Purgatoire ocolidien

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Cet écrit a été rédigé par Marceau et se trouve sur la nouvelle Esperia.

Mémoires de Drappier

Chapitre Ⅱ : Purgatoire Ocolidien

Dans ce nouveau chapitre de mes mémoires, je plonge dans le quotidien de ma période d'esclavage au service d’un nouveau maître à Esperia, une période plus récente et donc plus détaillée que celle narrée dans mon premier chapitre. Les événements sont encore frais dans ma mémoire, me permettant de les raconter avec clarté. C'est l'occasion pour moi de partager les défis, les épreuves et les moments de résilience qui ont marqué cette période de ma vie.

De retour à Esperia, mon destin prend un nouveau tournant lorsque je suis mis aux enchères sur le marché aux esclaves. Parmi les acheteurs avides se trouve un homme imposant dans la quarantaine, arborant une bonne grosse moustache et une aura intimidante : Siffleur De la Séquière. Une fois de plus, je me retrouverai à servir les intérêts des Ocolidiens, un purgatoire auquel je suis condamné à nouveau.

A peine avais-je été acheté par Siffleur, qu'il me confiait un couteau de guerre et m'assignait un rôle de garde rapproché. Sa voix grave résonnait dans mon crâne alors qu'il m'ordonnait de patrouiller autour de ses nombreuses propriétés, affirmant qu'elles étaient souvent la cible de vols.
Arpentant les ruelles du bourg la ou se trouvaient ses propriétés, je ressentais le poids de la responsabilité sur mes épaules. Je me jurais de protéger Siffleur ainsi que de veiller à ses biens avec la détermination d'un homme désespéré, prêt à tout pour gagner la confiance de mon nouveau maître.

Aux côtés de Siffleur, je me tenais en alerte, veillant à sa sécurité à chaque instant de la journée. Son regard sévère et son air de méfiance étaient une constante rappelant la menace perpétuelle qui pesait sur nous. Pendant la journée, je restais à ses côtés, prêt à intervenir à la moindre menace qui pourrait se présenter.
Mais lorsque la nuit recouvrait la ville d'Esperia, mon rôle prenait une autre dimension. Armé de mon couteau de guerre, je patrouillais silencieusement devant les propriétés de Siffleur : sa demeure imposante, sa taverne à l'Écarlate et ses entrepôts dont je ne connaissais pas le contenu. Chaque pas était empreint de vigilance, chaque ombre scrutée avec attention.

Malgré le charisme indéniable de Siffleur, je peinais à accepter ses origines ocolidiennes, ainsi que celles de nombreux membres de sa famille. Chaque fois que je croisais le regard froid de Melio, un Ocolidien particulièrement louche, un frisson me parcourait l'échine.
Melio semblait dissimuler des motivations qui éveillaient en moi une méfiance profonde. Son comportement vulgaire et ses manières abruptes contrastaient avec le charme trompeur de Siffleur.
Pourtant, malgré mes doutes et mes appréhensions, je savais que je devais demeurer loyal envers mon maître. Chaque jour, je me forçais à mettre de côté mes préjugés et à remplir mes obligations avec dévouement, même si cela signifiait devoir travailler aux côtés d'un homme dont les intentions étaient aussi mystérieuses.

Parmi les esclaves, je me suis lié d'amitié avec une huratelonne au bec de lièvre du nom de Pietra. Notre première rencontre était tendue, marquée par une certaine méfiance de part et d'autre.
J’ai rencontré Pietra dans la Fosse, à Solrès. J'étais tranquillement assis sur ma paillasse, savourant un rare moment de répit. Soudain, elle s'est approchée de moi, autoritaire, comme si elle possédait le droit de commander dans ce trou de misère.
"Laisse-moi ce lit !" a-t-elle ordonné d'une voix impérieuse, même s'il y avait d'autres lits libres. Son intention était claire : montrer à tous les autres esclaves présents qui était la véritable patronne de cette sombre fosse de servitude.
Son autorité naturelle m'a pris au dépourvu, me laissant presque docile devant elle, malgré mes antécédents de légionnaire.
Après mon refus, elle m'a lancé une menace froide, crachant avec mépris devant mes pieds avant de s'éloigner, maaaaais… malgré nos difficultés au début, nous avons fini par devenir amis.
Au fil du temps, nous avons trouvé du réconfort et du soutien mutuels dans notre amitié naissante, nous aidant à faire face aux défis de notre condition d'esclaves.
(Je ne peux oublier le moment où elle m'avait vomi dans la bouche quand nous étions dans la cale de Marlon, alors que je somnolais.)

Un autre esclave du nom de Tomi représentait un défi plus important pour moi. Il était un Ocolidien vulgaire, peu éduqué et parfois virulent dans ses propos. Malgré nos différences et nos frictions, nous étions tous deux sous la domination de Siffleur, ce qui exigeait de moi de lui accorder un certain respect.
La présence de Tomi n'était pas seulement une source de conflit entre nous, mais elle causait également des problèmes au sein du bourg. Ses actes de vol et de méfaits avaient laissé des cicatrices chez certains habitants d'Esperia, suscitant la colère et la méfiance envers les esclaves de Siffleur, moi inclus.

Dans cette même période agitée, Melio m'a ordonné de l'accompagner pour récupérer Tomi, capturé par des gens qu'il avait volés. L'idée de suivre Melio dans cette mission risquée m'angoissait, mais je n'avais pas le choix.
Ensemble, nous avons sillonné les rues du Bourbier.
Nous sommes entrés en force chez les chahuteurs, des enfants terrifiés nous ont alors pointés avec des dagues, mais Tomi n'était pas là. Pénétrer de force dans une maison, sous le regard terrifié des enfants qui y habitaient, avait créé un malaise en moi. Je ressentais une profonde culpabilité, même si je n'avais fait qu'obéir aux ordres qui m'avaient été donnés.
Mais même si je n'approuvais pas toutes ses actions, je ne pouvais qu'admirer Melio pour sa détermination à retrouver Tomi, un simple esclave, et à affronter le danger pour cela.
Finalement, nous avons trouvé Tomi à l'extérieur, blessé et relâché par ses ravisseurs. Si ma mémoire est bonne, les vaahvas avaient infligé à Tomi une punition brutale en le plantant près de son trou du cul et en le forçant à lécher le sol des égouts.
Bien qu'il fût ocolidien, j'ai ressenti une certaine compassion pour lui, ça n’a pas dû être une partie de plaisir pour ce brave.
Toute cette affaire a eu des répercussions désastreuses pour nous. Le chancelier Kolmann aurait rédigé une lettre autorisant à certains de nous tuer sans craindre de conséquences.

Être aux côtés de Siffleur pour assurer sa sécurité m'a donné une perspective unique sur les intrigues politiques qui se tramaient dans les coulisses d'Esperia. En écoutant les conversations entre Siffleur et les notables du bourg, j'ai pu recueillir des informations cruciales sur les enjeux politiques qui façonnaient le destin de la ville.
Au fil des jours, j'ai appris à discerner les alliances fragiles et les rivalités brûlantes.

Un jour, alors que je veillais paisiblement à la sécurité de Siffleur dans sa taverne, une surprise m'attendait : le chancelier est venu me chercher pour une conversation à huis-clos dans son bureau. C'était à la fois un honneur et une source d'anxiété, car être convoqué par l'un des hommes les plus puissants de la ville n'était jamais bon signe.
Dans le bureau du chancelier, l'atmosphère était tendue. Sans détour, il a déversé une série d'accusations contre moi : vols, agressions sur des citoyens libres, même sabotage du navire de mon ancien maître, Jasper, maintenant décédé. Ses mots m'ont frappé comme un coup de poing, et j'ai senti le poids de sa colère peser sur moi.
Malgré la peur qui m'envahissait, j'ai pris une profonde inspiration et j'ai décidé de faire face à ces accusations avec courage. Je savais que mon statut ne me permettait pas de lui tenir tête. J’ai donc essuyé ses accusations en promettant de mener un futur où je serais intègre et droit dans mes bottes.

Au fil des jours, ma relation avec Siffleur évoluait vers une intimité grandissante. Dans les moments de calme, je lui confiais mes aspirations, celles portées par Auguste Lefer et son mouvement. À ma grande surprise, Siffleur semblait apprécier mes idéaux et les considérer avec sérieux. Pendant ce temps, Siffleur a acquis un nouvel esclave, un mercenaire dionan qui devait m'épauler dans la sécurité de notre maître.
Travailler aux côtés de ce mercenaire, dont le passé et les motivations étaient inconnus, suscitait en moi une méfiance prudente. Pourtant, je savais que je devais mettre de côté mes doutes et collaborer avec lui pour remplir notre mission commune : assurer la sécurité de Siffleur à tout prix.

Un jour, pendant un moment d’oisiveté, je me suis aventuré à la bibliothèque de la ville dans l'espoir de retrouver un livre précis que j'avais écrit sur une manifestation marquante de l'époque, Mars ou Mai 523, afin de le présenter au seigneur du bourg qui en était l’instigateur.
Alors que je parcourais les étagères poussiéreuses à la recherche de mon précieux ouvrage, mes yeux croisèrent ceux d'une jolie jeune femme. Sans hésiter, je décidai de briser la glace et de lui demander de l'aide dans ma quête. Sa gentillesse et sa volonté de m'assister dans ma recherche m'ont touché.
Ensemble, nous avons fouillé les rayons de la bibliothèque, échangeant des discussions animées sur quelques sujets, en partageant des sourires complices. Ce bref moment de partage dans la bibliothèque, entre deux âmes en quête d’un bouquin, reste gravé dans ma mémoire comme une lumière dans l'obscurité de ma condition d'esclave.
C'était un rappel que même dans les circonstances les plus sombres, il y avait toujours des opportunités de rencontrer la beauté et la gentillesse dans ce monde.

Une autre fois, profitant de mon maigre temps libre, je déambulais dans le bourbier, observant la vie animée qui s'y déroulait. L'agitation à l'arène attira mon regard.
De nombreux combattants s'entraînaient dans le sable, parmi eux, les mercenaires de la Ronce Rouge se distinguaient par leur prestance.
Dans le public, un gamin au turban bleu attira mon attention. Il répondait au nom de Sohrab.
Rapidement, il s'approcha de moi, proposant du travail d'une manière peu arbitrée : tabasser une jeune eyjarska du nom d’Iren en échange de dix pièces.
Bien sûr, j'ai catégoriquement refusé de rendre ce service à Sohrab. Non seulement cela aurait entaché ma réputation et ma propre intégrité, mais je ne me voyais pas prêter main forte à un morveux à peine rencontré, surtout pour une tâche moralement douteuse.
Ainsi, j'ai décliné poliment son offre, lui expliquant que je n'étais pas intéressé par ce genre d'activités.
Malgré son insistance, j'ai tenu bon dans ma décision, sachant que compromettre mes valeurs ne mènerait qu'à des ennuis plus grands.
Bien que cette interaction avec Sohrab ait été brève, elle a été révélatrice.
Mais pour moi, rester fidèle à mes principes était plus important que tout, même si cela signifiait refuser une proposition d'un étranger rencontré au hasard dans le bourbier, même si l'offre était alléchante.

Le jour où j'ai été affranchi reste gravé dans ma mémoire comme un tournant majeur de ma vie. Ce jour-là, comme à mon habitude, je veillais à la sécurité de mon maître Siffleur pendant qu'il s'entretenait avec des notables, discutant de ses affaires comme à son habitude.
Dans l'atmosphère feutrée de la pièce, les murmures des conversations résonnaient doucement tandis que Siffleur négociait avec assurance. Puis, soudain, au milieu de cette routine quotidienne, Siffleur prit la parole.
Ses mots résonnèrent dans la pièce, empreints de solennité et de respect. Il annonça son intention de m'affranchir, reconnaissant mes bons services et ma loyauté sans faille.
La nouvelle de mon affranchissement fut accueillie avec surprise et émotion. Les regards se tournèrent vers moi, mêlant admiration et respect. Pour moi, c'était un moment de joie mêlée d'appréhension. La perspective de la liberté était exaltante, mais elle apportait aussi son lot d'incertitudes et de responsabilités.
Pourtant, j'ai accepté avec gratitude le geste généreux de Siffleur. C'était la fin d’un chapitre de ma vie et le début d'un nouveau, une opportunité de forger mon propre destin et de poursuivre mes rêves avec ambition.


En hommage à mon premier maître, feu Jasper Eliot.