Dans de beaux draps

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Cet écrit a été rédigé par Marceau et se trouve sur la nouvelle Esperia.

Mémoires de Drappier

Chapitre Ⅳ : Dans de beaux draps

Je me lance dans le récit de mes origines, désireux de vous faire comprendre comment mon passé dans l’ancien monde a forgé la vision que j'ai aujourd'hui.

Jeunesse capitaline

Tout débute dans le district de Loghéans à la Capitale en l'an 496. Fils d'immigrés canatanais, mes parents étaient des drapiers, s'adonnant à la confection et à la vente de draps.
Je suppose que mon nom, Drappier, vient de la profession de mes parents et de leurs ancêtres. Dans ma toute jeune enfance, j’étais baigné de l'odeur enivrante des draps fraîchement confectionnés, je me perdais souvent dans les plis soyeux de leur texture.
C’est bien l’un des seuls souvenirs qui me restent de cette période et je n'en écrirais pas plus sur cette période.

Les années passent et dans les rues animées du district de Loghéans, je me laissais souvent emporter par l'effervescence ambiante, ignorant parfois les limites imposées par mes parents.
Leurs journées étaient déjà bien remplies par leur labeur incessant, me laissant souvent livré à moi-même. Je devenais ainsi un enfant turbulent, troublant parfois la quiétude des rues sans même m'en rendre compte.

À l'aube de mes treize ans, mes parents prirent une décision qui bouleversa le cours de ma vie : ils m'envoyèrent à la légion royale.
Pour eux, c'était pour canaliser mon énergie débordante tout en me procurant une éducation rigoureuse et c'était une manière de souffler un peu, d'avoir un peu de répit dans leur quotidien déjà bien chargé.
Je me rappelle encore m'agripper désespérément aux jambes de ma mère, pleurant à chaudes larmes alors qu'un légionnaire tentait de me séparer d'elle.
J'ai passé deux années dans une caserne aux environs de la Capitale, où j'ai effectué diverses tâches. Cependant, étant encore trop jeune, je n'ai pas participé aux entraînements sur le terrain.
Durant cette période, j'ai également eu l'opportunité d'apprendre à écrire et de découvrir l'histoire du royaume ainsi que celle de ses monarques.
C'est ainsi, à l'âge de quinze ans, qu'il fut décidé de m'envoyer à la forteresse de Julyan, située dans la région des Marches, pour poursuivre ma formation.
Cette région, souvent la cible de raids et peu accueillante, semblait éloignée de toute civilisation digne de ce nom. L'idée de devoir m'y aventurer m’angoissait particulièrement.

À la forteresse de Julyan, j'ai poursuivi mon apprentissage de l'histoire de notre patrie. De plus, j'ai bénéficié d'entraînements intensifs aux armes et à la reconnaissance sur le terrain.
Dans la forteresse, j'ai tissé des liens d'amitié solides avec mes camarades et trouvé des mentors qui ont guidé mes premiers pas dans la vie de légionnaire.
Je vous partage une petite anecdote amusante : lors d'une soirée de repos bien arrosée avec mes camarades d'armes, l'ambiance était à la franche rigolade.
Deux de mes amis se sont lancés dans un gage quelque peu inhabituel : se lécher mutuellement une couille, suscitant les éclats de rire des autres légionnaires. Une scène aussi improbable que mémorable, qui reste gravée dans nos mémoires comme un instant de camaraderie.

Durant l'année 512, nous étions constamment aux aguets des nouvelles venant des frontières nord de la région des Marches, où les tensions entre la nation adaarionne et la confédération zarègue s'intensifiaient.
Les récits des affrontements à quelques centaines de kilomètres de notre position suscitaient à la fois inquiétude et curiosité parmi nous, alors que nous continuons notre quotidien dans la forteresse de Julyan.

Le siège de Julyan

En l'an 513, une mobilisation générale eut lieu, attirant de nombreux légionnaires de toutes les régions et colonies du royaume central vers la forteresse.
En effet, notre nouveau roi fraîchement intronisé, Thybauld De Fauxvelles, déclara la guerre aux vaahvas, apportant ainsi son soutien à la nation adaarionne et au Sovitelija.

La forteresse devenait alors un point stratégique crucial, avec une population de légionnaires, grandement accrue en son sein.
Le légat Adelain Syr, un général de la légion royale avait établi ses positions dans la forteresse et affichait une détermination sans faille à nous mener vers la victoire.

Mars 513, j'avais alors dix-sept ans, et c'est en plein dans cette période que la forteresse de Julyan fut assiégée par une vaste armée de vaahvas kylmates et kinemaers.
C'était une première pour moi. Je me sentais jeune, ignorant et imprégné d'un sentiment de toute-puissance. Convaincu que nous vaincrons facilement et rapidement les forces vaahvas, j'étais plein d'assurance.
Les vaahvas avaient dressé leur campement devant notre forteresse. Ils avaient érigé des tours de siège et des catapultes. De notre côté, nous nous affairions également à nos machines de guerre, prêtes à détruire celles de l'ennemi.
Jets de projectiles, escarmouches, assauts sur différents niveaux de la muraille, tentatives de forcer les portes de la forteresse… Les affrontements sont particulièrement violents, les sorties de mes confrères assiegés de plus en plus rares.
Quant à moi, je suis resté en retrait dans la forteresse, parfois assigné sur les remparts, armé d'une arbalète. Un matin, je me suis réveillé avec les yeux embués de larmes. Je savais que ma mère me manquait et que le siège était éprouvant mais je ne pensais pas en être poussé jusqu’aux bords des larmes.
Finalement, j’ai appris que cela était un symptôme d’une épidémie : la Lacribante, vulgairement surnommée la chiale chez nous. Mais nous n'étions pas seuls à subir la maladie, les vaahvas chialaient avec nous, bien fait pour leur gueule !

En avril 523, les nouvelles tombèrent comme un couperet : le bourg fortifié de Marista, à l'ouest, était tombé aux mains des vaahvas. Nos alliés n’avaient pas tenu leurs assauts et sont désormais sous le joug de l'ennemi.
Cette perte stratégique nous isolait du sud et nous privait de tout ravitaillement. Un sentiment de désespoir s'abattit sur nous, assombrissant nos esprits déjà éprouvés par le long siège.
Moi, Marceau Drappier, était dans de beaux draps.

Nous avons tenu bon pendant plusieurs mois, endurant le siège qui semblait interminable. Chaque semaine apportait son lot de souffrance et de pertes. J'ai vu des frères et des sœurs d'armes succomber sous les assauts des flèches et des projectiles ennemis, tandis que d'autres étaient emportés par la maladie qui sévissait parmi nous.
Ce qui m'a permis de rester debout face à l'adversité, c'était ma foi inébranlable en notre général, Adelain Syr. Son impassibilité lors des batailles, son charisme naturel, étaient des sources d'inspiration.

Début septembre, le gouverneur des Marches, Justien Balvalantes, est arrivé en renfort avec une garnison de la légion royale. Il a ordonné l'installation d'un campement en face de celui des vaahvas, qui se sont ainsi retrouvés pris entre deux feux.
Ensuite, l'arrivée du ravitaillement tant attendu a été rendue possible grâce à un régiment mené par Faustine Allard, missionné par le gouverneur des Marches, Justien Balvalantes. Elle avait repris le contrôle du bastion de Marista.
En réaction, notre général, Adelain Syr, a rassemblé les quelques légionnaires encore en état de se battre dans la forteresse, les plus braves. Moi, affaibli par la faim et la maladie, je suis resté dans la forteresse parmi tant d'autres et me suis posté sur la muraille, observant avec admiration le courage de notre général et de nos frères qui partaient au combat.
Ils avaient réussi à saboter les engins de siège des vaahvas et à incendier leurs installations près de nos murailles. Pendant ce temps, la garnison de Justien Balvalantes livrait bataille sur l'autre front.
C'était enfin le soulagement pour nous tous. Une partie des forces vaahvas battait en retraite, ne laissant derrière eux que les campements sur la muraille nord. De nouveaux légionnaires pouvaient désormais venir remplacer nos camarades blessés et tombés au combat.
Une semaine plus tard, des cavaliers vaahvas prirent en tenaille un régiment de légionnaires stationné devant les portes de la forteresse. Le régiment se fait violemment assaillir, mais ce qui semblait être une victoire rapide pour les vaahvas se transforma en piège orchestré par notre général Adelain Syr.
Une horde de cataphractaires, la cavalerie lourde de notre forteresse, se jeta sur les vaahvas, renforçant ainsi les fantassins déjà en place.

Après des mois de siège par les vaahvas, nous avons enfin pu y mettre un terme. Cependant, je ne peux pas ignorer les nombreuses pertes que nous avons subies dans nos rangs. Quelques-uns de mes amis n'étaient plus présents pour célébrer la fin du siège.
Il était temps pour nos généraux de mener la campagne de la Kivie. Nous avons avancé vers le nord sans réelles complications, et déjà certaines tribus vaahvas ont changé de camp pour se rallier à nous.

La bataille du Holhooja siffleur

Enfin, après des journées d'effort, nous atteignons le sommet du col appelé “La rampe du Holhooja siffleur”, qui surplombe le plateau de Keltorni.
Les montagnes qui nous entouraient semblaient témoigner de la brutalité de l'affrontement à venir, leurs sommets déchirant le ciel comme des lames acérées.

C’est alors que la bataille gronda, les premières lignes vaahvas se précipitaient sur nous, comme des vagues déchaînées s'écrasant contre les rochers. Leur assaut était féroce, une détermination sauvage qui contrastait avec la discipline martiale de nos rangs.
Je me retrouvais au cœur du chaos, mon cœur battant la chamade dans ma poitrine alors que je faisais face à l'ennemi. Les visages des vaahvas, déformés par la rage et la haine, semblaient surgir de l'obscurité.

Nos lignes vacillaient sous la pression de leur assaut, mais nous résistions avec bravoure. Chaque coup porté, chaque parade était une danse mortelle, une lutte acharnée pour la survie. Le tumulte de la bataille était assourdissant. Les cris des combattants se mêlaient au fracas des armes, remplissant l'air de chaos et de désespoir.
Dans cette tourmente, je percevais à peine les visages de mes camarades, des hommes et femmes avec qui j'avais partagé tant de moments de camaraderie et de solidarité. Certains étaient tombés au combat, emportés par le courroux de la guerre, tandis que d'autres luttaient avec rage.
Dans ce tourbillon de fer et de sang, alors que je me battais pour ma survie, une détermination féroce s'empara de moi. Je jurai alors, dans le fracas des armes et le cri des mourants, que si un jour je devais plier sous la suprématie vaahva, alors ce serait parce que je serais déjà mort. Gloire au Roi, guidé par le Créateur.
Après des heures de combats acharnés, les forces vaahvas se sont repliées dans les remparts imposants de la ville fortifiée de Keltorni. Leurs étendards flottent encore haut dans le ciel, ils étaient prêts à défendre leur bastion jusqu'au bout.
À la fin de la bataille, je voyais les visages de mes camarades, certains souriants de soulagement, d'autres marqués par la douleur et le chagrin.

Nous avons assiégé Keltorni et il nous a fallu seulement quelques semaines pour vaincre l'ennemi, avec l'aide des habitants adaarions révoltés de l'intérieur.
Seuls quelques vaahvas ont réussi à fuir la ville, nous avons donc réduit en esclavage une partie des survivants.
Le mois suivant a été une série de conquêtes pour la Légion Royale, et la reconquête de la Kivie s'est déroulée beaucoup plus facilement. C'est avec une profonde admiration que je contemple le génie stratégique d'Adelain Syr, qui nous a guidés vers la victoire.

Durant les années qui ont suivi, jusqu'au début de 518, je suis resté dans les Marches, participant à des raids contre les quelques tribus vaahvas disséminées dans la région.

Retour au bercail

J'avais vingt-deux ans lorsque je suis rentré à la Capitale, en début de l’an 518. Bien sûr, mon premier arrêt fut le district de Loghéans, où mes parents résidaient.
Ce moment fut inoubliable : je me jetai dans les bras de ma mère, pendant que mon père me regardait avec fierté. À leurs yeux, j'étais devenu un homme. Cette année-là fut la plus paisible que j'aie jamais connue. Je rendais souvent visite à mes parents, passant des moments précieux en leur compagnie.
Je m'impliquais également dans la vie sociale de la Capitale, participant à de nombreuses festivités aux côtés de mes compatriotes, chantant les louanges du roi Fauxvelles et du légat Adelain Syr.

Le Chaos Capitalin

En juin 521, la nouvelle tombe : notre roi souhaite se convertir au courant phalangiste. J'étais abasourdi. Notre royaume était de foi monachiste, alors à quoi jouait-il ?
Encore aujourd'hui, alors que j'écris ces mots, j'ai du mal à accepter la nouvelle. Au fil des années, je me suis permis une réflexion : Est-ce que le sovitelija était une épine dans le pied de notre roi ?

Le roi demanda à la légion royale de réprimer les révoltes causées par l'annonce de sa conversion. Mes supérieurs, mes compagnons et moi-même nous retrouvions ainsi à affronter notre propre peuple.
Malgré le poids de cette mission, nous gardions l'espoir que user de la force calmerait les tensions.

Le peuple, toujours en colère, fut secoué par un drame le 30 juin 521. Le soir de sa conversion, notre roi fut assassiné lors des festivités. Cette nouvelle se répandit rapidement dans toute la Capitale, et les monachistes en colère s'en prirent aux partisans de Fauxvelles et aux phalangistes jusqu’à la mort de ces derniers.
C'est à ce moment que je pris la décision de déserter, retirant l'uniforme de légionnaire comme tant d'autres, dans l'espoir d'échapper à ce lynchage collectif.
Les rues étaient jonchées des cadavres de nombreux habitants de la capitale, souvent des phalangistes ou des partisans du défunt roi. Cette vision d'horreur me glaça le sang, mais malgré tout, je ne regrettais pas ma décision. Je voulais simplement m'accrocher à la vie.

Je me suis retrouvé à enchaîner les petits boulots dans la plus grande discrétion, chaque jour empli de nervosité et d'angoisse, craignant d'être capturé par les hommes du nouveau gouvernement en place.
Un jour, ma paranoïa s'est avérée fondée lorsque des gardes m'ont questionné et ont réussi à percer ma dissimulation. Ils m'ont alors mis aux fers et m'ont emmené jusqu'à Solrès.