Récits d'une lapine téméraire : Duel et redemption

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Cet écrit a été rédigé par Fio et se trouve sur la nouvelle Esperia.

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Duel et redemption


Ce pernicieux lièvre qu’Ambre s'apprêtait à anéantir se nommait Nazar. Il avait l'apparence d'un lapin trop sûr de lui. Ses oreilles n’avaient d’égal que son arrogance en termes de hauteur. Elle le regardait parler à quatre compères, si semblables de fourrure anthracite qu'ils étaient sans doute ses frères. Les cinq personnages étaient arrogants et satisfaits, comme si se présenter à la Maison du Patrimoine pour répondre à son défi était bien en dessous d'eux.

L'aube diffusait des lueurs anguleuses par les meurtrières et le marbre pâle reflétait la silhouette de ceux qui étaient venus voir une vie atteindre son terme. Ils étaient alignés sous les ogives, membres des deux Maisons Valebriard et Griffetoise, badauds, spectateurs seulement avides de voir le sang couler.

« Dame », dit Wybert, le frère puîné de sa Maison, lui tendant une courte rapière à la lame d'acier bleu que la lumière teintait d'éclats liquides. Il murmura, en secret : « Es-tu certaine de vouloir poursuivre ? »

« Bien sûr », répliqua Ambre. « Tu as entendu les stupidités que Nazar et la stupidité de ses frères répandent sur Verte-Garenne ? »

« Oui. Mais cela vaut-il la mort ? »

« Si on laisse passer une insulte, tout le monde se pensera libre de bavasser », répondit Ambre.

Wybert fit un geste de la tête et recula. « Faites ce que vous devez, ma sœur. »

Ambre s'avança, fendant deux fois l'air de sa lame : un signe que le duel était sur le point de commencer. Nazar se retourna vers elle et la colère gonfla Ambre quand elle le vit évaluer son physique d'un regard qui descendait loin sous le visage. L'homme tira son arme, un long sabre sculpté de l’infanterie d’émeraude, orné d'un péridot et de glands d'or. Une arme de poseur qui ne convenait nullement aux exigences d'un duel.

Nazar se plaça sur la marque qui lui était réservée et imita les mouvements que Ambre avait exécutés. Il salua et fit un client d'œil. Ambre sentit ses mâchoires se crisper, mais chassa son mépris. L'émotion n'avait nulle place dans un duel. Elle obscurcissait l'art de l'escrimeur et, à cause d'elle, plus d'un grand bretteur avait cédé devant un médiocre adversaire.

Ils se tournèrent autour, multipliant les mouvements de pieds et de lames comme des danseurs au premier temps d'une valse. Les mouvements n'avaient pour but que de rappeler aux deux adversaires la signification de ce qu'ils s'apprêtaient à entreprendre.

Les rituels du duel étaient très importants. Ils avaient pour fonction de maintenir une illusion de civilisation et de noblesse dans l'assassinat. Ambre savait que c'étaient des lois justes, de bonnes lois, mais cela ne changeait rien au fait qu'elle s'apprêtait à tuer le chat qui se tenait devant elle. Et comme Ambre croyait en ces lois, il lui fallait faire son offre.

« Messire, je suis Ambre, de la Maison Valebriard. »

« Huh ! Gardez cela pour le graveur de tombes ! » railla Nazar.

Elle ignora cette médiocre tentative d'ironie et ajouta : « On a porté à mon attention que vous avez meurtri la réputation de ma Maison d'une façon injuste et vile, en répandant sur elle des calomnies sur la légitimité de ma naissance. Il est donc de mon droit de vous défier pour restaurer dans le sang l'honneur des miens. »

« Je sais tout cela », dit Nazar, fanfaronnant pour la foule. « Ne suis-je pas ici ? »

« Vous êtes ici pour y mourir », promit Ambre. « Sauf si vous renoncez à combattre en me donnant satisfaction. »

« Et comment, madame, puis-je vous donner satisfaction ? »

« Compte tenu de la nature de votre offense, acceptez que votre oreille droite soit coupée. »

« Quoi ? Êtes-vous folle, madame ? »

« C'est cela ou mourir », dit Ambre calmement, comme si elle parlait du temps. « Vous savez comment ce duel prendra fin. Il n'y a pas de honte à vous incliner. »

« Bien sûr que si », rétorqua Nazar ; et Ambre vit qu'il pensait toujours pouvoir vaincre. Comme tout le monde, il la sous-estimait.

« Chacun sait ici ce que je vaux lame en main, choisissez de vivre et portez votre amputation comme une marque honorifique. Ou choisissez la mort et nourrissez les corbeaux du matin. »

Ambre leva sa lame. « Mais choisissez maintenant. »

La colère de Nazar devant ce qu'il croyait de l'arrogance submergea sa peur et il s'élança, la pointe de son sabre dirigée vers le cœur. Ambre avait deviné l'attaque avant même qu'elle ne parte ; elle pivota d'un quart de tour sur la gauche et l'arme ne faucha que le vent. Sa propre lame suivit avec précision un arc en diagonale. Un grondement s'éleva de la foule tandis que, dans une éclaboussure de sang, le duel prenait fin avec une stupéfiante rapidité.

Le sabre de Nazar tomba en cliquetant sur les dalles de granit. Le lièvre tomba à genoux, les mains fermées sur une gorge tranchée d'où le sang jaillissait.

Ambre s'inclina devant Nazar, mais les yeux vitreux de l'homme n'étaient déjà plus capables de voir que sa mort imminente. Ambre n'avait pris aucun plaisir à cette exécution, mais l'imbécile ne lui avait guère laissé de choix. Les frères de Nazar vinrent chercher le cadavre et elle ressentit le choc qu'ils éprouvaient devant cette défaite.

« Combien cela fait-il ? » demanda Wybert, approchant pour lui reprendre la rapière. « Quatre ? Six ? »

« Huit. », dit Ambre. « Ou peut-être plus. Ils se ressemblent tous à mes yeux. »

« Il en viendra d'autres », promit son frère.

« Qu'il en soit ainsi », répondit Ambre. « Mais chaque mort restaure l'honneur de la famille. Chaque mort approche l'heure de la rédemption. »

« La rédemption pour qui ? » demanda Wybert.

Mais Ambre ne répondit pas.

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Hors RolePlay :

Tiré de "Une question d'honneur" - Riot Games