Mantesa

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Mantesa est le nom d’une colonie impériale en Galdyr. Elle fut une grande tentative d’intégrer les qadjarides à l’Empire Central et au culte d’Arbitrio de rite monachiste. Mantesa fut pour les qadjarides l’évènement majeur entre les deux phases de la formation de la diaspora qadjaride.

Contexte

Au milieu du troisième siècle, l’Empire Central jouissait d’une période de paix suivant les terribles conflits religieux qui avaient ravagé le Thème d’Huratelon et le Monastère adaarion connaissait une période de succès en dehors de celui-ci grâce à la gestion pragmatique de la “Grande Nurmi”.

A cette époque, la conversion du sud à la foi impériale, le monachisme battait son plein mais une question se posait alors : la situation des qadjarides. Deux siècles après les massacres de leur peuple, la survie de ceux-ci était désormais un fait fermement établi et toute idée du risque d’un soulèvement pour rétablir l’Empire qadjaride était désormais dissipé. Beaucoup se posaient alors la question des possibilités d’intégrer cette population sous la houlette impériale et arbitrée. Le temps était à la modération religieuse et certains moines vaeltas avaient rapporté que les qadjarides avaient certaines sensibilités religieuses ressemblant à l’Ancienne Foi.

La colonie

En 250, des terres appartenant au domaine impérial furent constituées en un domaine autonome confié (mais non cédé) à la gestion du Monastère adaarion afin d’y installer des qadjarides. Le moine vaelta Juuko Linnahutaa fut chargé d’organiser le domaine. Lui et ses hommes menèrent de nombreuses missions en Medeva pour convaincre des communautés de gagner ce domaine. Il y promettait que les qadjarides pourraient y vivre en paix, sans impôt et bénéficieraient de la protection impériale. Ses premiers efforts furent en vain et en 254, aucune communauté n’avait fait le pas.

Au début de l’année 255, une première communauté, le clan au Charrin, arriva dans le domaine. Les récits évoquent fréquemment l’image de la communauté marchant dans la plaine et rencontrant un extatique Juuko. Une difficile première discussion aurait pris place ensuite avec ses aides car les qadjarides auraient été apeurés par cet homme qui avait couru vers eux en hurlant “Loistava” et d’autres phrases joyeuses dans une langue qui ne s’entendait presque pas dans la région. Leur Telesmbod Naya et Rais Erdjan devinrent les premiers conseillers qadjarides de Juuko.

Après l’installation, d’autres clans commencèrent à lentement arriver. Les premières années furent marquées par de nombreux incidents mais la collaboration de Juuko, Naya et Erdjan permit de les apaiser.
Après une décennie, la colonie commença à devenir autonome. C’est à cette époque que les galdyris commencèrent à venir y commercer, donnant à la ville le nom de “Mantesa” (main tendue). Petit à petit, les qadjarides commencèrent à organiser du commerce en Galdyr et Medeva et puis, lentement, vers Santrussi et Estellaz, attirant toujours plus de clans qadjarides.
A partir de 270, les travaux religieux commencèrent et des bribes de doctrine arbitrée commencèrent à être adoptées par les telesmbods, notamment sous l’influence de Naya qui devint une importante figure qadjaride.

Dans les décennies qui suivirent, Mantesa prospéra. Les qadjarides furent nombreux à s’y installer et certaines communautés fusionnèrent pour gérer la bourgade ensemble. Le village devint ville et cette ville devint le centre d’un commerce nouveau. Les qadjarides, habitués des routes, développèrent un réseau de commerce efficace, concurrençant les nomades dionians. Leur non-appartenance à l’Empire Central officiellement leur permit d’aller là où l’Empire était moins apprécié tel que dans le Roment. Enfin, beaucoup de qadjarides participèrent aux chantiers de Méridion.

Tensions

Alors que Mantesa prospérait, l’Empire Central et ses protectorats connaissaient de grandes difficultés en Zaraga. De 257 à 311, l’Empire dut consentir à toujours plus de sacrifices pour protéger le Thème de Zaraga. Dans un tel contexte, beaucoup voyaient d’un mauvais oeil cette colonie où une peuplade vivait protégée, entretenue et ce, sans devoir payer d’impôts alors même qu’elle commerçait.

En 278, l’empereur organisa la levée d’un régiment de la Légion Royale à Mantesa, notamment pour apaiser les aristocrates de la Terrenarchia liure. Ce régiment, partiellement composé de recrues galdyri, fut le premier régiment à intégrer la moindre recrue qadjaride. Il fut envoyé dans la Zaraga en 279. Le monastère de Mantesa leva également des fonds qui furent envoyés au trésor impérial.

D’autres tensions se firent ressentir après la fin de la guerre de Zaraga. A cette époque, l’empereur cherchait des responsables à la difficulté de cette campagne, causant des tensions avec toutes les composantes de l’Empire. Mantesa n’échappa à la règle et subit des inspections multiples de la part de membres de l’Ordonnance fidèles à l’empereur. Les officiels de Mantesa et ses moines subirent de nombreux réprimandes, blâmes et sanctions souvent injustifiés mais parvint à continuer à exister jusqu’à l’Interrègne et la chute de l’Empire Central.

La fin de l’Empire Central

La fin de l’Empire Central constitua un véritable tournant pour Mantesa. Les élites politiques, économiques et religieuses étaient toutes terrifiées à la perspective de l’avenir. Là où il y avait une empire incontesté, il y avait désormais quatre nations séparées et des provinces à l’avenir incertain. Il n’y avait plus non plus de véritable garant à la paix religieuse entre Ordre Phalangiste et Monastère adaarion.
En outre, le Royaume Central exsangue devait se reconstruire et l’existence d’un gigantesque domaine ne payant aucune taxe gênait profondément l’Ordonnance et la reine Sybille I.
A cette époque, le Monastère adaarion et son Sovitelija Aldaaor Urricsen tentaient tout pour sauvegarder la paix, à tout le moins religieuse. Cependant, à cette époque, les phalangistes avaient désormais une puissance décuplée par la fin de l’Empire Central et l’indépendance hura. De plus, le Monastère adaarion voyaient une montée de l’influence de moines issus de la Terrenarchia liure. Un nouveau consensus religieux devait être trouvé, satisfaisant tous les arbitrés et non plus les seuls adaarions et capitalins. Les phalangistes étaient alors très opposés à la doctrine adaarionne favorisant le kaitusianisme pour convertir de façon incrémentale, notamment accusée d’avoir participé à l’échec final de la Campagne de la Zaraga. De leur côté, les vellabriais étaient particulièrement bruyants dans leur mépris des qadjarides. Un troisième schisme méridional n’était alors pas impossible.
Dans ce contexte, Mantesa apparaissait comme une pierre dans les bottes de tous mais continuait à fonctionner comme si de rien n’était.

Le Sovitelija Aldaaor prit alors avec la reine Sybille I une difficile décision, celle de dissoudre Mantesa.

Dissolution de Mantesa

En 345, Le Monastère Adaarion fit fermer le monastère de Mantesa et tous ses services permanents. Le régiment de la Légion Royale de Mantesa, déjà réduit à peau de chagrin, fut entièrement dissous. Les terres, légalement encore liée au domaine de l’empereur, furent saisies et transférées au trésor royal du Royaume Central.

Les qadjarides de Mantesa furent choqués de ces décisions. A cette époque, plusieurs officiels capitalins, quelques marchands et moines craignaient qu’une action militaire n’accompagne ces décisions. Plusieurs d’entre eux plaidèrent auprès des responsables qadjarides afin qu’ils partent de leur plein gré. Le mouvement fut lent mais eut lieu. Les communautés qui ne faisaient que passer à Mantesa partirent les premières. Celles qui continuaient de vivre en groupes partirent très vite ensuite. A la fin de l’année, les assimilés se réunirent et reformèrent des communautés. Celles-ci partirent, plusieurs en compagnie d’officiels abandonnant leur poste et moines.
En 346, des légionnaires vinrent en effet à Mantesa. Quelques escarmouches eurent lieu entre irréductibles locaux et tous les qadjarides ou non-qadjarides encore présents sur le domaine de Mantesa furent capturés et réduits en esclavage pour rébellion et occupation illégale de terres royales.

En 347, tous les éléments de valeur de Mantesa furent démantelés pour remplir les coffres. Les terres agraires furent vendues et la colonie laissée à l’abandon. La même année, le Concordat de Roskilde fut conclu, garantissant la paix religieuse sur le continent.

Héritage et conséquences

Les évènements de Mantesa marquèrent durablement le continent bien que cet épisode historique soit tout à fait méconnu.

La première conséquence fut religieuse. Le culte qadjaride intégra la figure d’Arbitrio dans sa mythologie et intégra plusieurs rites. De plus, elle fit intégrer aux qadjarides l’habitude de dialoguer avec les moines et les monastères (et, dans une moindre mesure, les abbayes). Le culte qadjaride devint fermement une religion syncrétique de l’ancien culte de l’Empire qadjaride et du culte d’Arbitrio.

La deuxième conséquence fut la situation de la diaspora. Avant Mantesa, les qadjarides étaient limités au Sud. La colonie leur permit de commercer dans les Grands Fleuves et la dissolution les encouragea à partir également dans ces régions, causant une division des communautés. Sans Mantesa, la diaspora serait sans doute restée confinée au sud du continent. De plus, elle permit l’émergence des Asentanis. Ces qadjarides, accompagnés de moines, partirent vers les Monts adaarions avec des promesses d’une vie moins difficile que dans le sud. D’une certaine façon, Mantesa fut une seconde phase de la diaspora.

La troisième conséquence fut économique. Avant ces évènements, les qadjarides préféraient se cacher et éviter de commercer. Mantesa changea cela en les habituant aux échanges avec les kharedjis. Ils prirent l’habitude de jouer sur leur situation pour leur gain. Le plus important bouleversement fut l’établissement du Réseau commercial qadjaride qui, après la dissolution de Mantesa, se basa à Estellaz.

La dernière fut politique. En s’ouvrant au monde et en voyageant de plus en plus dans le cadre de leur commerce puis par la diaspora, les clans qadjarides commencèrent à voir émerger la figure du chabbod, le responsable de leur sécurité.