Le Petit Esperia 1

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Cet écrit a été rédigé par Flore Beaubois et se trouve sur la nouvelle Esperia.

Hors RolePlay :

Le journal est disponible avec les dessins, en version manuscrite, ici : [1].

N'oubliez pas : si vous ne l'avez pas lu en jeu, votre personnage ne peut en avoir connaissance.

Le Petit Esperia

Mensuel - Numéro 1 - Décembre 520

Dans ce numéro

Couverture - 1
Qui sommes-nous ? Brève présentation des rédacteurs et du journal. - 2
Manteau de Nivôse - 2
Du devoir du Maître et de la soumission de l’Esclave - 3
Des nouvelles d’Esperia - 4
Qui sont nos voisins ? - 5, 6
Les conseils beauté de Flore - 7
La Mousse au Citron - 8, 9
Les incontournables - 10


Qui sommes-nous ? Brève présentation des rédacteurs et du journal.

Pour cette première édition, trois rédacteurs ont participé : la dame Fio Linden, le sire Cassien Sulka et moi-même, Flore Sybillin.

La dame Fio Linden est une jeune libraire tout à fait charmante et bien élevée ; elle nous écrit dans ce numéro un rappel que beaucoup devraient lire et relire - juste au cas où.

Le sire Cassien Sulka, notre Bourgmestre, est tout aussi poli et intéressant. Notre charmant adaarion nous propose un article de présentation des îles alentours et de la Confédération, ainsi qu’une courte nouvelle : La Mousse au Citron.

Flore Sybillin travaille à l’atelier de couture Sybillin, à droite du Gouvernement, dans l’avenue du Fort. Journaliste depuis des années, elle sort enfin son premier papier sur l’Île - celui que vous tenez entre les mains.

Le Petit Esperia vise à l’information et la diffusion du savoir. C’est aussi pourquoi pour seulement deux cuivrées, le journal peut vous être lu à voix haute. Si vous avez du mal à lire, n’hésitez plus !

Flore Sybillin

Manteau de Nivôse

Lorsque la froide nivôse s'abat sur les cœurs déjà tout pleins d'engelures, c'est le déchirement glacé du départ de la chaleur qui prend le pas sur tout le reste.
Moi, ce matin-là, je m'étais emmitouflée dans cet épais manteau d'amour tissé en toile de mensonge, et sans m'en rendre compte, la chaleur s'en était échappée. J'étais persuadée d'avoir chaud et je me leurrais joyeusement.
"Regardez", disais-je, "Comme mon manteau est chaud ! Comme il me protège des affres de la solitude !"

Mais je ne le voyais pas vraiment. Je ne voyais pas le fil qui s’échappait et tombait, le fil qui m’abandonnait et laissait le froid pénétrer mes os. Alors je me pavanais, toute sûre de moi, toute persuadée d’être protégée de tout, jusqu’à ce que, frissonnante dans le frimas, je me rende à l’évidence : mon vieux manteau, fidèle toutes ces années, n’était plus qu’une étoffe usée qui déployait toutes ses forces pour s’éloigner de mes épaules gelées.

Acculée, il me fallut le plier avec soin et le reposer sur l’étagère. Il y fait sûrement sa vie avec une paire de chaussettes. Moi, je n’ai plus qu’un châle : l’écharpe de la Foi.

Flore Sybillin

Du devoir du Maître et de la soumission de l’Esclave

Car encore aujourd’hui, la peine d’esclavage est mise de côté et

les condamnés sont des touristes.

Il sera bénéfique de rappeler à chacun ce qui doit être la norme.


ESCLAVE.
Être rabaissé au rang d’objet de servitude. L’esclave ne doit avoir qu’une seule et unique pensée : obéir. A son maître, mais également à tout libre qui daigne lui adresser la parole. Rampez, servez et souffrez pour vos maîtres car là est votre punition pour le crime que vous avez commis.
Si vous êtes loyal, fidèle, discret et obéissant, vous serez alors utile. Et votre peine n’en sera que plus aisée : un outil utile, on le garde. Un outil inutilisable, on peut tenter de le réparer (Avec plus ou moins de force...) ou bien le jeter et qu’il soit oublié de tous. Endurez votre peine, c’est tout ce que le monde vous demande.

MAÎTRES-LIBRES.
Et c’est là le propos de ma rubrique, car elle vous concerne vous en particulier, qui avez choisi d’acheter cet esclave en le considérant bien comme un objet ! Car vous vous êtes intéressé à ce qu’il pourrait vous apporter en premier lieu, vous y avez vu un bénéfice.
Par trop de fois je constate des comportements cordiaux, amicaux (si ce n’est plus) entre un libre et un esclave. C’est abject et contre-nature. Vous ne rendez service ni à lui, ni au juge de sa sentence, ni aux victimes de ses crimes passés et encore moins à vous. Il n’y a point de familiarité à avoir avec ces pauvres. Ordonnez, point. Il ne servent qu’à ça et vous ont étés vendus ainsi.
En tant que maître vous ne devez veiller qu'à quelques devoirs simples : le loger, le nourrir et le faire travailler. Et pensez à les laver, par Arbitrio.

Je ne demande pas à ce qu’Esperia devienne le cauchemar de toute nouvelle peine d’esclavage.
Mais qu’on évite à notre village d’en devenir leur rêve.

Fio Linden


Des nouvelles d'Esperia

Esperia. C’est le nom de la ville, sur l’île éponyme, qui nous accueille, nous, esperiens ; venus de tous horizons, chacun des envies et pensées différentes. Tous, nous avons nos frictions, et nos liens qui s’attachent et se détachent. Finalement, quelle vie, quelle île ! Elle se mue plus rapidement qu’un lézard exuvie, et se faufile dans nos cœurs pour y faire sa niche, par delà le Ponant qui nous sépare de nos origines.

Ces derniers temps, nous traversons une période difficile, non seulement pour Esperia mais aussi pour ses voisins - que le sire Sulka présente dans l’article suivant. Période difficile, oui, mais pas insurmontable. Malgré les pertes, nous restons forts, nous faisons reculer le danger : la Horde Grise.
Les monstres viennent s’en prendre à nous, aux nôtres, sans scrupule et sans cœur - sinon le cœur arraché de nos soldats tombés. Ils terrifient notre population, et d’autres. Leur brume épaisse, leur purée de pois maudite, s’immisce en nous pour étouffer tout le courage qui s’y niche. Et malgré cela, malgré la terreur et l’incompréhension, Esperia se dresse fièrement. Nous leur avons survécu plusieurs fois - pas tous, mais la majorité. Bien des hordeux sont morts. Bien des monstres sont tombés. Et nous ? Certains ont rejoint le Créateur, mais peu. Nos pensées vont vers eux à chaque prière, eux qui se sont battus vaillamment pour repousser l’ennemi.
Le soldat Stanis, sed quid est hoc Arbitrio, mort pour sauver ses deux camarades ; L’ingénieur Cristobal, sed quid est hoc Arbitrio, éteint sur les remparts du Fort lors de l’assaut de brumaire. Avant encore, l’ancienne amirale Essari, sed quid est hoc Arbitrio, décédée à bord de son navire lors d’un abordage de deux navires hordeux.
Ceux-là nous ont protégés et resteront dans nos prières et nos cœurs.

Mais tout avance. La Horde ne se montre plus autant qu’avant, espérons que cela dure. En attendant, la ville se construit, avec de beaux projets architecturaux. L’Îlot est construit, né principalement des plans du mestre Esterad Louvoy, et des architectes Natanael Bellini et Lucaa Pÿhäsÿdan. Bientôt, les travaux du Quartier Blanc - que je me refuse à nommer le Port, car il n’a rien de portuaire sinon quelques quais - débuteront. La cité prend forme à une vitesse impressionnante. Un essor plein de promesses.

Finalement, avec une entrée dans la Confédération, des conciliums réguliers, un gouvernement plutôt respecté et une population variée, Esperia se porte plutôt bien. Des hauts et des bas, mais malgré la menace hordeuse, nous avons des alliés prêts à nous aider. Nous ne craignons pas la Horde.

Flore Sybillin


Qui sont nos voisins ?

Ami explorateur ou simple curieux, il est toujours intéressant de se renseigner sur les gens que nous sommes amenés à croiser.

Ainsi, laissez moi vous présenter les horizons - désormais accessibles - d’Esperia.

Commençons par Alcédine, notre premier soutien, île qui a su nous ouvrir ses portes et qui accueille le siège de la confédération. Elle est dirigée par trois Sénateurs, Esperia ayant surtout à faire avec le Sire Oiva Erkki. Ce Sénateur, un homme d’un certain âge aux cheveux poivre et sel, s’est toujours montré bon avec Esperia. C’est une chose qu’il ne faudra jamais oublier. Notre relation avec Alcédine est aussi toute particulière : ils sont prêts à nous accueillir pour le commerce, et nous disposons de notre côté d’un comptoir leur appartenant. Il est utilisé par Messire Mirambert Zolou, un commerçant venant chaque Thermidor pour vendre ses produits et acheter certains des nôtres. Comme on peut le voir sur leur drapeau disposé au dit comptoir, leurs couleurs sont le vert et le blanc et ils se représentent par un martin pêcheur. Une compagnie d’installation récente sur Alcédine nous permet, à ce jour, d’espérer monter le Port selon les plans de Messire Bellini assez rapidement.

Nos seconds proches sont les qadjarides d’Insla-Tarn, avec comme personne référente pour Esperia le Rais Hikmet. C’est un homme à la peau et aux cheveux sombres, il possède une barbe fournie. Son visage est jovial et prompt aux marques de sympathie. Nos îles sont fortement liées depuis que les esperiens se sont portés à leurs secours face à la Horde, l’Amirale de l’époque donnant sa vie pour les protéger. Francs alliés d’Alcédine eux aussi, ce sont des personnes que je ne saurais que vous recommander.

Ensuite viennent nos soutiens les plus récents, à commencer par la Haute Dame Vorane Rivelle, de l'île de Rivelle sans grande surprise. La Haute Dame est une personnalité bien à part. Sûre d’elle, sachant se faire obéir aussi, la rumeur dit qu’elle ne pardonne jamais. Dans les îles qui nous entourent, c’est son visage qui incarne le mieux la puissance et le rayonnement de l’aura d’une personne hors du commun. Grâce à cette femme blonde comme les blés, nous avons l’immense chance de pouvoir avancer sur les travaux d’Esperia. Ils ont fourni - contre contrat et après négociations - les matériaux pour terminer notre îlot mais aussi les travailleurs et le contremaître qui sont, à ce jour, logés sur Esperia jusqu’à l’achèvement de leur tâche. La Haute Dame est secondée par le Sire Orace Caren, un homme brun qui la sert comme son ombre. Je ne pourrais, de mon côté, que faire des compliments sur ce que Rivelle nous a apporté pendant ma direction de la ville. Il me semble indispensable qu’Esperia continue d’avoir les meilleures relations possibles avec ces gens qui savent nous tirer vers le haut, et de qui nous avons beaucoup à apprendre. Pour finir, il faut bien noter que la Haute Dame nous a apporté son soutien lors de l’entrée d’Esperia dans la confédération, ce qui a plus que fait pencher la balance : nous lui devons beaucoup. Les couleurs de Rivelle sont le blanc et noir, et leur symbole est le Phaéthon à bec rouge, cet oiseau si particulier. Nous en disposons d’un, réservé à l’écriture des lettres leur étant destiné.

Une autre femme de caractère dirige l’une de nos îles voisines. Prenez bien garde à noter ses titres, et préparez tous les tapis de la ville pour mettre sous ses pieds si nous la recevons un jour, car elle est faite du même bois inflexible que la Haute Dame, et possède son équivalent en prestance, j’ai nommé Rayla la sirène borgne, maîtresse des mers, terreur des brigands de farovel, détentrice du majestueux palais rouge, sauveuse des opprimés, meilleure duelliste du concours des francs marins, premier seigneur des nefs de Solres. Solres, aux fameuses couleurs grises et rouges de Messire Roberto, est une terre que je ne saurais vous décrire. Je ne connais pas non plus réellement leur système politique, mais il semble être le lieu de querelles de pouvoir. Affaire à suivre, dirons nous. Rayla est une femme de caractère, franche et débonnaire, aux cheveux noirs. C’est un personnage haut en couleur, comme on rencontre peu dans une vie. Elle aussi a su soutenir franchement Esperia dans sa quête de la confédération, et nous lui devons - au moins - cela. Pour terminer, je vous informerai qu’il me semble que Solres possède le plus de navires de toutes les îles, et que ce sont surtout eux qui dictent les lois des mers éperviennes.

Nous arrivons ensuite aux personnes plus neutres vis-à-vis d’Esperia, dans lesquelles je ferai rentrer le Comte Thomas Eustace, dirigeant de Verincy. Verincy est représentée par une sorte de fleur stylisée, orange clair sur fond blanc. Ce sont des producteurs de vins, qui doivent d’ailleurs passer nous voir dans les mois à venir pour nous proposer leurs produits, à ma demande.

Il y a aussi le Chancelier Uther Vorak, dirigeant de Tomia, dont je ne me souviens malheureusement pas du blason. C’est un homme qui me semble très lié à l’avis de la personne dont nous devons parler ensuite.

Il nous faut en effet nous attarder sur le Sire Auguste Ratelia, une personne complexe. Il dirige Ratelia d’une main de fer, c’est un homme sûr de lui et de ses avis, vif, piquant voire même acerbe. Notre première rencontre n’a guère été cordiale, car c’était l’opposant principal à l’entrée d’Esperia dans la confédération. Nos joutes verbales ont été un vrai spectacle, je dirais. Ne vous en faites pas pour autant, je n’ai pas laissé cet homme traiter les esperiens de fermiers intéressants sans nous défendre. Quoi qu’il en soit, c’est le seul à avoir voter contre notre agrément lors de la grande réunion des dirigeants. Il ne croyait pas à la Horde, qu’il jugeait être des affabulations esperiennes pour se rendre intéressant. Pour autant, vous le saurez tous, c’est Ratelia qui est venu à notre secours lorsque la Horde nous tenait, prête à nous achever. Le Sire Alphonse de Ratelia, mandaté par le Dirigeant Auguste Ratelia, nous a sauvé. Les ingénieurs et savants de cette île planchent aussi à ce jour sur le sujet de la Horde de façon très active.

Que penser de cela ? Je dirais, moralisateur à mes heures perdues, que cette situation reflète simplement la vie comme on la connaît. Il est possible de ne pas être d’accord entre nous, de ne pas se supporter même, d’avoir un passif complexe ou désagréable, mais cela ne doit jamais empêcher l’objectif le plus important : le bien commun. Ainsi, comme Auguste nous en a fait la leçon, je vous invite à rester capable de remettre en question vos jugements, et à tendre la main à ce voisin que vous avez du mal à apprécier, si cela peut l’aider.

Pour finir, nous devons évoquer ceux que je n’ai pas pu rencontrer, étants absents de la réunion, à savoir les dirigeants de l’île de Polperro - désignée par un espadon et des voiles blanches et bleues - dont je ne connais pas le fonctionnement, et la Noble Dame Isabelle de l’île d’Agathe. On dit de cette dernière que c’est une femme absolument magnifique.

Esperia et son dragon sur fond blanc et marron est désormais soeur de ces autres îles, impliquée à leur côté quelque soient leurs situations, et nous devons plus que tout préserver notre place dans cette grande famille, malgré les problèmes qui peuvent surgir, malgré ce que cela nous impose parfois. Ne soyons plus le mouton noir qui reste seul, car ils ont pu nous prouver maintes fois qu’ensemble, nous irons beaucoup plus loin.

En espérant que ces informations puissent, toujours, être transmises aux Esperiens sans rétention aucune.

Pour Esperia, Sire Cassien Sulka.


Les conseils beauté de Flore

Des papillotes aux boucles qui flottent Pour de belles boucles aux cheveux, utilisez une étoffe et faites-en une papillote. Il suffit d’humidifier vos cheveux, de les rouler autour de l’étoffe et de nouer celle-ci. Laissez cette disposition toute la nuit durant et au matin, vous aurez de magnifiques boucles. Trouvables à l’Atelier Sybillin.

Poudrer pour vivre et non vivre pour poudrer Un teint vif se travaille, et l’aide de produits comme la céruse est toujours la bienvenue. En poudre, elle permet d’éclaircir un visage ; colorée, elle rosira vos pommettes. Gare à la surdose. Trouvable à l’apothicairerie du Dispensaire.

Fourgeoire, ma belle fourgeoire La fourgeoire, la troussette indispensable pour l’entretien de soi. Doit contenir : une escurette, pour des oreilles bien propres ; une furgette, afin d'éviter les ongles noirs et crasseux ; un fusequoi, permettant une dentition nette ; une esguillette, pour la même utilité mais à utiliser moins fréquemment ; un gant de toilette en lin, gardons le visage clair ! Bientôt trouvable à l’Atelier Sybillin.

Le soin quotidien N’oubliez pas, sires comme dames, de chaque jour vous rincer le visage à l’eau claire. Même par les pires fraîcheurs nivaines ! La fontaine de l’îlot est la plus pure ; beaucoup d’autres sont malheureusement souillées par les eaux usées des égouts. Dans l’idéal, frottez un peu au gant - mais pas trop fort pour éviter les irritations. Gants trouvables à l’Atelier Sybillin.

Flore Sybillin


La Mousse au Citron

— Mélodie, veux-tu bien cesser !

La voix tranchante de la cuisinière était sans appel. La jeune fille blonde, ainsi interpellée, fit mine de se raviser dans son geste. La cuillère maintenue à quelques centimètres de la tant convoitée mousse au citron finit par reculer lentement. Pesna, une grande brune aux traits plus ronds que ceux de sa comparse, soupira avant de se détourner pour servir un client. A peine eut-elle tourné le buste que la cuillère de Mélodie fit un bond jusqu’au dessert encore chaud. La blonde s’enfuit dans la réserve en ricanant, fière de son méfait. Elle s’installa contre un fût d’hydromel et se délecta de la mousse aérienne. Depuis que Pesna en avait commencé la préparation, le matin même, au moment où les premiers zestes de citron s’étaient étalés sur le plan de travail, la jeune femme avait rêvé de cet instant.

Pesna était une bonne cuisinière. Elle œuvrait depuis un moment dans la taverne qui animait la ville, lui permettant d’avancer, restant à l’écoute de tout un chacun, servant de son mieux les demandes de ses clients. Mélodie était arrivée bien après dans la petite ville qui les accueillait désormais, mais elle s’était vite montrée indispensable au bon fonctionnement de la taverne. Ensemble, les deux jeunes femmes savaient faire avancer les choses. Pesna avait bien remarqué les quelques écarts de sa jeune amie, parfois trop familière avec les clients, parfois trop dure, mais elle était plus jeune et la brune pensait pouvoir y remédier un jour.

Terminant le service de quelques chopes supplémentaires, la cuisinière retourna derrière son grand comptoir. Elle remarqua rapidement le gros trou que son amie avait laissé, bien visible, en plein milieu de la gamelle de mousse au citron. Pesna se passa une main sur le visage, cherchant de son regard châtaigne la fautive. Cette dernière se glissait déjà hors de la réserve, ustensil en main, prête à la récidive. Pesna attrapa Mélodie par le col et lui jeta un regard bien plus doux qu’elle ne l’aurait souhaité.

— Elle est vraiment très réussie, tu t’es surpassée Pesna ! s’empressa de la flatter la blonde, ses yeux bronze grand ouverts, pas gênée pour un épervie.

L’intéressée dodelina du chef. Elle connaissait bien les petits jeux de Mélodie. Il n’y avait pas à dire, seule cette jeune femme de quelques années sa cadette savait la mettre hors d’elle tout en lui laissant un fort sentiment d’affection.

— J’en ai fait un peu trop de toute façon, il y en aura bien assez pour les clients et pour ta gourmandise, marmonna la cuisinière en relâchant la fautive.

Pesna reprit du service, laissant la jeune femme s’occuper de leurs comptes. Mélodie ne retoucha plus à la mousse au citron : quel intérêt maintenant qu’elle y était autorisée ?

Le reste de la soirée ressembla à beaucoup d’autres : les deux femmes servirent les clients et répondirent à leurs demandes, ce qui les laissa éreintées mais satisfaites du travail accompli. Elles s’installèrent finalement prêt de la cheminée, fatiguées, pour discuter de tout et de rien autour d’un verre bien mérité.

Pesna, dont les jambes allongées se tenaient presque contre celles de sa comparse, profitait allègrement de la chaleur de la grande cheminée. L’hydromel avait rendu son nez un peu plus rouge que de coutume, mais ce n’était pas aussi vif que le rose poudré qui venait peindre ses joues cuisantes. Elle jeta une nouvelle œillade à Mélodie, détaillant ses traits doux, ses arcades bien définies, ses cheveux blonds tombant en cascade sur ses épaules minces. La brune se ravisa, tournant son regard vers le feu. Elle savait bien qu’il n’était pas convenable de penser à plus que leur chaste collaboration. Depuis quelques temps, elle se doutait de l’intérêt que la jeune femme lui portait, et cela tournait dans son esprit sans qu’il ne puisse trouver le repos. La cuisinière avait beau tenter de museler ses pensées, ses rêves et moments d'égarement la ramenaient sans cesse vers ce visage fier et ces yeux reflétant une ingéniosité sans pareil.

Mélodie lança une nouvelle blague plutôt grivoise avant d’y rire elle-même. Son visage s’éclaira d’un sourire mutin, avisant la réaction de Pesna. La jeune blonde la poussait dans ses retranchements, elle le savait, et elle adorait ça. Chaque opportunité était bonne pour rappeler sa présence, son entrain, et venir taquiner son amie. Une partie d’elle était persuadée que Pesna ne céderait jamais : ce n’était pas son genre, ni dans ses valeurs, tout le monde le savait bien. Pour autant, Mélodie n’avait elle aussi guère réussi à faire taire cette voix intérieure qui lui criait son affection pour la cuisinière. La blonde avait eu beau chercher partout ailleurs dans le village quelqu’un pour lui faire oublier Pesna, elle en revenait toujours à lui jeter des regards pendant le service ou à admirer sa façon de faire son travail.

Depuis une semaine, Mélodie avait bien remarqué que Pesna riait plus fort à ses âneries, se montrait plus leste avec elle ou s’arrangeait pour passer plus de temps en sa présence. Après ces mois passés ensemble, les deux femmes se connaissaient bien, chacune avait compris la place qu’elle commençait à occuper dans le cœur de l’autre.

Le soleil se coucha tout à fait, puis commença à se lever à nouveau tandis que les deux jeunes femmes discutaient bon train. Les verres vides entassés autour d’elles en disaient long sur leur état, si tant est que leurs visages hilares et rouges ne le fassent avant eux. Elles durent se faire violence pour se forcer à quitter l’espace chaud et accueillant devant la cheminée, mais le sommeil les guettait, il allait bien falloir finir par rentrer. Aucune ne souhaitait quitter cette parenthèse chaleureuse, mais demain serait un nouveau jour de dur labeur.

Mélodie tendit la main à sa comparse, l’aidant à se relever, et - l’alcool lui donnant courage - l'entraîna contre elle pour l’étreindre. Le cœur de Pesna ratta un battement lorsque ses mains trouvèrent naturellement les hanches de la jeune blonde. Ses joues s’embrasèrent, sous la gêne mais aussi l’attente de ce qui allait arriver. Douce, Mélodie vint fermer les yeux et trouver les lèvres pleines de la cuisinière. Le pas était franchi.

Elles quittèrent leur taverne en se tenant par la main, prêtes à affronter le froid du monde extérieur et le chemin qui leur restait à parcourir tant qu’elles seraient ensemble. Pesna jeta un dernier regard au dessert encore creusé du trou d’une cuillère, dans la grande marmite en cuivre. S’il y avait bien une chose qu’elle craignait désormais, c’était de n’être, à son tour, qu’une mousse au citron.


Les incontournables

Esperia regorge de boutiques et d’artisans talentueux. Encore faut-il les connaître…

Un peu de science écarte de la religion et beaucoup y ramène
Si vous avez besoin de mécanismes quelconques, serrures simples ou avancées, caches secrètes insoupçonnables ou même coffres-forts imprenables pour vos pièces, venez trouver l'Ennen Aamos Sulka. Vous ne trouverez pas meilleures réalisations sur Esperia. La Noble Dame Lunargent en avait même fait appel à lui pour la pièce secrète de l'académie Lunargent, sur l'ancienne ville ! Il est disponible pour tout travail d'ingénierie, et propose systématiquement un devis pour que vous puissiez comparer avec les autres artisans du village.
Il se propose également de répondre à tous projets d'apothicairerie, ou nécessitant des compétences scientifiques.

Que le papier parle et que la langue se taise
La Plume Blanche a récemment ouvert ses portes. La papeterie se trouve face à l’Atelier Sybillin, à droite du gouvernement. Livres, feuilles, affiches, étiquettes, lettres, enveloppes, carnets, divers écrits : venez y faire le plein de sciences et de supports. N’hésitez pas à passer commande.
Du côté du Quartier Blanc, le Livre Ouvert vous laisse vous glisser entre ses pages. Situé sous l’Académie, vous pouvez y demander la copie des livres s’y trouvant. Le catalogue est tout aussi varié et complet. N’hésitez pas à passer commande.

Le vin est à l’alcool ce que la haute-couture est à la mode
Et Pendil est au vin ce que l’Atelier Sybillin est à la couture.
Avis à chaque esperien espérant un habit à la hauteur de sa stature : l’Atelier Sybillin, spécialisé en haute-couture, ne saurait vous décevoir. Une qualité et une précision supérieures, des tissus aux tombants si profonds qu’ils en paraissent liquides, des couleurs bien agencées et adaptées à vous - vous, votre teint, votre chevelure et vos habitudes.
C’est ce que nous proposons. La qualité prime, chez nous, sur la quantité. Des vêtements uniques que vous serez fiers de porter !
Pour les plus petites bourses, nous proposons bien sûr du prêt-à-porter et autres travaux moins fins et plus adaptés à vos besoins. Idéal pour les tentures, coussins, rideaux et autres étoffes.
Nous vous attendons face à la Plume Blanche, dans l’Avenue du Fort Louvoy !

Sec janvier, heureux fermier
Les meilleurs fermiers sont les fermiers huras. C’est bien connu. Et le meilleur de tous a les cheveux comme les blés et les yeux comme la terre ; souriant comme le soleil qui éclaire l’île. Tchéslav Sybillin s’occupe de la Ferme du Soleil Bleu, et auprès de lui vous pourrez acheter fruits, légumes, fibres, céréales et autres produits fermiers. C’est un homme de confiance : confiez-lui la votre.

Flore Sybillin