RolePlay :
Myyrh avait eu peur, tremblé, pleuré, gémir, crié... Comme d'habitude.
Elle regardé Kemelvor dans les yeux. Elle le suppliait de ne pas tuer. De ne pas être tué.
Il ne l'avait pas écoutée.
Arn et Mikamus avaient beau être des Compères, des hommes qui avaient de nombreux crimes, séjours en prison derrière eux, et qui étaient responsables de plusieurs agressions, de celle de Myyrh, d'ailleurs...
Ils restaient des humains.
Myyrh n'aimait pas Mikamus. Ils s'échangeaient toujours des sourires hypocrites, il était parti sans lui payer tous les habits Compères qu'il lui avait fait faire...
Quelque part, il était quand même resté gentil avec elle, même si c'était pour sauver les apparences. Myyrh s'en était rendu compte, elle avait comprit comment les choses marchaient après l'agression de Will, elle savait que cette ville reposait sur des fondations pourries.
Mais elle gardait tout de même la naïveté qui l'avait toujours accompagnée et regrettait que le vieux fou à la bèche soit parti de ce monde.
Elle repensait à la première fois qu'elle les avait vus, tous les deux, en arrivant à Esperia.
Mikamus avait perdu l'enchère face à Marcus. Myyrh ne pouvait s'empêcher de se demander quelle aurait été sa vie en tant qu'esclave de Mikamus. Elle aura certainement suivi les deux vieillards sans se poser de question. Elle n'aurait peut-être pas connu Will, considérerait Kemelvor et Marcus comme des ennemis, n'aurait pas non plus connu Tenzo...
Elle repensait à présent à Arn.
Elle se souvenait de lui, de son visage familier de Nordique, de ses yeux clairs. Ils s'étaient dévisagés sans rien se dire, elle dans la cage d'esclaves, lui dans la foule, à côté de Mikamus.
Ils s'étaient frôlés dans la foule, et Myyrh l'avait finalement rencontré.
Le lien qui s'était tissé entre-eux étaient venue en parlant de leur Nord natal.
Arn lui avait offert un bouquet de roses rouges, qu'elle avait toujours précieusement gardé chez elle, même une fois le bouquet désséché. Elle était venue chez lui pour discuter, ils se baladaient parfois dans les parcs, ou alors, il regardait la vue depuis la terrasse de la boutique, au Quartier Ouest, pendant qu'elle travaillait.
Elle avait voulu lui offrir le tableau qu'elle avait peint, une nuit, très bleue, la lune éclairant des collines et un bord de mer. Arn avait sourit, ça lui rappelait le Nord. Myyrh avait décidé de lui en faire cadeau, cachant cela à Marcus, mais Arn le lui avait rendu et était parti sans rien dire, Myyrh n'avait pas compris.
Elle se rappelait aussi d'un jour, où ils parlaient du froid et de la neige, et qu'Arn l'avait emmenée avec lui loin de la ville, dans un endroit où il restait de la neige. La neige avait fondu, Arn était déçu, et Myyrh aussi, mais plus parce qu'elle voyait la déception d'Arn que parce que la neige était devenu eau.
Ils avaient passé la nuit dans une vieille maison en-dehors de la ville. Myyrh ne savait pas où ils étaient. Il y avait une espèce de tension bizarre entre eux. Myyrh regardait la lune dans le ciel depuis l'une des ouvertures du toit, Arn faisait pareil un peu plus loin.
Des monstres étaient montés dans la maison. Arn était allé les tuer, sous les cris de peur de Myyrh qui ne voulait pas voir son vieil ami être blessé. Il n'avait rien eu.
Au moment de dormir, Myyrh s'était couchée dans un vieux lit miteux et vu Arn ouvrir un peu sa chemise. Elle avait détourné le regard, mal à l'aise. Arn s'en était rendu compte, il s'était également couché sans rien dire.
Le lendemain, ils étaient rentrés, presque sans se parler. Arn était froid, Myyrh ne comprenait pas.
Puis était venu Will. Arn et lui était en mauvais termes, Myyrh ne savait pas trop pourquoi, mais cela l'attristait. Puis Will avait rejoint les Tarkhans, après avoir quitté Myyrh.
Elle allait mal, puis avait passé plusieurs jours au dispensaire, après avoir été frappée par un éclair. Arn était venu la voir, un soir, tard, et l'avait emmenée à la Taverne de Will, où elle l'avait vu. Will était revenu vers elle après ça, Myyrh estimait que c'était grâce à Arn.
Elle avait même raconté à Ilesa que ses plantes étaient déjà détruites quand Arn et elle étaient sorti de l'enceinte de l'abbaye. Peut-être était-ce la première fois qu'elle mentait pour courvrir ses amis.
Myyrh se réjouissait de pouvoir les rejoindre dans la famille Tarkhane, et de pouvoir être avec son ami et son amour.
Mais cela ne s'était pas passé comme ça. Les Tarkhans avaient enlevé le Gouverneur, ils avaient fini en prison, Myyrh était effondrée... Elle avait eu si peur de les voir partir... puis si peur de les voir revenir...
Les Tarkhans n'étaient pas aimé du reste de la ville. Elle avait tellement peur qu'ils soient tués...
Elle était allé les voir en prison. Elle avait pris la main de Will à travers les bareux, tandis que Mikamus et Arn dormaient dans un coin derrière.
Elle était revenue voir Arn quand elle avait apprit qu'il était de nouveau au fond des cachots, mais personne n'était venu lui ouvrir. Arn lui avait crié d'aller chez lui, au Tarkhier, et il l'a avait rejoint mystérieusement. Ils avaient partagé une bière et s'étaient quittés sur un sourire.
La suite restait floue. Arn et Mikamus étaient devenus les Compères. Myyrh ne connaissait pas Mikamus et elle avait l'impression qu'Arn devenait de plus en plus froid avec elle.
Puis étaient venus Sidd, le meutre du chien de Will, les habits roses, la colère de Mikamus. Et quelque jour plus tard, son agression, alors qu'elle rentrait tranquillement à son atelier...
Elle n'avait pas su ce qui s'était passé, et ne le découvrit que très longtemps après. Elle s'était trompé sur toute la ligne, mais il était trop tard.
Puis Will était mort. Myyrh ne voulait plus vivre.
Elle était finalement allée voir Arn pour savoir s'il accepterait de l'aider à se venger de la mort de son amour.
Arn lui avait dit d'agir autrement, de se servir des autres pour arriver à ses fins. Il voulait qu'elle grandisse, qu'elle soit plus forte, qu'elle surpasse les autres, mais Myyrh ne se sentait pas prête à faire cela. Elle sentait bien qu'Arn n'aimait pas la voir pleurer, mais cette fois, il l'avait prise dans ses bras pour la calmer. Ils s'étaient quittés tristement, mais il savait que Myyrh le considérait comme son ami.
Et ils ne s'étaient plus jamais reparlé.
Myyrh et lui avaient pris des chemins opposés, elle aidant Kemelvor à garder le pouvoir, lui essayant de retourner son système.
Myyrh savait que les Compères continuaient d'agresser, de voler... mais elle gardait tout de même une place pour Arn dans son coeur.
Même en sachant que son agresseur avait été payé par les Compères, elle restait persuadée qu'Arn n'y était pour rien. Ou du moins, elle préférait s'en persuader.
Et elle l'avait revu. Mikamus et lui, en-haut du Sans-Fond, qui criait à Kemelvor en-bas, dans l'arène. Myyrh voulait intervenir, mais elle ne savait pas quoi faire, elle se dit qu'elle risquait d'être blessée, autant mentalement que physiquement, et que ses amis lui en voudraient de s'être de nouveau impliquée dans quelque chose comme ça.
Elle était descendue et avait fait ce qu'elle faisait le mieux en-dehors de habits : pleurer.
Elle ne voulait pas les voir mourir, elle ne voulait que personne ne meure.
Et Kemelvor, contre qui elle était déjà fâchée, avait tué son ami, planté son fleuret dans la gorge d'Arn, sous les yeux de Myyrh. Elle avait hurlé, ça ne pouvait pas être possible.
Kemelvor, un de ses amis les plus proches, avait tué Arn, son plus vieil ami esperien.
Il l'avait fait malgré la demande de Myyrh, malgré l'âge d'Arn.
Et les gens hurlaient, ils voulaient du sang, ils voulaient de la violence.
Après cela, Myyrh ne se souciait plus de rien, pas même vraiment de la mort de Mikamus, ni de la grave blessure de Kemelvor.
Elle était descendue vers l'entrée de l'arène, sans trop savoir comment elle avait réussi à la trouver, et Thémis l'avait simplement laissée passer, sans rien dire.
Elle aurait voulu lui dire au revoir, lui parler avant qu'il ne meure.
Elle s'agenouilla dans son sang, regardant la peau blanche et froide du vieux nordique, la nettoyant de son sang avec un peu de neige. Elle avait regardé une dernière fois les yeux bleus de son ami, et les avait fermés.
Kemelvor était venu près d'elle, se joignant à ses chants nordiques, comme s'il voulait aider l'esprit d'Arn à s'en aller avec elle. Myyrh lui avait lancé un regard lourd de rancoeur et de reproches, Kemelvor en avait semblé être choqué. Elle ne s'était plus soucié de lui, et avait continué de chanter pour son défunt ami.
Il était à présent couché dans un lit au dispensaire, et Myyrh tenait dans sa main le médaillon qu'il avait porté autour de son cou. Elle voulait accompagner l'esprit de son ami dans la mort, lui donner ce qu'elle pouvait pour lui dire que malgré tout ce qu'ils avaient vécu, il resterait toujours son ami.
Elle se piqua le doigt en cousant, sortant de ses pensées, et regarda l'habit qu'elle cousait pour Arn, le dernier qu'il porterait. Elle continua son travail acharné en se servant de toute la haine et la rancoeur qu'elle avait envers tout le monde pour travailler plus vite.