Utilisateur:Neuville

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Vous consultez la fiche d'un personnage reparti dans l'ancien monde.

     Albion Neuville
Informations RP
Genre
Homme
Année de naissance
Rang


Famille


Quartier




Métier
Métier
Compléments








Informations HRP
Login Minecraft
Neuville
Pseudo
Neuville
Prénom IRL
Florent
Âge IRL
19 ans



Informations Diverses
Carpe diem quam minimum credula postero.



Dans les grandes lignes

Neuville1.jpg

Nom : Albion Neuville

Age : la cinquantaine

Taille : Moyenne inférieure

Sensibilité : Homme de Lettres, philosophe dans l'âme, laïque de fait, ne connait pas la ferveur religieuse.

Affiliations

Engagements

  • Cofondateur et rédacteur en chef du petit Dédale, premier journal d'Esperia !
  • Adjoint au Maire de Rivelame.

Histoire

Son Background

Albion est un homme de taille modeste, à peine plus grand à vrai dire que la plupart des enfants de dix ans. A cause de sa taille, il a une démarche toute particulière qui, si on l'analysait, reposerait surtout sur un balancement nonchalant du buste de la droite vers la gauche et inversement selon, bien entendu, quel pied avance. Bien que cela confère à Albion un manque certain d’élégance, avec les années il a apprit à camoufler -M'enfin... tout est relatif- à camoufler donc cette démarche atypique. Ainsi, les jours de grandes fatigue ou tout simplement quand il se laisse aller, cette démarche lui revient instinctivement. Cependant, quand il fait un effort, il parvient à l'atténuer de telle sorte qu'il n'a plus alors seulement que l'air d'être un peu bancal. Mais cette bride dont souffre sa taille ne semble pas être dûe au hasard. En effet, bien qu'aucune science ne soit jamais venue étayer cette théorie, Albion pense qu'il y a une relation de causalité entre sa taille, son allure frêle et son teint pâle... comme un défaut qui fait que son corps ne veut plus grandir ni s'enhardir trop. Mais cela importe peu à Albion dans le fond. Il sait aujourd’hui vivre avec son corps et est habitué à ses contraintes.

Par ailleurs, natif de Caroggia, Albion a eut une enfance plutôt insouciante et privilégiée. Dans cette ville prospère où le crime est quasi inexistant, Albion n'eut jamais de soucis particuliers, si bien d'ailleurs qu'à présent il est devenu un être naïf voire crédule. En effet, c'est là son défaut : il croit vite ! Mais fort heureusement pour lui, la vie, comme si elle avait prévue cela, le munie aussi d'une très grande sensibilité littéraire et philosophique, faisant de lui un être capable d'analyse très profonde sur les choses. De fait, bien qu'il croit vite, victime de l'immédiateté de ses sens, il sait très bien démêler le vrai du faux pour peu qu'il prenne du recul et le temps de la réflexion.

Très jeune d'ailleurs, Albion tint de grande discussion avec ses professeurs et d'autres érudits plus âgés que lui, jugeant chaque nouvelle discussion comme une pierre sur laquelle il construirait son intellect. Sa chance, d'ailleurs, fut d'être fils de garde. En effet, ainsi, il pu jouir de la très réputée école Caroggianne. Mais une fois la plus grande partie de son éducation passée, Albion eut vite envie de changer de voie. En effet, il ne se reconnaissait pas dans les spécialisations mathématiques et comptables qui sont celles de l'école Caroggianne. Ainsi, dès dix sept ans, il quitta Caroggia pour La Capitale. Il y étudia pendant de nombreuses années à l'école de la philosophie tout en faisant preuve d'une grande assiduité à l'égard de la bibliothèque principale où il pu lire tout ce qui attisait sa curiosité.

Car c'est bien là le premier apport que lui fit La Capitale, elle le rendit immensément curieux. ... Mais comment ne pas l'être ? Dans cette Tour de Babel, carrefour des civilisations, comment ne pas devenir curieux de l'autre ? C'est donc animé par cette curiosité qu'après près de six ans passés en La Capitale qu'Albion prit une décision qui bouleversa sa vie.

Il se mit alors en route pour les montagnes, pour les Adaarions. Il savait qu'il trouverait là bas une très grande bibliothèque atypique ainsi qu'un observatoire à la pointe de la technologie. Ce serait pas la même occasion le moyen d'aller découvrir de nouvelles terres, de nouveaux gens, et une nouvelle culture... Et puis entre alcoolique, ils s'entendraient bien se disait-il ! Il y resta pendant quatre pleines années. Quatre années pendant lesquelles il réfléchit à ce qu'il pouvait faire de tout ce savoir accumulé, tout en continuant d'observer, de dévorer, de décortiquer le monde.

Venant d'une région où la religion est parfois relayée au second plan par l'argent et l'avidité, et après un passage par La Capitale où tout se mêlait, Albion était fasciné par la ferveur religieuse qui est celle des Adaarions. Il décidé alors que son objet d'étude serait la théologie, et plus généralement l'anthropologie !

Après une longue préparation, Albion se mit à nouveau en route, mais cette fois non sans danger...Par désir de satisfaire sa curiosité, mais aussi pour entrer de plein pieds dans son objet d'étude, Albion mit cap sur les mètres des Ecumeurs dans le but d'y faire une observation participative et d'écrire sur ce peuple dont les bibliothèques manquent cruellement d'informations, sinon pour ne les décrire que comme des gens violents et dangereux, sans foi ni loi. Quel meilleure lieu alors pour commence l'anthropologie qu'au sein d'un peuple qui ne tolère pas l'étranger ? Mais la tache ne serait pas aisée, Albion le savait très bien, il connaissait le code d'Honneur qui les régissait, preuve qu'il n'étaient pas sans loi. Connaissant donc ce code, il était tracassé par la règle n°4 selon laquelle aucun non écumeur, à moins d'être un esclave, ne pourrait poser le pieds en leurs terres. Mais victime de sa naïveté et de sa fougue il mit sur pieds un plan plus que douteux... Il devait entrer chez les écumeurs en tant qu'écumeur !




Comment est-il devenu esclave et a-t-il atterrit à Esperia

Dans une des tavernes les plus humbles -pour rester politiquement correct- du port de La Capitale, une de celles dont seul les marins puants, rustres et sales sont clients, Albion buvait tranquillement un vin au miel directement importé de Caroggia, nostalgique de sa cité immaculée... Directement importé lui avait, en tout cas, dit le tenancier... Mais dès la première lampée, Albion ne fut pas dupe et c'est avec une grimace témoignant une aigreur particulière qu'il reposa son verre, sans n'y avoir rien bu de plus que cette petite lampée. Mais il fallait avoir l'air d'un dur ! Aussi, sa grimace fut largement surjouée au point que le tavernier ne put s'empêcher de se moquer ouvertement de lui.

- "Bah alors, Môssssieur i aime pô l'bon vin d'miel d'Caroggia ?" lança-t-il avec une voix rauque et l'air fier. - "De Caroggia... Vous en êtes certain ? - C'est ti pô que l'Môsssieur i doute d'c'que j'dis qua même ! D'Caroggia tout com' j'dis ! Oui Môssssieur !" Ajouta-t-il l'air tout de suite moins amical.

Intimidé, Albion ne répondit pas et dans un marmonement digne d'un ronchonade d'enfant, il reprit son verre et en bu la bonne moitié.

- "Ahhhh ! C'est qu'ce Môsssieur i é raisonnable voyez !" reprit l'aubergiste avant d'aussitôt rire à nouveau de la grimace du pauvre Albion chez qui cette vinasse ne passait vraiment pas.

Accoudé au comptoir, dans son accoutrement de marin sentant le faux à des kilomètres, Albion se sentait bien ridicule. Lui qui était venu ici ainsi vêtu, espérant pouvoir finir embarqué sur un navire, n'avait pas fait illusion ne serait-ce qu'une seconde devant cet aubergiste. Avec sa marinière percée volontairement par ci par là... Son pantalon blanc à l'air vieilli mais qui pourtant semblait n'avoir jamais connu l'agression du sel marin... Sans parler de ses chaussures qui auraient fait rire tout bon marin tant elles ressemblaient aux chaussures stéréotypées du bon vieux marin dont on pouvait lire la description dans les livres... Mais ce qui le trahissait surtout, c'était son verbe et sa propreté ! Ses cheveux bruns n'étaient pas luisant tant ils étaient gras comme ceux de la plupart des marins de cette auberge. De même, ses mains étaient celles d'un écrivain, les doigts tout fins, n'ayant jamais connu la dureté du travail manuel...

Toutefois il décidait de persévérer ! Quittant le comptoir pour une des tables les plus sombres de l'auberge, pensant pouvoir y camoufler son air trop correct faisant fausse note avec son déguisement de marin. Faisant mine de chanter à tue-tête dès que des marins ivres se lançaient dans des chants dont seul les gens saouls ont le secret, ces chants dont la note et la justesse ne dépend que du taux d'alcoolémie de celui qui avait la voix la plus forte... Sans compter les tempo souvent interrompu par le marin à l'oreille absolue qui, ne supportant pas la chanson, se lançait à corps perdu sur son homologue avant de déclencher une bagarre plus ou moins générale... Mais tout cela ne semblait déranger ni le patron, ni les autres clients, c'était la routine ici.

Albion en profita alors pour sortir discrètement son carnet d'observation et y prendre quelques premières notes. Mais ce faisant, un des marins les plus discret de l'auberge le remarqua et si tôt, le rejoint à sa table, lâchant quelques baffes à droite à gauche en traversant la bagarre.

- "Bien le bonsoir M'sieur !" dit-il sèchement après s'être invité à la table d'Albion.

Ce dernier rangea immédiatement son carnet et l'air craintif lui rendit la politesse.

- "C'est une belle tenue que vous avez là, digne d'un marin aguerri !" Ajouta l'inconnu.

Albion, tout naïf de son état, s'emplit alors d'une fierté démesurée, pensant que son plan avait fonctionné... Avec assurance il répondit alors :

- "Merci bien ! En effet, je connais bien les mers et leurs dangers ! Krachens et autres aberrations !" conclut-il en faisant d'amples gestes avec ses mains, comme pour se donner de l'importance ou donner du crédit à son propos.

Feignant d'être impressionné, l'inconnu reprit.

- "Oh ! Mais c'est exactement ce qu'il me faut à mon bord ! Etes-vous disponible ?" demanda-t-il rapidement avec un sourire malhonnête et vicelard qui échappa à Albion, lequel prit la parole avec précipitation et de manière si décousue que son discours devait ne pas être très clair.

- "Bien sur bien sur ! Lors de mon dernier séjour en mer vous savez loin au large le navire dont j'étais dans l'équipage... oui ben ce navire a été attaqué par un monstre marin tout comme je vous le dis un monstre marin... lui faisant tant de dégâts qu'il ne peut plus quitter le port... Alors me voilà un marin à terre oui c'est ça à terre ! Donc oui, je suis tout à fait disponible !"

Mais le marin, bien que n'ayant pas tout suivi, comprit qu'Albion était prêt à embarquer à son bord, ce qui le mit de plutôt bonne humeur. Rendez-vous fût aussitôt prit entre les deux hommes le lendemain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, ils partiraient.




C'était un matin plutôt frisquet, la brise marine balayait sèchement les quais de La Capitale, attaquant les mains meurtries des marins et faisant rougir les oreilles d'Albion. Là, assis sur un muret, avec pour seul bagage un modeste baluchon, il frottait hardiment ses mains l'une contre l'autre, tentant vainement de se réchauffer. La tête pleine, il attendait là le moment d'embarquer.

Au même instant, sur le navire du capitaine inconnu, ce dernier racontait fièrement à son second comment il lui avait été simple d'attirer "le pommé", comme il l’appelait, à bord. Après quoi, il lui expliqua son plan en ces mots :

- "Alors, mon bon Fufu, vois-tu, il était là, assis seul au fond de la taverne du Bateau Ivre. Tu sais, à la table du fond là, celle qui est un peu bancale quand on est assis dos au mur ? ... Mais oui, voyons ! Celle du fond je te dis ! Sous l'arcade de l'escalier du bon Jo ? ... Voilà, tu vois que tu sais !

Bref, donc il était assis là avec un verre de vin de miel qu'il osait à peine toucher, dans sa petite marinière qui va bien, avec son pantalon tout prop' et ses chaussures impropre à la navigation... Enfin, ça sentait à des kilomètres le gars perdu, tu comprends mon Fufu ?

Bien, et donc, je ne l'ai pas lâche des yeux tu comprends. Il doit avoir une bonne situation, une famille riche, il doit valoir son pesant d'or ! Et puis de toute façon, sa fera toujours un esclave, et les esclaves, ça se vend ! Alors pendant que tout le monde était occupé, Paulo venait de chanter tu comprends... Et ben pendant que tout le monde était occupé je suis allé le voir et je l'ai invité à bord. Je n'ai rien eu de plus à faire, il a sauté sur l'occasion, comme si il n'attendait que ça... Il est un peu bizarre ce pigeon...

Mais bon, peu importe, l'important c'est qu'il sera à bord aujourd'hui, je dois aller le chercher au muret du quai sud. Le plan est simple.

Il n'est pas un vrai marin et ne servira donc à rien à bord ! Sauf peut être dans mes quartiers, mais en tout cas certainement pas sur le pont ni à la manœuvre ! Alors le plan, c'est que je l'attire à fond de cale pour lui montrer sa cabine..."

Au mot cabine, le second, Fufu, se mit à rire à ne plus pouvoir s’arrêter, répétant sans cesse "sa cabine" en faisant les guillemets avec ses mains. Le capitaine, rit alors un instant avec son second puis après en avoir eut marre lui mit une baffe pour le calmer et reprit.

- "Ouai donc dans sa cabine... Il me suivra, il y croira... Il n'a pas l'air trop futfut' tu vois.... Et là... *BIM* tu l'ensuques, oui tu sera cacher derrière la porte et dès qu'il entre, tu lui mets un grand coup d'estoc et tu me l'ensuques. On lui trouvera bien une place dans les caches à contrebandes en suite."

Quelques instants plus tard, le capitaine rejoint Albion au muret. Ce dernier se leva dès qu'il aperçut le capitaine, prit son baluchon et marcha vers lui, un grand sourire au visage. Le capitaine lui rendit son sourire niais avant de lui mettre une tape plutôt musclée dans le dos en guise de salut. Après quoi, les deux hommes remontèrent le quai jusqu'au bateau.

En y arrivant, le capitaine, pas peu fier... pour changer... montra son navire à Albion en ajoutant qu'il avait vécu son lot de batailles, que c'était un compagnon fidèle et efficace sur les mers.

Pourtant ce navire n'avait rien de bien extraordinaire. Son envergure était de taille moyenne, et son tirant d'eau ne devait pas être bien grand. La figure de proue quant à elle semblait représenter un marin tendant le sabre vers l’abîme mais elle était tellement dégradée qu'on ne voyait plus qu'un... tas de bois jadis sculpté. Quant aux mats, il y en avait deux, déjà pas si mal, mais les voiles, elles, en revanche étaient douteuses. Rafistolées avec négligence, mais prenant tout de même le vent. Enfin, la coque semblait en effet avoir connu de nombreux combat et toutes les bouches à canons n'étaient pas équipées.

Pas vraiment confiant, Albion franchit la coupé le pas alerte, de peur de trébucher.

- "Allé ! Allons vous installer dans votre cabine !" Lança le capitaine dès que la coupé fut remontée par l'équipage, ne voulant pas perdre de temps. Et surtout, ne voulant pas qu'un des débiles de son équipage ne vendent la mèche en se moquant d'Albion qui était ici tout sauf crédible dans son rôle de marin.

Les deux hommes se mirent alors en route, ils traversèrent bien quatre faux ponts sans qu'Albion ne se dise qu'ils descendaient bas dans le navire, après tout, qu'y connaissait-il réellement ? Enfin, ils arrivèrent devant la fameuse porte, le capitaine la lui montra en lui disant que c'était là qu'il dormirait, puis il fit demi tour et fit mine de partir après avoir souhaité la bienvenue à Albion et lui avoir dit vouloir le voir sur le pont dès qu'il serait installé.

Albion ouvrit alors la porte et *BIM*.




C'est avec un mal de tête atroce qu'Albion revint à lui. Il se demanda d'abbord où il se trouvait avant de se souvenir douloureusement de son arrivée à bord. Il était à présent au sol, sans doute au fond du fond du fond de la cale du navire, du moins le pensait-il puisqu'il l'eau de mer s'était infiltrée et tapissait d'une fine couche le fond du lieu. Les mains et les pieds solidement liés, Albion ne pouvait pas vraiment bouger et n'avait alors rien d'autres à faire que de penser à la façon dont il s'était fait avoir. De longues heures durant, il pensait. Parfois, on venait lui apporter du pain dur et de l'eau douce, puis il devait manger rapidement sous la garde de trois matelots, sans doute Ecumiers eux même. Repensant alors au code d'honneur des Ecumiers, Albion comprit très vite que si il n'était pas déjà mort, c'est qu'il était déjà esclave et donc marchandise aux yeux de l'équipage.

Dans un sens, c'était là un peu ce qu'il voulait, il pourrait vivre parmi les écumiers, chez les écumiers.

Mais comment en partirait-il ? C'était là la question à laquelle il ne pouvait pas répondre, la question qui faisait s'écrouler son raisonnement.

Après... sans doute quelques jours de navigation, on vint chercher Albion et on le débarqua. La première chose qui le choqua fut la lumière du jour qui attaqua ses yeux, signe qu'il avait dû, en effet, passer quelques jours dans ce lieu sombre où il était enfermé.

Rapidement, il finit à la criée du coin où il fut vendu pour un bon prix en raison de ses connaissances intellectuelles à un riche Ecumier qui aspirait à la connaissance. Ce fut là pour Albion le début de sa vie d'esclave, il était pour son maitre un sorte de précepteur, un Pangloss, et quel meilleur surnom pour un être candide... Il passa près de quinze ans à vivre ainsi. Quand son maitre n'était pas en mer, il avait la paix et pouvait se consacrer à ses recherches, à son observation... jusqu'au jour où son maitre fut tué en mer. Si tôt, il fut revendu par sa famille qui elle, n'avait absolument aucune intention de se cultiver. Ce n'était pas, comme chacun sait, la préoccupation première des Ecumiers, aussi sur le marché, personne ne voulut de lui à nouveau... Et pour cause, en quinze ans, ils avaient tous bien vu qu'il serait inutile pour toute tâche sinon pour enseigner... C'est ainsi qu'il se retrouva sur le marché des esclaves d'Esperia, dans une dernière tentative de le rentabiliser de la part des Ecumiers.




Premiers pas à Esperia

C'était un mardi...

Un mardi matin...

Le soleil, qui entamait sa course usuelle, brillait de mille feux en un ciel immaculé.

Les eaux de la petite rade du port d'Esperia, quant à elles excessivement calmes, reflétaient parfaitement cet astre qui s'élevait majestueusement.

Tandis qu'au moulin de l'espérance, les pousses de blé dansaient, animés par une petite brise marine qui soufflait sur le quartier et son port. Une brise qui amenait avec elle la douce odeur du sel marin ainsi que sa fraicheur si particulière.

Mais le port était encore calme et pour seule animation n'y était que les mouettes tournoyant au dessus de la rade, piaillant à tout va, plongeant parfois pour attraper un poisson.

C'est alors dans un raffut incomparable que la coupé du navire à la voile blanche rayée d'orange fut déployée contre le quai... Une bruit sec et lourd de vieux bois, maltraité par l'âge, soutenu par des cordes vieillissantes, non plus blanches mais bel et bien verdâtres, marquées par l'assaut quotidien de la mer.

Si tôt la coupée installée, un être puant à l'élégance contestable mit pied à terre et commença à ameuter tout le quartier, gueulant dans un verbe tout aussi élégant que lui que les esclaves arrivaient, frappant de son baton contre les barreaux des cages, espérant vainement réveiller le tout Esperia. Pendant ce temps, le port s’agitait de plus en plus. Si le bruit ponctuel de la coupée ne se faisait plus entendre, c'était à présent un bruit bien plus désagréable qui en émanait. En effet, avec le débarquement des esclaves, pieds et poings liés par de solides et lourdes chaines, chaque mouvement qu'ils faisaient était l'occasion pour les chaines d'exprimer toute la contrainte qu'elles représentaient. A chaque pas, trainant contre le solide bois des quais, chaque maillons s'entrechoquant contre l'autre, un horrible bruit métallique s'emparait du lieu. Pendant une bonne dizaine de minutes, accablant les esclaves de honte et d'impuissance, le balai de leur tragique condition fut la seule chose que l'on pouvait voir sur le port.

Le soleil... commençait à présent à être entravé, lui aussi, par les premiers nuages du jour.

Les eaux de la rade ne le reflétaient désormais plus si bien, mais étaient redevenues le simple reflet des quais, alors que l'eau commençait à s'agiter.

Les mouettes... avaient fuit, apeurés par le vacarme des chaines et les hurlements du vénal vendeur.

Tandis que le vent gagnait peu à peu en puissance, les esclaves étaient quasi tous parqués dans la grande cage du port. Parmi eux : des femmes, des hommes, des éleveur comme des érudits, des jeunes comme des vieillards. Certains se lamentaient sur leur sort, ronchonnant dans leur coin, le visage triste et lourd de toute la fatalité de leur situation. Alors que d'autres ne pensaient qu'à être vendus, ayant parfaitement intégré leur nouvelle condition d'esclave.

Pendant que le premier d'entre eux qui allait être vendu -un vieillard vêtu de gris, à la longue barbe blanche dont deux pendants étaient passés d'anneau- était conduit dans la cage surplombant la place du port, on pouvait voir les premiers curieux d'Esperia tourner autour des esclaves. Pour la plupart il s'agissait d'hommes qui, à vrai dire, ne semblaient avoir d'autres préoccupations que les faveurs sexuelles que représentaient les esclaves féminins... Et pour cause, cette "valeur ajoutée" des esclaves féminins étaient largement mis en avant par le vendeur puant, que certains nommaient Markus, comme un argument de vente... Lequel allait même jusqu'à certifier des talents particuliers de telle ou telle esclave...

Puis, peu à peu, les foules arrivèrent. Les curieux qui, tantôt, se contentait de faire leur repérage depuis la belle et grande fenêtre de La taverne du lac, étaient désormais sur la place, sirotant leur boisson sous l'oeil attentif du tavernier qui avait prit leur place à la fenêtre.

Après que chacun avait pu regarder-palper-questionner-insulter-maltraiter-évaluer-sentir-humilier les esclaves, le puant prit la parole et commença à harasser la foule de ses boniments de vendeur pathétique.

Albion, qui était donc le premier bien à saisir dans cette foire aux esclaves n'eut pas vraiment un accueil chaleureux.

En effet, à cause de son âge, il était l'objet du désamour général, sans oublier qu'il n'est pas un ouvrier, et surtout... qu'il ne possède pas les attributs de la gente féminine. Pour toutes ces raisons, personne ne semblait intéressé par lui. Lorsque le puant tentait de le vendre, les seules réponses qu'il avait concernaient soit les esclaves féminins -et l'on sait bien pourquoi- soit elles étaient des insultes contre le vieil homme. Sans doute agacé, le puant commença lui aussi à dénigrer sa propre marchandise, trainant lui même Albion de vieillard inutile.

Depuis sa cellule où il était assis, Albion qui jusque là prenait la situation avec désinvolture, se répétant sans cesse "Carpe diem quam minimum credula postero", en eut assez. Il se leva et fit sienne la parole, répondant au puant qui le traitait de vieillard :

- "Je suis peut être vieux, mais lourd du poids du savoir, jeune ignorant !"

Le puant n'eut pour seule réponse que de rosser Albion des coups de son baton. Ce dernier, tentait de se protéger mais entravé par ses chaines, il ne pouvait pas vraiment se protéger contre les coups... Il encaissait alors avec soumission... Mais là où le corps connaissait ses limites, l'esprit lui était libre, et Albion d'ajouter :

- "La violence est la réponse des faibles, tu l'apprendra en vieillissant, jeune insolant !"

Sur quoi, sans même n'avoir du comprendre, le puant revint à la charge, frappant de nouveau Albion, faisant ainsi preuve de la même faiblesse d'esprit.

Si ce combat était perdu d'avance pour Albion, c'eut au moins le mérite de la faire remarquer. En effet, avant cela, personne ne s'y intéressait... Mais dès lors qu'il eut osé répondre au puant, les enchères commencèrent à se faire entendre à son sujet. Sans même savoir qui était en train de tenter de l'acheter, Albion ne lachait rien. De plus en plus agité dans sa cellule, il n'attendait qu'une nouvelle occasion de remettre le puant à sa place. Mais il n'en n'eut pas l'occasion. Bien vite, il fut vendu à un homme à l'échine courbée, marchant avec peine, appuyé sur une bêche en guise de canne, au moins aussi âgé que lui.

Cela calma immédiatement Albion qui fut rassuré de finir entre les mains d'un hommes si âgé. Sans doute comprendrait-il mieux les contraintes de l'âge qui était celui d'Albion.

Les deux hommes quittèrent la place et allèrent s’asseoir dans l'herbe non loin de là. Ils eurent une brève discussion, qui restera entre eux deux, puis ils se mirent en route pour la mairie de Rive-Lame où ils parlèrent à nouveau, et de façon plus confidentielle. Après quoi, Mikamus conduisit Albion chez lui et lui installa une couchette dans la cave. C'est ici qu'Albion dormirait, et c'est ici que son histoire Esperienne allait commencer.

C'était un mardi...

Un mardi matin...