein de la Garde, avaient déçu par ces comportements indécents. De ce fait, Alvahryn ne se fiait à personne et ne sortait de son bureau que lorsque la situation l'exigeait. Il comptait donc sur moi pour veiller à ce que la discipline soit présente en tout temps. Il ne pouvait pas, après tout, y avoir plus d'écarts. Cela n'aurait fait d'empirer les choses. Je servais également d'intermédiaire entre le commandeur et le reste de la Garde, transmettant les ordres quand cela était nécessaire et accordant des entretiens avec Alvahryn quand je jugeais que la situation s'y prêtait. Au final, je le sentais peu à peu s'éloigner d'Esperia. La Nivôse Rouge avait également eu raison d'une partie de lui. Mais le coup de grâce fut apporté avec l'émergence d'une nouvelle famille : Aubéclat. Une famille composée des royalistes de la première heure et quelques uns de leurs plus fidèles admirateurs. Ces grossiers personnages s'étaient réunis autour d'un vieil homme grincheux dont j'ai oublié le nom et du chevalier Thémis Lunargent (ce même homme qui affirmait n'avoir aucun lien avec le mouvement royaliste conduisant Esperia à la Nivôse Rouge). La montée en puissance de cette famille, à qui tout semblait réussir et que nul ne pouvait défier, conforta Alvahryn dans son envie de quitter Esperia. Si la raison officielle de son départ était de raccompagner un proche dans l'Ancien Monde, il m'avoua par la suite, dans l'une des deux lettres que j'ai retrouvé, que c'était surtout pour éviter d'avoir à subir le joug des Aubécrins.

Je venais de perdre mon deuxième Eored. Les adieux ne furent pas faciles. J'avais, d'une certaine façon, l'impression de perdre une partie de moi. Et je me sentais trahi. Mais il fallait avancer. Esperia avait plus que jamais besoin de la Garde. Car la Nivôse Rouge n'était en réalité qu'un prélude...
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Morgann
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jeu. 14 déc. 2017 12:13

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Cinquième page du journal :
14 Décembre 517.


Aubéclat. Ce nom était un symbole fort pour les royalistes. Il indiquait à tous que cette famille rétablirait un âge d'or à Esperia, celui de la monarchie. Seulement voilà, l'éclat de cette famille fut rapidement effacé. Seule une lumière teintée de noir, à force de ne côtoyer que le malheur et la souffrance, se dégageait d'Aubéclat. Complots et violence. Deux mots qui accompagnaient les Aubécrins dans tous leurs mouvements. Émergeant durant la Nivôse Rouge, ou peu de temps après, cette famille n'allait amener avec elle qu'un lot d'absurdités méprisables. En effet, les partisans d'Aubéclat se firent rapidement connaître dans toute la ville pour la violence de leurs actions.

Les Qadjarides furent les premières victimes de cette violence. Les Aubécrins montèrent une milice anti-Qadjaride ayant pour but de "protéger Esperia". Ainsi, ils payèrent un âpre prix pour avoir soutenu le gouvernement contre les royalistes durant la Nivôse Rouge. Si certains Qadjarides avaient la "chance inestimable" de s'en sortir en bon état, d'autres furent salement amochés par les partisans d'Aubéclat. Et il nous était bien évidemment impossible de punir les Aubécrins pour leurs méfaits, car la protection du chevalier Thémis Lunargent leur assurait une certaine quiétude. Ces nombreux évènements ne firent que relancer la tension qui avait déjà divisée Esperia durant la Nivôse Rouge. Comme Alvahryn, je m’inquiétais d'avoir à nouveau à faire des choix. Nous avions l'impression de revenir quelques jours en arrière. Et plus le temps avançait, plus il semblait évident que le fantôme de la paix s'effaçait. Il reviendrait probablement un jour, mais pas avant qu'un camp ou l'autre ait réussi à défaire son rival.

Lorsque Durzann, un Qadjaride paria eut réussi à se faire élire premier consul à la place de Louis Lindèn, nous savions déjà quelles conséquences cela allait avoir sur la ville. Durzann, aussi surnommé l'Aveugle, était un allié de la famille Aubéclat. Son ascension au pouvoir fut comme un coup de poignard. Et c'est lors de sa prise de fonction qu'Alvahryn se décida à quitter pour de bon Esperia. Avec sa bénédiction et celle de Louis Lindèn, l'Aveugle accepta de me nommer commandeur de la Garde. Je croyais naïvement j'allais pouvoir changer les choses... Mais j'étais bien loin de la réalité, encore une fois. Mon autorité et mon pouvoir se retrouvaient contestés par les Aubécrins, qui, en lâches qu'ils furent, se cachèrent derrière leur tant aimé chevalier à chaque fois qu'un méfait fut commis. Ce comportement me poussa à prendre un chemin radical... Un chemin que je ne pensais pas emprunter un jour.

Il devenait de plus en plus évident qu'un conflit éclaterait un jour ou l'autre. En nommant Thémis Lunargent consul à la justice et à la sécurité, et en nommant Bill Moscaw, un autre Aubécrin, à la tête d'un autre poste de consul, Durzann ne faisait que renforcer les tensions déjà montantes au sein d'Esperia. Bien sûr, en tant que consul à la justice et à la sécurité, le chevalier pouvait empiéter sur mon territoire. Ce qu'il fit avec un plaisir non dissimulé. Chacune de mes actions à l'encontre d'Aubéclat fut contestée, remise en question. Et quand les preuves s’accumulaient, elles disparaissaient subitement des étagères des archives. Je n'ai jamais réussi à trouver le coupable, mais au final, je me rends compte que Thémis Lunargent aurait très bien pu s'emparer des preuves. Lui ou un garde rallié à sa cause. Cela ne changeait en rien les faits. La justice ne pouvait pas être rendue. Et une fois de plus, impossible de se fier à la Garde. Je me retrouvais à la même position qu'Alvahryn.

Ce comportement de la part de Thémis Lunargent me rendait des plus perplexes, et surtout, relativement triste. Un étrange sentiment de colère s'emparait de mon être. Un sentiment qui me rendait à la fois aveugle et lucide. J'appréciais le chevalier pour de nombreuses raisons. Nous étions tous deux des membres déchus de l'Ordre de la Chevalerie hura (Hura Rytirad dans notre langue natale). Cela nous rapprochait fortement, car nous partagions les mêmes valeurs. Lorsque je fus intégré à la Garde, il fut l'un des premiers avec qui je nouais des liens. Nous avions passé de nombreuses heures à nous entraîner ensemble, à parler de nos expériences passées... Et de l'avenir que nous vouons à Esperia. Il m'avait parlé de son projet de faire renaître la chevalerie esperienne dans la ville. Il avait apparemment eu ce projet avec un autre hura, adoubé chevalier d'Esperia après un sanglant conflit civil. Un certain Elassar Vestrit. Ou un truc du genre. Ensemble, ils devaient former un duo de chevaliers servant avec dévouement Esperia. Mais la mort de son comparse avait compromis son projet. Toutefois, je soutenais ce projet, car nous partagions le même sens du devoir et de l'honneur. Nous avions beau être des rytirs renégats, nous étions toujours sous l'influence du code de la chevalerie hura. Malheureusement, la Nivôse Rouge nous sépara. Thémis Lunargent garda ses distances avec la Garde durant cet évènement et refusa de s'impliquer dans un quelconque camp. Du moins... Jusqu'à la création d'Aubéclat.

Il était depuis cet évènement complètement changé. Il avait perdu son objectivité, son impartialité, qui est pourtant le propre d'un garde, et même, d'un chevalier. Il se consacrait désormais pleinement à la protection de sa famille. Impossible de le raisonner. Et pourtant, mes essais furent nombreux. En outre, il s'opposait régulièrement à mes décisions. Lorsque je décidais, par exemple, de fouiller tout Adobe à la recherche des dépôts d'armes d'Aubéclat, que je parvins finalement à trouver, il en vint à me mettre des bâtons dans les roues. J'avais obtenu, de source sûre, la confirmation que les Aubécrins s'armaient en cachette, sûrement dans le but de se préparer à de quelconques évènements sanglants. Ils avaient réussi à mettre la main sur d'anciennes caches d'armes Zerua, une vieille famille influente qui régnait sur Adobe. Toutes ces possessions d'armes étaient parfaitement illégales et ne faisaient qu'ajouter de l'huile sur le feu. Mais Thémis Lunargent intervint, comme à son habitude. Il assurait que ces armes étaient siennes, et que faute d'avoir assez de place dans ses appartements, il avait décidé de les disséminer chez les siens, afin qu'elles soient gardées en lieu sûr. La Garde fut donc contrainte de rebrousser chemin, avec seulement quelques confiscations et quelques amendes...

Comme je le disais plus tôt, toutes ces entraves me firent prendre un chemin sombre... Un chemin angoissant et pénible. Mais qui pouvait m'assurer, du moins je l’espérais, de restreindre l'augmentation de la violence et des tensions toujours plus grandes.
Ex Sike Elassar Vestrit, Ex Lieutenant de la Garde, Ex soldat de la Pointe d'Or, Ex assistant du CJS, Ex vétéran de la Guerre Civile et Ex Chevalier d'Espéria.
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Morgann
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sam. 16 mars 2019 14:43

RolePlay :

Sixième page du journal :
15 Mars 519.


J’ai retrouvé ce journal. Bon sang que je suis content ! J’avais cru l’avoir perdu pour de bon… Il faut dire que je n’ai pas réellement eu beaucoup de temps à consacrer à l’écriture. Ma nouvelle vie dans l’Ancien Monde n’est pas de tout repos, et quelques événements imprévus m’ont fait oublier le sens des priorités. Quoi qu’il en soit, mes souvenirs refont surface, mais les détails s’effacent peu à peu. Ainsi, il devient réellement urgent de relater ce dont je me souviens encore, avant que ma mémoire ne me fasse réellement défaut.

J’empruntais donc un chemin sombre, pour reprendre mes derniers mots. Mais avant même d’évoquer ce sentier sinueux et semé d’embûches, il me semble nécessaire de rappeler certains points. Je croyais, naïvement, que mon poste de commandeur permettrait de changer les choses. Mais je me trompais… J’en venais à oublier que ce poste n’était pas seulement un rang militaire, mais également un rang politique. Contre mon gré, je me retrouvais donc à devoir jouer à un jeu dangereux, dont je ne saisissais pas toutes les nuances et toutes les subtilités. Les conseils laissés par Alvahryn et Barboto furent la seule aide dont je pus disposer pour affronter la fourberie de la famille Aubéclat.

Des choix s’imposèrent rapidement. Je choisissais de renouer avec les vieilles alliances conclues par mes prédécesseurs. Je me rangeais du côté des Qadjarides, qui avaient toujours été un soutien du gouvernement et des Lindèn, auxquels j’étais toujours fortement attaché. Ces derniers furent par ailleurs de précieux alliés dans la lutte de pouvoir qui s’annonçait. Ce fut bientôt toute la ville qui se retrouva prise au piège dans cette guerre politique. La famille Aubéclat, à la tête du quartier d’Adobe, affrontait les Lindèn aux commandes du quartier de Rivelame, qui pouvaient compter sur l’appui précieux des Qadjarides du Sans-Fond. Il ne restait au final qu’un seul quartier à contrôler : Le quartier Ouest. Deux de ses plus importantes familles firent l’objet de convoitises. Chaque camp cherchait à acquérir le soutien des habitants du quartier Ouest. La famille Skÿrn rallia plus ou moins les Aubécrins, via quelques accords. Les Dreher, pour leur part, décidèrent de s’engager de mon côté.

Du fait de leurs origines (huras), ces derniers n’hésitèrent pas un instant à me confier les rênes de leur famille. En tant qu’ancien membre de la Hura Rytirad, et en ma qualité de commandeur de la Garde d’Esperia, ils me choisirent tout naturellement pour les guider. Le quartier Ouest fut donc partagé en deux. Les Dreher s’organisèrent, de leur propre initiative, et avec ma bénédiction, en milice. Cette décision fut un tournant crucial dans cette période de troubles, car les Aubécrins voyaient désormais leurs intérêts menacés.

Ils ne restèrent pas longtemps sans agir… Dans le mois de Novembre 513, je fus convié, comme d’autres éminents personnages d’Esperia, à une réunion organisée par celui que l’on nommait l’Aveugle. Un nouveau système politique fut présenté. Un système qui mettait en avant la vision royaliste de la famille Aubéclat… Durzann et ses alliés voulaient réduire à néant l’ère du Consulat, pour qu’il puisse se proclamer seigneur d’Esperia, s’accaparer toutes les prérogatives judiciaires, législatives et exécutives… Et mettre au pouvoir quelques uns de ses plus proches collaborateurs… Le temps s’arrêta ce jour là. De nombreuses questions vinrent secouer ma tête. Malgré la réticence de certains, ce nouveau système politique fut accepté. Nous entrions dans une nouvelle ère… Une ère d’instabilité croissante.

RolePlay :

Septième page du journal :
16 Mars 519.


Durzann l'Aveugle ne resta pas longtemps seigneur d'Esperia. Il fut assassiné par un Qadjaride, selon la version officielle. L'annonce de sa mort ne fut pas réellement une surprise. Les Qadjarides n'ont jamais caché leur mépris pour l'Aveugle et ses alliés Aubécrins, qui sont à l'origine de tous leurs malheurs. Depuis quelques temps déjà, je m'étais rapproché d'eux afin de m'assurer de leur soutien. Je savais très bien quelle était leur opinion à l'égard de Durzann. Ils m'avaient également fait part de leur volonté de renverser le "traître" afin de préserver une paix déjà bancale. Nous avions convenu d'agir rapidement... J'aurai pu moi-même mettre aux arrêts l'Aveugle, le forcer à renoncer à ses projets de grandeur.

Je ne me souviens plus exactement de l'heure, ni même de la journée exacte. Je ne me rappelle plus si cet événement a eu lieu avant ou après la signature de la réforme politique. Tout ce qui me revient à l'esprit, c'est qu'une journée précise, nous avions eu la possibilité de frapper fort, sans laisser le temps aux Aubécrins de réagir. Cette journée là, je plaçais ma confiance en ceux qui me semblaient loyaux à Esperia, et non pas à une quelconque personne. En mettant dans la confidence le sergent Eldingar et le lieutenant Elethir, je savais qu'il n'était désormais plus possible de faire marche arrière. Nous sommes entrés tous les trois dans le bureau de l'Aveugle, via de faux prétextes. Il était là, seul, vulnérable, loin de la protection de ses amis, restés dans le couloir... Nous aurions pu le prendre en otage, forcer les Aubécrins à déposer les armes... Et mettre tout ce beau monde en prison dans l'attente d'une décision. Mais j'essayais alors d'imaginer les conséquences d'un tel acte. Mon cœur battait la chamade. J'avais du mal à me projeter dans l'avenir et d'une certaine façon, j'étais rongé par le doute.

J'ai trahi la confiance des Qadjarides. J'ai refusé d'agir. Cela ne les a pas empêché de remédier au problème à leur manière visiblement... Je crains, hélas, que les jours de Durzann étaient de toute façon comptés. Le paria du Sans-Fond s'était mis à dos tout le monde. Parmi la population, nombreux ont été ceux qui se sont opposés à son projet de réforme politique. Je me souviens du jour où l'Aveugle a annoncé la fin du Consulat. Le 3 Novembre 513. La foule était hostile. Il a fallu peu de temps pour que je rallie la Garde de leur côté. J'avais prêté serment d'allégeance à la ville et à sa population. Il était donc de mon devoir de me ranger du côté du peuple. Cela ne fut pas au goût de la famille Aubéclat. Les Aubécrins ont pris les armes, celles que je n'avais pu confisquer à cause de l'intervention de Thémis. Ils étaient prêts à défendre leurs convictions. La milice Dreher s'est armée en hâte, afin de défendre la population. Le combat fut de courte durée, mais raviva les flammes de la guerre et réveilla les démons du passé.

Certains gardes avaient une fois de plus refusé de prendre parti. Une nouvelle fracture... Impossible de se fier à qui que ce soit. C'est, je crois, à ce moment là que j'ai commencé à perdre la face. Je me suis renfermé sur moi-même, à mon tour. J'ai suivi l'exemple de Barboto et Alvahryn, sans m'en rendre compte. Je me suis éloigné du sentier vertueux de la chevalerie. J'ai renié mes vœux sacrés. J'ai comploté. J'ai menti. J'ai perdu tout soutien. Ce fut d'abord un coup dur lorsque les Lindèn finirent par se ranger du côté d'Aubéclat. Puis un coup de poignard, lorsque les Dreher décidèrent de me renier.

Le siège du Sans-Fond, le 3 Décembre 513, marqua la fin de ma carrière militaire à Esperia. Les Aubécrins avaient décidé de bloquer l'accès au Sans-Fond afin de forcer les Qadjarides à livrer l'un d'entre-eux. Du moins, c'est ce dont je me souviens. La Garde n'étant pas fiable, je décidais de m'interposer à l'aide de la milice Dreher. Nous formions l'ultime rempart entre les Qadjarides et les partisans d'Aubéclat prêts à en découdre. A de multiples reprises, Thémis vint pour négocier. Mais chacun resta sur ses positions de départ. Le combat était proche... J'ai ordonné à la milice Dreher de tenir en respect le chevalier. Les lances se sont abaissées, tel un mur impénétrable. Je crois bien que j'étais prêt à le tuer, lui et celle qui le suivait alors comme son ombre... Une femme à l'armure dorée, qui devait être ce que Sike Elassar Vestrit n'avait jamais pu devenir. Oui. Il me semble bien que j'ai donné cet ordre. L'ordre de les éliminer. Mais Thémis Lunargent a fait appel au bon sens des Dreher. Il a joué avec leurs sentiments, habilement d'ailleurs. Ils ont refusé tout combat cette nuit là. L'un des Qadjarides a décidé de sauver l'honneur du clan, en affrontant dans un combat singulier le chevalier. Mais il ne fut pas de taille et finit par perdre la vie. J'avais échoué. Je savais désormais qu'il ne resterait plus rien de moi. Alors j'ai donné ma démission dans la foulée, refusant de me soumettre aux Aubécrins. Je pensais au moins partir la tête haute en dénonçant leurs agissements. Mais mon message n'eut aucun effet.

J'aurai pu continuer la lutte aux côtés des Qadjarides, donner mon sang pour leur cause. Mais je ne pouvais pas me permettre d'abandonner ma fiancée, Lidiah, et nos deux enfants. Cela aurait été un choix égoïste. Alors plutôt que de choisir la voie de l’orgueil et de l'honneur, j'ai préféré emprunter celle de la raison du cœur, de la logique. Je n'avais plus aucune raison de rester à Esperia. J'avais perdu toute crédibilité aux yeux de la population. Je suis parti. Nous sommes partis. A notre tour...

J'ai bien conscience aujourd'hui que je ne fus sûrement pas le commandeur le plus compétent qu'Esperia ait pu connaître. En fait, je crois bien que ce rôle n'aurait jamais du m'être assigné. Aujourd'hui, je m'en sens indigne. J'étais faible et incapable de m'adapter aux stratégies de l'ennemi. C'est ce qui a poussé mes alliés à changer de camp. D'une certaine façon, je crains bien être indigne d'une quelconque considération. Je n'ai plus rien du chevalier hura, et plus rien du commandeur que je fus autrefois. Cette vie... Ce passé... Tout ceci est derrière moi. Je suis libre.

J'essaie du moins de m'en persuader. Mais il y a encore une part de moi qui refuse d'admettre cette vérité. Je crois bien, qu'un jour, il me faudra retourner à Esperia une dernière fois afin de faire taire ces vieux souvenirs une bonne fois pour toute.
Modifié en dernier par Morgann le dim. 17 mars 2019 23:35, modifié 1 fois.
Ex Sike Elassar Vestrit, Ex Lieutenant de la Garde, Ex soldat de la Pointe d'Or, Ex assistant du CJS, Ex vétéran de la Guerre Civile et Ex Chevalier d'Espéria.
"Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme."
William Ernest Henley
Actuellement Morgann Telcontar (Tous les titres qui vont avec sont sur sa fiche)

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Morgann
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dim. 17 mars 2019 13:54

RolePlay :

Huitième page du journal :
17 Mars 519.


Peu avant notre départ pour l’Ancien Monde, j’ai été prévenu de la mort du chevalier Thémis Lunargent. Je n’ai jamais su qui fut à l’origine de sa disparition, ni comment il a pu procéder… Mais j’imagine que son meurtrier est un Qadjaride aux idées revanchardes. Quoi qu’il en soit, cette annonce réveilla en moi de nombreuses émotions : Indifférence, joie, chagrin puis colère… Au final, je crois que je n’ai jamais pu haïr Thémis, malgré tout ce qui nous a opposé. Oui. J’en viens aujourd’hui à regretter sa mort. Tant de sang a coulé… Tant de pertes inutiles… Et pourquoi ? J’espère au moins que le système politique imaginé et voulu par les royalistes a perduré. Le contraire prouverait qu’un tel gâchis aurait pu être évité.

Je me demande si Thémis Lunargent a eu le droit à une sépulture digne de ce nom. Je me demande s'il reste une trace de son passage... D’une certaine façon, je l’admire toujours, quoi qu’il ait pu faire de mal. Il a été courageux jusqu’à la fin. Il est mort en défendant ses idéaux. Je regrette sincèrement sa mort. Vraiment. S’il n’avait pas fait le choix de se ranger du côté d’Aubéclat, s’il avait préféré ses frères d’armes à cette foutue famille, je crois bien qu’il aurait pu faire de belles et grandes choses. Il est malheureusement impossible de revenir en arrière. Thémis, Eored, je suis sincèrement désolé. J’espère que tu as trouvé la paix maintenant.

Tu t’es égaré, à cause de toutes ces morts… Tu as traversé tant d’épreuves difficiles… Tu as perdu tant de frères d’armes et d’amis. Nous n’avons pas su voir ta détresse, nous n’avons pas su t’épauler. Et voilà où tout ceci nous a mené. Finalement, je crois que nous nous sommes tous égarés. Nous avons fait de mauvais choix. Plutôt que de privilégier la voie de la discussion, nous nous sommes empressés de prendre les armes afin d’avoir le dernier mot. Plutôt que d’avoir des conversations franches, nous nous sommes tous trompés les uns les autres pour arriver à nos fins. Nous avons manqué de lucidité, aveuglés par quelques convictions et émotions. Je crois bien, quelque part, que j’aurai pu finir comme toi si je n’avais pas eu Lidiah à mes côtés.

Lidiah… Mon amour… Tu es le soleil de ma vie. Tu as su illuminer ma vie. Je suis tombé amoureux au premier regard. Je me souviens encore de notre première rencontre, sous un clair de lune, au bord d’une étendue d’eau. Je me rappelle nos longues nuits torrides, la joie que j’ai ressenti lorsque tu as reçu ton armure de garde, ma demande en mariage, l’annonce de ta grossesse, la naissance de nos enfants… Ce sont ces choses là qui m’ont permis de ne pas sombrer dans la folie et le désespoir.

Tu n’étais sûrement pas la meilleure épéiste de tout Espéria, mais j’ai su t’admirer pour ta détermination, t’aimer pour ta combativité. Tu as été une véritable tigresse, même lors des premiers mois de ta grossesse. J’ai du me montrer convaincant pour t’empêcher de remettre l’armure. Je t’ai toujours tenu à l’écart des intrigues afin de te préserver des dangers et je suis fier d’avoir pris cette décision. Sans toi, je crois que j’aurai pu faire une bêtise. Tu es, avec nos trois merveilleux enfants, ce que j’ai de plus cher au monde. Vous êtes ma fierté, ma réussite. J’ai juré de vous protéger jusqu’à mon dernier souffle et je compte bien tenir cette promesse.

Je ne me lasserai jamais de vous dire à quel point je vous aime. Vivre à vos côtés est ma raison d'être.



Hors RolePlay :

Des traces de doigts sales parcourent le bas de la page. Un enfant est venu tripoter le journal en l'absence de son père...
Ex Sike Elassar Vestrit, Ex Lieutenant de la Garde, Ex soldat de la Pointe d'Or, Ex assistant du CJS, Ex vétéran de la Guerre Civile et Ex Chevalier d'Espéria.
"Je suis le maître de mon destin,
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William Ernest Henley
Actuellement Morgann Telcontar (Tous les titres qui vont avec sont sur sa fiche)