[Conte/Légende]L'épopée du Commandant Hélis

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Liména
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dim. 3 févr. 2013 03:17

Hors RolePlay :

Ce conte oral, qui a tout d'une légende, est souvent raconté aux jeunes enfants par les vieux de Lig Ocolide, dans le but de les nourrir de rêve et d'espoir et d'en faire une future génération d'écumeurs. Liména a entendu cette histoire de nombreuses fois dans une taverne, et libre à vous —si vous êtes déjà parti à Lig Ocolide— de connaître aussi cette histoire. Enfin, quelqu'un peut très bien avoir décidé de l'écrire, et elle peut être disponible chez les libraires s'ils le décident.

Hors RolePlay :

Pour pleinement profiter de l'histoire, je ne saurai que trop vous conseiller d'écouter de la musique. Orientez-vous vers un album contenant musique guillerette et musique au caractère beaucoup plus épique. Personnellement, pendant l'écriture, j'ai oscillé entre la B.O. de Pirates des Caraïbes et celle de The Hobbit. A vous de voir ^^
Et si vous avez pas d'idées : ça puis ça, mais faut lire un peu vite. Ou un peu lentement.

RolePlay :

Sur un bateau, vivait un pirate. Ce n'était pas un bateau déplaisant, sale et humide, rempli de bouts de vers et d'une atmosphère suintante, non plus qu'un bateau vide, sans mobilier pour s'asseoir ni sur quoi manger... En vérité, si. C'était un bateau de pirate, ce qui implique une certaine absence de confort.
Mais c'était un bateau fonctionnel, rapide comme le vent, armé d'une douzaine de canons puissants, doté d'une coque lourde et forte. Le principal, et unique, problème de ce bateau était qu'il était... Vide. Le pirate qui y vivait partageait ses journées avec les rats, se languissant sur de futurs aventures. Il s'était proclamé "Commandant Hélis", mais il ne commandait sur rien.

Un beau jour, alors qu'il faisait les cent pas sur le pont, le Destin décida de l'aider à gonfler ses voiles : apportée par un puissant vent de mer, une carte vint à se poser entre les jambes du Commandant Hélis. Celui-ci se baissa, ramassa la carte, et réussit à la lire. Une joie incommensurable lui fit faire quelques pas de danse, et c'est toute la nuit que ses chants heureux résonnèrent dans le port.
Le lendemain, il se décida à monter un équipage.
La chose fut aisée ; il promettait des montagnes de trésors à en faire pâlir des Carrogians et, surtout, il murmurait à qui voulait l'entendre qu'il connaissait l'emplacement de l'île de Berne la légendaire, dont les histoires disait qu'elle était habitée par les Elvètes, mystérieuses et magnifiques créatures au lent parler.
Bientôt, c'est tout une troupe qui l'accompagnait, et Hélis regagna son navire suivi de son équipage, acclamé par la foule. Les préparatifs furent brefs ; Hélis n'ayant que peu d'argent, il ne put embarquer que deux ou trois caisses de vivre et presque autant de rhum, se disant qu'ils pilleraient bateaux marchands et villages s'ils en avaient besoin.
Enfin, l'ancre fut levé et les voiles hissées. Hélis, la barre entre les mains, se retourna vers ses matelots et déclara :
"Camarades, les vivres sont rares et le rhum tiendra peu. Je ne sais quels mythes nous devront combattre ni combien d'ennemis se dresseront devant nous. Mais une chose est sûre mes amis, notre aventure nous mènera bien plus loin que nous ne pouvons l'imaginer... Et nous en reviendrons grandis ! Grandis, et riches !"
Et ils furent partis.

Malheureusement, leur situation devint vite insupportable. Pressé, Hélis n'avait guère pris compte de la météo avant son départ, et ils se retrouvèrent en plein calme plat. Sans rame, le navire n'avançait que très peu, et la quelconque poursuite d'un autre bateau aurait été chose impensable. La nourriture commençant à manquer, ils se résolurent à longer la côte. Cependant, le pays était frappé d'une grave crise de famine, et aucun or ni aucun semblant de boustifaille ne put être dérobé. Déterminé, et résolu à ne pas mettre fin à sa quête, Hélis décida d'attaquer la ville la plus proche... Qui s'avérait être la forteresse d'Abénie, disparue aujourd'hui mais qui constituait alors la soeur jumelle d'Indubal l'Imprenable dans les Mers de l'Ouest.
Hélis galvanisa ses troupes, leur assurant une victoire dont il doutait sérieusement. Privés de vent, ils ne pourraient tenter de retraite en cas de défaite, et Hélis le savait parfaitement. Résigné à cette attaque suicide qui n'avait que peu de chance de réussir, il dirigea lentement le navire vers Abénie l'Inviolable, comme nous autres écumeurs l'appelions.
Mais, alors qu'il se trouvait encore à plusieurs tirs de canons de la forteresse, il aperçut une barque qui contenait un homme noble d'apparence et un coffre gros comme une table de taverne. Les deux furent montés à bord.
Hélis, souriant et joueur, accepta de discuter avec l'homme dans sa cabine. Celui-ci révéla être un noble d'Huratelon, le baron Francis de Laggenau, et acceptait de délester une partie de sa fortune contenue dans son coffre aux pirates, si toutefois ils décidaient de l'emmener prestement à La Capitale. Sous le regard inquiétant de Hélis, le baron se précipita d'ajouter que le coffre possédait une serrure que lui seul pouvait ouvrir, et qu'il préférerait mourir plutôt que d'en expliquer le fonctionnement à des écumeurs. Il déclara aussi qu'il voulait que son coffre et lui reposassent dans une cabine, à l'abri des regards indiscrets.
Convaincu par la sincérité de l'Hura (et ayant préalablement vérifié sans succès s'il était possible de forcer la serrure du coffre), Hélis le fit jeter dans la cale, lui aménageant un espace privé en empilant des tonneaux. Il réclama par la suite de se voir donner une partie de l'argent maintenant, sans quoi il ne pourrait subvenir aux besoins de son hôte qui mourrait de faim.
Et c'est donc de manière tout à fait légale que le Commandant Hélis et son équipage pénétrèrent à Abénie, achetant tout ce qui leur serait nécessaire pour la suite du voyage. La chance semblait d'ailleurs avoir tournée car, à peine Hélis eut-il posé le pied sur le pont que le vent était de retour, soufflant de toute sa puissance.
Le départ ne fut pas attendue, et le navire quitta triomphalement Abénie.

Mais, le lendemain au soir, une fois arrivé au niveau de Iona la Commerçante, le bateau prit direction ouest toute. Le baron, se rendant compte que l'on s'éloignait de La Capitale, vint se plaindre au capitaine. Hélis lui rit au nez.
"Hé bien, monseigneur, n'hésitez pas à vous jeter par-dessus le bastingage et à continuer votre périple à la nage !"
Voyant que le chantage serait inutile, le baron s'enquit alors de la destination prévue. Hélis lui tendit une carte.
"Regardez bien les frontières de cette carte. Et imaginez-nous à l'ouest, bien à l'ouest. Car c'est là où nous allons mon cher Baron, au-delà du Monde Connu !"
Puis Hélis prit congé du baron, et alla rejoindre ses matelots pour donner ses ordres. Mais un cri retentit.
"Le Kraken ! Le Kraken est bien réel !"
Et ce cri fuit suivi d'un hurlement. Un tentacule géant surgit de l'eau sombre et s'empara de la vigie. D'autres suivirent et fondirent sur les pirates. Des éclats lumineux jaillirent ; les écumeurs avaient tous sorti leurs épées et dagues, prêt à défendre cher leur vie.
Le combat fut violent et beaucoup de sang coula. Ce n'était pas un de ces combats épiques des grandes histoires que les gens d'Huratelon ou du Royaume Central raconte, où les héros découvrent le point faible de l'adversaire et le vainquent en un unique coup. De telles créatures de légendes comme le Kraken ne se laissent pas abattre si facilement. Il fallut à l'équipage du commandant beaucoup de force et de bravoure pour parvenir à occire la bête. Mais désormais elle repose au fond des océans, les yeux transpercés par les sabres d'abordage de Hélis.
Harassés, épuisés, terrassés par la peur, les matelots restèrent sur leurs gardes le lendemain, identifiant chaque oiseau, chaque point noir à l'horizon comme une menace. Mais hélas, ce n'est pas vers l'extérieur qu'ils auraient dû avoir leurs regards tournés, car c'est bien souvent de l'intérieur que vient le danger le plus profond. Et c'est toujours des hommes riches et aisés que vient la plus grande convoitise... Et le plus grand remord.
Le baron avait compris que son voyage vers La Capitale était compromis. Désireux de savoir quelle était la destination réelle du Commandant Hélis et de son équipage, il avait profité de l'incident du Kraken pour fouiller la cabine du capitaine. Aidé de ses talents de comploteur politicien, il parvint à mettre la main sur la mystérieuse carte qui avait apparue à Hélis quelques jours plus tôt. Il cru alors comprendre qu'une mort certaine attendait tout ceux qui tenterait d'atteindre le trésor promit par cette carte. Décidé à rentrer à La Capitale, avec ou sans l'aide des écumeurs, il se mit à comploter, attendant patiemment son heure...

La suite du voyage ne fut guère sans périls. Après avoir dépassé les limites du Monde Connu et ainsi s'être placé hors de portée des navires de guerre capitalins ou d'éventuels autres bateaux pirates, le Commandant Hélis et son équipage durent essuyer une gargantuesque tempête. Ils s'en sortirent, mais leur bâtiment était désormais plein de trous et la moitié des vivres avaient pris l'eau.
Ils se mirent à rationner les aliments. Alors que la tension montait sur le bateau, on arriva à court de rhum. Des bagarres éclatèrent pour un rien et, alors qu'Hélis tentait de calmer les choses, il fut pris dans une mutinerie ourdie en secret par le vil Baron.
Hélis fut ligoté à la proue, et le bateau vira de bord, rentrant vers les Terres qu'ils avaient quittés il y avait de cela plus d'une semaine. Heureusement pour le Commandant, les vents furent extrêmement favorables, et le trajet de retour ne prit que cinq jours tout au plus.
À court de vivres, le baron décida qu'on accosterait à la petite ville de Bellerive et qu'on y ferait exécuter le commandant, qui avait bien failli mener tout l'équipage à sa perte. Une fois détaché de la proue par la garde de la ville et, avant de poser un pied à terre, Hélis déclara aux autres écumeurs :
"Mes amis, je ne vous en veut pas. Il est parfois des hommes de mal, trop égoïstes et bien trop fiers, qui décident de mener d'autres hommes à la mort. Ainsi mon temps est venu, et je vous enquît a poursuivre ma quête dont la preuve est posé sur mon bureau. Car, contrairement à ce que l'on vous a dit, mes frères, trésor il y a."
Puis il fut mené à l'échafaud.

Les mains liées, il traversa une foule en liesse, heureuse d'assister à la pendaison improvisée d'un capitaine pirate. Les tambours résonnaient, scandant la mort. Hélis monta sur la potence, la corde lui fut passée au cou. Il adressa un regard déterminé aux hommes et femmes qui attendaient son assassinat. On ne n'y lisait pas la peur.
Soudain, les tambours se stoppèrent. Le chef de la garde s'avança, un rouleau à la main, et lu :
"Commandant Hélis, écumeur de Lig Ocolide, vous êtes, et en vertu de la loi du Royaume Central, reconnu coupable des faits suivants : complot contre le Royaume Central ; piraterie sur les mers du Royaume Central ; pillages de navires marchands ; meurtres de citoyens capitalin ; prise en otage d'un baron d'Huratelon, encore considérée comme région du Royaume Central ! Par conséquent, et par les droits qui me sont conférés dans cette ville, je vous condamne à la pendaison, et ce jusqu'à ce que mort s'ensuive !"
La foule acclama la sentence. Mais, alors que le bourreau allait actionner la trappe, une explosion retentit. De nombreux coups de canons suivirent, et on pu voir des murs voler en éclats.
"Le navire pirate attaque la ville ! À la garde, à la garde !"
Et ce fut ainsi que débuta la grande bataille de Bellerive, connu de tous les historiens. Les écumeurs faisait face à une milice rangée et organisée, mais peu habituée au combat. Les canons du navire pilonnaient la ville dépourvue d'artillerie, empêchant la garde de tenter une quelconque attaque par les flancs. Mais des émissaires furent affrétés et ils réussirent à rejoindre les villes voisines. Bientôt vint du renfort, et on mit les pirates en déroute.
Mais Hélis, de par sa ruse, parvint à se défaire de son bourreau, à se délier les mains et à s'emparer d'une arme. Il rejoignit ses troupes et les réorganisa. Avec stratégie, ils tinrent tête à la garde encore deux bonnes heures durant. Puis, acculé au bord d'une falaise avec ce qu'il lui restait comme équipage, il prononça ces fameuses paroles qui sont entrés dans l'histoire :
"Mes amis, vous vous rappellerez désormais de ce jour comme du jour où vous avez failli capturer le commandant Hélis !"
Puis il bondit dans l'océan en contrebas accompagné de ses matelots, au moment même où une pluie de boulets de canons s'abattait sur la falaise.
Tous furent sains et saufs, et ils regagnèrent le navire à la nage. Là attendait un petit contingent d'écumeurs restés à bord pour s'occuper des canons. Le baron fut ramené au commandant Hélis, et les pirates s'excusèrent en expliquant qu'une fois leur capitaine parti, ils avaient vérifiés si la carte existait bel et bien et, la traîtrise du baron prouvée, ils s'étaient empressés de venir au secours de leur chef. Ils furent pardonnés, et le baron mené à la planche. Pour parodier sa condamnation, Hélis décida de dire celle du baron qui l'avait trompé :
"Baron Francis de Laggenau, noble d'Huratelon, vous êtes, et en vertu de la loi Ocolidienne, reconnu coupable des faits suivants : complot contre un capitaine pirate ; vente d'un capitaine pirate à l'Empire ; manipulation de matelots ; mutinerie ! Par conséquent, et par les droits qui me sont conférés sur mon bâtiment, je vous condamne au plongeon, et puissiez-vous espérer votre mort dans la plus terrifiante des angoisses."
Ainsi le baron et son coffre furent jetés à l'eau, et on raconte qu'aucun poisson ni animal marin ne voulut jamais toucher au corps.

La route reprit tant bien que mal, mais une halte fut requise dans un village proche pour réquisitionner aliments et boissons. Un accord fut facilement trouvé entre les paysans apeurés et les écumeurs sanguinaires, qui repartirent avec plus de 80% des biens du village, mais sans verser une seule goutte de sang. Enfin l'on pût repartir véritablement en mer.
Le voyage fut cette-fois ci calme, et les pirates ne durent faire face à aucun danger. Au bout de trois semaines de voyage, la Terre fut enfin en vue.
Hélis, accompagné de quelques matelots, mît à la mer une chaloupe et se rapprocha de l'île tant attendu. Pendant que ses hommes ramaient, il observait la plage lointaine et murmura :
"La carte disait donc vrai... Me voilà bientôt à fouler de mon propre pied le plus légendaire des mythes : l'île de Berne, au nom maintes fois chanté..."
Mais à peine quelques mètres parcourus sur la terre ferme que l'équipage fut encerclé par des femmes aux oreilles aussi pointus et tranchantes que leurs lames. L'une d'elle s'approcha d'Hélis, et lui demanda, d'une voix lente et appliquée :
"Que venez-vous faire sur les terres des Elvétes ? Voilà bien des générations que nous n'avions vu d'Hommes, et votre présence ne peut que signifier une menace. Nous vous emmenons là où vous ne nous causerez plus de soucis."
Ainsi les pirates furent ligotés et escortés à travers l'île. Ils pénétrèrent la ville des Elvétes, à l'architecture magnifique, aux murs dorés et aux toits faits d'émeraudes. Les écumeurs étaient tous hypnotisés par la richesse des joyaux et minerais qui ornaient chaque banc, chaque clôture. Seul Hélis n'y prêtait guère attention, pensif.
L'équipée pénétra ensuite dans un grand bâtiment de pierre taillée, le seul de la ville. Ils descendirent des marches, pénétrant de plus en plus dans le sol de la Terre. Enfin, ils s'arrêtèrent devant une porte de métal.
"Voici la Salle Resplendissante, déclara l'une des Elvétes. C'est ici qu'est enfermé notre trésor, et c'est ici que vous purgerez votre peine. Puisse votre vie noircir chaque jour à la vue de merveilles que vous ne pourrez utiliser."
Quatre gardes Elvétes sortirent du peloton, tandis qu'une nuée d'autre jaillissait de l'ombre et pointait leurs arcs sur les écumeurs. De puissants mécanismes furent mis en marche et, lentement, très lentement, la porte de métal s'ouvrit, tandis que sa cinquantaine de lourds verrous lâchait prise. Car en effet, les Elvétes étaient connus pour produire des coffre-forts inviolables, et d'aucuns déclaraient qu'ils y abritaient la fortune du Monde.
On rendit leur mobilité totale aux pirates, puis on les fit pénétrer dans la salle. La porte, dans un long et lent grincement, se referma, scellant les forbans à l'intérieur du coffre. Chacun à leur tour levèrent alors les yeux, et observèrent avec frisson les montagnes d'or et de pierres précieuses qui s'offrait à eux. Hélas, aucun échappatoire ne leur était possible, et c'est du plaisir des yeux qu'ils devraient se contenter.
Mais Hélis disparut bientôt. Il se dirigea vers le fond de l'immense pièce, là où il n'y avait plus aucune torche et où les ombres dominaient. Au bout de quelques minutes de marche, perdu dans l'obscurité, Hélis trébucha. Il atterrit sur un tas d'or, et le bruit de sa chute claqua sur les murs. Une voix grondante, grave et forte, retentit alors dans toute la pièce :
"Tu vas payer pour ton erreur, humain."
Tel un soleil, une boule jaune s'enflamma dans les ténèbres. C'était un œil, un œil énorme, bien aussi gros que Hélis lui-même, et il appartenait à Naär, dragon qui s'était retrouvé enfermé en ces lieux et qui désormais veillait sur le trésor.
"Tu as pénétré trop profond dans cette salle, continua Naär, et désormais tu vas en payer le prix."
Hélis, pour toute réponse, demanda que le dragon ouvre son second œil, pour ainsi illuminer la zone alentour. Mais Naär rugit de douleur, puis se mît à grogner de façon vile. Hélis lui demanda :
"Serais-tu borgne, créature ? Ainsi se finira donc l'histoire de Naär, majestueux dragon éborgné et roulé par les Elvétes, obligé à garder un trésor qui ne lui appartient pas pour tout le reste de son immortalité ?"
Naär ne bougea pas.
"Comment connais-tu mon nom, et comment connais-tu mon histoire ?"
Hélis s'assit face au dragon, le fixant dans son œil unique, et répondit :
"Des Terres Humains d'où je viens, à plusieurs mois de navigation à l'ouest d'ici, nul n'ignore l'histoire fabuleuse du dangereux Naär et de sa vaillante amie Héléna l'Humaine, tuée lâchement par les Elvétes. Je ne suis là que pour te libérer, compagnon. Mais hélas je n'ai pas ta force ni ta fouge pour parvenir à briser les murs qui nous emprisonnent, ni pour exterminer ceux qui ont pris la vie de ton amie."
Les crocs terrifiants de Naär scintillaient, reflétant la lumière projetée par son oeil. Celui-ci sembla soupirer.
"Mais j'ai déjà failli face à elle."
Hélis, toujours assis, s'empressa de répliquer :
"Non Dragon, tu n'as pas failli devant elle, mais devant le chagrin qu'elles t'ont causé. Aujourd'hui, tu dois transformer ce chagrin en colère, et cette colère en vengeance."
Naär se redressa soudain. Il fixa au loin ce qui devait être la porte et dit d'un air méchant :
"Mon chagrin est déjà devenu colère, humain. Et maintenant ma colère deviendra vengeance. Veille sur ce trésor, nous nous retrouverons ici quand j'en aurai fini."
Et, à ces moments, il rugit. Son cri, si puissant et nourri d'une rancoeur plus sombre que les ténèbres, fit sauter la porte en éclats. Il déploya alors ses ailes, et bondit dans les couloirs, calcinant, griffant, mordant et détruisant tout sur son passage. Il remonta les escaliers, et déboula dans la ville. Les Elvètes sortirent leurs lances et leurs arcs, tentant de s'organiser. Mais rien ne pouvait faire face devant le courroux de Naär, contenu pendant des décennies et qui explosait désormais. Les armes de ses adversaires ne lui faisaient aucun mal, frappant contre ses écailles durs comme le fer. Il détruisit ainsi chaque maison, démembra chaque vie. Bouffi par la haine, il ne fut pas satisfait une fois la ville mise en ruine, et se mit à faire le tour de toute l'île, brûlant tout sur son passage. Il ne s'arrêta qu'une fois toute vie disparue, et décida de partir remercier Hélis.
Cependant, une fois rendu à la salle du trésor, il se rendit compte qu'une partie de ce qu'elle contenait avait disparu, accompagnée des quelques humains qui y avait été enfermés. Naär s'envola alors et prit la direction de l'ouest, persuadé que Hélis et ses hommes étaient tout simplement en chemin vers les Terres Humaines. Mais le dragon battit des ailes des jours durant, et c'est une fois arrivé à la Fin du Monde qu'il se rendit compte que le capitaine pirate s'était joué de lui. Dans un dernier accès de rage, Naär cracha des flammes si hautes qu'elles furent visibles du lointain Nord jusqu'à la marchande Carrogia. Puis il mourut d'épuisement.

Hélis, sachant bien que le dragon viendrait à réclamer la totalité du trésor, avait pendant tout ce temps-là fait embarquer une partie de celui-ci —tout ce que le bateau pouvait contenir— et prit la poudre d'escampette. Aidé d'une forte brise, il avait rapidement vogué vers le sud-est, rentrant vainqueur à Lig Ocolide. Là-bas, il y avait dépensé sa fortune et déposé ses armes de pirate, désireux de se faire oublier de tous. Il avait alors vécu une retraite heureuse avec une femme qu'il avait épousé, mourant à l'âge de 65 ans, la tête pleine des aventures qu'il avait vécu. Mais certaines gens racontent que, soucieux de préserver son trésor, il en avait enterré une grande partie sur une île proche, encore inconnue à l'époque... Mais qui aujourd'hui est destination de nombre de vendeurs d'esclaves... Qui sait si ce trésor est encore enterré là-bas ? L'histoire ne le dit pas.

Hors RolePlay :

Et voilà ! J'espère que vous avez appréciés !
Bonjour.

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