Le puit de Lunesian

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Cet écrit a été rédigé par Natanael et se trouve sur la nouvelle Esperia.

Le puit de Lunesian

Quelque part, dans les vastes terres de la République de Caroggia, se trouve un petit village. Cependant, il n’avait pas l’allure d’un village comme les autres. Alors que la plupart de ces communautés sont faites de pailles et de torchis, ce village était bâti de briques et de tuiles. Les murs, les portes et même les fenêtres transpiraient la richesse.

Un jeune bourgeois en voyage à cheval passe dans les environs et, intrigué, décide de s’arrêter là bas. Ce n’est ni la fatigue, ni la route qui le poussent à sa pause, mais bien les reflets dorés du soleil sur les bâtisses. Alors qu’il pivote pour prendre la route du village, le nom lui apparaît sur une pancarte faite de marbre, indiquant le nom “Lunesian”, avec en dessous, l’avertissement “attention aux accidents”. Du galop, la vitesse passe au trot, ne sachant de quel accident il pouvait subvenir. Pourtant, aucun trouble ne vient perturber le voyageur et il peut rejoindre la civilisation tranquillement. Les sabots du destrier résonnent sur le pavé des rues, passant à côté des dames aux robes raffinées et d’hommes aux costumes taillés. La réponse deviendrait-elle plus évidente ? Est-ce tout simplement un lieu de résidence pour les oligarques ? Sans nul doute. Ainsi, c’est un honneur pour ce jeune homme de pouvoir demander le repos dans un tel havre de paix.

Il attache sa monture et entre en taverne, posant son derrière sur le cuir soyeux d’une chaise. A peine a-t-il le temps de souffler d’aise que le tavernier se présente à lui et lui propose un verre. L’invité s’attarde un instant, posant ses yeux sur les tableaux, les statues et les tapis, puis demande, soucieux : “A quel prix ?”. Ce tavernier est bien capable de lui donner un verre de vin de l’année 350 et c’est ce qu’il suggère. La main sur sa bourse, le jeune homme secoue la tête pour ne quérir qu’un verre d’eau, dans la simplicité. Le serveur exauce son vœu après quelques minutes. Le liquide dans la main du bourgeois lui fait comprendre qu’il n’a pas d’allure bien aisé, entouré d’autant de richesse. Lui qui pensait être à sa place, ressent la pauvreté dans ses tripes. Les autres consommateurs papotent entre eux, mais jamais avec le nouveau. Il se sent seul.

Curieux, le voyageur interpelle le tavernier alors qu’il passe, plateau à la main, à côté de sa chaise : “Messire ? Votre village est si riche ! C’est un lieu d’oligarques ?”. Le serveur est bien amusé par la question, le sourire aux lèvres. Il secoue la tête et lui explique que tous ces gens sont nés paysans. De la curiosité, on passe à l’intrigue et peut-être même le doute. On lui ajoute que la richesse provient du cœur du village, un puits qui aurait la capacité d’exaucer les vœux. D’abord, le bourgeois fronce les sourcils à l’annonce. Est-ce qu’on se moque de lui ? Un puits qui offre ce qu’on désire et puis quoi encore. Il révoque le tavernier, puis s’attarde sur la démarche des autres. Quelque chose cloche bel et bien. Les rires, les pas, la droiture et la démarche ne sont pas ceux de nobles ou d’oligarques, mais bien de paysans. On ne lui aurait donc pas menti. Peut-être ne sont-ils que des voleurs, il doit bien y avoir une explication à tout cela.

Auguste quitte la taverne, à l'affût et plus méfiant. Il marche dans la rue, tenant la sangle de son cheval pour le guider. Les gens ont l’air si insouciants, à rire et à glousser dans les rues. Ils n’ont plus besoin de travailler la terre, de creuser les mines, de couper le bois ou d'œuvrer dans l’atelier ; ils achètent tout ailleurs. Au centre du village, on y trouve une haute pierre de 5 mètres de hauteur, sculptée et avec plein de noms dessus. Alors que le voyageur en fait le tour, il doit bien en estimer une centaine. Il y a un écriteau sur une face qui a visiblement subi, soit le temps, soit la dégradation en son centre : “Pierre - fortune”. Une pierre de fortune, pour montrer ceux qui ont pu jouir de tant d’argent. Mais cette dégradation n’est pas un hasard. Quelqu’un a montré sa résistance face à ces gens. Ou alors, le sabotage a l’air d’avoir eu lieu proche du mot “fortune”. Est-ce qu’ils essayent de cacher la vérité sur le fait que n’importe qui peut devenir riche avec cet étrange puits ?

Auguste sort son petit carnet et commence à écrire une dizaine de noms. L’enquête va débuter dans le secret. En passant dans les rues et les boîtes aux lettres, il cherche à rencontrer les domiciles de ces personnes. Seulement, après une bonne heure et plusieurs rues parcourues, aucun nom n’est visible. Pourtant, le bourgeois aura visité plus de la moitié du village. Au fur et à mesure de sa route, une théorie lui vient en tête. Ces gens pourraient être des bandits déguisés en riches et ils auraient dépouillé tous ces voyageurs. Cependant personne n’a encore agressé Auguste. Peut-être ce soir, alors qu’il essaye de dormir ? A cela, le jeune homme refuse de se coucher à l’auberge. C’est à contre-cœur qu’il cherche le foin de l’écurie, car lui-même ne prendra pas le risque de voir son destrier volé. La nuit tombe, puis passe, alors qu’Auguste n’arrive pas à fermer l'œil, de peur qu’un criminel débarque, le dépouille ou le tue.

En plus de la fatigue, l’aube vient taper sur les yeux du bourgeois, aveuglé et fragile dans sa meute de foin. Il se redresse, tant bien que mal, mais encore trop pris par ses réflexions : Personne n’est venu. On aurait pu l'agresser si facilement. Après tout, ils sont des dizaines dans ce village, il est une proie toute disposée. Il reste une théorie, à savoir qu’il est possible qu’ils attendent le départ d’Auguste pour agir et lui tendre une embuscade. Le jeune homme repense à la pancarte “attention aux accidents” et tout fait sens : Ils attaquent les gens sur le départ, lorsqu’ils ont la certitude qu’ils ont de l’argent. Il prépare la selle de son destrier, puis monte dessus. Il galope sans pause, comme si la mort était à ses trousses, jusqu’à la sortie du village, arrivant dans la campagne de nouveau. Aucune flèche, aucun javelot, aucun piège, rien ne le secoue dans ce trajet.

Auguste s’octroie la méditation, fixant la longue allée menant vers ces riches lieux qu’il vient de quitter. Les arbres sont calmes autour de lui et la paix naturelle n’est troublée que par le chant des oiseaux. Il marche quelques pas, comme pour tester la sérénité des lieux, puis aperçoit au loin une clairière avec un puits, isolé de tout. Serait-ce le puits dont a parlé le tavernier ? Le bourgeois récupère sa monture pour approcher jusqu’au trou. La pierre est vieille, ancienne et le petit toit de bois commence à tomber en ruine. La poulie qui sert à remonter les seaux est totalement bloquée. Un message est gravé sur la roche : “Faites un voeux, entre minuit et midi. Que la générosité vous guide.”. Il se penche pour regarder au fond du tunnel, ne voyant que l’obscurité. Perplexe, c’est après plusieurs minutes que le jeune homme se lance. Midi approche à grands pas et il n’y a pas de temps à perdre. De sa bourse, il jette quelques pièces prudemment dans le puits, souhaitant devenir riche. Les minutes passent et aucune pièce ne tombe du ciel. Le message l’appelant à la générosité, il sacrifie quelques pièces encore, puis sa bourse. Aucune grâce du puits, encore.

Auguste s’agace, puis s’enrage en voyant midi arriver. Le jeune homme se penche pour inspecter le tunnel et le zénith du soleil lui offre la brillance de l’or.

Bijoux, joyaux, pièces, or, argent, toutes ces couleurs de la richesse illuminent le ventre du puits, une véritable banque. Un instant, Auguste reste admiratif et obnubilé face à cette surprise. Le tavernier avait-il donc raison ? Est-ce que ce puits exauce les vœux ? En y réfléchissant, c’est bien la plus grande volonté d’Auguste, devenir riche et puissant. Le puits lui offre ce qu’il veut, mais faut-il encore le récupérer. La corde est toujours avec la poulie, il ne suffit que de l’utiliser. N’ayant que peu confiance envers la solidité du puits, il vient l’accrocher à un arbre, faisant plusieurs fois le tour et emmêlant plusieurs nœuds. Il entame sa descente, déterminé, jusqu’à rejoindre le précieux trésor.

Le voilà au centre de l’épreuve et la corde, étrangement, cède d’un coup sec. Il crie et chute sur le tas de pièces dorés. Auguste reprend ses esprits et se lève difficilement, les yeux levés vers la lumière : “Y’a quelqu’un ?!”. Aucune réponse, si ce n’est son écho. Il s’agace, s’enrage, tourne dans le fond du gouffre pour y trouver une sortie, en vain. Le décalage de la lumière lui révèle alors un trésor bien plus macabre, à savoir des ossements. Nul cri, nulle supplication, nul pleur ne sauva Auguste, destiné à rejoindre les habitants de ce cimetière et, son argent, à rejoindre le butin.

Trois jours plus tard, un nouveau nom avait rejoint la Pierre de l’Infortune.