L'Homme au Heaume d'Or, Tome 4 :

Les grands hommes en armures serties fonçaient vers l'origine du tir. En se rapprochant, ils apercevaient de plus en plus la coloration dorée du Heaume d'Or. Vu leur taille c'était certainement des nordiques. "Les nordiques sont lents," pensa le chevalier déchu. Il avait déjà combattu contre ce genre d'adversaires dans le passé, ayant fait partie d'expéditions d'Huratelon au Nord pour des affaires du seigneur. Les clans là bas étaient imprévisibles et avaient souvent l'avantage du terrain. Cette fois, c'était lui qui l'avait. Il décocha plusieurs flèches le plus rapidement possible, atteignant trois de ses ennemis sur les neuf. L'un au torse, les deux autres aux genoux. Il rangea son arc en tremblant légèrement sous la tension, puis dégaina son épée bâtarde.
Il mourra ici s'il le fallait, mais cet instant était dédié à son maître. "L'honneur doit primer. Le Code doit primer." Un des mercenaires arriva à portée, abattant son épée à deux mains en diagonale. L'Homme au Heaume d'Or esquiva habilement, frappant à la jambe. Les six autres arrivaient en charge tandis que le nordique posait le genou à terre, puis perdait sa tête d'un coup de lame bien placée. Comme des taureaux, les deux premiers chargèrent épaule en avant. Le chevalier déchu parvint à en éviter un en tentant une roulade sautée vers sa droite, mais l'autre l'atteignit à l'épaule quand il se releva. Déséquilibré, l'Homme au Heaume d'Or roula jusqu'en bas du petit promontoire. L'un des grands gardes essaya de descendre à son tour pour s'écraser lui, pendant que le garde Espérian se tournait au sol, épée tendue vers le haut. Ce fut de justesse que le nordique fut empalé par l'épée placée à la verticale. L'Homme au Heaume d'Or poussa le cadavre du mieux qu'il put, et eut à peine le temps de se relever que ses ennemis étaient déjà derrière lui. Conscient du danger, il courut de toutes ses forces en direction des marches qui permettaient de descendre du piton.
"La fuite est exclue, car elle appartient aux lâches, les lâches sont des faibles, les faibles meurent en anonymes et dans la honte. Ainsi la lâcheté ne conduit qu'à l'oubli et à la mort." Voilà ce que disait le Code, et il comptait bien l'appliquer. Le Heaume d'Or atteignait les escaliers, à bout de souffle, commençant à descendre. Il arriva jusqu'à un pont en bois tenu par des cordes, un coup d'oeil en arrière l'informa que les mercenaires le poursuivaient toujours. Visiblement, il avait tout de même réussis à installer quelques mètres de distance entre lui et ces éléphants. Il traversa, rengaina son épée et sortit son arc. Il n'aurait aucune difficulté dans ce passage étroit à abattre ses cibles. Il visa les nordiques qui s'approchaient dangereusement, et décocha rapidement sans viser. Quatre soldats tombèrent à terre ou dégringolèrent du piton, atteints par les flèches. Le dernier put esquiver en se collant à la paroi montagneuse, et chargea l'Homme au Heaume d'Or qui tomba à la renverse, poussé en arrière par l'épaule du nordique. Celui-ci posa son pied sur son adversaire, victorieux. Il cracha sur le casque doré et dit d'un ton sec : "Personne ne peut vaincre un vrai nordique, petit homme." D'un mouvement rapide, L'Homme au Heaume sortit sa dague du petit fourreau attaché sur son torse, et la planta dans la cheville du garde du corps. Il tomba à son tour, hurlant de douleur. Le chevalier déchu récupéra la fine lame, et acheva son adversaire en la plantant en pleine poitrine, tournant le couteau deux fois dans la plaie. Le garde Espérian arracha sa dague et la nettoya d'un coup de chiffon, fixant le mercenaire pour s'assurer de sa mort.
Le pont vibra et L'Homme au Heaume d'Or releva la tête, serrant sa dague dans sa main droite. L'homme qui parlait avec le noble toute à l'heure s'avançait, enjambant les corps inertes affalés sur le bois. Il était plus grand que ses camarades, et avait l'air plus robuste. Le chevalier déchu agrippa son propre abdomen de la main gauche. Certaines de ses blessures s'étaient rouvertes, et il ne s'était pas occupé de celle que l'assassin lui avait faite, mais il devait tenir bon. "Les nordiques sont lents" pensa-t-il encore une fois.
Le géant décrocha une grande hache à deux mains de son dos, et hurla de rage. L'Homme au Heaume d'Or tenait toujours sa dague fermement, lame pointée vers le bas. Le nordique prit le manche de son arme fermement et frappa d'un grand coup vertical que son adversaire esquiva sans trop de difficulté. Il enchaina alors en levant son arme, faisant un coup en diagonale. Le chevalier déchu évita la hache de justesse en reculant d'un bond, et se rapprocha à nouveau en profitant que le mercenaire était emporté par son mouvement. Il l'atteignit à la hanche en passant à sa droite, puis continua d'enchainer pendant que l'autre essayait de répliquer, comme le faisait l'encapuché, frappant de tous côtés, se tournant et se baissant quand il le fallait. Parfois l'armure suffisait, d'autres le nordique parvenait à bloquer le coup et d'autres il subissait de fines blessures. Mais jamais il n'avait le temps de frapper à son tour. Le garde espérian, ne laissa tomber à aucun moment, ne laissant aucun répit, jusqu'à ce que l'endurance manqua et qu'une faille se montra. Un coup au genou, puis de la hanche jusqu'au ventre et enfin il enfonça la dague de tout son long dans le torse du mercenaire, qui tomba en arrière.
L'Homme au Heaume d'Or mit un genou à terre, épuisé, suant de toute part, se tenant l'abdomen. Il saignait, de plusieurs de ses anciennes blessures. Il n'avait pas fuit. Il les avait tous abattus. C'était terminé. Sa tâche était accomplie. Il récupéra sa dague dans une giclée de sang, et gravit à nouveau les marches en titubant. Il parvint jusqu'au noble mort, et arracha la flèche de son crâne.
- Ainsi le grand DuCouré meurt, assassiné par un homme sans visage, ainsi votre influence sur Huratelon s'achève, ainsi justice est faite. Arbitrio m'en a été témoin, je vengerai mon maître, et désormais, il est vengé. Adieu messire, puissiez vous comprendre que l'argent ne sert à rien dans le néant.
L'Homme au Heaume d'Or était fier de ce qu'il avait accomplis, mais il parvenait à peine à se tenir droit en prononçant ses mots. Il se tourna finalement, et se mit à redescendre les marches, se tenant toujours l'abdomen. Esperia l'attendait.