RolePlay :
Ilesa avait appris la nouvelle par Necko. En effet, la jeune femme avait bien entendu des rumeurs venant du Sans-Fond, mais ses proches lui avaient interdit d'y aller pour sa sécurité, et Ilesa n'y avait donc jamais mis les pieds. Elle travaillait donc au dispensaire, à changer les draps des lits, quand un blessé arriva, Louis, amené par Necko. Au fil de la conversation, elle comprit que quelque chose s'était passé et Necko, gênée, avait fini par lui avouer ce qui s'était passé.Ilesa avait pâli, incapable de réagir. La mort de Arn ne l'affectait pas trop, elle l'avait toujours plus ou moins détesté, depuis les histoires qu'il avait fait à l'abbaye qui avaient conduit à son renvoi. Quant à Mikamus... Mikamus, c'était différent. Ilesa avait toujours connu Mikamus, et ses sentiments envers lui étaient ambivalents, ça dépendait des jours. Parfois, il pouvait être franchement exaspérant, mais parfois aussi, tellement attendrissant... Et puis, surtout, Ilesa l'avait toujours considéré avec le plus grand respect, à cause de son âge, et puis aussi, parce que les épreuves ne l'avaient pas épargné... La mort de son fils Elderand, qu'elle n'avait jamais connu, mais dont elle avait souvent entendu parler, et puis Valiya, sa fille, qu'Ilesa avait vu à l'abbaye alors qu'elle n'était qu'une simple esclave... Valiya avait été si heureuse avec Abbsinthe... Renault aurait voulu que Valiya devienne sa soignante, et Ilesa son apothicaire. La jeune femme avait toujours été persuadée que le choix avait été excellent, Valiya aurait fait une très bonne soignante, peut être la meilleure de tous. Et puis, les choses ne s'étaient pas passées ainsi. Le départ d'Abbsinthe, la folie de Valiya... Ilesa avait repris la tâche de Valiya, soigner les gens, d'abord pour pouvoir soigner Valiya dans sa folie. Et puis Valiya avait disparu à son tour, laissant Mikamus seul, vieux et aigri.
La perte de son poste de maire, puis la dissolution de la famille, son oeuvre, avait plongé Ilesa dans une sorte de stupeur: Comment Arbitrio avait il pu être aussi cruel pour ôter à un vieillard ses enfants, sa famille et son quartier?
Bien souvent, elle avait essayé de faire comprendre à Kemelvor ce que Mikamus pouvait ressentir, seul, trahi, abandonné des siens. Kemelvor avait hoché la tête, mais n'avait rien dit. La "dispute" qu'ils se livraient était encore trop tenace...
Et maintenant... ça.
Au fond, Ilesa était plutôt soulagée pour Mikamus. Ce vieillard lui manquerait certainement, mais finalement, cela voulait dire qu'Arbitrio avait enfin eu pitié de lui en lui permettant enfin de trouver le repos éternel. Il devait être bien plus heureux là où il est qu'à Esperia, Ilesa en était sûre. Et puis, il n'est pas mort n'importe comment non plus, victime d'une banale agression dans la rue. Non. Il est mort fièrement, vaillamment, ainsi qu'il avait toujours vécu. Et le fait que ce soit Kemelvor qui lui offre cette mort rendait les choses encore plus belles: son ancien ennemi, finalement, lui avait accordé ce qu'il souhaitait probablement le plus au fond de lui, le repos. Au delà de la mort, c'était une réconciliation, la réconciliation ultime, même si probablement, les deux n'avaient pas dû voir les choses comme ça sur le moment. A présent, de là où il était, peut être Mikamus le réalisait-il...
Ilesa secoua la tête. Se préoccuper des morts, c'était bien, mais là, il y avait mieux à faire: il y avait un vivant à soigner, un vivant dont l'âme devait être bien en peine, un vivant qu'elle devait réconforter...
