Colonisation des Marches

De Wiki'speria
Aller à : navigation, rechercher

La colonisation des Marches fait référence à la période qui a suivi la Guerre des Marches dans laquelle la Nation Adaarionne et le Royaume Central triomphent des Tribus vaahvas. La région des Marches, parmi les plus inhabitées du Royaume et ravagée par les raids vaahvas, est partiellement rebâtie et colonisée sous l’impulsion du gouverneur Justien Balvalantes dès 514. Cette entreprise expose au grand jour ses mauvaises relations avec le roi Thybauld de Fauxvelles et déclenche un conflit sans caractère officiel (mais parfois armé) qui les oppose tous deux jusqu’en 517.

Contexte

Lors de la Guerre des Marches de 513 à 514, une large coalition de tribus vaahvas s’empare de la Kivie adaarionne et mène une série de raids sur la région des Marches dans le Royaume Central. Désoeuvrés, les habitants marchards sont soumis à divers pillages et doivent pour beaucoup se réfugier dans les grandes villes comme Féalbourg qui est tout de même mise à sac, Andosse qui n’est jamais attaquée ou encore Maailmanovi plus à l’est mais en Nation Adaarionne) et donc pour beaucoup déserter la région déjà peu densément peuplée, par exemple en traversant l’Heimild en bac pour gagner l’Aon nettement plus sûr. D’autres sont plongés dans une grande misère par les attaques, perdent parfois tout ce qu’ils ont jamais eu et se retrouvent ainsi de véritables réfugiés.

Justien Balvalantes, le gouverneur provincial des Marches opérant depuis Andosse, décide sans consulter le roi du Royaume Central Thybauld de Fauxvelles d’organiser avec la Nation Adaarionne la colonisation de la région. Particulièrement marécageuses (on y trouve par exemple l’océan de roseaux), les Marches se prêtent peu à la vie : élevage, agriculture et déplacements y sont périlleux. La région ne comporte que trois routes : la première relie la Forteresse de Julyan à Andosse, la seconde Andosse à et enfin la dernière relie la première à Suovi vers la Kivie.

Thybauld de Fauxvelles, déjà courroucé par l’attente de son couronnement par Jurgen Yvanakivis dans le cadre de la Querelle de la couronne, se trouve à couteaux tirés avec l’héritier des Balvalantes, lequel ne s’est jamais clairement soumis à son autorité depuis la guerre de succession capitaline et la mort de son cousin Adryan Sycande. La lutte d’influence entre ces deux personnalités ne prendra fin qu’en 517 sous la forme d’une impasse.

Déroulement

Fondation du Litho Siguri

Rishka den Ungeir ou “Rishka la Juvénile” dans la plupart des lexiques vahnamaates est l’une des filles de Gureiri le célèbre raideur et l’un des chefs de guerre de Baenum Sigur. Restée dans la nature sauvage des Marches lors de la reconquête de la Kivie, elle fonde en septembre 514 ce qu’elle appelle le “Litho Siguri”, c’est à dire l’alliance de fortune des vaahvas (essentiellement sigurites ou zaragans) réunis dans les Marches et dans l’incapacité de regagner la Zaraga, à cause de la reconquête arbitrée de la Kivie et de la victoire capitalo-adaarionne au siège de la Forteresse de Julyan. Ces vaahvas établissent d’importants campements dans le nord et l’ouest des Marches, comparables à de larges villages. Ils survivent par le biais du pillage des capitalins et les adaarions mais ils pratiquent également la chasse, la pêche, la cueillette autant qu’ils le peuvent dans cette région hostile qu’ils méconnaissent grandement.

Rencontre à Andosse et émeutes à Loghéans

Le 15 septembre 514, une rencontre a lieu entre le gouverneur Justien Balvalantes, des membres du Komento, des émissaires du Valtuusto et du sovitelija Jurgen Yvanakivis comme l’ancien Vakooja Rikhard Bavalsen. Cette rencontre a lieu à Andosse et officiellement le sovitelija ne s’y rend pas pour des raisons de santé. En réalité, Yvanakivis ne souhaite pas narguer Thybauld de Fauxvelles plus que de raison en se rendant au Royaume Central sans le couronner.

Au cours de cette réunion sont dressés les contours de ce qui deviendra la colonisation capitalo-adaarionne de la région des Marches. Dans les semaines qui suivent, l’assemblée de Golvandaar et de Maailmanovi ratifient le traité tel qu’il leur est présenté par Jurgen Yvanakivis et le Valtuusto. Le 10 octobre 514, Justien Balvalantes donne un grand discours devant le monastère de Maailmanovi où il annonce son intention de rebâtir les Marches avec le soutien de la Nation Adaarionne, de développer la région de pair avec l’Archipel des Trombes et de ne jamais la céder aux Tribus vaahvas. Le 17 octobre, il réitère ce même discours à Andosse avec le soutien de l’Ordonnance locale purgée des derniers fonctionnaires hostiles qui lui manifestent leur désaccord avec la politique du gouverneur.

Le roi Thybauld de Fauxvelles n’ayant jamais été consulté, la nouvelle de la ratification du traité le 29 octobre 514 finit de le plonger dans une colère noire. Ses relations déjà mauvaises avec Justien Balvalantes se dégradent au point que les contacts entre les différentes Ordonnance deviennent plus rares. La situation particulière des Marches où le pouvoir est tenu de façon autoritaire par les fidèles de Balvalantes (très populaire au sortir de la guerre) empêche De Fauxvelles de placer des Maires de Thybauld comme dans l’essentiel de l’Aon.

Le Maire de Thybaud de Loghéans, envoyé là par le roi après le retrait des troupes de Balvalantes qui l’occupait depuis la guerre de succession capitaline, est notoirement défavorable au gouverneur des Marches et impopulaire dans sa ville où beaucoup espèrent un retour des Marnix et où la noblesse capitaline complote pour le remplacer. Il augmente les taxes pour les marchands en provenance des Marches ou s’y rendant en décembre au profit de la Nation Adaarionne (via l’Heimild), ce qui occasionne quelques émeutes matées par la Légion Royale encore présente pour assurer le maintien de l’ordre.

Chantiers de Féalbourg et fondation de Bastide-la-Gatine

Fin 514 et tout au long de l’an 515, les travaux décidés par le traité commencent d’abord à Féalbourg qui doit être partiellement reconstruite. En effet, lors de la Guerre des Marches, la ville avait été exposée pendant trois long jours à une mise à sac terrible qui l’avait laissée incendiée (à l’image de son monastère) largement dépeuplée et pillée de ses richesses. La noblesse capitaline, plutôt absente dans la région des Marches, est laissée de côté dans cette entreprise. Ce sont surtout des locaux ou bien des adaarions issus des Possessions qui sont employés, et notamment les corporations de transporteurs de Maailmanovi qui acheminent les matériaux nécessaires à la reconstruction sur l’Heimild ou le long des rares routes des Marches.

Sur place à Féalbourg, les légionnaires demeurés sur place après la Guerre des Marches restent parfois pour s’installer durablement dans la région et contribuent aux travaux. Les civils restés sur place ou revenus depuis la fin de la guerre sont plongés dans la misère mais reçoivent le soutien conjoint de l’Ordonnance locale et du Monastère Adaarion qui dépêche également plusieurs délégations de moines, des médicastres, des architectes de la Corporation des architectes. Parmi ceux là, le prestigieux Frey Hermin est envisagé pour superviser les travaux mais la réticence des membres de la Corporation de la Pierre l’en empêche au profit d’un architecte de Maailmanovi. Des ouvriers venus de Lissenbot, de Vesijuuri, d’Hycolus et bien sûr de Golvandaar viennent participer à ces travaux rémunérés à la fois par la Nation Adaarionne et l’Ordonnance des Marches. Des esclaves (y compris des vaahvas faits prisonniers durant la guerre dont certains sont convertis de force) sont aussi employés mais représentent une minorité. Les murs d’enceinte de Féalbourg sont réhaussés et renforcés.

En mai 515, à l’occasion de l’anniversaire de la libération de la Kivie, Justien Balvalantes organise la fondation d’un nouveau village situé dans le centre des Marches sur les bords de l’Océan des roseaux : Bastide-la-Gatine. Parallèlement à la reconstruction de Féalbourg, une partie des architectes et des ouvriers commencent les travaux d’un nouveau monastère (une entreprise largement soutenu par le Monastère Adaarion) et d’un fortin destiné à accueillir un nouveau régiment de la Légion Royale. Une route ralliant Andosse à Suovi et passant par Bastide-la-Gatine est débutée, il s’agit d’un ambitieux chantier où devront se succéder divers ponts (de pierre ou de bois) par dessus les marais ; pour ce faire, des architectes de Maailmanovi (la ville aux mille ponts) apportent leurs connaissances aux ouvriers marchards.

Au cours de ces travaux, des rixes surviennent parfois entre les artisans locaux qui sont en compétition constante avec les ouvriers des corporations. Surtout, les superviseurs des chantiers doivent faire face à plusieurs séries de sabotages qui demeurent largement inexpliqués et qui sont imputés aux esclaves vaahvas, durement châtiés. De plus, les convois de matériaux sont régulièrement attaqués par des raideurs vaahvas du Litho Siguri, restés coincés dans les Marches et menés par Rishka den Unga, la fille du célèbre Gureiri.

Assassinat du maire de Loghéans

Le 12 février 516, le Maire de Thybauld en place à Loghéans est retrouvé assassiné dans son lit, poignardé dans son sommeil à de multiples reprises. Du fait de son impopularité, il est difficile d’établir clairement les commanditaires de ce meurtre, d’autant plus que l’assassin n’est pas retrouvé. En effet, le maire de Loghéans devait faire face à l’hostilité notoire de la noblesse aonite désireuse d’asseoir l’un de leurs membres ou de leurs agents à son poste ou souhaitant voir le retour des Marnix (des nobles ayant pris la fuite lors de la guerre de succession capitaline) dans leur ville traditionnelle. Ces familles s’accusent mutuellement de l’assassinat du maire.

Tout au long de la journée, Loghéans est de nouveau en proie aux émeutes comme quatre ans auparavant. La plupart des émeutiers sont des gens simples qui s’en prennent aux légionnaires étrangers (et à la solde de Thybauld de Fauxvelles) stationnés dans la ville ou sont commandités par les nobles locaux. Différentes factions à la solde de telle ou telle famille noble se disputent publiquement avant qu’un compromis ne soit finalement trouvé de pair avec l’Ordonnance (assez faible dans l’Aon) et le monastère local : elles élisent un candidat consensuel mais notoirement défavorable au précédent maire et au roi Thybauld de Fauxvelles au rang de gouverneur urbain. Ce dernier abolit par la suite les taxes sur les marchards et leurs marchandises instaurées par son prédécesseur et ce commerce qui se pratique sur l’Heimild connaît un certain renouveau, toutefois, l’agitation demeure palpable pendant de longues semaines.

Les rumeurs sur un potentiel retour des Marnix vont bon train à Loghéans et les locaux qui ne sont pas affiliés aux différentes factions qui s’affrontent se mettent souvent à l’espérer pour que cessent les intrigues et les émeutes. On évoque aussi la possibilité que Justien Balvalantes ne soit à l'œuvre derrière ces manigances. Cette conclusion est de toute façon perçue comme positive par les loghéanais qui désapprouvaient leur précédent maire.

Destruction du Litho Siguri

A la fin du mois d’avril 516, Adelain Syr, alerté par la situation inquiétante du Litho Siguri qui prend de l’ampleur et dont les attaques deviennent gênantes pour le bon déroulement de la colonisation des Marches, décide avec Justien Balvalantes l’envoi de plusieurs légats et régiments d’Andosse et de la Forteresse de Julyan vers l’ouest de la région où les rumeurs et les rescapés situent les campements nordiques. Certains vaahvas sont surpris par ces mouvements de troupe et sont tués ou faits prisonniers mais le terrain impraticable ne favorise pas l’avancée des légionnaires. La plupart des vaahvas ont le temps soit de se rassembler au campement principal du Litho Siguri pour s’y joindre aux forces des sigurites menés par Rishka, soit de battre en retraite et profiter de la nature sauvage pour mener des attaques fulgurantes sur les troupes en mouvement.

En dépit de ces escarmouches réussies sur la Légion Royale, les vaahvas sont progressivement cernés au cours du mois de mai. Le Litho Siguri réalise une guérilla et un véritable baroud d’honneur au cours de trois batailles mémorables (mais de petite ampleur au regard des batailles de la Guerre des Marches) :

  • Bataille du gué : au cours de cette bataille qui se déroule le 1er mai, les vaahvas attaquent les légionnaires alors qu’ils traversent le gué d’une petite rivière affluente de l’Heimild dans l’ouest de la région. Les pertes sont très importantes du côté de la Légion Royale et les différents fronts ouverts par les nordiques sur la colonne de soldats plonge les différents légats dans une grande confusion au point que des régiments et de petits groupes ne se retrouvent isolés dans la nature sauvage pendant la semaine qui suit.
  • Bataille des fumerolles : au cours de cette bataille qui se déroule le 9 mai, le gros des troupes capitalines approche au plus près du grand campement du Litho Siguri, le dernier à résister, mais une portion importante de vaahvas les prend à revers. Toutefois, les vaahvas sont cette fois repoussés vers l’intérieur des terres jusque vers l’océan des roseaux où se trouvent les fameuses fumerolles et où les combats entre des groupes de vaahvas isolés et les quelques légionnaires capables de les suivre durent jusque tard dans la nuit. Le campement principal parvient ainsi à retarder provisoirement l’attaque de la Légion Royale.
  • Bataille de Rishka (ou du 15 mai) : lors de cette bataille qui se déroule du 14 au 15 mai, les légionnaires marchent finalement sur le campement du Litho Siguri depuis plusieurs fronts. Les vaahvas ne disposant pas de fortifications hormis quelques palissades de bois érigées de façon disparate, ils sont bien vite dépassés. Rishka, la fille de Gureiri déterminée à se couvrir de gloire, prend alors le commandement des derniers des siens pour assurer aux légionnaires présents un spectacle digne des plus grands sigurites avant de trouver la mort dans la mêlée. Reclus dans leurs yourtes, sur des corniches escarpées ou dans la végétation dense, de nombreux vaahvas se battent jusqu’à leur dernier souffle et la bataille ne prend fin qu’à la levée du jour.

Le Litho Siguri est dissout et son campement incendié, mais quelques groupes de vaahvas ayant préféré prendre la fuite parviennent à s’installer dans des campements nettement plus modestes, en particulier dans l’ouest et le nord des Marches voire au pied de la Kivie. Les vaahvas capturés sont soumis à des exécutions sommaires ou réduits en esclavage pour les plus chanceux. Ils serviront aux chantiers en cours à Féalbourg et Bastide-la-Gatine. Parmi eux, certains seront convertis de force au culte d’Arbitrio. Des battues sont organisées pour trouver les derniers survivants.

Incendies de Candre

Dans la nuit du 10 juin 516, Candre est la cible de plusieurs incendies criminels dirigés vers les manoirs de certaines familles de la noblesse capitaline, dont les Balvalantes, et les bâtiments de la ville associés à leurs activités. Plusieurs personnes trouvent la mort qu’il s’agisse de nobles, de domestiques ou de simples artisans, emportés par les flammes, comme la jeune sœur et la mère de Justien Balvalantes, brûlées vives. Bien que ces actes odieux aient été planifiés dans le secret le plus total par le roi Thybauld de Fauxvelles, l’incendie d’une partie du palais royal de Candre rend difficile toute accusation à son encontre, et les accusations se portent alors vers divers ennemis (nombreux) du roi. De plus, les personnes employées pour commettre ces actes n’ont pas connaissance de leur réel commanditaire. Ceux qui sont attrapés et leurs complices (parfois parfaitement innocents) sont durement punis, torturés inutilement pour obtenir des aveux, réduits à l’esclavage ou encore exécutés selon leur degré d’implication.

En apprenant la nouvelle dans les jours qui suivent, Justien Balvalantes se résout à ne pas se rendre en Albunae pour l’enterrement de sa soeur et de sa mère de crainte d’y être piégé par Thybauld de Fauxvelles, et se retire dans ses appartements à Andosse.

Difficultés sur la Route des roseaux

En août, septembre et octobre 516, la construction de la Route des roseaux est progressivement ralentie à cause de difficultés naturelles et d’importants sabotages. La route, qui relie pour le moment Bastide-la-Gatine à Andosse n’est pas achevée jusqu’à Suovi. Du fait de la dispute entre plusieurs architectes adaarions, résignés ou rendus fous par le terrain inadapté des Marches, certains segments de la route sont abandonnés en dépit de leur coût faramineux. La trajectoire prévue pour la route change plusieurs fois et en résulte un dédale de ponts parfois inachevés qui s’étendent en vain vers le nord de la région. Des glissements de terrain compliquent encore davantage les travaux et anéantissent le fruit des efforts de plusieurs semaines voire de plusieurs mois.

Pour couronner le tout, le roi Thybauld de Fauxvelles ordonne à plusieurs de ses agents (notamment à Saillonne et Emellin où des Maires de Thybauld sont encore installés) d’embaucher des troupes de mercenaires, parmi lesquels des chahuteurs. Si certains refusent ce contrat considéré comme trop risqué dans une région dominée par la Légion Royale, les autres seront payés grassement pour saboter les projets de la route des roseaux et pour brigander à travers les Marches. Ces mercenaires croiront agir dans l’intérêt d’un opposant au garantier de commerce de Maailmanovi.

Renvoi de Faustine Allard

Le 6 octobre 516, Faustine Allard, l’une des légates du régiment de Banneran, prestigieuse du fait de sa participation à la Guerre des Marches et surnommée “Dame de la Passe”, est convoquée à La Capitale pour être reçue par l’Ordonnance d’Albunae. Blanche Bertais, gouverneur provinciale de la région et soutien avoué d’Adryan Lomen demeurant cachée depuis la guerre de succession capitaline de 512, ne dirige plus fermement l’Ordonnance de la région dont une partie est directement pilotée par le roi. De plus, le siège de celle-ci se trouvant directement à la Capitale, Thybauld de Fauxvelles peut ainsi interférer à sa guise dans la politique albunoise. En sous-main, il envoie ses agents menacer les fonctionnaires et les contraint à mener à bien son plan.

Lors de son arrivée à la Capitale le 13 octobre 516, Faustine Allard est reçue puis accusée pour divers prétextes fallacieux (on lui prête des allégeances variables pour des opposants du roi comme Adryan Lomen ou Rose Hedin la “Dame du Sud”). Des faux servant de preuves viennent nourrir les accusations de même que des témoins qui sont parfois de simples badauds n’ayant jamais vu Faustine auparavant. En conséquence, un tribunal de l’Ordonnance la démet de toutes ses fonctions et elle est retenue prisonnière dans les geôles de Fort-Réal.

Lorsque la nouvelle parvient jusqu’à eux (par le biais des proches de Faustine avant même que l’information ne soit transmise par l’Ordonnance), les légionnaires du régiment du fort de Banneran, y compris ses plus vieux légats, refusent de déterminer un successeur à la “Dame de la Passe” et ne reconnaissent ni élection, ni nomination que les fonctionnaires voudraient leur imposer. En effet, ils font dans leur très grande majorité preuve d’une loyauté exemplaire envers celle qui les a commandé et qu’ils ont vu combattre face à l’envahisseur vaahva à la Forteresse de Julyan et à travers la Kivie dans la Guerre des Marches. Quelques légionnaires (généralement parmi les plus récents du régiment) tentent bien de se plier à l’Ordonnance pour en tirer profit mais ils sont immédiatement exclus par leurs semblables et parfois soumis à une sévère correction.

Le gouverneur urbain local essaie de diriger sa garde vers le fort de la Légion Royale mais se retrouve vite confronté à des récalcitrants, autant inquiétés par le bien fondé d’une telle entreprise que pour la préservation de leur intégrité physique. A Banneran, l’idée que les légionnaires sont des rebelles ne prend pas : ils sont auréolés de leur participation remarquée à la Guerre des Marches et Faustine Allard est soutenue par la population. Les différentes factions présentes à Banneran demeurent dans l’inaction, de même que les villes d’Estellaz, de Bayens et les autres villes de l’Albunae ne réagissent pas à la nouvelle.

Finalement, deux régiments en provenance de Fort-Raymond sont dépêchés sur place par l’Ordonnance. Plusieurs escarmouches ont lieu autour du fort entre le 20 octobre et le 13 novembre mais devant la ténacité des rebelles, les légionnaires fidèles au roi se rendent progressivement compte que la situation va aboutir au massacre des fidèles de Faustine Allard. Après l’aller-retour d’émissaires de l’Ordonnance vers la Capitale, la situation change du tout au tout. Faustine Allard est présentée devant un nouveau tribunal qui la reconnaît innocente de tout crime et rétablit sa fonction. Les régiments de la Légion Royale se retirent de Banneran.

A Banneran, la rumeur selon laquelle tout ceci était une machination et une menace du roi Thybauld de Fauxvelles pour punir le soutien et l’amitié d’Allard envers Justien Balvalantes se répand. En réalité, il est nettement plus probable que le dénouement final (avec la révolte locale des légionnaires de Banneran) n’ait pas été celui attendu par le roi qui espérait se débarrasser définitivement de Faustine Allard.

Impasse sur l’Heimild

En février 517, des douaniers de la Flotte Royale de Fort Bais dans l’ouest des Marches arrêtent à l’embouchure de l’Heimild un large groupe de chahuteurs (près d’une centaine) sur deux navires de transport de marchandises adaarion à destination de la Capitale. Déconcertés, les douaniers se séparent ; pendant que les uns vont donner l’alerte et chercher de l’aide, quelques autres demeurent au milieu des marchands et des chahuteurs qui s’agitent progressivement.

Lorsque les renforts de la Flotte Royale arrivent sur place, les deux navires sont en train de prendre la fuite. Les douaniers restés à bord sont retrouvés sur une barque dans leur plus simple appareil alors que les marins Fort-Bais se lancent à la poursuite des navires. En fin d’après-midi, les fuyards sont rattrapés au large de l’Archipel des Trombes. Des chahuteurs se jettent à la mer dans l’espoir d’échapper aux autorités. L’assaut est donné et plusieurs bâtiments de la Flotte Royale abordent les transporteurs, bientôt assistés par des locaux de Mont-aux-mouettes. Sur le pont, des combats violents ont lieu, les chahuteurs restés étant peu prompts à la reddition. Les marchands sont pris en otage dans les cales et les cabines et les pertes sont grandes des deux côtés. La Flotte Royale disposant de ressources infiniment plus grandes, les rebelles sont vaincus et mis aux fers.

Lors de leur jugement par l’Ordonnance et la Flotte Royale à Fort Bais, il apparaît que les chahuteurs capturés se sont rendus coupables de brigandage dans les Marches. Leur commanditaire (s’il en est un) n’est jamais formellement identifié mais la rumeur d’un conflit personnel entre Justien Balvalantes et Thybauld de Fauxvelles s’enracine durablement à Fort-Bais. Les officiers de la Flotte Royale de Fort-Bais, déjà affiliés à Justien Balvalantes qui les envoya contre l’usurpateur Lionel Adagan lors de la guerre de succession capitaline (ce qui permit d’ailleurs l’ascension du roi) voient généralement d’un mauvais oeil ces manoeuvres de De Fauxvelles mais les allégeances varient d’un fonctionnaire à l’autre sur place.

Le 18 juillet 517, des émissaires du roi Thybauld de Fauxvelles sont en voyage diplomatique vers Golvandaar pour y rencontrer le Valtuusto et naviguent sur un bâtiment de la Flotte Royale de Franc-Port en compagnie de la garde canatanaise. Lorsqu’ils sont repérés par les douaniers de Fort-Bais ils sont immobilisés sans pouvoir accéder aux quais. Cernés et contraints d’attendre, ils sont bientôt abordés par un officier de la Flotte Royale locale : Henri Anquetel, célèbre pour avoir dirigé l’impopulaire “flotte du sud” chargée de contribuer à l’alliance continentale dans la guerre des mers ocolidiennes. Henri Anquetel somme aux envoyés du roi de faire demi-tour, ce qu’ils refusent avant d’y être contraints sous la menace des sabres et des lanceurs de projectiles braqués sur eux.

Suite à cet événement, Henri Anquetel est mis en retrait à Fort-Bais, peut-être emprisonné sur ordre de Justien Balvalantes à moins qu’il ne s'agisse d'une manière de le protéger. Thybauld de Fauxvelles, furieux, privilégie dès lors la voie terrestre à travers l’Aon pour envoyer ses émissaires. Il est incapable de répliquer à cet affront (et trahison) car toute son attention est tournée vers l’indépendance de Mesigios. Justien Balvalantes comme Thybauld de Fauxvelles déploient de nombreux efforts pour étouffer les rumeurs autour de cet épisode sulfureux, surtout dû à la témérité d’Henri Anquetel.

Conséquences

Conséquences politiques

La colonisation des Marches a eu pour effet le délitement des relations entre le gouverneur provincial Justien Balvalantes et le roi Thybauld de Fauxvelles. Sans que le conflit qui les oppose n’éclate au grand jour, les deux se sont livrés une guerre d’influence terrible qui aboutit à une impasse douloureuse.

D’une part, Justien Balvalantes voit plusieurs de ses proches parents assassinés à Candre et ses projets ralentis. D’autre part, Thybauld de Fauxvelles voit son autorité contestée jusque dans l’Aon et frôle le ridicule lorsqu’il s’avère incapable de renvoyer Faustine Allard ou d’envoyer ses émissaires remonter l’Heimild. Finalement, il se résigne à détourner son attention et ses moyens vers la Guerre d’indépendance de Mesigios qui prend une toute autre ampleur.

La popularité de Justien Balvalantes et du général Adelain Syr auprès des marchards a crû encore davantage alors qu’ils étaient déjà extrêmement populaires au sortir de la Guerre des Marches. Les plus téméraires des légionnaires de Syr évoquent un “Royaume des Marches” dressé contre l’usurpateur Fauxvelles tandis que des civils expriment leur réticence à voir un conflit avec le roi se développer.

Parallèlement, la Flotte Royale s’est retrouvée profondément divisée et il apparaît selon certains observateurs qu’elle pourrait se scinder entre la Flotte de Franc-port, fidèle au roi, et la Flotte de Fort-Bais, sous commandement de l’officier Henri Anquetel, lequel serait prétendument retenu prisonnier à Fort-Bais sur ordre de Justien Balvalantes ou parfaitement libre selon les sources.

Loghéans a été agitée par des émeutes et a vu son Maire de Thybauld assassiné au profit d’un candidat consensuel de la noblesse capitaline.

A Banneran, la légate Faustine Allard a retrouvé son poste et bénéficie toujours du soutien indéfectible de ses hommes.

Conséquences matérielles et humaines

Les Marches sont bien plus peuplées après la colonisation : les chantiers de Bastide-la-Gatine ne sont pas encore terminés mais elle est déjà plus populeuse que les villages marchards. Valolier a également profité du développement de la région. La Route des roseaux dans les Marches est abandonnée.

Il subsiste dans les Marches de nombreux vaahvas issus du Litho Siguri et résignés à pratiquer du petit brigandage. La plupart ont toutefois été massacrés ou réduits en esclavage.

Candre a vu plusieurs de ses manoirs de la noblesse capitaline, échoppes et ateliers ravagés par les flammes. Une partie du palais résidentiel du roi a également brûlé. La lente reconstruction suit son cours. Loghéans a également été agitée par de petits incendies et des rixes.