Journal de Cassien Sulka

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Cassien
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jeu. 8 oct. 2020 14:59

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Entrée 8 :
08/10/520

Esperia vit un grand jour.
Pout la première fois de la nouvelle comme de l'ancienne, elle va signer un traité la liant à d'autres contrées. Elle ne sera plus seule, mais aura des soeurs, des alliés, elle entrera dans un tout qui la dépasse.


De mon côté ? J'ai une gueule de bois monstrueuse. J'aurais bien trouvé un mot plus chic, mais je n'en connais guère d'autre.

"Dire que ce jour va rentrer dans l'histoire !" C'est sûrement ce que ce sont dit tant d'Esperiens avant moi. Tous les "grands" d'ici, dont seul Silnoe, Neyfer et quelques livres perdus savent se rappeler les noms.


Est ce que je cherche la gloire ? J'y ai réfléchis, et je ne pense pas. Laisser ma trace dans l'histoire, j'en rêverai, c'est après tout une forme d'immortalité. Le souvenir des autres après notre mort est l'un des biens les plus rares, les plus précieux.

Ce serait utopique de croire qu'Esperia va me permettre ça. Oui, on se sent important les quelques mois de notre venue, on a un joli titre et de belles dorures.
J'adore ma tenue actuelle, mais je ne risque pas de me pavaner avec à Lodaving.


Nous arrivons au port d'Alcédine. Il est temps pour moi de revêtir mon plus beau sourire.

Je suis un artiste. Je me croyais écrivain. Je suis finalement plus un acteur que toute autre chose. Mon rôle le plus réussi ? Cassien Sulka, l'homme joyeux et droit, franc et qui sait jouer de ses paroles.
Sais-je vraiment qui se cache derrière ce masque ?
Aamos, j'ai besoin de ton ancrage.
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Cassien
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lun. 12 oct. 2020 09:48

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Entrée 9 :
12/10/520

J'ai encore beaucoup de retard sur ce journal. Mais je passe ma vie à courir après le retard, on dirait.

Il s'est passé beaucoup de choses, alors, lançons nous :

Esperia est entrée dans la confédération.

Je ne suis vraiment pas peu fier de ça. Je ne pense pas que n'importe qui aurait réussi à nous y faire entrer. Vasilisa se serait faite écraser par les remarques. C'est rare que je trouve ma répartie si utile, mais vraiment, je crois que pour une fois je peux m'envoyer quelques fleurs.

Déjà, sur le bateau puis à table, j'ai pu convaincre Vorane Rivelle et Rayla la Borgne de m'accorder leur voix. C'est passé par de petites choses : attentions, flatterie, écoute. Pour autant, je pense que je pourrais les apprécier vraiment. Elles dégagent une force de caractère absolument incroyable, c'est intéressant et déroutant à la fois. J'aimerai être sûr de moi comme elles. Elles doivent diriger leurs îles d'une main de fer. Je devrais prendre un peu plus exemple sur elles, peut être. J'ai en tous les cas hâte de les revoir, cela promet de bonnes discussions.

Oiva et Hickmet étaient fidèles à eux même : sereins, sûrs de leurs avis, amicaux. C'est toujours un plaisir de les voir, ils sont vraiment de bonne compagnie.

Isabelle d'agathe n'a pas daigné venir, c'est dommage, je l'imagine fort belle et j'aurais bien aimé voir son visage, par curiosité.

Ensuite viennent Thomas Eustace de Verincy et le Chancelier Uther Vorak de Tomia. Je dirais qu'ils étaient plutôt contre à la base, mais que j'ai pu les convaincre avec mon discours. Je n'ai pas été tendre avec Uther, je l'avoue, mais ils m'avaient un peu énervé avec Auguste. Et j'avais bu. Mais soit.

Enfin, vient l'insupportable Auguste de Ratelia. Il ne voulait pas de nous, c'est évident. Je pense qu'il a peur de la concurrence, même s'il n'a pas cessé de dire qu'il préférait juste nous regarder de loin. Lui qui ne croit même pas à la Horde. Nous avons eu une grosse joute verbale, digne d'une bagarre de rue avec un Esperien. Mais peut importe : j'ai gagné. ça ne durera certainement pas - l'alliance peut se briser si je ne suis plus dirigeant. Mais j'ai gagné.

Il faut que j'envoie des lettres sur la Horde à tout le monde, pour les informer. Je dois continuer à entretenir nos relations par lettre, si je veux qu'on conserve notre place dans la confédération. J'aimerai avoir vite un Intendant pour qu'il gère les petites choses de la ville, et me concentrer sur la diplomatie.


Il faudrait que je décrive toute la soirée dans un texte avant de l'oublier, mais je sais que je n'en aurais pas le temps. Il y a tant à faire.
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Cassien
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ven. 16 oct. 2020 16:14

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Entrée 10 :
16/10/520
Ils ont encore tout gâché.

J'ai passé des jours à organiser une grande fête pour l'anniversaire d'Esperia. Vu ce qui restait de la ferme, j'ai commandé via plusieurs lettres à Alcédine de quoi festoyer. J'ai harcelé les gens de la roussette pour bien qu'ils pensent à préparer à manger. J'ai acheté de l'alcool sur Alcédine, et sur Esperia, pour donner à tous.
J'ai acheté des fanions et des décorations.

J'ai placé le tout pendant des heures pour que ce soit beau, pour que tout le monde puisse profiter.
J'ai été aidé - par Fable, par Flore, par Hector - bien entendu. Mais j'ai vraiment donné du miens.

J'ai passé une délicieuse soirée avec Aamos. Nous avons bien bu, bien mangé, et nous avons même dansé. C'était vraiment un moment hors du temps, que j'ai pu passer avec celui qui compte tant à mes yeux. Nous avons fini sur le phare, là où tout à commencer, pour regarder ensemble dans la même direction.

Je me réveille, et je lis que certains ont agressé Fable, "pour s'amuser", cassé des futs et renversé des tonneaux.

On se donne tout le mal du monde, mais ils gâchent toujours tout.
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Cassien
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ven. 16 oct. 2020 22:54

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Entrée 10 (bis) :
16/10/520

Cette soirée était vraiment déplorable. J'ai du gérer deux adultes aussi puérils que des enfants, et un enfant encore pire.
Pour la première fois, Hector m'a déçu. Ils sont finalement tous pareil.
Je devais voir Estrella, relancer note amitié, discuter à coeur ouvert. Elle n'est pas venu.

Je croule encore sur le travail pour ne recevoir aucune forme de respect, ou alors très rarement. On se fiche parfois même ouvertement de moi.
Quand je pense qu'on me reproche de ne pas faire assez ?? C'est un comble. Aucun d'entre eux ne donne comme moi en ce moment.


Certains sont là depuis des années, mais la ville n'a presque pas bougé pour autant.
Je fais des choses. J'ai l'impression que ça ne compte pas.

Je regarde l'affiche que j'avais déposé à mon départ, la première fois, et je me demande si ils ne m'auront pas à nouveau, s'ils ne me ruineront pas entièrement le moral. Chaque moment de joie ou prévision de joie est gâchée.
[Une tâche de vin]


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Cassien
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dim. 18 oct. 2020 14:22

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Entrée 11 :
18/10/520

Une journée normale sur Esperia.
En allant chercher un rapport sur l'inconnu à la garde, comme je l'avais demandé à Eldingar et à la cantonnade pendant qu'il me reprochait de ne pas faire mon travail, en pleine rue, je remarque que le rapport n'est toujours pas écrit.
En revanche, l'homme est mort.
On a aussi refusé l'accès au dispensaire à l'un des esperiens qui voulait juste aider.

Chaque jour le dispensaire a des problèmes, c'est fatiguant.

Je ne saurais dire de la quantième personne que nous entrerons il s'agit, rien qu'en un mois.

Je réfléchis à me faire sculpter une jolie tombe. Au cas où.

Je sens que je fatigue, j'arriverai bientôt à mes limites, et je ne serais plus capable de faire des faux sourires et de rester courtois. J'ai déjà perdu patience en pleine rue avant hier face à Charus qui n'arrive pas à avoir le moindre respect pour ma personne, et à comprendre le travail sous lequel je croule.

Il me faut un intendant, au plus vite, mais personne ne postule. Et il me faut une semaine pour moi.


________

Aujourd'hui je déplace le gouvernement sur l'ilot, ça va être beaucoup plus confortable. Un gros travail, encore, mais un plaisir sur l'accomplissement de tout ceci. Il nous manque encore des nouvelles de Rivelles pour les matériaux des maisons entre le gouvernement et le fort, et j'ai commandé aux esperiens les matériaux pour l'autre côté de l'ilot. On en verra peut être le bout de tout ça dans les 2 mois à venir ? Peut être.
Il faut que je retourne voir les plans sur l'ilôt, j'avais repéré

J'ai nommé Robert amiral, aujourd'hui. Il a l'air motivé et il sait de quoi il parle. J'espère qu'il arrivera à vite construire un bateau Esperien.
J'ai aussi mandaté Eygrimr pour en construire un. Les artisans vont avoir de quoi faire. En plus de faire tourner notre économie, ça ajoutera à nos défenses. S'ils mènent les projets au bout, ce dont je doute.

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Cassien
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lun. 19 oct. 2020 09:55

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Entrée 12 :
19/10/520

J'ai beaucoup discuté avec Aamos hier soir. Je l'ai emmené dans le grand champ de fleurs en pleine nuit, j'ai posé des torches et je nous avais apporté des douceurs.

On a parlé de tout, de la ville, de nous aussi.

Il trouve que je devrais être plus ferme avec les Esperiens. Je pense qu'il a raison. Quand je vois Rayla, Vorane ou Auguste, on sent que ces gens sont respectés par les autres. Ils ne se laissent pas marcher dessus. Il n'ont pas de petits insolents qui ne les vouvoient même pas ou qu'il les appellent par leur prénom. Il faut que j'arrive à m'endurcir, si je veux plus de respect, et plus d'application des choses que je demande, on dirait.
Il faut qu'ils comprennent que je ne suis pas leur ami, mais leur Dirigeant.

En dehors de ça, Aamos a évoqué un point auquel je n'avais pas réfléchi. Si l'homme inconnu est arrivé sur l'île et qu'on a pas trouvé de bateau, il n'est certainement pas seul. Il doit y avoir un bateau quelque part, et y en avoir d'autre.
Ils auraient très bien pu nous cueillir hier soir. Je reste persuadé que, tant que ça aurait été rapide et sans trop de douleur... ce n'aurait peut être pas été si grave. S'il n'y avait pas Lilja, je me demande si je m'inquièterais vraiment de ça. Non pas que j'intenterai à moi même, jamais. Mais sur le fond, si la mort est Noble...

Si la mort est une fin et qu'on part rejoindre le Créateur, pour les gens comme moi qui sont fiers de leur vie et de ce qu'ils sont devenus, ça semble être une libération. Pouvoir enfin dire adieu aux contraintes d'ici, en ayant fait de son mieux, et être accueillit là haut...

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Tu es la seule chose qui me retiendrais, car je ne veux pas te savoir triste.
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Cassien
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lun. 19 oct. 2020 23:17

RolePlay :

Entrée 13 :
20/10/520

Aamos m'inquiète. Cette nuit, il a encore fait des choses étranges avant de se rendormir comme si rien ne venait de se produire... Est ce encore l'effet de cette drogue étrange ? Sont-ce juste les inquiétudes qui le rongent ?
Il faut que je lui en parle, je me fais du soucis.

Je n'ai pas pu en dormir de la nuit. Entre ça et l'alcool d'hier, j'ai passé la journée avec des maux de tête insoutenables. Je ne suis même pas sorti de la maison, finalement.
Je devais pourtant faire tant de choses... Me voilà encore à prendre du retard.
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Cassien
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jeu. 22 oct. 2020 22:41

RolePlay :

Entrée 14 :
22/10/520

C'est de pire en pire.
Ce soir, la sphère de la horde grise a déchiqueté le doigts de notre meilleur orfèvre.
Silnoe, l'homme en question, hurlait qu'elle - oui, la sphère - lui mangeait la même. Aamos aurait "entendu" que cet objet lui "disait" qu'il allait le manger, je crois. Ou le dévorer. Un mot de la sorte.

Si même nous nous perdons l'esprit..
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Cassien
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mar. 27 oct. 2020 19:46

Hors RolePlay :

Ecriture propre au début, puis de plus en plus hasardeuse. Il y a même des fautes d'orthographe.

RolePlay :

Entrée 15 :
-/10/520
Je ne sais pas par où commencer.
Je n'ai pas touché à une plume depuis quelque jours.
Je n'avais jamais été si touché par ce dont est capable l'esprit de toute ma vie.

Je vais démarrer en résumant ce que j'ai vécu. Ce sera surement le plus simple.
_________________________
Je rentre tard à la maison ce soir. Beaucoup de choses m'ont occupée, à Lodaving. Je ne saurais pas dire quoi, mais cette journée a été épuisante. Aamos me fait la remarque quand je rentre : il a raison, j'arrive à l'heure du coucher de Lilja, ce n'est pas très correct. Il me sourit quand même, sans aucune forme de reproche. C'est un homme profondément bon. Lilja arrive justement, elle me file droit dans les bras. Je l'attrape et la fait tourner avec moi en souriant. Ma fille sent bon les fleurs de printemps, ses yeux se plissent sous son rire et ses boucles blondes sautillent autour de son visage plein. Sa présence me fait oublier tout le reste. Une partie de moi à l'impression de ne pas l'avoir vu depuis trop longtemps, même si ça n'a pas de sens. Quoi qu'il en soit, je suis le plus heureux des hommes quand je l'ai dans les bras.

Je préviens Aamos que je vais la coucher, c'est la moindre des choses. Il va m'attendre au lit, pour sa part. Je n'avais pas réalisé que j'étais rentré si tard. Je le laisse filer, et j'accompagne Lilja dans sa chambre. Je la repose rapidement au sol, d'ailleurs. Qu'est ce qu'elle grandit vite... J'installe ma petite fleur au lit, et je la borde avec soin. Elle me fait les yeux doux pour que je tourne la clef de sa boite à musique. Comme si je pouvais facilement résister à un regard pareil... Dans tous les cas, c'est intéressant de lui laisser de la musique le soir avant de partir au pays des songes. Qui sait si cela ne l'aidera pas à partir dans une voie artistique plus tard ? Ce ne serait pas pour me déplaire. Enfin, je dis ça, mais tout ce qu'elle pourra bien faire m'ira, tant que cela lui plait. Je ne lui souhaite que le meilleur. J'embrasse mon rayon de soleil sur le front avant de rejoindre Aamos.

Aamos. La plus belle chose qui ne me soit jamais arrivé, l'être qui m'a fait oublié tout mon passé, celui qui chaque jour me donne envie d'être un homme meilleur. Je le rejoins tranquillement au lit, essayant de ne pas faire trop de bruit. A mon arrivée, il est posé en travers du lit. Je me glisse contre lui, et il vient doucement poser sa tête sur mon torse. C'est bien le seul capable de me faire me sentir fort, important, rien qu'en étant contre moi. Je glisse ma main droite derrière son épaule pour doucement lui caresser le dos, profitant des quelques minutes de complicité qu'il me reste avant qu'il ne s'endorme tout à fait.

Je sombre à mon tour dans un demi sommeil, dans cette pièce rassurante, baigné dans la douce chaleur de mon foyer.
Quelque chose me force soudainement à ouvrir les yeux. Un bruit... je crois ?
Aamos n'a pas bougé, ce qui lui ressemble bien en tous les cas. Il a un étrange sommeil depuis quelques jours, c'est un fait dont je parviens à me souvenir. Mais à cause de quoi ? Je n'arrive pas à me rappeler. J'essaie de creuser ma mémoire, mais un nouveau bruit, plus fort, vient faire craquer le bois de notre porte.

Je me lève et me rhabille au plus vite. Lilja essaie-t-elle de sortir ? Cela pourrait lui ressembler. Qui sait ce que ses cousins lui ont appris aujourd'hui encore. Je me hâte vers la porte d'entrée, descendant les deux étages, et je la trouve finalement grande ouverte. Ce doit être de ma faute. Je suis rentré l'esprit si embrumé, j'ai certainement oublié le tour de clef, et elle se sera ouverte à la volée au premier vent. La cour sur laquelle donne notre petite maison de ville est calme. La porte qui mène à la maison de ma mère est fermée, elle, et le reste de ma famille doit certainement dormir. Je ferme en soupirant, avant de me crisper tout entier.

Un cri, suraiguë, irréaliste, vient de trancher net le silence de la nuit. Mon sang se glace, mes doigts se crispent, et je demeure incapable de bouger tandis qu'un intense frisson de peur glisse le long de mon corps. Quelque chose est arrivé. Je le sens au plus profond de mon être.

Je fini par parvenir à me mouvoir, et le premier pas est vite suivit de nombreux autres, précipités. Mes épaules rentrent dans un mur de pierre sans ménagement quand je manque un virage, mais je m'en moque. Je cours jusqu'à la chambre de ma fille, entrant d'un bloc par la porte désormais ouverte.

Le spectacle me prend à la gorge, et je tombe en arrière. Ma vue se trouble, refusant d'admettre ce qui se trouve face à moi. L'odeur âcre du sang m'emplis la gorge, je suffoque. Le sol est maculé de sang, les murs portent les traces d'une agression sauvage. Un petit corps blond repose sur le lit, amorphe. Aamos est au milieu de la pièce, il a du arriver avant moi. Il tient un couteau, certainement retiré de la plaie pour voir ce qu'il pouvait faire. Il reste debout, lui, sa bure blanche barrée d'une tâche vermeil.

Je met toutes mes forces dans mes bras, rampant comme je le peux jusqu'au lit de ma fille, et je me hisse jusqu'à elle. Son bras bouge légèrement quand je la saisit en pleurant de ton mon être. Je retiens un affreux relent, mais j'ai vraiment envie de vomir. Aamos reste à côté, les bras ballant, tenant toujours le gros couteau de cuisine qui vient d'ôter notre raison d'être de nos vies. Je continue de pleurer, et je tremble sans pouvoir m'arrêter, serrant le corps sans vie de mon enfant dans mes bras. Je me sens vide, j'ai l'impression qu'on a déchiré la trame de ma vie d'un coup sec. Un froid intense, et un manque. Une faille qui vient de s'ouvrir, aspirant tout espoir d'une vie heureuse, toute idée même de ce qu'est le bonheur. Comme un bateau sans guide, je m'échoue dans ses cheveux, secoué de sanglots impossibles à contenir. Elle sent encore la fleur, ici. L'idée que ce soit la dernière fois qu'il me soit permis de respirer cet odeur m'effleure, suivie d'une autre, encore plus dure : je n'entendrais plus jamais sa voix. Je ne la verrais pas grandir.

Chaque jour de mon existence, je penserais à elle, à ce qu'aurais été notre vie si j'avais su la protéger. Car c'est de ma faute. C'est forcément le cas. Je parviens enfin à me raccrocher au présent. Qu'est il arrivé ?
Les yeux noyés, je me tourne vers Aamos, lui hurlant qu'il pourrait faire quelque chose, qu'il faut essayer. Une part de moi ne veut pas y croire, et il ne reste plus que celle là pour m'exprimer : l'autre partie de moi a sombré tout à fait.

Aamos ne bouge pas, son grand couteau de cuisine dans la main. Pourquoi l'a-t-il retiré, d'ailleurs ? N'étais-ce pas lui qui disait qu'il ne fallait jamais le faire ? Mes interrogations s'arrêtent quand je m'essuie enfin les yeux d'un revers de manche. Derrière Aamos, projetée par le feu qui crépite mollement dans la cheminée, une ombre monstrueuse occupe la moitié du mur. Ce n'est pas humain, ce n'est pas animal, c'est un entre deux horrifique vouté sur lui même.

Aamos regarde son couteau, puis me regarde, et recule. Il semble en pleine lutte intérieure. Mes mains tremblent toujours, mais mon corps me pousse à fuir. Je sens l'urgence dans toutes les fibres de mes muscles. Je ne suis qu'une bête acculée face à un prédateur affamé. Contre toute attente, je parviens à me laisser tomber hors du lit et à ramper sur les fesses, jusqu'à me cogner la tête contre le mur de la petite chambre. Aamos laisse échapper quelques phrases, mais je peine à les comprendre. Il ne veut pas, mais, il n'aurait pas le choix, je crois ? Il finit par se tourner vers moi avec l'air résolu, et je sens que la roue du destin vient de tourner en ma défaveur. Je réussit à me remettre à quatre pattes et je file vers la porte, m'aidant du montant pour me relever. Il s'approche de moi, très lentement, le visage déformé par un rictus que je ne lui connaissais pas.

Je ne suis qu'un lâche. Je l'ai toujours été. Je ne serais jamais capable de me lever face à lui, ou face à une personne armée. Je n'ai même pas su protéger ma fille. Cette pensée me fend le coeur au moment où j'atteins les escaliers, et mes jambes lâchent sous le dégoût que j'éprouve à cet instant. Je chutes dans les escaliers, roulant plusieurs fois avant de retomber comme une poupée de chiffon au rez de chaussée.

Je crache du sang, et un peu de bile qui n'a pu être contenue. J'émet un râle en me tournant sur le côté, puis je tente de me relever à nouveau. Il faut fuir, il ne faut pas que je reste là. Mon coeur va exploser dans ma poitrine tant il prend de la vitesse. Je sens mes tempes pulser sans relâche, ma tête, à l'instant des minutes qui me restent à vivre - prise dans un étaux.
Aamos est déjà presque en bas des escaliers. Je ne sais comment il peut me rattraper en allant si doucement, mais je sens au fond de moi qu'il me rattrapera. Il me rattrape toujours. Cette idée me désarçonne, mais elle me donne aussi l'énergie nécéssaire à la suite de ma fuite. Je me relève enfin, ouvrant la porte de la maison à la volée et fuyant comme le pleutre que je suis, les mains pleines de sang.

J'ai un instant peur qu'il n'y ait pas d'issus, dans cette cour, mais je fini par repérer une issue. Je m'y rend, focalisé sur l'idée de rejoindre la rue. L'espoir de pouvoir être sauvé nait enfin dans la tempête de mon esprit. Je cours, mes jambes reprenant vigueur, et j'ouvre une nouvelle porte.

Une fois encore, mon corps me lâche quand ma tête décide de m'abandonner. Face à moi, plusieurs cadavres remplissent une toute petite pièce gorgée de sang. C'est moi. Partout. Je suis mort là, de nombreuses fois. On m'a tué. Allongé, je parviens à me tourner sur le dos. Aamos est déjà là. Il prend un air moqueur et me demande combien de fois il va devoir recommencer pour que je comprenne. Il me dit que ce n'est pas de sa faute. C'est la Horde qui le veut.

Il me tranche la gorge d'un coup sec.
****
Je rentre tard à la maison ce soir. Beaucoup de choses m'ont occupée, à Lodaving. Je ne saurais pas dire quoi, mais cette journée a été épuisante. Aamos me fait la remarque quand je rentre : il a raison, j'arrive à l'heure du coucher de Lilja, ce n'est pas très correct. Lilja arrive justement, elle me file droit dans les bras. Je l'attrape et la fait tourner avec moi en souriant. Ma fille sent bon les fleurs de printemps, ses yeux se plissent sous son rire et ses boucles blondes sautillent autour de son visage plein.

Son odeur me fait pleurer. Je peine à comprendre ce qui m'arrive, mais des images abominables viennent peu à peu envahir mon esprit. Aamos me regarde avec un sourire narquois. Je garde Lilja dans les bras, et je lui dis de partir. Il faut qu'elle s'en aille, tout de suite. Ses grands yeux bleus me regardent de toute leur naïveté, et elle me demande si je lui mettrais la boite à musique pour dormir.
Ça recommence. Encore. Et encore.
_________________________
Modifié en dernier par Cassien le dim. 17 janv. 2021 19:55, modifié 1 fois.

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Cassien
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ven. 30 oct. 2020 14:09

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Entrée 15 (suite) :


Quand je me suis réveillé après ce rêve, je ne savais pas combien de temps s'était écoulé.
J'avais vécu cette intenable boucle tant de fois qu'il pouvait bien s'être écoulé une minute, un mois ou une année.

Je suis sorti du lit, hagard, mais si à nouveau je me souvenais de tout, je pensais enfin m'être échappé. J'étais sur Esperia, dans ma première maison, bien ailleurs donc. Encore affolé, j'ai rassemblé mes affaires et je suis sorti de la maison pour chercher Estrella - seul nom me venant à l'esprit pour me donner de quoi me soigner, car je me sentais malade. Mais voilà qu'à peine dehors, je tombe sur des gens qui veulent me ramener à Aamos. Pire encore, au bout d'à peine cinq minutes, je me rend compte qu'un esclave a été le chercher. Je le vois face à moi, là, Aamos dans sa tenue habituelle. Je revois, pourtant enfin libre de ce cauchemar trop réel, la scène prête à se dérouler sous mes yeux.

J'ai tenté de m'enfuir, de ne pas le laisser m'approcher, mais tout le monde me disait sans cesse "On va vous ramener à Aamos", "Il faut aller retrouver Aamos", "Aamos va s'occuper de vous". C'était un rêve éveillé, la suite logique de tout ce que je venais d'endurer, et j'ai tout fait pour réussir à m'enfuir. Vu ma constitution, il était évident que je n'y parviendrais pas. J'ai tout de même réussi à me laisser glisser du balcon de l'Académie jusqu'au sol - en passant par le panneau d'affichage - ce qui m'a valu une belle blessure aux hanches qui me tire encore après une semaine. Ils ont fini par me rattraper, une dizaine d'Esperien en cercle autour de moi, me disant de me calmer alors que je tombais fou. Finalement, j'ai tenté de courir vers des escaliers, mais une fois arrivé au bord, qui ai-je vu m'attendant en bas avec un sourire... Aamos.
Mon esprit a complètement cédé, à cet instant là.
Le Destin prenait tout son sens. Quoi que je fasse, il me rattraperait toujours. Il avait une longueur d'avance, et ça recommencerait sur Esperia, il m'aurait à nouveau en boucle, comme ce fut le cas à Lodaving. Je me suis laissé endormir par Ambroise, déjà vaincu à l'intérieur.

_________________________


Ma surprise fut immense, en me réveillant au Dispensaire.
Mon esprit ne parvenait pas à comprendre. J'étais censé me réveiller chez moi, dans la petite maison du port, ça allait recommencer.
C'était évident.

J'ai mis plusieurs heures à, tout doucement, me détacher un peu de cette boucle qui me hante encore.
J'ai mis plus d'une journée à accepter la pression de la main d'Aamos sur la mienne, même à travers les draps du lit.
J'ai longuement hésiter à rentre chez moi. Chez nous. Finalement, j'avais besoin d'être dans cet environnement familier, besoin de retrouver mes repères, et de peindre ou d'écrire avec mon matériel personnel.


Voilà la fin de cette histoire, qui me semble bien simple une fois écrite ainsi, mais qui aura bousculé ma vie.
Modifié en dernier par Cassien le dim. 17 janv. 2021 19:56, modifié 2 fois.

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