En route vers la Capitale !

RolePlay :

Après plusieurs jours de marche forcée, Sike était rendu dans une petite ville du nom de Brennes. Il errait sans but au hasard dans les rues de Brennes, en mal de diversion. Il marcha un moment avant de se décider pour une jolie taverne, le bon ragout d'après la vielle enseigne pelée. L'espérien se glissa à l'intérieur et referma la porte sur la brise.
Les affaires semblaient marcher. Les clients conversaient à voix haute, certains criaient pour réclamer de la bière, un groupe particulièrement bruyant buvaient à la santé des beautés locales et un autre jouait aux cartes. Il y avait ceux qui se réunissaient autour d'une table en discussions animées et ceux qui préféraient boire seuls. Il y avait surtout des marins et des voyageurs de passage. Il s'assit à une table et commanda une bière, une femme vint lui en apporter une en souriant. Il vit plus d'un client apprécier du regard sa silhouette généreusement proportionnée. Sike se mit à l'aise et gouta sa bière. Il la trouva excellente : fraiche et mousseuse, avec un gout de noisette.

" Le patron la brasse lui même." Sike leva la tête et découvrit un vieillard en face de lui. " Puis-je m'asseoir un moment ?"
- " Je vous en prie monsieur, c'est un honneur."
Le veillard fut visiblement touché par la courtoisie du garde. " Vous avez de bonnes manières, jeune homme, mais un drôle d'accent, je ne crois pas le connaitre..."
- " Je viens d'Espéria." Sike ne désirait pas en dire plus sur ce sujet et le vieillard qui le sentit, n'insista pas.
- " On m'appelle Jem,déclara-t-il en souriant gentiment. Et vous, me direz vous votre nom ?"
- " Je me nomme Sike."
" Je vous souhaite le bonjour Sike." L'homme finit sa chope et la reposa bruyamment sur la table. L'espérien se proposa de lui en payer une autre, ce que l'autre accepta de bon cœur. Quelques minutes plus tard, tous deux buvaient ensemble comme de vieux amis.
- " Que fais tu dans la vie Jem ?"
- " Demande moi plutôt ce que je faisais... Le vieillard soupira en fixant sa bière. J'étais navigateur, j'ai passé la plus grande partie de ma vie en haute mer. J'y serai encore, sans ma patte folle... la terre ferme est trop ferme à mon goût."
- " Tu as du visiter de nombreux endroits ?" Demanda Sike avec nonchalance.
- " Aye, ça oui !"
- " Dis moi Jem, tu connais la Capitale ?"
Le vieillard toussota. Quand il reprit le timbre de sa voix avait changé. " Pourquoi cette question ?"
- " Tu sais donc où c'est ?"
- " Quel drôle de navigateur je ferais sinon !" Répliqua sèchement le vieillard avant de répondre plus doucement. " La Capitale se situe à deux-trois jours de voile au Nord-Est."
- " Tu pourrais me procurer un bateau ?"
Jem sirota sa bière. Ses yeux parcoururent la salle, et quand il parla de nouveau, sa voix se réduisit à un murmure. " Bien sur... je vais t'indiquer où habite le meilleur capitaine que je connais..."
Le garde blond s’efforça de dissimuler son enthousiasme derrière une gorgée de bière.

***

Sike s'engagea dans la ruelle ombragée. Bien qu'il fasse grand jour, on n'y voyait pas le soleil entre les grandes bâtisses dont les avant-toits en surplomb empêchaient la lumière d'atteindre le sol. Il se rendait chez une personne en qui Jem avait totalement confiance, une personne qui l'embarquerait sur son bateau pour trois fois rien.
La puanteur et la crasse ne suffisaient pas à expliquer que les gens se tiennent à l'écart de ce quartier; il flottait dans l'air comme un parfum de corruption. Les passants devenaient de moins en moins nombreux, et les rats détalaient d'entre les ordures sans attendre les heures sombres de la nuit. En chemin, tout en prenant garde aux endroits où il mettait pied, Sike se mit à la garde Espérienne, on avait peut être besoin de lui à Espéria ? Il dénuda son bras droit où était inscrit à l'épée Force et Honneur en se remettant à penser à ses entrainements de garde à Huratelon et à sa formation de milicien par Falcown à Espéria.

Un frôlement de pas derrière lui le ramena à la réalité. On le suivait. Il vérifia subrepticement son épée. Ses doigts se refermèrent sur le pommeau de l'épée, un contact rassurant. Le garde continua calmement, attentif à ne pas se trahir en pressant l'allure. Il devait tendre l'oreille au maximum pour entendre les pas de son suiveur; ce dernier portait sans doute des semelles de feutre. Sike fut contraint de ralentir le pas, doutant d'avoir suivi correctement les indications de Jem. Il pensait avoir prit la bonne ruelle, mais le vieillard lui avait parlé d'une bifurcation vers la droite. Or, il ne la voyait pas, la ruelle continuait tout droit.
Les poils se dressèrent sur sa nuque. Il y eut un souffle dans l'air, l'éclair d'une lame, et son assaillant fut sur lui.
Il fit volte-face en dégainant son épée d'un geste fluide. L'autre avait un sabre courbe. Sike avait déjà vu de telles armes; il savait que bien maniées, elles pouvaient s'avérer mortelles. L'homme frappa de taille, obligeant l'espérien blond à reculer en parant, puis une attaque hargneuse se dirigea sur le garde. Sike recula d'un bond. Voyant son adversaire préparer un nouvel assaut, il saisit l'occasion de le frapper au bras. Du sang jaillit, le voleur fut distrait un fatal instant par le spectacle de son propre sang, l'homme releva la tête et vit l'épée fichée dans sa poitrine.

C'était une botte radicale, Sike n'appréciait guère prolonger inutilement le combat par des attaques cruelles ne visant qu'a faire souffrir l'autre. L'homme s'écroula au sol, perdant son sang à gros bouillons. Sa lame courbe tinta sur le pavé. Le garde trembla, sa victoire ne lui procurait aucune joie, il avait fait ce que la situation imposait, rien de plus.
Il examina l'épée incurvée. La lame était émoussée : en aucun cas l'arme d'un homme ayant des intentions de meurtre. Son agresseur était sans doute un coupe-jarret. Ramassant l'épée, Sike constata avec surprise qu'elle pesait son poids. Elle serait plus belle une fois affûtée et polie. Peut-être pourrait-il la revendre et gagner ainsi l'argent de son passage ? Il glissa l'arme dans sa ceinture, la dissimulant aux regards sous ses vêtements.

Il lui restait encore à trouver la bonne ruelle. Il décida de continuer tout droit, marcha pendant un moment puis s'aperçut que la ruelle s'achevait en un cul-de-sac. Il allait faire demi-tour, résigné à zigzaguer une fois de plus entre les ordures. Mais au moment de pivoter, il reçut un coup violent sur la tête. Il tenta de sortir son épée mais un second coup l'étendit pour de bon....

A suivre...

Hors RolePlay :

La suite demain en espérant que cela vous plaise.
PS : non je ne fais pas de la concurrence à Thémis :p

RolePlay :

Sike battit des paupières et se redressa vivement sur ses coudes.Il avait les mains ligotées. Cherchant à s'orienter, il aperçut Jem et un autre homme assis à quelques pas. Derrière eux se tenait une femme blonde aux yeux bleus, elle avait une épée et s'en servirait si Sike faisait un geste trop brusque.
- " Tu aurais du frapper moins fort... Notre invité est sonné..."
- " Désolé mais cet homme est robuste, un coup n'aurait pas suffit." Répliqua la femme.
Jem regarda un instant le prisonnier avant de reprendre la parole. " Alors c'est lui ?"
Une voix d'homme se fit entendre derrière Sike. " C'est bien lui."
L'espérien connaissait cette voix... Et dès que l'homme se mit dans son champ de vision, il reconnu son ami David. "David ! Canaille ! Enlève moi ces cordes !"
L'homme sortit son épée et trancha les liens qui retenaient son ancien capitaine.
Le prisonnier blond se leva, ses yeux parcourant la salle, il n'y avait que quatre personnes avec lui dont Jem et David. L'inconnu se leva et s'inclina. " Je suis enchanté de faire votre connaissance Capitaine Vestrit." Capitaine Vestrit ? Sike fut étonné, il n'était plus capitaine depuis quelques temps...
- " Je me nomme Jabe, je suis le Capitaine de l'intrépide, le bateau qui vous conduira à la Capitale."
- " Je suis honoré de faire votre connaissance Jabe. Qui est cette femme ?" Sike pointa du doigt la femme.
" C'est Wanda." Lâcha simplement David. " Ne la mets surtout pas en colère... elle est redoutable."
Le garde se mit à l'aise, rassuré. Cependant son ami voulait lui poser plusieurs questions.
- " Qu'est-ce que tu fous là ?"
- " Je dois me rendre à la Capitale... J'irai ensuite à Huratelon."
- " Huratelon... tu veux te venger c'est ça ?" Devina sans hésitation l'huras.
- " Oui, je compte le faire souffrir... ce maudit Prandine."
David sourit doucement. " Tu n'auras pas besoin d'aller à Huratelon dans ce cas... Prandine est à la Capitale."
Jem rendit ses affaires à Sike et ajouta : " Ton bateau sera prêt ce soir..."
L'espérien était content, il n'aurait plus besoin de marcher quinze jours de plus... Il préviendrait Léana de ça mais il fut ramené à la réalité par son compagnon huras. " Je viens avec toi, tout comme Wanda, nous avons des contacts là-bas..." Sike étreignit son ami pour le remercier. " En attendant je te conseille de t'entrainer avec Wanda, car Prandine sera sans doute bien surveillé. Pendant ce temps, moi, Jem et Jabe, nous irons nous occuper du bateau."

***

Wanda manipulait l'épée en de gracieux mouvements circulaires devant elle. Sike se concentra sur son adversaire. Les bras de la femme n'étaient pas aussi puissants que les siens, il devait juste la désarmer rapidement.
Il passa à l'attaque en premier. Sa lame, qui touchait habituellement sa cible du premier coup, ne fit qu'effleurer celle de Wanda qui s'esquiva souplement en lui faisant exécuter une rotation semblable aux cercles des ailes d'un moulin à vent. Le garde s'apprêta à riposter, mais la femme blonde pivotait déjà avec la rapidité de l'éclair, prête à parer les prochains coups de son formidable adversaire. " Elle a du cran " pensa Sike en révisant sa stratégie.
Il l'attaqua de nouveau en utilisant plusieurs coups frappés dans toutes les directions, mais la guerrière para tous les coups avec une grâce féline et un calme impressionnant. L'espérien recula de plusieurs pas en surveillant son adversaire. Wanda alliait l'agilité d'Eudoxie à la fluidité de Mors, deux de ses compagnons qu'il trouvait particulièrement redoutables. Il devrait donc la désarmer autrement.
La guerrière le laissa d'abord dépenser ses forces, puisqu'il était physiquement trop robuste pour elle, puis quand elle le sentit fatigué, elle changea l'allure du combat en partant à l'attaque. Elle frappa successivement et rapidement à la tête et au torse. Elle força le garde à dépenser une énorme quantité d’énergie pour se protéger.
Sike résista à la furie de la femme, mais lorsque sa botte s'enfonça brutalement dans son ventre, il perdit le souffle. Wanda multiplia les coups d'épée et de pieds, empêchant l'espérien d'utiliser sa lame contre elle. Puis, dans un mouvement exécuté à une rapidité foudroyante, elle pivota en levant une jambe et heurta l'épaule du garde qui tomba à la renverse. Stupéfait par la célérité de la femme, Sike tenta le tout pour le tout. Il fit une roulade sur le coté et donna un coup bien placé dans le creux du genou droit, la femme tomba, étonnée par ce renversement de situation. Le garde voulant finir le combat au plus vite donna un coup d'épée sur la main de la guerrière, lui faisant lâcher son arme.
Sa main chercha sa dague mais Sike assena un puissant coup de botte sous le menton de la femme. Le choc déséquilibra Wanda qui s'écrasa durement sur le dos. Sa tête se mit à tourner, mais rassemblant toutes ses forces, elle se releva sur les coudes. La lame de l'épée du garde s'arrêta à un centimètre de sa gorge. " Tu es le plus fort..." Déclara Wanda, en admiration.

David qui n'avait rien raté du spectacle applaudit les deux combattants. Sike aida la guerrière à se relever. " Le capitaine d'Huratelon n'a rien perdu à ce que je vois... Le bateau est prêt à partir."

La suite bientôt !

Hors RolePlay :

Si vous aimez mes récits, n'hésitez pas à m'envoyer des MP.
Merci à tous de lire mes exploits :D

RolePlay :

Il n’existe pas de nuit plus étoilée qu’en naviguant sur les océans.
A la table du capitaine Jabe, sur le magnifique Intrépide, les chopes de bière s’enchaînaient comme toujours, temporisées par le bruit des vagues se fracassant contre sa coque de grand navire de transport.
Après maintes discussions favorisées par les fumées odorantes, les langues se délient.
Au bout d'un moment, Sike monta sur le pont, songeur. il regarda les étoiles un instant, puis s'assit contre le mât. Sur le pont régnait un silence pesant... Il n'y avait que le lieutenant à la barre et un matelot qui lavait le parquet du pont. Le garde sentit une main sur son épaule et remarqua le doux visage de Wanda. " Quelque chose ne va pas ?" Sike était sidéré, depuis qu'il avait vaincu la guerrière, elle le considérait comme son frère. La femme blonde remarqua qu'il avait mal à sa jambe droite. " Laisse moi voir ça." Elle remonta le pantalon et vit une plaie qui cicatrisait. " Comment tu t'es fais ça ?" L'espérien sourit doucement. " Cela remonte à une semaine maintenant... je faisais reculer des civils, pour éviter qu'ils ne se prennent des débris de tour... mais finalement c'est moi qui m'en suis pris un." Wanda grimaça. " Tu es un homme courageux, Sike. Et tout le monde sur ce navire connait ton courage et ton charisme. David nous a raconté beaucoup de chose à ton sujet..." Elle appliqua un onguent sur la jambe, qui aurait pour but de soulager le garde de ses douleurs. " Où as tu appris à faire ça ?" La guerrière leva la tête et sourit à ce dernier. " Ma mère m'a appris la guérison mais j'ai appris toute seule à me battre." Sike constata que Wanda était un mélange d'Eudoxie et de Léana.

- " D'où viens tu ?"
- " Je suis Nordique."

Voilà donc pourquoi cette femme savait se battre et paraissait froide à première vue. La nordique avait fini d'appliquer l'onguent et se releva en ébouriffant les cheveux de Sike. Enfin apaisé, il prit une grande bouchée d'air, qui le revigora un bon coup. Il sortit son épée de son fourreau et se mit à l'affuter. Bientôt, la tête de Prandine roulerait par terre... Wanda le laissa seul dans ses pensées. Elle descendit à la cale pour boire avec les autres.

Le garde se rappelait des premières paroles de son instructeur lorsqu'il passait les entrainements pour devenir Garde du Palais : " L'escrime n'est pas que le maniement d'une épée ou d'un sabre. C'est aussi l'art de répartir son poids sur ses pieds afin d'encaisser les coups de l'adversaire sur sa lame sans fléchir. Il faut être solide comme du roc avant de devenir un bon escrimeur. Vous êtes jeunes, mais avec le temps je n'ai nul doute que vous deviendrez de redoutables guerriers... Vos ancêtres étaient tous de fiers soldats."
Jusque là, Sike avait été le meilleur escrimeur de sa section et même l'instructeur Dungal dut reconnaitre les talents du jeune homme. Depuis, l'ancien huras utilisait toujours les méthodes apprises en entrainement même si il s'était perfectionné dans l'art d'attaquer subtilement avec ses réflexes rapides.
Il se mit à bailler et se dit qu'il ferait mieux de dormir. Il naviguerait deux jours encore sur ce navire avant d'arriver à la Capitale.

RolePlay :

David fit une attaque circulaire avec son épée. Sike évita de peu l'épée en se baissant. Il sentit la lame de bois passer à quelques centimètres de sa tête. L'esperien restait calme, il poussa son compagnon d'un coup de paume. " Concentre toi ! Ne relâche pas ta garde !" David lâcha un juron qui fit rire Wanda, qui observait ses compagnons. L'huras recula, en restant concentré sur le garde blond. Ce dernier avançait, ayant un jeu de jambes prononcé qui distrayait son camarade. David tenta un coup d'estoc, que l'autre évita habilement. Sike rispota avec son épée, qui toucha le torse de son ami.

Le combat avait commencé depuis déjà une demi-heure...David haletait, visiblement fatigué, il ne se laissa pourtant pas décourager... Dans un ultime effort, il réussi à déséquilibrer Sike qui roula sur des tonneaux. Satisfait, il passa à l'attaque, l'épée en bois heurta celle de l'esperien. Ce dernier frappa de taille, obligeant l'huras à reculer en parant maladroitement. Puis il sauta par dessus celui-ci en le frappant au passage à l'épaule. David grimaça, décidément Sike n'avait rien perdu de ses entrainements... Il se retourna à temps pour parer une attaque subtile de son ancien supérieur. L'homme assena un puissant coup de botte au garde de blond qui se cogna contre le mat. David sourit, il avait gagné !

" Bien joué !" le félicita Sike. Wanda, assise sur un tabouret, s'empressa de les rejoindre. " Beau combat ! Seulement Sike t'a laissé gagné !"
L'espérien ne put s’empêcher de sourire, confirmant la version de la femme.
" Tu m'as quand même donné du fil à retordre... Cependant tu as oublié ce que nous a enseigné Dungal... N'abaisse jamais ta garde. En quelques mouvements rapides j'aurais pu te désarmer."
David sourit, Sike, en plus d'être son ami était aussi un très bon instructeur. La guerrière leur donna à chacun une serviette pour qu'ils s'épongent. Puis, tous les trois d'un air joyeux, descendirent prendre le repas du soir.
Un des marins, les regarda partir avec son seul œil valide. Dès qu'ils auraient mis pied à terre, il informerait son maître que l'ancien Capitaine Huras qui avait mené la rebellion était encore en vie... Bien décidé à se venger.

RolePlay :

" Terre en vue !" Tous se précipitèrent sur le pont et observèrent la grande ville avec admiration... " Tous à vos postes ! Allez marins d'eaux douces !" Hurla le Capitaine Jabe.
Tous les marins se ruèrent à leur poste, seul le borgne ne bougea pas...

***

La Capitale se préparait lentement pour l'hiver. Dans la ville, les habitants coupaient du bois, calfeutraient les fenêtres des maisons et vérifiaient l'état de leur cheminée en prévision du temps froid. Des ramoneurs, noir de suie et essoufflés, couraient d'un côté à l'autre des rues, plus passantes à cette époque de l'année. Sur la place du marché, les femmes se disputaient les derniers bouts de laine. De nouvelles tours de d'observation, plus hautes et plus solides, s'élevaient des murailles en prévision d'attaques de Nordiques...

Les hommes de l'intrépide déchargeaient les caisses de rhum et de laine, sous les regards attentifs du lieutenant et du contre-maître. " Voilà... Nous y sommes." Jabe se frottait les mains, pour se réchauffer. " Je vous attendrai ici jusqu'à la semaine prochaine... En attendant nous profiterons des tavernes et des donzelles qui nous attendent..." Les trois compagnons remercièrent le Capitaine avant de quitter le navire par la passerelle. Sur les quais, on pouvait voir des marins, des prostituées et quelques gardes qui inspectaient les cargaisons. Sike et ses amis se dirigèrent en direction des grandes portes de la ville. Un poste de Garde, comprenant une vingtaine de soldats, apparurent à leurs yeux. Il y avait une file de voyageurs et de marchands qui patientaient. Les gardes exerçaient un contrôle serré sur le va-et-vient dans la Capitale. " Surtout... Je vous rappelle, nous sommes des marchands Carrogians. Compris ?" Sike et Wanda firent signe de la tête qu'ils avaient compris. Depuis que la Capitale était en conflit avec les Nordiques... Ces derniers n'étaient pas les bienvenus.
Ce fût bientôt au tour des trois guerriers de passer les portes. Un soldat chétif et petit, s'avança vers eux et leur demanda :

- " Vos noms, votre nationalité et le but de votre visite dans notre belle ville ?"
- " Nous sommes des marchands Carrogians, nous venons vendre nos marchandises en ville..." Expliqua David. Le garde remarqua les épées et reprit :
- " Et ces armes ?"
- " Quelles armes ?" David sourit et déposa furtivement quelques pièces dans la main du soldat. Ce dernier mit les pièces dans sa bourse avant de dire :
- " Tout est en ordre. Bienvenue à la Capitale !"

Les trois compagnons rentrèrent. La corruption était chose courante à la Capitale... Les gardes ne sont pas digne de confiance... Heureusement, l'huras savait où il devait aller. Au bout d'un moment, il s'arrêta devant une porte, on pouvait lire sur la vielle enseigne le dauphin argenté.Aussitôt, la porte s'entrouvrit, les laissant pénétrer dans les ténèbres.
Ils suivirent alors un étroit couloir voûté, chichement éclairé par quelques lampes à huile. Puis ils perçurent un brouhaha qui enflait au fur et à mesure de leur progression : des éclats de voix, des accents étrangers, des verres qui s'entrechoquaient ainsi que des chants.
Soudain, ils débouchèrent dans une immense salle dont les plafonds se perdaient dans la pénombre. Parmi les volutes de fumée qui envahissaient l'espace, des dizaines de clients étaient attablés devant des guéridons d'ébène, ou bien dans des alcôves disposées à la périphérie.
Personne ne sembla remarquer leur arrivée, mais Sike sentit plusieurs regards rivés sur lui.
- " Est-tu sûr de ce que tu fais David ?"
- " Rassure-toi, dans un instant, nous serons assis devant un festin. Puis nous irons nous reposer dans l'un des meilleurs lits du quartier."
David abandonna ses compagnons un instant pour s'entretenir avec l'aubergiste, puis revint à leurs côtés en abordant un large sourire :
- " Nous avons de la chance, Dungal est là !"
- " Dungal ?"
- " Oui notre instructeur !"
Il se dirigea vers une grande porte où les attendaient une surprise.

***

Tout le monde se réjouissait de voir Wanda et David de retour, ils accueillirent même le nouvel arrivant chaleureusement. En tout, une trentaine de personnes festoyaient, le vin coula à flot et la nourriture était abondante. L'espérien souriait aux blagues des personnes présentes, mais ni la joyeuse atmosphère, ni le vin ne parvinrent à lui faire oublier ce pour quoi il était là. En vidant son gobelet pour la deuxième fois, il se mit à échafauder des plans pour se venger de Prandine.
- Vous ne vous détendez donc jamais, remarqua Dungal en s'asseyant près de son ancien élève.
- C'est le lot d'un meneur d'hommes, j'imagine, répliqua Sike en posant son verre sur la table. Je suis incapable d'oublier ce qui m’accable, maître Dungal. Il en a toujours été ainsi.
Les yeux gris de l'instructeur le fixèrent intensément.
- Prandine se trouve tout près d'ici, il réside dans un espèce de château où il passe ses journées quand il n'est pas avec le Roi de la Capitale.
- Je le réduirais au silence de mes mains.
Le garde blond s'empara du pichet de grès et se versa une troisième coupe de vin.
- Tous ici se battrons pour vous Sike... Ils connaissent tous votre passé et certains de ces hommes sont d'anciens huras. Ils admirent votre courage et donneront leur vie pour vous.
Sike remercia son ancien maître et sortit de la salle. Il devait écrire à Mata.

RolePlay :

Sous les voûtes arc-boutées de la salle privée, les lampes à huile dégageaient une fumée acre et nauséabonde qui ne dérangeait cependant pas les membres réunis autour d'une grande table en chêne. Chacun des hommes et des femmes présents dans la pièce - de tout âge et de nationalité - écoutaient avec attention le discours du sergent-instructeur Dungal.
" Des mercenaires ! Ils arrivent !"
Aussitôt, tous se tournèrent vers celui qui avait émis ces mots d'une voix angoissée. Ce dernier était l'aubergiste, il contemplait l'assemblée d'un regard révulsé.
Et, comme pour confirmer, des bruits de bottes résonnèrent dans la grande salle : des hommes, nombreux et armés, venaient à leur rencontre. Sike se leva et tira son épée :
" Et bien, mes amis, voilà qui devrait satisfaire les instincts les plus belliqueux d'entre vous !"

Les deux groupes se heurtèrent, et l'air s'emplit du bruit des lames qui s'entrechoquaient. Les adversaires parurent d'abord de force équivalente, ils frappaient sans merci, avides de sang. Les épées étaient maniées sans finesse et ce combat ne ressemblait nullement aux élégantes passes d'armes que l'on pouvait observer lors des entrainements. Sike plongea sa lame dans la poitrine de son adversaire, puis il retira son épée et, d'un coup de pied, envoya rouler le mercenaire sur le sol. Il vit un colosse se frayer un passage jusqu'à lui, une hache de guerre à la main. Lorsqu'il fut assez près de lui, il chargea tel un taureau enragé, bousculant alliés et ennemis au passage. Sike évita de peu la hache en roulant sur le côté. Il se concentra ensuite sur son adversaire, très grand et très musclé, il maniait la hache comme un bourrin et n'était pas très intelligent. Le mercenaire attaqua en premier, sa hache effleura l'épée du garde qui s'esquiva. Le géant hésita, personne ne lui résistait...

Une seconde de trop : Sike lui enfonça une épée dans la jambe.

Il hurla et, dans un feulement de rage, projeta à plusieurs mètres son adversaire qui tomba à la renverse près de la table. Il fit tournoyer sa hache dans les airs, bien décidé à réduire en miette celui qui l'avait blessé. La hache s'abattit à quelques centimètres de la tête de l'espérien. La table éclata, un morceau de bois s'enfonça dans la peau de Sike, près de l’œil gauche. Sa tête se mit à tourner, et à moitié aveugle, il ne fit appel qu'à son instinct combatif.
Rassemblant toutes ses forces, il sauta par dessus le géant et lui enfonça son épée dans l'épaule. Le mercenaire fit quelques pas, puis s'écroula. Sike sentit de l'hémoglobine parcourir son visage, mais il ne s'en préoccupa pas, bien décidé à combattre, il retira son épée de l'épaule du cadavre et se jetta dans la mêlée.

***

En entrant dans une petite pièce, David trouva Sike assis à une table entièrement recouverte de plans de la Capitale. La partie gauche de son visage était recouvert d'un tissu rouge, qui protégeait l’œil gauche. Wanda avait affirmé qu'il avait eu de la chance, qu'il ne perdrait pas son œil mais il devrait le laisser se reposer pendant une semaine et demi. Celui-ci leva son seul œil encore valide et invita son ami à le rejoindre.
Son visage, malgré l'hémoglobine séchée qui le parcourait, était illuminé d'un sourire radieux.

" J'ai un plan..."

RolePlay :

Les ordres avaient été distribués entre les différents groupes... Sike se revêtit d'une armure de cuir. Il attacha sa ceinture et mit son épée au fourreau. Il était prêt, Wanda et David l'attendait, habillés en mercenaire.

***

Les trois compagnons marchèrent pendant une quinzaine de minutes avant d'arriver de le Manoir de Prandine. Ils s’arrêtèrent devant les grandes portes où David s'annonça. Une tête coiffée d'un heaume se profila dans les créneaux, au sommet du rempart. L'homme les examina un moment avant de prendre la parole :

- " Passez votre chemin, étrangers ! Nous avons ordre de ne laisser entrer personne !"
- " Nous avons un prisonnier à remettre à votre seigneur, insista David en en pointant Sike avec son épée, nous ne repartirons que lorsque nous le lui aurons livré."

A l'intérieur de l'enceinte fortifiée, les soldats avaient désignés l'un d'entre pour porter un message au Conseiller.
Au bout de plusieurs minutes, le soldat arriva et posa un genou en terre.

- " Il y a deux étrangers à nos portes Sire."
- " Mes ordres sont pourtant clairs à ce sujet, soldat." Répliqua Prandine avec agacement.
- " Ils disent être vos mercenaires et ils ont un prisonnier."

Le Conseiller se redressa dans son fauteuil. Il sourit un instant.

- " Et bien faites les entrer !"

Les grandes portes de métal pivotaient lentement sur leurs gonds. David plissa le front de concentration. Une dizaine de gardes vêtus d'armures aux armoiries d'Huratelon s'avancèrent, la main sur la garde de leurs épées.

- " Sa majesté le Conseiller Prandine a été informé de votre présence et souhaite s'entretenir avec vous." Fit l'un d'eux sans courtoisie.

Pendant que David s'inclinait pour indiquer leur soumission, Wanda fit avancer Sike, l'épée à la main. Dans la cour, quatre soldats jouaient aux dès, ils ne portaient que des tuniques, pas d'armure ou de cuirasse, mais leurs épées pendaient à leur hanche. D'autres hommes vinrent se présenter et prirent le relai. Sike et ses deux amis marchèrent en direction du hall, accompagnés par les gardes.

***

Les soldats s'arrêtèrent devant une porte, l'ouvrirent et se rangèrent de chaque côté pour laisser passer les étranger. Les trois compagnons entrèrent dans une pièce circulaire, au centre de laquelle se dressait un trône, occupé par Prandine. A ses côtés, un colosse en armure croisait les bras en regardant les visiteurs. David referma la porte tandis que Wanda lançait une épée à Sike. " Qu'est-ce que ? Sike Vestrit ! Gardes ! Tuez les !" Le colosse sortit une longue épée et se mit devant son chef. Quelques soldats sortirent par des portes dérobées et vinrent se joindre au chevalier. De l'autre côté de la porte, les gardes s'activaient pour la défoncer à coups de bélier. L'ancien capitaine huras souriait, il allait enfin pouvoir tuer celui qu'il haïssait tant... Il leva son épée vers le ciel, donnant le signal. Les vitres explosèrent, laissant entrer Dungal et ses hommes. Aussitôt un combat s'ensuivit. En quelques secondes, la salle s'emplit de clameurs et de râles. Tout n'était plus que bruit et confusion, et l'atmosphère fut saturée par les relents de sueur et d'hémoglobine.
Dungal perforait les lignes ennemis, armé de son épée et de sa hache. Sike vit le géant en armure se diriger vers lui et ce qu'il vit le choqua. Le combat entre le chevalier et le sergent-instructeur ne dura pas longtemps : le colosse avait l'avantage et Dungal, essouflé, se prit la lame du géant. Il regarda une dernière fois son ancien élève, en souriant, puis son corps tomba sur le sol. Le chevalier tourna la tête vers l'espérien. A travers les fentes de son casque, il n'entrevit qu'obscurité. Le bras couvert d'un gantelet d'acier se leva et fit un signe d'invite.

Sike hurla de rage et se jeta sur le colosse. L'homme frappa de taille, obligeant l'espérien blond à reculer en parant. Il l'attaqua de nouveau en utilisant plusieurs coups frappés dans toutes les directions, mais Sike para tous les coups avec une agilité et une férocité impressionnante. L'espérien roula sur le côté et frappa le géant au genou. Ce dernier vacilla, du sang gicla, mais il administra à son adversaire un coup de poing remarquable qui le fit tomber par terre. Sike cracha du sang sur la botte du chevalier. Avec un cri féroce, il enfonça son épée dans la cuirasse du colosse avec une telle force que ce dernier hurla de douleur. Pour la première fois de sa vie, il avait peur. Cependant il se ressaisit, arracha l'épée et la jeta au loin. Ensuite, il abattit son arme sur le garde blond à terre. Sike mit son avant-bras devant pour se défendre, la lame traversa le cuir et la cotte de maille céda. De l'hémoglobine jaillit et cloué sur place, Sike regarda son sang couler... déstabilisé. Le géant leva une nouvelle fois son épée, bien décidée à en finir. " Sike cours ! Vers le centre !"
Il y eu un craquement formidable. D'instinct, il bondit et se jeta par terre pile au moment ou le marbre devant lui tremblait avec un fracas violent.
Là où il s'était tenue quelques minutes plus tôt avec le chevalier, il découvrit la cause du cataclysme : un énorme lustre. Et en dessous, une masse d'acier écrasé.
Pendant ce qui lui parut une éternité, il demeura immobile, les paupières serrées, la tête lui tournant, son cœur prêt à exploser. Il n'entendit plus rien, fatigué, il resta par terre et s'évanouit.

***

Le combat était fini... les assaillants avaient gagnés le combat au prix de nombreux morts. Wanda enjamba des cadavres et vit Sike à terre. Elle courut vers lui et le prit dans ses bras, il vivait encore. Il se hissa à grand-peine sur ses genoux et pivota. Il vit le regard doux de la nordique mais chercha plutôt de vue son ami. David se portait bien, une légère blessure au bras. Il aidait un de ses compagnons à marcher. Au bout de la salle, Prandine angoissait dans son coin. Personne ne s'était occupé de lui. Sike sourit faiblement, ramassa une épée et se dirigea vers le conseiller.

Il lui mit l'épée sous la gorge. " Prandine, pour avoir ôter la vie à plusieurs centaines de gens, je te condamne à la peine de mort." L'autre pleura comme un lâche et le supplia de le laisser en vie. Sike ne l'écouta pas et lui enfonça l'arme dans la gorge. Un fois l'homme mort, il lâcha son arme et boitilla vers la sortie en repliant son avant-bras blessé.
Tous le regardèrent, dans leurs yeux, un mélange de respect, de crainte et de pitié.
Sa vengeance accomplie, il allait enfin rentrer à Esperia.

Hors RolePlay :

Voilà, c'est la fin d'une aventure... Mon retour bientôt !