[Essai] De la façon dont on trompe tout le monde - 2.

Répondre
Cassien
Page Wiki
ven. 18 sept. 2020 09:14

Hors RolePlay :

Cet écrit est disponible en RP.

Il est cependant impossible de l'évoquer en RP si votre personnage ne l'a pas lu.

RolePlay :

Image
Collection Ajatuksia
Image

Pour atteindre la vérité, il faut une fois dans la vie se défaire de
toutes les opinions qu'on a reçues, et reconstruire de nouveau tout le
système de ses connaissances.


Dans ce second tome, nous commencerons par parler d’un grand sujet : le raisonnement.
Nous verrons ensuite d’autres types de Sophismes qui peuvent exister, à ajouter à la liste de tous ceux du premier volet.


1. Définitions

Le raisonnement est un ensemble structuré d’énoncés qui permet de rendre un autre énoncé évident ou de moins acceptable, à partir de l’évidence plus ou moins parfaite et contraignante qu’on peut avoir de la vérité de certains autres énoncés.

Il implique donc un examen rationnel de ces formulations, s’opposant donc à la foi qui consiste à croire une affirmation sans en étudier la véracité.
« Raisonner, c’est cela : c’est mettre ensemble ce qu’on sait déjà pour en tirer autre chose »

On distingue en particulier trois types de raisonnements :
  • Mouvement descendant : Mouvement déductif : On part de la théorie globale pour descendre et déduire des vérités particulières.
  • Mouvement ascendant : mouvement inductif : On part de vérité particulière et on cherche à remonter à une vérité/théorie globale.
  • Mouvement latérale : Raisonnement analogique : On prend une vérité particulière et on cherche à décliner une autre vérité particulière.
Le raisonnement est un processus dynamique, car il évolue sans cesse, récursif, on va revenir sur les faits et les pensées avec des boucles, collaboratif, car il est influencé par les tiers, et appliqué à une action définie.

Les buts du raisonnement sont :
  • D’étudier la véracité des énoncées
  • Produire de nouvelles connaissances par la mise en lien originale d’autres déjà connues
    vPrendre une décision.
On décrit principalement deux systèmes de prise de décision :
  • Système 1 : Intuitif, rapide et automatique. Il permet d’étudier la normalité de notre environnement. C’est lorsque l’on sort de cette normalité que notre système 2 se met en place.
  • Système 2 : Logique, lent, conscient.

2. Les éléments du raisonnement

A) Eléments déclaratifs

L’idée intéressante est que nos connaissances vont être utilisées de manière organisée. Ce ne sont pas des connaissances chaotiques que l’on va piocher ça et là. Les connaissances s’organisent entre elles dans nos réflexions.

Il existe plusieurs éléments déclaratifs qui nous servent de base à notre propre raisonnement.

Les connaissances, que l’on a apprises tout au long de notre vie.

Les compétences, qui permettent de réaliser un certain nombre d’action dans un domaine donné.
Les expériences, tout ce qu’on a déjà rencontré comme situations et comme réflexions dans notre vie.

La situation en elle-même, toujours unique.

B) Eléments procéduraux

Ils concernent nos processus internes personnels. On retrouve :

La cognition, l’ensemble de choses qui constituent notre tête, la mémoire, le langage, l’intelligence, la perception, l’attention.

Les pensées, l’ensemble de ce qui émerge de notre tête de façon consciente et constituent l’expression.

Les jugements, notre capacité à affirmer ou infirmer une proposition et à avoir un avis sur cette dernière.

C) Eléments contingents

Il s’agit de tout ce qui se trouve autour de la situation qui nous fait face.

Le contexte : C’est l’ensemble des circonstances et conditions qui entourent l’avènement d’un événement.
Environnement : Ensemble des éléments ou conditions naturelles ou culturelles qui entourent l’individu ou une espèce et qui contribuent ou agissent sur cet individu ou ses activités.
Les espaces de problème : Résultantes des contextes et environnements des différents acteurs et groupes d’acteurs, dans lesquels les solutions doivent être trouvées. Ils sont multiples, différents et parfois divergents.
La société : Histoire, culture, représentations, politiques, organisation…


3. Les types de raisonnements

On a un raisonnement objectif, il permet de regarder et comprendre des choses telles qu’on nous les explique.

On a un raisonnement narratif, basé sur l’interprétation du discours qu’on reçoit. Il est subjectif. Ce raisonnement pose le cadre et les contours de la personne qui nous fait face, sa singularité, son ressenti, son expérience.

On a un raisonnement qui consiste à tirer d'une vérité particulière une autre vérité particulière (dynamique latérale), c’est le raisonnement analogique.

On peut raisonner vers l’arrière, avec des effets certains je cherche pourquoi ma situation est devenue celle-ci, c’est un raisonnement abductif.

Un raisonnement hypothético-déductif est un raisonnement qui consiste à tirer d'une vérité générale un concept plus précis.


4. Un raisonnement particulier : le syllogisme

Le Syllogisme (mot provenant du prénom Sylnor, ancienne Esperienne) est un raisonnement logique mettant en relation au moins trois propositions : deux ou plus d'entre elles, appelées « prémisses », conduisent à une « conclusion ». C’est un raisonnement déductif rigoureux qui ne suppose aucune proposition étrangère sous-entendue.

Le Syllogisme fonctionne ainsi : Première étape (la majeure) : énoncé de la règle de droit. Deuxième étape (la mineure) : énoncé des faits. Troisième étape (la solution) : application de la règle de droit aux faits (et conclusion).

Les Syllogismes se construisent à la manière d'une déduction, c'est-à-dire qu'on utilise des observations spécifiques afin d'atteindre une observation générale qui provient de la logique de l'argument même.

De ce fait, on obtient parfois une affirmation fausse, bien que proposée comme étant vraie. Le Syllogisme peut alors devenir une forme de Sophisme.

Exemples :
Dans l'emmental, il y a des trous. Plus il y a d'emmental, plus il y a de trous. Plus il y a de trous, moins il y a d'emmental. Donc plus il y a d'emmental, moins il y a d'emmental.

Tout ce qui est rare est cher. Un cheval rare est cher.. Un cheval bon marché est rare, (équivoque sur le mot « rare », c'est le fait d'être bon marché qui est rare, ce n'est plus le cheval) Donc un cheval bon marché est cher (syllogisme).

Un problème comporte toujours au moins une solution. Donc s'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème.


5. Outils pour mieux raisonner

Voici une petite liste d’outils utiles à un bon raisonnement au quotidien :
  • Lorsque cela est possible, il faut des confirmations indépendantes des faits.
  • Il faut encourager des discussions substantielles des faits par entre des gens informés ayant différents points de vue
  • Des arguments d'autorité n'ont que peu de poids.
  • Envisagez plus d'une hypothèse et ne sautez pas sur la première idée qui vous vient à l'esprit.
  • Essayez de ne pas vous attacher excessivement à une hypothèse simplement parce que c'est la vôtre.
  • Quantifiez partout où cela est possible.
  • S'il y a une chaîne d'arguments, chacun des maillons doit fonctionner.
  • Le rasoir d’Occam : s'il y a deux hypothèses qui expliquent les données aussi bien, préférez la plus simple.
  • Demandez-vous si votre hypothèse peut, au moins en principe, être falsifiée;

6. Nouveaux exemples de Sophisme

A) La manipulation de l’esprit

L’argument d’autorité anonyme : on utilise comme source des « experts », des gens qui « s’y connaisent » ou des groupes généralisés pour affirmer quelque chose.
« Il parait qu’il faut sept ans pour digérer un noyau de cerise ».

L’argument d’autorité : prétendre que quelque chose est vrai parce que quelqu’un faisant autorité (ou se donnant le droit de le faire) le dit.
« Le Capitaine a dit que tu étais coupable, alors tu es coupable, même si nous n’avons aucune preuve ! »

Appel à la pratique courante : prétendre que quelque chose est vrai car c’est une pratique courante.
Cette banque a de gros problèmes de corruption, mais pas d’avantage que ce qui se fait dans les autres banques…

Appel à l’ignorance : une déclaration est considérée vraie tant qu’elle n’a pas été démontrée fausse (ou inversement).
« Personne n’a prouvé qu’Arbitrio existe, donc je sais qu’il n’existe pas » C’est bien entendu FAUX.

Appel à l’argent : c’est croire que si quelqu’un est riche ou que si quelque chose est cher, cela affecte la vérité d’une déclaration.
« Une tenue plus chère sera forcément plus belle ».

Argument de la nouveauté : c’est croire que quelque chose est vrai parce que la majorité des gens le croit.
« La bière est très bonne pour le nourrisson ».

La raison de la majorité : c’est prétendre que quelque chose est vrai parce que la majorité des gens le croit.
« Il fait bon vivre à Alcédine, tout le monde le dit ».

L’appel à la tradition : c’est prétendre que quelque chose est vrai car il en a toujours (apparemment) été ainsi.
« La royauté est le bon système pour Esperia, c’est celui qui a duré le plus longtemps ».


B) Manipulation de contenu

Sauvetage Ad Hoc : c’est essayer de sauver une certitude qui nous est chère en changeant les arguments de manière répétée pour en justifier ses défauts.
« A part un meilleur système de soin, une académie, une bonne éducation, une meilleure gestion de la ferme, un cadrage de la garde, plus de place pour la voix du peuple, que pourrait bien nous apporter le Codex ? »

Pétition de principe : c’est omettre des facteurs importants et soutenir la véracité de sa déclaration sans aucune autre preuve que la conclusion et sa déclaration.
Toutes les drogues dangereuses sont illégales – c’est parce qu’elles sont dangereuses qu’elles sont illégales.

Généralisation biaisée : c’est généraliser d’après une petite partie de la population non représentative pour renforcer le poids de ses arguments
Neuf gardes sur dix sont contre la mise en place du système de chevalerie ! (et les esperiens en général ?)

Biais de confirmation : c’est ne garder que les preuves qui vont dans le sens de son argument et ignorer celles qui le contredisent.
« Mais non aucun Adaarion n’est violent. Tu t’es fait frapper par un ? Mais non, c’est pas un bon exemple ».

Faux dilemme : c’est ne présenter que deux options comme étant les seules tout en masquant les autres alternatives.
La mine s’est effondrée car il n’y avait pas assez d’étais. (on oublie le tremblement de terre qui a pu arriver la nuit, le glissement de terrain au-dessus, ou toute autre cause.)

Mensonge : c’est une contre-vérité absolue répétée comme étant un fait établi.
« Non, je n’ai pas eu de relation intime avec cette femme ».

Fausse piste : c’est apporter des éléments non pertinents à la discussion pour faire diversion et aboutir à une conclusion différente.
« Pourquoi le Bourgmestre devrait-il s’expliquer sur ses dépenses ? Il y a des Régents qui ont fait bien pire ! »

Pente savonneuse : c’est croire qu’un changement relativement mineur conduira inévitablement à une chaîne d’évènements négatifs.
« Si on accepte que les gardes boivent en tenue, ils vont boire de plus en plus, et passer de la bière au rhum, ensuite ils tueront des gens dans les taverne. »

Suppression des données pertinentes : c’est ignorer intentionnellement les informations pertinentes qui vont à l’encontre de notre conclusion.
« Les cheveux roux retrouvés sur le lieu du crime ne collent pas avec les autres indices, on ne va pas aller explorer cette piste, on reste sur mon idée. »

Postulat indémontrable : c’est faire une déclaration qui ne peut pas être démontrée fausse, car on ne peut pas vérifier.
« Il a fait ça car il était possédé par un mageneta ! »


7. Conclusion

Je conclurais ces deux tomes en comprenant que, malgré tous mes efforts pour ne jamais mentir, il m’arrive de tomber dans les travers du Sophisme qui modifient la vision de la vérité par mon interlocuteur. Je vais donc continuer de chercher des solutions pour réussir à rester le plus honnête possible envers tout un chacun.
Image
Image

Hors RolePlay :

Sources réelles :

Citation 1 : René Descartes
Définition du raisonnement et citation 2 : Thibaudeau, 2006
Système 1 et système 2 : Tversky & Kahneman
Syllogisme : Aristote a été le premier à le formaliser dans son Organon

Contenu caché [Afficher]

Image