Carnet de Passage : Les Aveux de Badrin

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Cet écrit a été rédigé par Eliza Marleau, et se trouve sur la nouvelle Esperia.


Introduction Carnet de Passage

Permette la présentation des Esperiens ainsi qu’une trace de leur passage dans la Cité. Oeuvre destinée à la postérité pour que l’avenir sache à qui il succède. Le tout dans un format succinct.

Les Aveux de Badrin

Je fus vendu au Capitaine Günther von Wolfram en décembre 521 par un caboteur pirate des mers du sud répondant du nom de Trois-dents pour une trentaine de cuivrées. Sur le quai là où j’ai été vendu, j’ai juré fidélité à mon nouveau maître et dès lors je l’ai servi invariablement.

On m’a appris très jeune puis dans la Flotte royale à Fort-Bais à suivre et à ne pas discuter les ordres même ceux-là auxquels on doit obéir à contre-cœur. Günther von Wolfram, je l’ai servi comme mon ultime bienfaiteur, mon protecteur, mon sauveur. Alors que le destin me condamnait à vivre mes vieux jours esclave, il m’a offert une chance de prouver ma valeur et m’a tendu la main.

Avant d’être affranchi par ses soins déjà j'oeuvrais au service des projets de von Wolfram. Il a employé mes services pour l’assister dans les élections successives où il prétendait au poste de bourgmestre. J’étais son plus fidèle homme de main dans la garde, celui sur lequel il pourrait compter quoiqu’il advienne.

En dépit des critiques incessantes à son sujet, je l’ai toujours défendu face à ses détracteurs. On a souvent démontré l’incompétence de von Wolfram devant moi sans que je ne puisse me résoudre à l’évidence. On m’a narré ses piètres hauts faits et son indécision notoire, sa lâcheté, et je l’ai toujours défendu. Quand le bourg tout entier n’avait que des reproches pour lui, il savait que je serai toujours son plus proche confident.

Bientôt nous avons compris tous deux que le Capitaine ne serait pas bourgmestre mais qu’en plus de cela il s’agirait en fait de le défendre face aux attaques de ceux qui voudraient le remplacer. Günther s’est toujours plaint d’être entouré de parasites dans la garde, seulement désireux d’obtenir de la reconnaissance à travers les grades tout en ne se montrant jamais actifs, et il a raison à ce sujet. Seulement lui aussi était obsédé par la préservation de son poste plutôt que par le bien du bourg. Cela, je ne m’en suis jamais ému, car il m’a toujours semblé clair que mon rôle était de partager les intentions du Capitaine et de lui être un soutien fidèle.

Le Capitaine est celui qui a évoqué pour la première fois l’idée de tuer Asdis. Il ne l’a fait qu’en ma présence car il ne plaçait une confiance suffisante ni en Cicero Carili ni en Romarin Lonnrot. Si Reynart a toujours constitué un problème majeur pour le Capitaine car lui jurant fidélité tout en en travaillant toujours à sa perte et notamment lors des élections, c’est la Lieutentante eyjarska Asdis qui devait disparaître du fait de sa proximité avec l’ensemble du gouvernement, de son implication dans la traque des sauvages, de son nouveau statut de Chevalière, de sa réforme à venir qu’elle comptait pour le moins imposer à Günther, de sa participation à la Compagnie des voiles lointaines. Le Capitaine devinait qu’elle serait son remplaçant idéal et craignait son influence grandissante.

Je n’ai jamais songé à trahir le Capitaine. Il savait qu’il pouvait m’en parler sans que je n’aille le répéter, et que s’il me l’ordonnait je tuerais pour lui ; j’aurais tué quiconque à l’exception des vénérables et de ma promise Romarin. Je n’ai jamais songé à me rendre non plus lorsque la Foi et le gouvernement ont exhorté les coupables à le faire. Je n’aurais jamais rien dit de l’action du Capitaine si on ne m’avait pas prouvé sa trahison à mon encontre, son intention de faire de moi le seul responsable de la mort de la Lieutenante et d’apparaître comme le héros de toute cette histoire. J’ai pourtant dû me résoudre à parler lorsque ma promise a fait l’objet de menaces de torture.

Si j’ai fait preuve de tant de fidélité à l’égard de cet Hura, c’est d’abord parce qu’il m’a affranchi. Parce qu’il m’a donné ma chance, l’occasion de faire mes preuves alors que la vie m’avait jeté dans la condition la plus basse qui soit. En plus de me prendre sous son aile et de m’accorder sa confiance, il a partagé l’éclat de sa gloire avec moi, et de la reconnaissance dont il jouissait dans le bourg. Il m’a armé, m’a équipé, il m’a offert un toit où vivre et où accueillir le foyer que je construisais avec ma promise. Je n’ai connu cette bienveillance qu’auprès de mes regrettés parents dans l’Archipel des Trombes, et peut-être auprès du Messire Linden, auquel je regrette aujourd’hui de ne pas avoir été vendu pour pouvoir m’illustrer en servant une personne honorable.

Le Capitaine a décidé de passer à l’action après que le bourg ait dû faire face à une attaque des sauvages, laissant la ville sans défense, Günther a subi de lourdes remontrances de la part de la bourgmestre qui furent déterminantes. Après avoir assisté à l’union de Asdis et Valère pour le dénigrer, il en a conclu que le moment était venu. Il ne m’a jamais donné d’ordre direct où il faisait mention de tuer, mais a préféré l’emploi de mot comme “faire disparaître” “réduire au silence” “faire oublier”, il m’a cependant donné le départ pour agir. Nous avons parlé à plus de trois reprises, dans le secret le plus total, des modalités du meurtre à venir et que devrai commettre pour lui.

Nous y avons discuté des protections précises portées par la Lieutenante que je ne connaissais pas, de l’emploi d’une dague perce-maille, de l’obstacle que constitue un casque, mais aussi du lieu idéal, de la disparition du corps. A ces considérations de maillerie, je n’y connaissais rien et n’y avais jamais été confronté dans la Flotte, aussi le Capitaine a pu me renseigner très précisément et nos desseins en étaient rendus très clairs entre nous.

J’ai agi dans la soirée qui a suivi la réunion avec les civils volontaires pour se défendre des sauvages. Après la ronde convenue avec la Lieutenante, je me suis rendu d’instinct au cimetière où je devinais que je la trouverais en train de surveiller les tombes de l’action des sauvages. Après un tour avec elle, j’ai mentionné la crypte et nous nous y sommes rendus. Lorsqu’elle s’attardait à lire les noms des défunts, j’ai saisi le casque de l’eyjarska et lui ai poignardé le visage aussi nettement que j’ai pu en la prenant de dos avec force lâcheté. Je l’ai dépouillé de deux pièces d’argent et ai pris la fuite en la laissant là, et dès lors je me suis terré dans le secret le plus total en dépit du mal que j’ai fait à mon Arbeta.

J’ai informé le capitaine et il ne s’est pas montré très satisfait de la méthode à laquelle j’avais eu recours. Il a manifesté son inquiétude que je ne sois parvenu ni à agir en dehors de la ville ni à faire disparaître le corps de l’eyjarska. Il ne m’a fait pas d’aucun remords mais plutôt de reproches à mon encontre pour un travail qu’il estimé bâclé ; réussi mais présentant de trop grands risques. J’ai tenté de raisonner le Capitaine, de lui dire que je lui serai toujours fidèle et que j’avais fait du mieux que j’avais pu pour lui, mais nous nous sommes quittés froidement. J’ai revu le Capitaine ensuite, et au fur et à mesure qu’il a senti l’étau se resserrer sur lui, il m’a fait part de ses craintes, de remords, m’a parlé de foi et de l’eyjarska sous un nouveau jour, comme de son “amie”. J’éprouvais déjà une grande colère contre lui car je le voyais le sujet de ses caprices, et pourtant je gardais confiance en lui, jusqu’à ce qu’on me présente la preuve de sa trahison à mon encontre.

Aujourd’hui je me rends compte de mon erreur totale. Je sais que c’est un grand tort que de rejeter la faute sur le sort, et pourtant je ne peux m’empêcher de croire que le mien était décidé dès lors que, en posant le pied pour la première fois sur le quai du bourg, je faisais déjà la rencontre du Capitaine en quête d’hommes d’arme. Je sais toutefois que j’aurais dû, libre, mener mon propre chemin, et que la loyauté que j’énonce cache d’abord la lâcheté mais aussi le vice et l’ambition.

Je demande pardon à Romarin Lonnrot de l’avoir trompé autant que j’ai pu pour la préserver de mes maux, et de lui avoir fait croire que je saurais être celui dont elle avait besoin pour fonder ici un foyer et mener à bien la belle et simple mission à laquelle chacun est destiné en venant au monde.

Devant l’Eternel, je regrette de faire porter à la communauté du bourg l’ensemble de la faute, du désordre et du chagrin que j’ai provoqué par mon action. Je m’en remets à elle pour mener à bien mon Jugement avant que d’être confronté à celui du Créateur, qui viendra de toute façon bientôt pour un vieil esclave comme moi.

Anochyre Badrin