Gouverner des Hommes libres Tome. I

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Gouverner, c'est user d'un gouvernail pour orienter un navire, et quel que soit l'art du pilote, flots, vents et courants ne se laissent jamais contrôler. L'étymologie dit déjà d'ambitieuses mais vulnérables prétentions. Si le gouvernail affronte les éléments déchaînés, il s'agit néanmoins de nécessités naturelles qu'on peut, et connaitre et prévoir. Mais dans l'ordre humain, gouverner, c'est reconnaître à ceux qu'on gouverne, en même temps que la possibilité d'obéir, celle corrélative de désobéir. Cette seule possibilité témoigne d'une liberté, au moins comme puissance d'assentiment ou de refus. Gouverner des hommes libres est alors la tâche politique décisive. Mais avant de faire de la liberté un objet à gouverner, force est de constater qu'elle est premièrement la condition de la participation politique. Avant de se poser la question de savoir comment gouverner des hommes libres, la cité s'installe comme l'espace ou ce sont les hommes libres qui gouvernent ! La liberté gouverne certes d'autres libertés, mais aussi ceux qui se caractérisent par l'absence de liberté, soit les esclaves, les étrangers et les enfants. Les hommes libres se gouvernent entre eux mais gouvernent aussi ceux qu'on a jugés inaptes à se gouverner eux-mêmes.

Rien ne paraît plus aisé a priori que de gouverner des hommes libres, puisqu'il s'agit de diriger les libertés qui d'elles-mêmes savent déjà s'ordonner à des principes de direction de la vie aussi satisfaisants que légitimes. Mais la question est alors de savoir comment gouverner ce qui paraît inapte à se gouverner soi-même.

Il s'agirait donc d'apprendre à être libre à ce qui ne l'est pas déjà, à libérer de l'égarement, de l'inconstance de l'interêt ceux qu'on aurait dits ingouvernables. Pour tout dire, la question du gouvernement semble bien se diviser selon les présupposés coextensifs à l'idée de liberté. Soit la liberté est avant tout le foyer des normes raisonnables, le destin de la liberté est la raison, et le gouvernement est alors l'équivalent d'une maïeutique qui accouche les formes politiques les plus adéquates. Soit le gouvernement est toujours associé à un appareil de contraintes, à un dispositif de domination, dont jamais l'arbitraire ne peut être complètement expulsé, et ce qui devient alors étonnant, c'est que la liberté supposée des gouvernés soit si obéissante et si docile qu'elle puisse aimer sa "servitude volontaire" ou son état de minorité.

Ne gouvernerait-on des hommes réputés libres qu'à la condition de comprendre leur liberté comme inoffensive, amoureuse de la règle comme de l'ordre ? Gouverner des hommes libres, n'est-ce pas toujours leur faire préférer la sécurité aux risques et aux errances de la liberté ?