Utilisateur:Asubakatchiin : Différence entre versions
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Version du 28 février 2013 à 16:36
Sommaire
Asubakatchiin
Description
Ethique, Education et Psychologie
Capteur de Rêves et Compétences
Il est en chaque être un tourment, une peur, un passé qui le ronge. Aussi minime soit-il, il est une place où ce tourment refait surface, les songes. C'est ici qu'intervient le Capteur de Rêves. Soigneur de l'esprit, il assiste les sujets, les accompagne pendant leur sommeil et combat le cauchemar de son savoir ancestral. L'écoute et la compréhension de l'être sont la base de son travail qui précède la transe que les encens confectionnés par ses soins initient.
Droits RP
Le Capteur de Rêves assiste le sommeil des tourmentés. La nuit tombée, dans un lieu convenu et à la lueur du feu, il confectionne l'encens le plus adapté au cas de son patient. L'encens jeté dans les flammes, la transe commence alors que le cauchemar du sujet fait rage. Il réduit ce dernier au silence et apaise ainsi l'esprit du patient. En aucun cas il ne demande rémunération pour ses services, c'est le ressenti du sujet et sa générosité qui parleront.
Compétences
* Connaissance de la flore : Une connaissance de la flore et de la palette d'essences qu'elle propose est nécessaire à la récolte des plantes qui entreront dans la composition des encens.
* Alchimie : Le secret de l'influence de l'encens sur l'esprit réside dans la façon dont sont associées et combinées les différentes essences naturelles que le Capteur de Rêves récolte.
* Endurance : Un certain contrôle de soi est exigé. La lutte contre un cauchemar pouvant s'avérer particulièrement épuisante, la transe puise dans des forces que l'on ne saurait atteindre dans un état de conscience.
* Créativité : Chaque être étant sujet à un cauchemar spécifique, il est indispensable pour le Capteur de Rêves de savoir s'adapter, décider rapidement de l'encens à utiliser et de la marche à suivre dans chacun des cas.
* Minutie : L'esprit est un corps fragile et complexe, une délicate connaissance et exploration de ce dernier est le gage d'une capture de cauchemar réussie.
Histoire
"La Toile, les Perles et les Plumes"
Il était là. Là au creux du tronc de ce saule centenaire. Inaudible et, bien qu'il fut un nourrisson et qu'il était affamé, il ne pleurait pas. Et quand bien même il eût pleuré, le bruissement des arbres alentours sous le courroux du vent de Nivôse auraient rendu aphone la moindre de ses larmes. Enveloppé dans un entremêlas de peaux, l'enfant attend, impassible, simplement sujet aux mouvement réflexes désordonnés que lui impose son jeune âge. Au dessus de sa couche, de minuscules lueurs semblent partiellement se mouvoir au gré des vents. C'est au sommet, en voûte de ce creux qu'une araignée a tissée sa toile. Le soleil se lève sur les premières pentes enneigées des montagnes du Nord de Gyllendal. Et c'est dans les perles de rosée engendrées par l'aurore que la toile a su piéger et catalyser la lumière de l'astre. Des plumes se sont logées au bas de la toile alors que le vent les portait en ses souffles. L'enfant pleure, silencieux. Seuls ses yeux traduisent le mal que cette nuit encore il a purger de son esprit. Sur ses joues s'écoule l'eau noire teintée des cauchemars qu'il a guérit.
Peu sont ceux qui s'accordent la folie de risquer leurs vies dans cette région et prime encore par cette saison. D'ordinaire, ce ne sont pas même les plus hardies tribus nomades Qadjarides qui oseraient s'aventurer aussi profondément dans les terres boréales. Or aujourd'hui, la tempête, aveuglante, fait rage et les caravanes ont dévié de leur route principale. De mémoire de chef, rien de tel ne s'était jamais vu par le passé. Trois chevaux de trait arasés par la tâche perdirent la vie sous le froid merdant qui sévissait alors. La déroute dura de près autant que la saison elle-même. Et quand le ciel s'apaisa enfin, rares furent ceux au sein de la communauté dont le moral était resté intact. Pourtant la nuit passée, en une nuée de lucioles au survol des champs de lin, Dvarias le sage, a vu le présage d'un départ nouveau pour son peuple. Au temps des constats, les chefs se réunirent afin de décider de la marche à suivre pour reprendre route vers le Sud et ses terres plus accueillantes. Certaines caravanes, partiellement endommagées durent être réparées. Toutes les mains de la communauté de marchands furent utiles et en trois jours, le convois était prêt à reprendre route pour Caroggia dont il était originaire.
Mewan et Kathnia, amies de longues dates, étaient parties à l'aube en forêt récolter le petit bois nécessaire au dernier feu qu'elles alimenteraient avant le départ prévu le lendemain. Les deux amies, bien qu'elles n'étaient en aucun cas de la même famille, se ressemblaient tant l'une l'autre qu'il eût été possible de s'y méprendre quant à l'identité de chacune. La neige de Nivôse avait laissé place à l'herbe sèche et colorée de Thermidor. Des parfums d'encens parcouraient l'orée des bois, signes que la nature, jusque là endormie, de nouveau avait retrouvé ses lois. La récolte presque terminée et les bras chargés plus qu'il ne le fallut, les deux jeunes femmes se retrouvèrent à l'endroit dont elles avaient convenu un peu plus tôt. Autour d'elle, un semblant de clairière à la lisière de la forêt. À leur pieds, s'étendait un linge d'un ocre saisissant où elles déposèrent le fruit de leur labeur.
"– Tu crois que cela suffit ?
– Amplement. Au pire des cas, le reste ira à la réserve, alors …"
répondit Mewan alors quelle détachait ses cheveux bouclés d'un brun ébène tenus par une broche d'or.
"– Tu as entendu ?"
Kathnia acquiesça.
Un gémissement à peine audible venait d'effleurer les oreilles de Mewan. Immédiatement les amies sortirent un poignard de leurs ceintures de rubans et de toiles de lin aux multiples couleurs. D'un simple regard chacune su de quel côté suivre enquête. En orée de forêt, ce son aurait pu provenir de n'importe quelle créature, de la plus petite et insignifiante à la plus imposante et terrifiante. Et de toute évidence le geste des jeunes femmes releva plus du réflexe que d'une véritable analyse de la situation. Mewan, qui s'était enfoncée plus profondément dans la forêt entendit de nouveau ce même bruit, cette fois plus net et bien plus proche. Le poignard levé, elle continue d'avancer. Cet arbre. C'est à l'ombre d'un saule à l'envergure hors norme qu'elle progresse maintenant, les brindilles à peine craquantes sous ses pas. Le tronc semblait creux et ouvert en un endroit. Puis dans un dernier élan, elle s'approche au plus près et lève plus violent son arme à proximité de son visage aux traits fins. La lame tranchante a coupé une mèche de ses cheveux et cette dernière virevolte maintenant dans le vide. Encore ce gémissement. Mais en aucun cas celui d'une bête comme elle l'eût cru. L'enfant est là, la mèche de ses cheveux surs la poitrine. Il était là. Là au creux du tronc de ce saule comme plus tôt alors que l'humide rosée d'aurore emplissait chaque bouffée d'air. Le visage de Mewan se vit alors quitté de toute expression de crainte, de peur. Il la regarde de ses yeux d'ambre, calme.
Après quelques regards aux alentours, Mewan remis à sa ceinture le tranchant qu'elle avait sorti un peu plus tôt à la lisière. Ne savant trop comment s'y prendre, elle déloge quand bien même le nourrisson de sa couche naturelle et le tenant fermant dans ses bras. Il la fixe, toujours enveloppé dans l'amas de peaux qui semblait le protéger du froid, il ne quitte pas le regard de sa nouvelle porteuse. Ses mains, minuscules, parcourent chaque détour des boucles brunes de la jeune femme à présent libres de tout lien. Un nouveau bruit survient derrière elle, quelqu'un approche. Elle se retourne, la main sur le pommeau de son poignard, prête à parer cette fois plus que pour son unique vie. Kathnia l'a rejointe.
Chapitre II
"Enfant du Saule"
Mewan et Kathnia étaient de retour aux caravanes. L'enfant caché dans le linge, au milieu des brindilles, dormait. En aucun cas, le moindre soupçon quant à sa présence ne pu être ni ne fut éveillé. La cohue du départ approchant occupant bien trop l'esprit des membres de la communauté, chacune et chacun avait trouvé tâche à faire. Pour ainsi dire, personne ne s'aperçu réellement du retour des deux amies. Elles gagnèrent donc au plus vite la roulotte de Mewan, invisibles dans l'activité incessante du camp. Les tentes pliées étaient amassées dans un coin, les pics d'attache empilés soigneusement dans leurs caisses respectives accompagnés de leurs liens. Une organisation rodée par l'expérience de ce peuple à ne pas s'enraciner. Le Rais veillant, bien entendu, au bon déroulement d'une symphonie de reconstruction sans fausses notes. Chaque paquet, étiqueté, trouvait sa place dans la roulotte qui, comme depuis des lunes, lui est destinée. Les enfants courant au milieu des adultes, passant au travers des linges étendus aux cordes qui relient les caravanes entre elles. Symbole de la toile, lien insoluble que cette communauté à su créer.
Mewan est assise sur la banquette, l'enfant assoupi dans ses bras. Rien ne saurait troubler ce moment, sans compter sur le va et vient incessant de Kathnia qui fait les cents pas dans la roulotte, un air agacé marquant son visage. C'est dans cette caravane que Mewan est née et a grandi, élevée par son père, sa mère morte en couche. Autour d'elle s'est alors tissé, au fil des Thermidors, le cocon chaleureux d'un foyer respectable. Des étoffes tapissent le plafond comme les parois. Et si aucune chaleur d'un poêle n'y brûle, les multiples teintes de ce cocon sauraient réchauffer le plus glacé des coeurs. Le lit de son père où de duveteux coussins brodés s'amassent en un tas digne des plus grands rois, à l'opposé, son lit. Éclairé par les rayons du soleil que les rideaux aux fenêtres teintes de leurs couleurs. Kathnia était toujours affairé à sa ronde qu'elle avait commencée dès son entrée dans la roulotte. Finalement, Mewan détacha ses yeux du nourrisson toujours endormis dans ses bras.
"Tu peux y aller."
Mewan venait de donner le signal de départ à une déferlante de reproches qu'elle avait l'habitude de recevoir dès lors qu'elle contrariait quelque peu Kathnia. Pourtant, une seule remarque se fit entendre.
"Ton père ne sera jamais d'accord, pas avec ce que nous venons de subir.
– Au contraire, je pense qu'il ne peut que symboliser le "nouveau départ" donc Dvarias nous parle tant.
– Mais…"
L'enfant venait de se réveillé. Et c'est en Kathnia que son regard perçait à présent plus insistant que jamais.
"– Mais… ?
"– Rien.", relâchant toute lutte dans un échange de mots qu'elle savait perdu d'avance. Ton père arrive.
Kathnia venait d'apercevoir ce dernier entre les rideaux qui lui faisait face.
"– Bien ! Tout semble en ordre pour l'aube. J'ai bien cru ne jamais en voir la fin."
Le chef Kaldrineth venait de faire son entrée dans par l'étroite porte de la caravane. L'homme, d'un certain âge, faisait encore dos à sa fille et à son amie alors qu'il enlevait une cape d'une légèreté pareille à des plumes. Il accrocha cette dernière à la porte qu'il venait de refermer. Retourné, il vit seulement alors la présence de Kathnia qu'il salua d'un signe de tête. Elle était là les bras croisés, debout devant la banquette. Il n'eût qu'a baissé les yeux et suivant le regard de la jeune femme pour y découvrir sa femme le visage penché sur l'enfant. La nuit tombée, et les crépites du feu de camp s'animaient devant les fenêtres des caravanes. Le Rais était à présent seul avec sa fille et l'enfant trouvé. Elle lui avait tout raconté, connaissant le goût de son père pour qui les avaient une importance cruciale.
"Un saule… nous ne sommes même pas certains de son peuple d'origine. Et si c'était un piège pour que nous baissions notre garde ? Tu sais à quel point les Qadjarides peuvent se montrer ingénieux comme cruels pour nous tromper.
– Regarde sa peau enfin, il en est ! Ils n'utiliseraient pas un enfant.
– Rien ne nous le prouve Mewan."
L'air inquiet il s'approche et la serre dans ses bras musculeux.
"– Et quand bien même, tu le laisserais seul à cet âge ?
– Je n'ai pas dit ça, Mew…
– Alors quoi ?"
Le silence régnait maintenant dans la roulotte. Ce n'est qu'en quelques échanges de regard que Kaldrineth compris qu'aucun argument ne serait valable pour sa fille. Et cet enfant le regardait à présent, scrutant le moindre soubresaut de ses iris. Dans un soupir, il embrassa Mewan sur le front, sa main caressant la joue du nourrisson. Il se leva et rejoignit son lit. Mewan toujours assise avec l'enfant du saule dans son couffin de peaux. Au dessus de lui une toile de laine dans un cerceau abrite quelques perles de nacre, il dort.
Chapitre III
"Encens et Masque"
Allongé dans l'herbe, il s'était assoupi alors que les rayons du soleil perçaient le feuillage du saule au dessus de lui. Sa chevelure d'un châtain clair était éclatée en un halo sur le sol, chaque mèche de cette dernière semblant rendre à l'astre la lumière qu'il lui avait donné. Les peaux, qui jadis enveloppaient son corps entier, paraient présent ses jambes. Un ruisseau coule non loin de là, le clapotis de l'eau sur les pierres de son lit pour berceuse. C'est sous cet arbre, au près du ruisseau que l'enfant a passé le plus clair de son enfance. Fasciné par la flore abondante qui en cet endroit l'entourait, il ne cessait de s'y promener afin de parfaire son herbier. À chaque végétal, son essence. En chaque essence, un message qui le bouleverse au plus profond son être. La nature pour palette, il consignait en son carnet tous les échantillons qu'il trouvait et leur assignait un symbole de soin que seul lui connaissait. De là vient se refus de rejoindre l'école comme les autres enfants. Cet intérêt, peu de jeunes de la communauté de marchands semblaient le comprendre aussi que lui. Souvent seul, l'Enfant du Saule comme la plus part l'appelaient, n'avait que peu de fréquentations si ce n'est celles de sa mère, Mewan et de son grand-père le chef de l'ancienne caravane. Il en était pourtant un qui s'était intéressé de prêt au cas à part qu'il représentait.
Dvarias avait ouï faits de l'attrait du jeune garçon pour l'herbologie et l'art des soins, ce dernier lui étant intimement lié. Un après-midi de Brumaire, il le rejoignit sous cet arbre dans ce but, but quelque peu changé par la suite. L'ombre décharnée du vieil homme apparue derrière lui alors qu'il taillait un épais morceau de bois. Le plus sot des humains aurait immédiatement reconnu la forme de cette pièce de bois d'une blancheur sans pareille, un masque. D'une simplicité de conception étonnante, seuls deux cercles parfaits prévus pour les yeux perçaient le bois. À côté de l'enfant assis en tailleur, sept longues plumes, une lanière de cuir et deux lentilles de tailles identiques mais imposantes. Il se saisit des plumes et les planta dans le bois tendre, au sommet du masque. Les lentilles trouvèrent places dans les orifices qui leurs étaient prévus. La lanière cuir, reliée de chaque coté de la pièce de bois servirait à l'attache. Le masque reposait dans ses mains, encore légèrement rugueux. Derrière lui, le saule portait la marque d'une large entaille abondante de sève.
"Et bien, et bien… où as-tu trouvé tout cela ?"
Aucune réponse ne vint de la part de l'enfant. Il lui était facile de trouvé ces quelques fournitures au sein de la caravane de marchands qui l'avait adopté. Le cuir venait de Melios le tanneur tandis que les lentilles étaient un cadeau de Gylliora le verrier. Au constat de sa question sans réponse, le sage s'approche et s'assied à ses côtés prenant soin de ne pas écraser les éléments au sol. Tout deux assis au près du ruisseau, ils restent au départ silencieux, l'eau et le frottement du couteau sur le masque pour unique fond sonore.
"Pourquoi ne viendrais-tu pas à l'école comme les autres ?
Les plantes te plaisent dirait-on."
Pas de réponse, l'enfant continue de polir sa pièce de bois.
"On dit aussi que tu ne rêves pas… de cauchemars surtout."
Il s'arrête et regarde intensément le vieil homme.
"Mewan non plus d'ailleurs… tu ne trouves pas cela étrange ?"
Il le fixe sans dire mot.
"Et si je te disais que je peux, éventuellement j'entends, t'apprendre à rêver ? À condition que tu ailles à l'école bien sûr. Ce masque, c'est pour rêver n'est-ce pas ?"
Le visage de l'enfant changea, ses yeux baissés vers le masque entre ses mains, il acquiesça. Le sage sort alors de sa poche une petite bourse de cuir qu'il ouvrit rapidement d'une main. En sortit une poudre blanche qui attira immédiatement l'attention du jeune garçon.
”Pedem Arbitrum, le champignon d'Arbitrio. Il pourrait t'aider"
L'enfant esquisse un sourire.
Il se leva accompagné du sage et rejoignirent la ville. Le lendemain même le jeune garçon se rendit à l'école avec les autres enfants de son âge comme il l'avait promis à Dvarias la veille. Très vite dans les jours qui suivirent, le sage gagna sa confiance et commença à lui enseigner plus intensément les disciplines qui captivait son esprit. Alchimie, préparation des encens, onguents,… Guérissant les rêves de nombreuses personnes en Caroggia, une discrète renommée commençait à grandir autour de l'Enfant du Saule. Armé des arts que Dvarias lui avait transmis, du masque et de ses encens, les captures de cauchemars s'enchainèrent au fil des Thermidors. Malgré son savoir grandissant, il est une chose que le jeune homme n'avait jamais eût la chance de posséder, un nom. Et c'est naturellement que les personnes au sein du peuple qu'il avait côtoyées se mirent à l'appeler Asubakatchiin, littéralement le Capteur de Rêves en vieux caroggian. Il rêvait à présent aux travers des autres, par la transe que les encens de sa conception lui prodiguaient, accompagnant les tourmentés dans leur sommeil.
Chapitre IV
"Capteur de Rêves"
Équilibré. C'est le mot que vous poseriez en évidence quant à ce qu'il ressemble. De taille moyenne, ne laissant place au choix de dire si cet être est bien trop grand ou bien trop chétif. Musculature normée et calculée de sorte que rien entrave les mouvements et à la fois suffisamment présente pour justifier les plus puissants et agiles de ces derniers. Nulle place en cette chair pour un amas de carburant remède aux plus rudes Nivôses du Nord. Le teint mat d'un fauve ternit, le corps en certains endroits couvert de peintures rituelles, il arbore sur le visage le pleur – symbolique – des cauchemars qu'il a réduit au silence. Les cheveux libres, d'un brun clair nourrit par le soleil, une mèche cache en partie son visage. Torse nu, il n'a jamais réellement supporté l'entrave du tissu sur sa poitrine. Vraisemblable réflexe d'un héritage antérieur à son adoption dont il ne possède que bribes de souvenirs. Des jambières de cuir clair habillent ses jambes elles-mêmes terminées par de légères mais non moins hautes chausses parées de peaux. Deux cornes percent chacune de ses oreilles comme ses iris d'ambre percent le monde de son regard. À sa taille, une petite bourse de cuir d'aspect rudimentaire et son masque parent sa ceinture de lin teintée de rouge et de bleu. D'épais gantelets de cuir habillent ses mains.
La spiritualité rythme sa vie depuis son enfance et ce quelque fut son choix. Bien que convertit et ardent croyant, ce n'est guère en Arbitrio qu'il a pu trouver les réponses à son affinité particulière avec les songes qu'il entretient depuis son plus jeune âge. Des songes attisant quelque peu le blasphème de sa religion. Ouvert à autrui, il est néanmoins réservé et la timidité accompagne le plus souvent la plus part de ses entreprises. Son manque de confiance l'a plus d'une fois par le passé desservi. Froid, peu engageant, le plus souvent aucune émotion de transparait sur ce visage au traits fins. La pratique de son métier, outre la connaissance de la flore et de l'alchimie, a également réveillé en lui une certaine créativité, réponse à l'adaptation que nécessite chaque patient. Endurant, il n'en est pas moins minutieux. Combinant sa profession de Capteur de Rêves aux savoir que lui a transmis son mentor, il assimile, comprend et guérit les différents plans de d'existence. Vingt et un Thermidors que le communauté de Mewan à regagné le Sud. Installée à l'Est de Caroggia, elle n'avait plus voyagé depuis. Asubakatchiin avait grandi, l'école avait fait de lui un jeune homme complet et bien éduqué malgré son apparence rappelant celle d'un rebut Qadjaride. Et bien que sa mystique discipline ne plaisait guère à tout le monde, le peuple mais aussi les plus croyants venaient à lui pour se faire soigner et guérir leur sommeil. Le sage était mort deux ans auparavant laissant derrière lui le jeune homme reprendre le flambeau du soigneur.
Une femme l'avait contacté il y a peu en provenance La Capitale pour un cas en apparence des plus banal. Tout son matériel était là, étalé sur la table de nuit à côté de la jeune fille. Masque, mortier, plantes diverses et charbon alignés les uns à côté des autres. La fillette était couchée dans son lit comme à son habitude, la couverture remontant jusque sur son visage, l'air terrifié. À l'opposé de la pièce, le feu de la cheminée englobait l'espace d'un halo d'or, ses flammes léchant les parois de l'âtre. Pendant quelques minutes, le Capteur de Rêves observe la jeune fille puis commence frénétiquement à mélanger plusieurs de ses échantillons qu'il écrase ensemble à l'aide de son mortier. Le silence régnait dans la chambre de l'enfant. Quand le feu fut presque éteint, il jeta l'encens qu'il venait de préparer au travers des dernières flammes du foyer. Immédiatement embrasé, le mélange émit alors une épaisse fumée blanche. Il se saisit de son masque qu'il plaça rapidement sur le dessus de sa tête un sourire aux lèvres. Dans une grande inspiration, la fumée s'engouffrant dans ses narines, il se retourne vers la fillette exténuée.
"Laisse-le venir, je l'attends"
Dans un geste d'une douceur rare il abaisse le masque encore sur le au dessus en le glissant sur son visage et de ses doigts ferme les yeux de l'enfant. Il se replace au centre de la pièce droit et immobile, les dernières langues d'encens s'évaporant autour de lui. Dans son dos, le foyer vient de s'éteindre. Plusieurs minutes s'écoulent alors qu'il se tenait toujours à sa place inflexible. Quand soudain, la fillette se redressa et hurla si fort que les vitres des fenêtres en tremblèrent. La réaction avait été plus violente qu'il ne l'avait prévu et immédiatement il se jeta sur la table de nuit pour s'emparer d'une fleur de chèvrefeuille et d'un étrange objet. Un attrape-rêve. Une branche de saule courbée en cercle auquel pendent quelques plumes. Une toile de laine tissée en son centre où des perles de nacre sont prisonnières. Il avait omis un ingrédient et c'est la jeune fille qui payait alors son erreur, se débattant dans son lit et hurlant à la mort. La fleur en main il se précipita sur le foyer où quelques braises vivaient encore et y jeta cette dernière. Elle souffrait tandis que le cauchemar traversait son corps et son esprit. Or le cauchemar lui aussi souffrait également, bloqué dans un esprit qui le l'acceptait pas, il s'embrasait en présence d'un encens qui lui était inapproprié. Il brandissait l'attrape-rêve devant son visage en murmurant des paroles incompréhensibles. L'agitation dura quelques instants puis quand elle s'apaisa, il laissa échapper un soupir.
”Pardon…"
La fleur s'était à présent embrasée et l'enfant calmée. Il rejoignit le lit de la jeune fille qu'il réinstalla confortablement sous sa couverture. La sueur perlait sur son torse couvert de peintures. Épuisé, haletant, il s'assis sur le sol à côté du lit. Un épaisse buée couvrait les lentilles de son masque. Encore essoufflé, il ôta ce dernier de son visage et le laissa tomber sur le sol. Sur ses joues coulent des larmes emportant avec elles le pigment noir qui cernait ses yeux. Goutte à goutte, ces dernières marquent le sol de leur empreinte. Plus tard dans la nuit il remballa ses affaires dans sa bourse de cuir et quitta la maison de la fillette sereinement endormie.
Chapitre V
"Legem Arbiter"
La capture de la veille l'avait quelque peu troublé mais cette nuit à l'auberge avait su lui redonner des forces. Sur son matelas de plumes d'oies, allongé sur le dos, il regardait le plafond les yeux hagards. Les larmes qui avaient coulaient de ses yeux noircissaient encore ses joues. Il se leva lentement et rejoignit le miroir à côté de la fenêtre. Un seau d'eau se trouvait en dessous de cette dernière, il y plongea les mains et se frotta le visage enlevant ainsi toute trace de peinture. Sa bourse de cuir contenant les ingrédients de ses onguents et encens se trouvait sur la chaise à côté du lit. Il s'en saisit après s'être essuyé les mains dans un chiffon sorti de sa poche et quitta la chambre. Il régla à la réception la note qu'il devait contre son hébergement. Il sentait, les regards des clients de l'auberge parcourir chaque centimètre de sa peau à la couleur inhabituelle. Des murmures, inaudibles, accompagnaient sa sortie de l'établissement.
La rue était agitée, le marché battait son plein et les étales débordaient de fournitures en tous genres. Boucher, agriculteur, forgeron, de nombreux corps de métiers représentaient leur profession ce matin là. Mais il était une étale qui attirait plus particulièrement l'attention d'Asubakatchiin, l'herboriste. Cette petite échoppe, presque invisible parmi les autres, proposait tous les produits dont un soigneur pouvait rêver. Champignons divers, orchidées, fleurs et écorces parfumaient l'air de leurs uniques essences. Guidé par son nez, il place sa bourse et son masque à sa ceinture puis se dirige alors vers l'herboristerie ambulante. Il se faufilait au milieu des passant, certains ne manquant pas l'occasion de l'éviter. Quand soudain, une voix se démarqua dans le brouhaha de la foule, plus forte que les autres elle gagna les oreilles du jeune homme.
"Lui, avec les peintures !"
Le gérant de l'auberge le pointait du doigt, son geste fendant la foule. À ses côtés, trois gardes l'arme au poing. Les hommes se dirigèrent vers lui d'un pas décidé. Dans l'incompréhension de ce qui se déroulait sous ses yeux, le jeune homme n'eût pas le réflexe d'éviter le coup du garde le plus proche de lui.
"Une bourse en cuir contenant diverses drogues, un collier d'os, un grigri, une ceinture de lin, quatre pièces d'or et un… masque pour enfant."
Asubakatchiin venait de se réveillé. Le visage meurtrit, il était à présent dans une geôle humide et froide, sans lumière. Attaché, les bras tendus contre un mur glacial, il se maintenait tant bien que mal debout afin d'entrevoir d'où provenait les voix qui lui parvenaient au travers des murs. Soudain, un grincement métallique se fit entendre et deux gardes apparurent au fond du couloir qui lui faisait face. Il s'avancent vers lui en ricanant.
"Acte d'hérésie et tapage nocturne. C'est pas ton jour on dirait, le bronzé.
– Tu sais ce qui t'attends j'imagine ! Ne t'en fais pas, t'auras plus chaud qu'ici vu ce qui t'attend…"
Le garde laissa échapper un gloussement à peine dissimulé. Les muscles tétanisés, il ne su répondre à cette provocation que par un regard de haine. La capture de la veille avait semble-t-il alerté le voisinage et son apparence si reconnaissable n'avait pas entravé les enquêtes quant à son sujet, loin de là. La mère de la fillette avait de toute évidence gagné quelques pièces en échange des informations qui faisait de lui en ce moment même le jouet de ces hommes. L'acte dont il le pensaient coupable était passible au mieux du bûcher et autant dire que le jeune homme avait pour eux la tête de l'emploi.
"Puisque tu aimes tant te déguiser, pourquoi ne mettrions-nous pas ce masque sur ce joli minois, hein Saul !"
Le second acquiesça et ouvrit la porte de la geôle à l'aide d'un copieux trousseau de clés qu'il sortit de sa poche. L'autre passa de force le masque au jeune homme dont les forces s'étaient évanouis.
"Qu'elle est mignonne comme ça !"
Les gardes gloussaient alors que le prisonnier se débattait, ses liens marquant un peu plus la peau de ses poignets à chaque mouvement. La porte de fer se rouvrit au fond du couloir et le troisième garde les rejoignit à grands pas. Haletant, le sourire aux lèvres il se confia à ses deux collègues avec hâte.
"Il manque un larbin pour Fort Lointain…" dit-il l'air malicieux.
"– Et ? c'est pour ça que tu cours comme un dératé ?
– Ils nous le prendrait pour 120 pièces, 40 chacun…"
Les visages des gardes s'illuminèrent alors, la cupidité fronçant leurs traits. Ne pas faire rapport de cette arrestation passerait inaperçu auprès des plus hautes autorités. De plus, ce n'était pas la première fois que Saul et ses collègues falsifiaient certains documents et fournissaient quelques "produits" aux esclavagistes du fort.
À présent, il était seul dans les geôles. Le guérisseur, Capteur de Rêve, avait entendu parlé de ce fort, dernier point de passage pour les embarqués du nouveau monde. Par un simple oubli dans ses préparations, il se retrouvait aux portes d'un gouffre dont il ne saurait remonté, coupé de tous les liens qui avaient fait de lui l'homme qui l'était devenu. Les gardes revinrent un peu plus tard dans la journée accompagnés d'une personne encapuchonnée. Arrivés devant le prisonnier, ils s'arrêtèrent.
"Un masque ?" une voix suave venait de s'échapper en provenance de l'étranger.
"– Hum, juste un de ses jouets… Gwylonna. il n'avait pas grand chose d'autre sur lui. Alors, tu le prends ?"
L'étranger s'approcha alors doucement du jeune homme alors qu'il venait d'ouvrir la porte de sa cage.
"Il faut croire que c'est ton jour de chance."