RolePlay :
L'Aube :
Il ne ressentait rien, il se contentait de regarder l'horizon. Tout s'était passé très lentement.
Il était venu à l'enterrement rongé par la culpabilité, acculé face aux faits, il voyait au loin les cadavres de Mikamus et d'Arn, il voyait les regards haineux se tourner vers lui. Reproches.
Mais il était là, il savait qu'il devait être là. Par devoir. Louis le prit à part pour le toiser haineusement et lui parler froidement. Rancoeur.
Les discours d'adieux s’enchaînaient, lourds de reproches qui sapaient peu à peu le moral de Kemelvor. Galaad, Darion, Louis, ... Il n'en pouvait plus et allait exploser.
Il regardait Myyrh dans ses vêtements de compères, fixement. Son intuition lui hurlait une cacophonie de mauvais présages, dont certains n'avaient aucune logique, son esprit était torturé, il entendait Mikamus se moquer de lui, il sentait la haine peser sur lui, il sentait que tout lui quittait, il sentait que c'était fini. Il voulait être à leur place, mais il avait trop à perdre.
Une voix claire résonna dans sa tête, une voix rassurante qui l'apaisa doucement. Arbitrio le réconfortait et l'aidait dans cette épreuve. Et il lui disait de lui faire confiance. De faire confiance à son instinct
Louis l'appela. Il lui demandait s'il voulait prendre la parole. Son intuition lui dictait ce qu'il devait faire. Il accepta, il se leva et pris sa place.
Il exprima ses sincères excuses pour avoir tué ces deux hommes, et annonça qu'il ne se sentait plus capable de diriger Esperia après cet évènement.
La salle était muette de stupeur, des sourires triomphants s'affichaient, comme des airs dépités, voire révoltés. C'était la fin d'une ère.
Kemelvor est parti aussitôt pour se réfugier chez lui, tandis qu'une libération s'emparait peu à peu de lui : C'était fini, il n'allait plus vivre dans la peur, dans les soucis et dans les obligations, il n'avait enfin plus rien à faire.
LIBRE
Kemelvor secoua la tête et réfléchissait. Beaucoup étaient venu le voir pour le supplier de reprendre le poste de gouverneur, mais il n'en avait plus envie. Le reprendre là, c'était reprendre toute la merde qu'il avait laissé, et s'imposer les mêmes contraintes, sinon pire, qu'il avait. Etre demandé non-stop, gérer les soucis de tout le monde en oubliant les siens et surtout ne pas faire la moindre erreur : Rester exemplaire, tout le temps.
S'il était critiquable, tout pouvait tomber. Il ne pouvait en réalité pas agir librement, à cause de conséquences politiques trop graves. Il se souvient de la fois où il avait enfermé Scholwitz, c'était la catastrophe : Ça n'avait servi à rien et Kemelvor s'était fait poignarder à multiples reprises.
Chaque action sa conséquence, et en tant que Gouverneur, il avait tout à perdre et rien à gagner.
L'aube pointa, et Kemelvor se leva pour regarder le soleil se lever. Esperia était aux portes d'une ère nouvelle, beaucoup avaient peur. Il était hors de question pour Kemelvor de reprendre le pouvoir, cependant il désirait continuer à diriger le destin de cette ville, libre de toutes ces contraintes qui l'ont poussé à dueller contre Mikamus et Arn. Il n'était pas question de laisser cette ville dans cet état.
Dans l'ombre, il devait continuer à veiller. Il avait les moyens de le faire. Agir à l'échelle de la population sans tenir compte des politiciens.
Il devait réunir d'énormes moyens financiers et relationnels afin de le faire. Ce ne sera pas facile, mais c'était excitant. Il n'était plus gouverneur, mais il se sentait au dessus.
Il devait parler avec énormément de monde, expliquer ses points de vue et faire des accords, c'était possible.
Que voulait-il faire ? D'abord favoriser cet évènement au théâtre d'Adobe, se lancer dans un vaste empire économique en partenariat avec l'abbaye, intervenir en cas d'agressions trop fréquentes, veiller sur le Sans Fond. Faire face à ceux qui lui reprochait le meurtre de Mikamus et Arnbjorn, vaincus du duel à mort qu'ils avaient décidés.
Conserver l'équilibre.
Il rentra chez lui et pris un bandeau rouge dans son coffre à artefact, le bandeau de William qu'il avait récupéré. En le regardant il se souvint de tout ceux qu'il avait vu mourir, sombrer dans la folie ou disparaitre : Barbetousse, Sheolh, Samara, Nobuo, William, Thémis, Arn, Mikamus.
Après l'instant de méditation, il s'attacha ce bandeau à la tête, et la releva, regardant par la fenêtre.
L'Ordre de l'Aube était créé. Une ère nouvelle venait.