RolePlay :
Premier chapitre: Promesse
La marche du jeune couturier se transformait rapidement en course lorsque qu'il vit le soleil qui affichait aux alentours de vingt et une heures. Mains sur les bretelles de mon sac à dos, tête relevée vers l’avant, concentré sur ce qui était à l’époque le seul rempart protecteur de la ville: Le Fort.
Ce dernier était majestueux, tout simplement. Les solides remparts fait de solides matériaux ainsi que les nombreuses tours de gardes présentes donnaient l’impression d’être en sécurité, que ce dernier ne tomberait jamais, même sous les coups de lame, même sous les coups des cloches. Seule la brume qui ornait le lointain pourrait angoisser le jeune homme, entrant tout juste dans la milice locale.
À peine arrivait-il à se frayer une place au sein des quelques habitants lui bloquant le passage qu’il parvenait à atteindre la herse du Fort, en dessous de laquelle attendait un soldat aux bouclettes blondes, arme d’hast contre le sol et le regard dans le lointain. Quelque chose avait toujours son regard, comme s’il se contentait des petites choses de la vie pour se satisfaire. En voyant le jeunot arriver, il esquissa donc un sourire, levant son unique main libre pour le saluer, laissant sortir un simple:
-B’soir, Vallis!
Le tout était évidemment accompagné de son allure d’ancien chasseur. L’homme venait tout juste de devenir soldat, ayant quitté la voie de la chasse pour se tourner vers la défense du village. Vallis, essoufflé de sa course, offrait à son tour un sourire vers son nouvel ami.
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Ah… bonsoir Stanis! Navré du retard, j’échangeais quelques mots avec Flore avant de partir…
Le blondinet souffla donc du nez, avant de changer la hampe de son arme vers sa main droite, précédemment dans la main gauche. Il invitait donc, d’un mouvement de tête indicatif, au couturier de le suivre tandis qu’ils s’enfonçaient dans le Fort. Alors qu’ils s’avançaient dans la cour parsemée de sable pour les entraînements, le jeune soldat fit une petite conversation avec le rouquin.
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Alors, vous vous êtes dit quoi? Lança donc le prodige en gardant la tête rivée vers l’avant, en direction des grilles menant aux réserves.
Vallis prend quelques secondes avant de répondre. Il ne connaît Stanis que depuis quelque temps et cela fut la première fois que ce dernier s'intéressait à lui. Il le prit bien, ne pouvant s’empêcher de sortir un sourire, leur relation tendant avec tranquillité vers l’amitié.
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Je lui ai promis… que je reviendrais ce soir. Il prit une petite pause avant de continuer, corrigeant un détail important.
En vie! Que je reviendrais en vie. C’est… assez dangereux, ce qu’on va faire ce soir.... Il marque alors un autre temps de pause.
Combien allons-nous être, pour l’opération?
Stanis, prenant le temps de réfléchir à sa réponse avec quelques secondes de silence, peu pesante. Durant ces quelques instants, ils purent profiter de la brise débutante de ce premier jour de Brumaire. Le vent, prenant une vitesse supplémentaire, vint faire virevolter les nombreuses mèches rebelles qui ornaient la coiffure du couturier.
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T’sais parler aux femmes, toi. Laissa couler Stanis dans un rire avant d’aller déverrouiller les portes de l’armurerie dans un cliquetis métallique laissant amplement le temps à Vallis de prendre quelques teintes de rouges.
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De quoi parles-tu? J’ai trop de promesses à tenir… une de plus ne me tuera pas.
Voilà tout ce que trouvait Vallis à répondre, espérant s’en sortir de la sorte.
Alors que Stanis ne lui répondit que d’un sifflement du nez, amusé, il allait ouvrir donc une armoire, dans laquelle se trouve une ceinture ornée d’un fourreau de petite taille. Il le tendait vers Vallis, lui disant dans un regard toujours aussi calme, détendu:
-
Je vais aller chercher ton arme… enfile ça.
Le rouquin vint regarder l’homme s’éloigner, descendant les escaliers en colimaçons qui menaient vers la cage aux armes. Le milicien prit le temps de réfléchir aux mots du soldat: Son arme. Il n’avait jamais porté plus dangereux qu’un couteau de tannage. Cela dit, à peine avait-il eu le temps de s’enfoncer dans des questionnements que Stanis remontait avec une arme bien unique en main.
Il s’agissait d’un glaive avec une lame d’environ quatre-vingt centimètres. Sa garde, d’une forme ovale assez typique pour ce genre d’armement, avait quelques broderies en son contour. Sur les extrémités, la garde avait des courbures vers le haut, donnant l’impression de dents, prêtes à s’enfoncer dans le visage d’un ennemi. Stanis tendit la poignée à Vallis qui, après quelques secondes d’attente, se décidait enfin à l’enfiler dans le fourreau. Sans le savoir, le couturier venait d’équiper une arme qui ne le quitterait plus.
-
Elle est à toi… La garde ne sait qu’en faire. Elle est plus petite que les autres, elle va t’aller parfaitement. Dit Stanis, dans un ricanement moqueur mais amical tandis qu’il était en train de mettre son heaume sur sa tête.
Vallis observait l’homme faire. La première chose qui le frappait dans sa manière d’agir était son calme et l’humour qu’il parvenait à laisser sortir dans un moment pareil. D’une voix tremblante, il lui posait une question qui, avec le temps, aura su prouver la véracité de sa réponse.
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Tu… es conscient que l’on va peut être mourir, ce soir?
Stanis cessait ses mouvements dans l’espace d’une seconde. Une seule seconde, c’est tout ce que le couturier aura pu lui soutirer. Il finit donc l’agencement de son heaume, le sanglant adéquatement et le mettant droit sur son collier de maille.
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Il faut toujours être ouvert à la mort. Il plantait alors ses yeux dans ceux de Vallis.
Souviens t’en, c’est le panache des plus grands soldats.
Le soldat se mit de suite en route, par la suite, ne laissant pas le temps au couturier de répondre à l’affirmation. Il n’en fit pas autrement durant le trajet durant lequel tout ce qu’il fit, fut d’ajuster sa ceinture et son fourreau.
L’homme commençait à peine à s’habituer au poid de son arme qu’un autre visage familier apparaissait à lui, attendant devant la herse menant à la ferme. L’homme à la barbe de quelques jours levait la main vers les présents dans un regard relativement neutre, sûrement préoccupé.
-
Ah, Ambroise. Tu as pu venir! Stanis prit le temps de regarder autour d’eux, remarquant l’absence cuisante de personnel.
Et… où sont les autres?
Ambroise répondit d’une hausse de ses larges épaules accompagné d’une gambison grise.
-
On m’a dit de venir à l’heure et c’est ce que j’ai fait. Pour les autres… Le médicastre tournait la tête derrière lui, vers la ville en avisant, toujours, l’absence d’individus volontaires.
Ils ne sont simplement pas venus, il faut se rendre à l’évidence.
Stanis, par la suite, perdit de ses teintes enthousiastes pour laisser apparaître un regard plus embêté, sombre. Il fronçait ses sourcils en avisant le lointain, laissant sortir un simple, mais éfficace:
-
Fait chier…
Un moment de silence orna l’endroit avant que Ambroise n’en rajoute.
-
Est-il… toujours une bonne idée d’y aller?
Vallis, qui restait silencieux durant les échanges, semblait interpellé par les dires d’Ambroise. Il tourna ensuite la tête vers Stanis, curieux de sa réponse qu’il prit quelques secondes avant de dire.
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Il nous faut trouver ce campement… Merde! Dans tous les cas, moi j’y vais.
Le couturier prit un moment avant de penser à ce qu’il voulait. Il fermait même les yeux le temps de faire une rapide introspection. Après presqu’une minute de silence durant laquelle Ambroise était également en réflexion, il finit par dire:
-
Dans ce cas… Je viens aussi. Les regards se tournèrent vers le farouche tailleur.
Y aller seul est trop dangereux… Tu sais te battre, je sais me défendre et Ambroise serait parfait pour nous soigner au besoin… Suite à cette prise de parole et de l’attention qui était maintenant dirigé vers lui, il avala sa salive d’une traite.
Quelques secondes plus tard, une voix vint de derrière eux.
-
Je me permets de vous mettre en garde.
C’était le Bourgmestre, le Sire Sulka. Du haut de son regard calme, avisé et de sa tenue, toujours aussi élégante, il toisait les trois miliciens avec un ton de voix à but informatif.
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Cela va me faire plaisir d’ouvrir la herse pour vous faire sortir. Cela dit… Il prit un pas de recul. Le sérieux de la situation lui permettait d'être plus direct qu'à l'accoutumé. Il gardait néanmoins un ton respectueux.
Si la horde vous coure après, lorsque vous allez revenir: Nous n'ouvrirons pas et ne mettrons pas la ville en danger.
Ambroise dit à voix basse, vers le couturier:
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Rassurant, tout ça…
Stanis prit donc la parole, hochant d’abord vers Cassien.
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C’est la bonne chose à faire. Le message est reçu, Bourgmestre. Nous serons vite revenus avant l’aube.
Cassien hochait donc, toujours dans cette démarche calculée, précise et minutieuse, se dirigeant vers l’échelle menant à la roue d’activation. Quelques secondes passèrent avant que la herse du côté de la ferme ne s’ouvre pour laisser place au paysage qui pourrait être la tombe de nos trois protagonistes.
-
Bonne chance à vous, soyez prudent. Leur dit alors Cassien, d’en bas.
Le trio ne donnait pas de réponse, prenant chacun une grande respiration avant de faire quelques pas vers l’avant. À peine trois mètres de fait que la herse commençait à se fermer dans un crissement métallique.
C’était officiel, il n’y avait plus de retour en arrière possible:
La chasse débutait.