Hors RolePlay :
Le document a été rédigé dans le bureau du piano de l'abbaye. Il se trouve actuellement dans la veste de Guidrion.RolePlay :
Ma mission d'abbus
Guidrion Sker, abbus d'Espéria.
Aujourd'hui, j'ai préparé mon premier sermon et c'est à ce moment précis que je me suis rendu compte de la responsabilité qui m'incombait. J'ai un devoir autre que celui de simplement s'assurer que l'abbaye vit et que la salle de prière a des bancs capables d'accueillir les croyants trouvant l'envie de prier.
Je dois les guider, offrir une morale et une inspiration à mes frères croyants. Quand je suis arrivé à Espéria, je pensais que ma relation avec Arbitiro, mes rituels de bon croyant et mes habitudes d'habitant de la plus sainte des cités étaient une vérité pour tous. Je me suis trompé. Espéria rassemble tant de gens... Tant de cultures différentes sans que rien ne les unisse d'autre qu'une idée d'Espéria unie qui est morte avec la guerre civile. Arbitrio est la solution. Je dois apporter ce mortier qui maintiendra notre communauté soudée et juste.
Eniotnha s'inquiétait de ce que cette mission ferait de moi mais ne dois-je pas avant tout m'inquiéter de mes ouailles avant moi-même désormais? Je ne suis plus qu'un noble: je suis le représentant de Golvandaar, Odense et Roskilde en ce continent. Ma parole est écoutée et respectée par certains. Pourrais-je vivre en songeant que j'ai possédé ce pouvoir et n'en ai rien fait?
Certains de mes prédécesseurs ont tenté d'autre chose: Renault, Fabrice, Abban, mon pauvre ami Hurri... N'est-ce pas ce qu'ils voudraient tous? Ce qu'ils espèrent de moi? Oh Arbitrio... Je doute... J'ai peur de cette tâche. J'ai déjà échoué à protéger le Sénat face à la rage populaire et les passions pour une autorité unique. Pourrai-je protéger et redorer notre abbaye?
Hurri me faisait confiance... Abban aussi... Maestikare, Fabhrus et Eleonore sont à mes côtés, prêts à me soutenir. Je ne dois pas échouer. Je ne peux pas.
Pour l'heure, ma mission est claire. Je dois m'assurer que les sceptiques et les peureux qui voient un mal à l'abbaye changent d'avis. Que l'abbaye soit à nouveau un refuge et un lieu d'honnêteté et de salut. Que confiance et respect se restaurent.
Kuunia Arbitrio.
Tant de choses ont eu lieu... Mon premier sermon, mon premier enterrement, mon premier mariage. Cette élection pour laquelle j'ai renoncé à mon projet afin de consolider l'abbaye. Le départ de Kemelvor et d'Ilesa. Les arrogances de ce noble capitalin qui ne considère Espéria que comme son clos privé. Le ser Frae qui exige que je lui vende mon échoppe et me traite d'égoïste, d'immobiliste et d'ennemi de Rivelame quand je lui annonce que je ne suis pas vendeur... La destruction du Zgribouillard et le mépris des Raskans pour l'histoire et l'âme d'Espéria.
Je ne sais plus à quoi me vouer, à qui me confier. Chaque jour qui passe, je me sens encore plus seul. Je sens cette malédiction, rampante et sournoise, continuer de dévorer chaque once de ma chair et de mon esprit. Ce sentiment qu'Espéria ne cherche qu'à me mettre de côté, dans un recoin où je ne serai plus qu'un amuseur publique, déblatérant quelques inepties sur commande et le sourire figé. Et bien non... C'est trop aisé. Je n'ai pas souffert autant, vu tant de gens disparaître, étreint Hurri mourrant dans mes bras pour devenir un abbus gélatineux qui n'offre à ses ouailles que de petites paroles bien gentilles, sans prendre le moindre risque et justifiant toutes les erreurs.
Je suis un homme de principe et de morale. Ma ligne à Espéria est connue et je n'en dévie pas. Je ne suis pas de ces personnages qui changent d'avis comme de chemises, réforment sans vision et sautent en croyant s'envoler. Ils l'oublient tous sans doute mais j'ai vécu ici. J'ai vécu bien des choses et je sens les démons et les mauvaises passions qui habitent Espéria et où elles mènent. En me faisant abbus, c'est cette force que l'on m'a donné comme raison. Telle est ma tâche: être inébranlable.
Je n'ai cure d'être mal vu ou d'énerver, je n'ai cure des échecs, des humiliations, des souffrances. Plus personne ne peut m'atteindre. L'on ne tue pas un homme déjà mort. Je porte trop de stigmates pour encore les laisser me détruire. Ils peuvent me faire pleurer, hurler et saigner mais plus jamais l'on ne me brisera. Et j'en appelle Arbitrio à recueillir ce témoignage.
Guidrion Sker est debout! Et jamais il ne ploiera l'échine ou le genou sinon devant Lui!
Kuunia Arbitrio!
