[Récit] Le Sans-Fond de l'Aveugle

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Thémis
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mer. 16 janv. 2013 03:12

RolePlay :

[Livre][Page de qualité, couverture bleue nuit et épaisse, supporte plutôt bien les voyages. Format : 28x20cm]
[Écriture droite et appliquée]

Récit :

Le Sans-Fond de l'Aveugle
Par Thémis Lunargent
Toute chose a une fin, toute chose a un commencement.

Le Sans-fond, lui, débuta exactement comme il vécu : dans une horrible nuit d'orage incessant, qui alla même déchirer en deux le sol sous le petit quartier des esclaves, uniquement composé de quelques tentes construites à la va-vite. Une immense crevasse remplaça le minuscule campement, et le lendemain même, un homme surnommé l'Aveugle en prit possession. Certains pourraient penser qu'il s'agissait d'un faible : sans vue, on n'arrive à rien. Mais non, c'était tout le contraire. Il n'y a pas d'homme plus influent en Esperia que lui, quoiqu'il n'ait en toute logique aucun pouvoir. Officiellement il n'était qu'un mendiant de plus parcourant les rues d'Esperia, à la quête de quelques sous. Mais ce que les gens ne savent pas c'est qu'il est immensément riche, et qu'il aime les environnements pouilleux. Cet homme a une énorme force d'autorité, si grande qu'il arrivait à rallier n'importe quel esclave - et parfois même homme libre - sous sa botte rien qu'en lui donnant un ordre parfaitement illégitime.

Lors du premier jour de suprématie, il fit son discours aux esclaves, s'étant déjà approprié le soutien de la garde par on ne sait quel moyen. Ce discours était effrayant, il expliquait parfaitement à quel point les esclaves deviendraient des martyrs une fois le chantier de la crevasse terminé. Oui, car le premier projet de l'Aveugle était d'aménager cette faille s'enfonçant profondément dans le sol, et pour ça il se servit des esclaves comme personne ne l'avait fait auparavant. Il n'eut à dépenser presque aucun sous, si ce n'est absolument rien. Il fit du Sans-Fond le foyer de ses désormais subordonnés, qu'il exploitait avec talent.

Au début, il n'avait pour seule protection que la garde, mais plus précisément le garde Edwins et le garde Darion. Le Capitaine de l'époque : Zehyrr, ne portait que très peu d'importance à ce lieu et la présence de plusieurs gardes n'était pas jugée nécessaire. Un jour, les esclaves profitèrent de cette faiblesse : Edwins était seul au milieu de l'arène du Sans-Fond, nommée La Fosse, et les tribunes regorgeaient de non-libres. Il tentait de faire une pièce de théâtre ridicule pour montrer à tous qu'il fallait courber l'échine. Une révolte eut lieu, mais en fin de compte elle n'alla pas bien loin. Le meneur prit toute la responsabilité et fut condamné à servir l'Aveugle à jamais, prenant la place d'Edwins qui était trop blessé pour continuer. Ceci annonça la fin de la protection de la garde au Sans-Fond : Darion était dès lors considéré comme agissant indépendamment de tout ordre.

Les nouveaux arrivages d'esclaves continuaient d'affluer chaque semaine. Et avec chaque lot, plus de turbulents à corriger. L'Aveugle profitait sans retenue de sa protection assurée par la défaite de la révolte, son meneur - désormais surnommé le Sans-Visage, de par son heaume qu'il ne quittait jamais - faisait en effet la morale à chaque esclave à qui il parlait. Il leur montrait ce qu'il était devenu, et leur affirmait que s'ils faisaient la même chose il serait bien obligé de leur apprendre le comportement d'un esclave à coups de marteau. Ainsi "l'ordre" au Sans-Fond était assuré. Darion et le Sans-visage servaient l'Aveugle avec zèle, et bientôt un mastodonte de 2 mètres, venant du Grand Sud, noir de peau, les rejoint. Celui-ci était particulièrement brutal et portait encore mieux le nom de "Chien" que donnait le maître à ses gardes du corps. Il fut le plus dévoué, le plus agressif, et le plus résistant d'entre tous. Personne ne le surpassait au combat à mains nues, combattant de la manière la plus sauvage qui soit. A partir du moment où il n'avait pas les mains prises, il se battait en se servant de ses chaînes avec ingéniosité. Même un homme armé ne parvenait à le vaincre dans La Fosse. Il se nommait Garth, et ce nom devint bientôt un adjectif pour désigner les colosses imposants des histoires.

Une autre grande personnalité s'installa bientôt : il s'agissait du Cap'taine Willou, surnommé "Le Fourbe". Il était devenu complètement fou après une agression qu'il avait subit, et étant maître officiel du Sans-visage, il le vendit par inadvertance à un homme d'influence. Malgré son changement radical de personnalité, l'esclave resta très proche de ce dernier, se sentant coupable de n'avoir su protéger "le patron" comme il désirait qu'il l'appelle. Le Cap'taine était à peu de choses près le second de l'Aveugle, de part les cadeaux qu'il faisait au Sans-fond mais aussi sa cruauté envers les esclaves. Il était le deuxième unique homme à pouvoir donner des ordres en ce lieu non-régit par les lois.

Bientôt, le Sans-visage intégra la garde. Beaucoup d'événements eurent lieu en parallèle de ses services au Sans-fond, lui et Darion. En fin de compte, Edwins devint Capitaine et mena une révolution pour placer l'homme qui avait acheté le Sans-visage à la tête d'Esperia, proclamant un régime monarchiste. Après plusieurs rebondissements, un voyage de ce dernier dans l'Ancien Monde, et la fin de la révolution se soldant par un échec total, deux autres chiens rejoignirent les rangs. Il s'agissait d'Eraclys et d'Abban, surnommés "Casque de fer" et "Kidd". Ils étaient frères et venaient de l'armée maritime, ils se dévouèrent à la cause du Sans-fond avec une indépendance rare, amenant la prospérité du quartier sans avoir besoin d'attendre les ordres. Mais peu de temps après, Darion mourut en suivant Edwins dans leur projet qui était de poursuivre leur œuvre, alors qu'ils avaient été graciés. Au retour du Sans-visage à Esperia, celui-ci tua Edwins par fidélité envers la ville à qui il avait fait serment de protéger.
Le Darion était donc mort, le Sans-visage avait temporairement quitté le Sans-fond, et Garth disparut sans laisser de traces, considéré pour mort. Il ne restait qu'Eraclys et Abban, qui luttèrent pour la survie du quartier pendant que l'Aveugle restait cloîtré chez lui, terriblement malade à en cracher du sang toutes les cinq minutes. Willou, quand à lui, ne passait alors que très peu de temps dans le quartier des esclaves. Il cuvait de sa folie qui commençait à s'apaiser, restant seul dans une boutique illégale qu'il avait ouvert en ville.

C'était le déclin. Alors que la nouvelle économie indépendante - à monnaie distincte - venait de démarrer, que le forgeron-esclave Edval avait ouvert ses portes au Sans-fond, qu'un habitant du nom de Morzhin s'était mis sous les ordres des chiens, et que La Fosse organisait des événements d'arène régulièrement, Abban n'eut rapidement plus la volonté de continuer, devant se décider entre la garde et le Sans-fond. Eraclys étant désormais dernier des chiens, il abandonna par la suite assez vite, malgré le soutien que lui apportaient les "semi-chiens" tels qu'Edval et Morzhin.

Peu à peu, le quartier fut déserté, comme il n'y avait plus rien à y faire d'autre qu'y loger. La Cantina n'ouvrait plus à cause de la santé catastrophique de l'Aveugle, et le dernier chien ne parvenait pas à gérer le Sans-Fond à lui tout seul. Une fois celui-ci complètement vide, il se résigna et acheta une maison à une pièce à Rivelame avec l'argent du maître du quartier. Il trouva dans les égouts deux compagnons d'armes et acheta un esclave combattant. Avec eux, il intégra la garde, puis à leur renvois, fonda la famille des Antracides, avec les tragiques conséquences que nous connaissons tous. Eraclys finit mort avec ses frères, tué lors d'un ultime combat avec le Sans-visage qui était alors dans la garde. Abban mourut à son tour peu après, s'étant suicidé en mettant feu à un bâtiment de la famille adverse. C'est au moins un mois plus tard que Willou décéda à son tour, brûlé pour hérésie par un usurpateur se faisant passer par un émissaire du roi du Royaume Central : le Baron Mordred.

Vide, le Sans-Fond n’accueillait plus que quelques esclaves sans logis, et des pouilleux non-désireux de vivre dans les égouts. Le célèbre gong qu'avait installé Eraclys pour les événements de La Fosse tomba, la corde usée par le temps.

Ainsi fut l'Aveugle et ses chiens, ainsi fut le Cap'taine Willou, et ainsi fut le célèbre quartier des esclaves : le Sans-Fond ; et toutes les conséquences qu'il a eu sur la tragique histoire d'Esperia.

Qu'Arbitrio sauve les âmes de ceux qui osent pénétrer en ce lieu voué à l'éducation d'esclaves insolents.
Modifié en dernier par Thémis le sam. 30 mars 2013 00:49, modifié 14 fois.

Shahab
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ven. 29 mars 2013 12:58

Hors RolePlay :

tu te sens de porter cette perle sur le wiki Themis?

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Thémis
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sam. 30 mars 2013 00:47

Hors RolePlay :

Je vous finis le sénat et je m'y mets ;)

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Thémis
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mer. 10 avr. 2013 22:23

Hors RolePlay :

Done ! Le Sans-Fond de l'Aveugle

J'en profite pour prévenir que d'autres volumes vont être écrits afin de donner une image plus précise des faits qui sont survenus au Sans-Fond. Une bonne vision de l'intérieur pour symboliser la terreur que c'était, rien de mieux !
ça ne tardera pas à faire son apparition sur le forum, et un peu plus tard en jeu.

Tu peux supprimer une fois que tu as lu, Fab' ^^

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Thémis
Page Wiki
lun. 22 avr. 2013 00:09

Récit :

Le Sans-Fond de l'Aveugle
Volume 2 : Le Maître
Par Thémis Lunargent
- Non ! Non ! Faites pas ça ! Arrê...
- Ta gueule, esclave ! hurla l'homme en armure en lui prenant fermement la bouche pour lui ouvrir.
L'Aveugle introduisait l’œil d'araignée dans la bouche de l'esclave insolent, un large sourire amusé aux lèvres.
- C'est bon. Fait-le mâcher, chien. Dit-il en ricanant sans retenue, trouvant visiblement la situation très comique.
Le "Chien du Sans-Fond" obéit immédiatement, forçant l'infortuné à croquer, puis le jeta dans le sable. Libéré de l'étreinte, Héris essaya de se relever sans y parvenir. Courbé sur le sol de La Fosse, il commença à sentir les terribles douleurs qui lui détruisaient l'estomac. Il ne fallut pas longtemps pour qu'il se mette à vomir, souffrant terriblement. L'Aveugle cracha un mollard de sang devant lui, fut pris d'une bonne quinte de toux, puis contre toute attente, rit de bon cœur, comme s'il ne s'était rien passé.
- Frappe-le encore un coup, chien ! Je l'entends pas assez... Ajouta-t-il, s'interrompt lui-même par un ricanement.
Héris retomba dans le sable, à demi sur son vomis, renversé par le coup de botte dans les côtes.
- Pitié ! Arrêtez ça !
Le Maître sourit largement, et s'accroupit devant lui.
- Tu veux qu'on aie pitié ? Pitié de toi ? Mais bien sûr... Chien ! Libère-le de ses chaînes.
Il s'éloignait en ricanant, tournant le dos à l'esclave.
- Oui, l'Aveugle. Répondit le Sans-Visage, sans une once d'émotion dans la voix.
- C'est vrai ? Vous... Vous allez me laisser partir ?
Le "Chien" attrapa la gorge de l'esclave et le souleva d'une main, l'amenant à quelques centimètres au-dessus du sol.
- Mais bien sûr, lui répondit-il d'un ton parfaitement neutre.
Il toisa l'assistance remplie de non-libres apeurés, certains reculèrent légèrement en rencontrant les yeux inexpressifs du "Chien" derrière son heaume de garde. Le Sans-Visage redescendit brutalement son regard sombre à peine perceptible derrière sa visière, imprévisible. L'esclave versait des larmes, comprenant la supercherie, et le chien lui donna brutalement deux coups dans l'abdomen, puis l'envoya valdinguer d'un geste mécanique contre la poutre à côté de l'entrée de La Fosse. Il s'approcha calmement en décrochant son heaume de guerre de sa ceinture.
- Plus fort, Chien ! cria l'Aveugle qui demeurait à l'écart, interrompant ses mots par des ricanements incessants. J'entends rien du tout !
Il s'approchait, pas à pas, pendant qu'Héris roulait par terre, en vomissant à demi, parcourut de blessures infectées et puant le rat mort qu'on servait à la Cantina du Sans-Fond.
- Oui, l'Aveugle. Annonça une nouvelle fois le chien, d'une voix neutre et froide.

* * *


L'Aveugle hurla soudainement, annonçant le début du combat.
- Je veux entendre vos coups, pourritures de bons à rien ! Mettez-m'en plein les yeux !
Garth se contenta de grogner. Le Sans-Visage se permit d'ajouter d'un ton froid et pesant : "Le moins pitoyable d'entre vous aura une récompense."
Les esclaves se jetèrent dessus sauvagement, l'un commença presque aussitôt à tenter d'étrangler l'autre à l'aide de ses chaînes. Ashia regardait l'affrontement depuis une des estrades qui surplombaient La Fosse, partagée entre le sentiment de terreur et celui de douleur que lui causaient ses chaînes rudement accrochées à sa cheville. Elle sursauta au hurlement sauvage du Maître.
- BATTEZ-VOUS ! J'ENTENDS RIEN ! Hurla l'Aveugle, assez fortement pour couvrir les acclamations de l'assistance. FAITES-MOI VOIR DU SANG ! Ajouta-t-il enfin, avant de ricaner.
Garth s'approcha des combattants, des murmures retentirent parmi l'assistance. L'esclave qui étranglait son adversaire releva la tête en sentant le sol trembler. Il pâlit en trouvant le colosse noir de peau de deux mètres de haut, tout en muscles, qui était devant lui.
Garth grogna, et lui envoya une baffe qui le fit voltiger jusqu'à la paroi de La Fosse. La voix du Sans-Visage retentit :
- Frappez ! Que le Maître entende vos coups !
- Bien dit, chien ! Et celui qui s'oppose, amenez-le moi ! Que j'le vois de plus près... Ajouta l'Aveugle en ricanant, un oeil d'araignée dans les mains.
Ashia tremblait, fixant le sable teinté de rouge qui s'étendait peu à peu, provenant de l'esclave heurté par Garth... Il ne bougeait plus.

* * *


Ashia était au dispensaire, au chevet d'Héris qui avait été délaissé par les soignants. Elle craignait qu'il ne s'en sorte pas : il avait beaucoup souffert de son "combat" contre le Sans-Visage. Enfin... ça n'égalait pas encore le cas "Edval", ce forgeron qui eut la moitié du visage défiguré en guise de punition pour son opposition envers l'Aveugle. Et puis... S'il était tombé sur Garth, il serait déjà mort, comme l'infortuné du dernier combat.
Des hurlements retentirent en écho. Aucun doute... Ça recommençait.
Le gong du Sans-Fond émit un fracas assourdissant qui se propagea sans difficulté dans toute la ville. Ashia sa hâta de peur d'être châtiée.
Elle arriva en courant au bord de la crevasse où s'accumulait déjà la populace de la ville en quête de divertissement. Les gens de la Haute, comme le Maître les appelait, ne pénétraient jamais dans la zone de non-droit qu'était le Sans-Fond. Elle parvint jusqu'à l'entrée non sans mal, se faisant cracher dessus par un citoyen hilare.
Apparemment, c'était les deux "semi-chiens" qui participaient au premier combat. Ces deux-là étaient entièrement soumis à l'Aveugle et participaient même au développement du quartier, quoiqu'ils servaient surtout leurs propres intérêts par ce comportement.
Le premier, Morzhin, était notamment un mineur mais surtout un voleur raté complètement ruiné par la garde. Loin d'être un esclave, c'était simplement un infortuné qui décida de mettre ses talents au service de l'Aveugle pour subsister.
Le second, c'était Edval. Devenu pratiquement fou après ce que lui avait fait le Sans-Visage, il ne voyait son avenir que dans celui du quartier. L'Aveugle était bien content de l'avoir sous le bras. Grâce à lui et l'approvisionnement de Morzhin, les chiens avaient un nombre incalculable d'armes et d'équipements en tout genre. C'est aussi lui qui forgea le Heaume du Champion de La Fosse, un objet assez unique dans son genre.
L'Aveugle finit par interrompre les deux combattants après que le Sans-Visage lui ait chuchoté quelque chose. Ils devaient sûrement attendre que les esclaves arrivent.
- Chien ! Cria-t-il à Garth, s'interrompant par un ricanement. Amènes-en deux ! Allez ! J'veux voir quelque chose de plus sanglant !
Ashia frémit en rencontrant le regard du colosse noir de peau. Il s'approcha lentement d'elle. Elle le fixait en tremblant violemment, comprenant le destin qui l'attendait. La réaction fut vive : elle s'élança vers l'escalier qui menait au niveau supérieur, de crainte de se retrouver à son tour dans La Fosse. Terrifiée, elle courait de toutes ses forces sur le sable parcouru de cailloux qui lui blessaient ses pieds déjà meurtris.
Elle arriva finalement à la sortie, et heurta quelqu'un, retombant sur les fesses. L'homme se retourna, et lui sourit.
- Alors quoi ? Tu ne veux pas participer ?
- Elle est là ! Hurla le Sans-Visage en remontant les escaliers.
- Pitié... Laissez-moi passer !
- Avoir pitié pour un esclave ? Je crois que tu ne comprends pas bien ta situation, petite.
Un gantelet lui saisit l'épaule, et la tira avec facilité jusqu'au bord de la crevasse, bousculant l'homme qui s'était interposé.
- Hé !
- Tu veux finir dans le trou, toi aussi ? Répondit le Sans-Visage d'un ton froid, comme à son habitude.
Ashia se faisait traîner sans qu'elle ne puisse rien faire... Et elle savait ce que le "chien" avait en tête. Elle pleurait toutes les larmes de son corps, n'ayant plus la force d'appeler à l'aide. Tout d'un coup, il s'arrêta. Elle sentit le gant de métal la saisir par la nuque, puis la soulever. Elle ouvrit les yeux avec inquiétude, et cria en voyant que le Sans-Visage était désormais la seule chose qui l'empêchait de tomber dans la crevasse.
- Tu voulais aller dans La Fosse, non ? Ça tombe bien : regarde, j'ai trouvé un aller direct.
L'Aveugle regardait la scène d'en bas, riant de bon coeur.
L'étreinte se libéra. Elle tombait.
* * *
Une douce et attirante odeur nauséabonde de rat crevé s'élevait de la Cantina : l'Aveugle allait ouvrir.
Une file d'esclaves entra dans le "bâtiment" puant et commencèrent à discuter discrètement. Un cliquetis de botte en fer massif retentit, et aussitôt tout le monde se tut.
Le Darion toisait la pièce, heaume dans les mains, et reniflait l'odeur âcre de la cuisine horripilante de l'Aveugle.
- Aaaah ! Quel doux fumet. J'sais pas pourquoi, mais je sens que ça va être meilleur qu'hier ! Dit-il en se léchant les lèvres, et en amenant son regard vers l'attroupement d'esclaves. Il reprit en s'adressant à eux :
- Et alors ? Vous attendez quoi ?! Pourquoi vous me regardez comme ça ?!
Plusieurs non-libres quittèrent la Cantina à toutes jambes à ces mots, et quelques autres s'installèrent brusquement, terrifiés. Le Darion fixait les esclaves en faisant un rictus haineux, de plus en plus effrayant.
- ... Ça y est, j'ai compris... Bande de p'tits bouffons, vous trouvez ça drôle hein ?! Vous aimez voir mon visage c'est ça ?! TÊTE BRÛLÉE ! Ah ! Qui a osé dire "tête brûlée" ?! Toi, c'est toi ! Toi, toi, toi, toi ! TOI ! Hurlait le "chien" comme un fou, extrêmement complexé par la deuxième moitié de son visage qu'un noble avait brûlé, il y a longtemps.
- Darion, arrête ! On a rien dit ! Protesta Héris d'un ton suppliant en se mettant à genoux. Ton visage est parfait ! Je t'assure !
- LE DARION ! J'suis LE Darion !
Il dégaina et envoya un grand coup de lame dans l'épaule de l'esclave infortuné, puis porta l'épée jusqu'à sa langue.
- Un bon accompagnement pour le rat à la tomate de l'Aveugle, ça ! Hihihihihi...
- Chien ! Cria l'Aveugle qui sortait de la pénombre derrière le comptoir, ricanant légèrement. Ils sont déjà abîmés, ceux-là ! Les tue pas pour un rien.
- Mais, l'Aveugle...
Garth grogna en pénétrant à son tour dans la pièce, bientôt suivis du Sans-Visage. Les trois "chiens" s'installèrent à leur table habituelle, sans autre protestation de la part de la "tête brûlée" en armure de fer.
Héris se releva avec difficulté, et évita de rencontrer le regard d'un des trois combattants qui parlaient au Maître. Une quinte de toux retentit, et l'Aveugle cracha une grosse gerbe de sang sur le comptoir, puis ricana en reprenant la discussion comme si de rien n'était.
L'esclave les observait avec curiosité, se tenant sa blessure à l'épaule. Il n'avait aucune idée de la raison qui le poussait à croire ça... Mais il était certain que tout ça était loin de prendre fin...
Ce n'était que le début.