Le marché-debat de l'Ecarlate
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Cet écrit a été rédigé par Ernestine et se trouve sur la nouvelle Esperia.
La soirée du vendredi 28 Juillet de l’an 523 est marquée par un événement populaire au sein du quartier de l’Ecarlate. Dans les environs de la vingt et unième heure, le marché de la grande place s’est ouvert. Il y a avait de nombreuses étales marchandes. Une belle opportunité pour faire la connaissance des différents artisans de la cité. J’ai rencontré une paysanne, un artisan du bois, une autre personne vendait des articles de chasse. En ce qui me concerne, j’ai aidé ma maîtresse à installer son échoppe de nourritures. Malheureusement, les acheteurs n’ont pas été au rendez-vous. Les affaires n’ont pas été bonnes. Ma maîtresse n’a rien vendu. De mon côté, je suis simplement parvenue à échanger ma statuette de bois contre une statuette de marbre.
La soirée a connu une belle agitation grâce à un débat organisé par le Chancelier Verreti. L’objectif était de confronter les différents prétendants au poste d’intendant du quartier portuaire du Bourbier. Les politiciens en lice sont Dame Silana, Messire Rosso et Messire Morten. Silana est la dernière candidate à s’être présentée aux élections. La propriétaire de l’emblématique taverne du Bourbier, le Sans Fond, n’était pas convaincue par les deux autres candidats. A la surprise générale, elle a décidé de se présenter à son tour. Silana incarne le parti de ceux qui ne veulent ni de Rosso ni de Morten. Sans langue de bois, la sublime candidate n’a pas d’autres atouts à faire valoir dans sa candidature. Morten est le second candidat à la fonction. Son approche virile de la politique porte le dynamisme de toute la campagne. Il est le premier partisan de ses idées. Il s’exprime publiquement sur ses projets. Il pointe sans pudeur les faiblesses de ses opposants. On ne peut pas nier qu’il est le visage de ces élections ainsi que le candidat avec le plus de vent dans ses voiles. Attention cependant, qu’un navire aux voiles bien gonflées peut rapidement s’écraser sur un récif. Ce n’est pas le charisme ou la fougue qui vont élire l’intendant mais les votes des résidents du quartier. Le caractère de Morten ainsi que son choix d'adjoints, le petit Pon, peuvent avoir un effet répulsif pour les électeurs. Enfin, l’intendant sortant Messire Rosso est un caroggian membre d’une clique nommée les “Factionnaires”. Il n’a pas été fort engagé dans l'élection jusqu’à présent. Peut-être estime-t-il que son groupe lui apportera suffisamment de voix ? L’attitude guindée, il n’inspire pas grand chose.
Le débat s’est organisé en trois phases, au plein centre de la place. On le résume par une phase de présentation et une autre de critique des opposants les uns envers les autres. Les rivalités étaient sensibles. J’ai naturellement supporté ma Maîtresse. Rapidement, les partisans des autres candidats m’ont menacé. J’ai obtenu une offre intéressante de lancer un citron lors de la prise de parole de Rosso. Je me suis prise au jeu et j’ai réalisé cette petite bêtise. Naturellement, les partisans de Rosso m’ont rossé. L’ensemble du débat a été un pugilat de charabia ainsi qu’un concours enfantin de celui qui contribue le plus à la vie du quartier. De ce que j’en estime, Morten est le candidat ayant le mieux parlé lors de ce débat. En seconde position, Rosso s’en est bien tiré même s' il a rapidement battu en retrait et que sa première prise de parole fut saboté par un citron volant. Enfin, Silana fut largement en dessous de tout. Elle a lutté vaillamment mais ses discours demeurent vides, trop imprécis et candides. Comble de l’humiliation, elle n’a pas compris que Morten se foutait de sa gueule et la relançait sur des sujets qui n'intéressent personne comme l’installation d’un panneau dans une arène.
La lourdeur était telle que le public a applaudit le Chancelier Verrati lorsqu’il annonça la fin des hostilités. Le débat n’aura pas été une démonstration d’esprit de la part des candidats. On peut leur accorder qu’ils sont tous crédibles dans le rôle d’intendant du quartier miséreux d’Esperia. Ils ont le mérite d’amuser le peuple et d’animer l’espace politique de la cité. Dommage que cette ferveur n’existe pas dans les autres quartiers. Ce qui m’a le plus amusée c’est de les entendre parader sur des sujets dont un intendant n’a pas de vocation. Les intendants vont mener des explorations ! Les intendants vont faire vivre l’économie ! Ils vont faire ci et ça mais ils vont surtout bien se tenir et collecter les impôts de leur quartier pour le compte du Nantie Romaric d’Esperia . Au-delà de la ferveur populaire, n’oublions pas que l'élection de l’intendance n’est rien de plus que l'élection d’un subalterne.
Ernestine Di CHAMOINE !
