RolePlay :
Ilesa passa devant le panneau et un mot attira son regard: Abbaye. Elle s'arrêta, curieuse de voir ce qui se passait, et lut attentivement le message. Elle resta là quelques instants, pensive et un peu incrédule. L'Abbaye, sans Abbus? C'était possible, ça? Oui, évidemment, comme était possible un gouvernement sans gouverneur. Et on avait bien vu ce que ça avait donné.
Ilesa pensa à Renault, puis à Fabrice, un léger sourire aux lèvres. Elle essayait d'imaginer la tête qu'aurait fait Renault s'il voyait cette façon de diriger l'Abbaye. Renault, si fier de son Abbaye, qu'il avait dirigée de main de maître. Et Fabrice ensuite, qui avait eu la lourde tâche de la reprendre à un moment critique, et qui avait su lui redonner un peu de sa splendeur d'autrefois. Non, décidément, Ilesa ne voyait pas l'Abbaye sans Abbus. Il y a des choses qui resteront immuables. L'Abbaye, comme le gouvernement, était faite pour avoir un chef à sa tête. Ce qui se passait actuellement n'était qu'une brève parenthèse dans l'histoire de l'Abbaye, et le fait que ce soit Hurri qui en soit visiblement l'instigateur ne l'étonnait qu'à moitié. Hurri avait toujours eu la passion des révoltes. Mais les hommes passent, et l'Abbaye reste. Vivante, solide sur ses pierres doucement polies par le Temps. Ilesa n'était pas attachée aux moines ou aux Abbus. Elle était la servante de l'Abbaye. Elle l'avait toujours été, depuis son esclavage, et elle le serait toujours, même encore maintenant qu'elle était noble, et ce jusqu'à ce que l'Abbaye ne veuille plus d'elle. Il y a des choses qui resteront immuables.
Un sentiment de fatigue l'envahit. Ce n'était pas seulement dû à la lecture de ce panneau. Ilesa reprit le chemin de sa maison, lentement. Elle avait tout son temps. L'Abbaye avait tenu des mois entiers. Elle était solide, elle ne s'effondrerait pas en un jour, victime d'une mauvaise direction. Non, décidément, ce ne serait qu'un bref épisode dans l'histoire déjà longue de l'Abbaye, l'un de ceux que l'on résumerait en une phrase, puis qu'on oublierait peu à peu. Alors, à quoi bon se presser?