RolePlay :
Une fois rentrés à la maison, Ilesa respira. Ils étaient enfin au calme, à l'abri de cette ruche bourdonnante qu'était un peu trop devenu le dispensaire pour son goût. Elle fit asseoir son mari sur le banc, adossé aux escaliers. Puis elle se pencha sur son visage et réexamina ses yeux. Ils étaient très gonflés, ce n'était pas très joli à voir. La soignante se souvint alors du collyre qu'elle avait employé pour Valiya. Il y avait peut être une chance pour que cela fonctionne... Attrapant vivement son sac qui ne la quittait jamais, elle fouilla fébrilement et finit par trouver une fiole remplie d'un liquide violacé. Se penchant sur son visage, la jeune femme en versa quelques gouttes dans les yeux de son mari, puis remit le bandeau en place. Elle ne pouvait rien faire de plus pour son aspect physique. Quant au moral...
Ilesa sentait que Napalm était un peu perdu et désorienté par la situation. Tout doucement, écoutant les craintes et les inquiétudes qui s'exprimaient presque malgré lui, la jeune femme essaya de réconforter et de rassurer son mari tant bien que mal, choisissant ses mots avec soin pour ne pas heurter la susceptibilité de son mari qu'elle savait grande, tant celui ci détestait que l'on voie ses faiblesses. Elle parvint peu à peu à lui faire admettre son état, lui assurant que sa vue allait sans doute bientôt lui revenir. C'était un demi mensonge, et elle savait que Napalm n'était pas dupe, mais peu importait. L'essentiel, c'était de rétablir le contact par les mots.
Puis, sentant que son mari était épuisé par la fatigue et les émotions, Ilesa l'aida, en mettant dans chacun de ses gestes une immense tendresse pour qu'il ne se sente pas blessé, à retrouver le chemin de leur chambre, et à l'accompagner dans leur lit, puis s'allongea à ses côtés, se serrant près de lui pour qu'il sente sa présence. Puis, une fois qu'elle fut certaine que son mari était plongé dans un sommeil qu'elle espérait sans rêve, la jeune femme se décala un peu et s'effondra enfin, brisée par les émotions qu'elle avait essayées de contenir tant bien que mal devant son mari. Elle pleura, pleura longuement. Larmes d'inquiétude quant à la santé de son mari, larmes de désespoir et de rage face à un Arbitrio qu'elle ne comprenait plus. Arbitrio avait toujours été très bon pour eux jusqu'à ces derniers temps. Alors, pourquoi leur imposait-il de telles épreuves? Qu'avaient-ils fait pour mériter une telle colère? Pourquoi s'acharnait-ils donc sur eux? Ilesa ne comprenait plus rien, mais elle sentait au fond d'elle même que le pourquoi importait peu. La seule chose qui comptait, c'était que Arbitrio, pour une raison quelconque, avait décidé de s'amuser un peu avec eux. Jeu cruel, certes, mais il y avait peut être une raison cachée, qu'elle ne connaissait pas encore.
La jeune femme pleura longtemps. Elle ne voyait pas les minutes, les heures passées. Mais quand elle releva enfin la tête, dans un sursaut d'orgueil, sa décision était prise: Arbitrio voulait jouer avec nous? Arbitrio voulait déclencher sur nous les pires épreuves? Arbitrio voulait s'amuser à les torturer? Très bien, qu'il le fasse. Il verrait bien que l'amour qui nous unit est indéfectible, inébranlable et inaltérable. Personne ne pourra jamais nous briser cela, pas même Arbitrio. Oh, il pourra toujours essayer. Mais il n'y arrivera jamais. Jamais. Je te le jure, mon chéri.
Un peu plus apaisée par ce serment, Ilesa se tourna et embrassa doucement son mari sur le front, comme pour sceller sa promesse. Tu verras, mon chéri, on va y arriver, toi et moi, comme toujours. Je serai forte pour toi. Doucement mais sûrement, ça ne sert à rien d'aller trop vite, tu vas guérir, peu à peu. Je t'apprendrai à te diriger dans tes ténèbres. Et toi, tu m'aideras avec tout ton amour. Et ensemble, nous vaincrons toutes les épreuves qu'Arbitrio nous envoie.
Brisée par la fatigue et les émotions, Ilesa se réinstalla confortablement aux côtés de son mari et finit par s'endormir, alors que le soleil commençait sa timide apparition.