Sociologie d'un bouseux : Tome II
Ecrit par Darion, dit le Charcutier.
Suite de : Sociologie d'un bouseux : Tome I.
I) Les hommes de l'Ancien Monde
Hier sont tombés dans le sable de l'arène, deux hommes qui n'avaient que trop vécu et qui pourtant avaient encore beaucoup à faire, nombreux sont leurs titres, Tarkhans, Compères, loups d'adobe, ces vieux renards qui s'infiltraient à travers les failles du système pour s'enrichir, qui faisaient justice par la violence, ont maintenant rejoins le royaume du créateur.
Nostalgique du règne de Lexigg, les citoyens, Arn et Mikamus ont mis tout ce qui était en leur pouvoir pour faire tomber le gouvernement Kemelvor, aspirant à conserver leur système traditionnel de l'ancien monde.
Ils sont venus en colon pour forger ce nouveau monde à leur image, mais ce qui leur était impossible de percevoir, est que Esperia ne sera jamais comme ils l'auraient voulu, à la différence de certains hommes, ils ont su s'adapter aux nouvelles règles du jeu et évoluer pour devenir des noms marquants de l'histoire de cette ville.
Ces hommes sont finalement allés là où tout statut ne compte point, là où le titre de gouverneur, noble, citoyen, esclave est oublié, dans l'arène des bouseux, le sans fond.
Ils n'étaient plus que des hommes, l'arme à la main, combattant chacun pour l'idée qu'ils avaient pour cette ville, les révolutionnaires voyaient en Kemelvor, un tyran caché derrière un sourire sympathique et de belles phrases, pendant qu'eux détenaient la vérité. Et bien que je sois comme la plupart des hommes de cette ville, un partisan du gouverneur...Je me dois de réfléchir et de poser certaines questions: Est-il réellement l'homme qu'il prétend être?
Ses méthodes ne sont pas limpides, il agit dans l'ombre et non à la lumière du jour en envoyant la garde enfoncer votre porte pour vous prendre ce qu'ils veulent...non, il reste discret, mais en dernière heure, nous sommes à genoux face à lui, et il reste triomphant.
Car c'est dans le sang qu'il a mit fin à ses deux opposants, peut-être ont ils été les seuls à ne pas être dupe par le mensonge pestilentiel de notre lumineux gouverneur.
Tant de questions posés par la réflexion des compères, mais toujours sans réponses, le destin a voulu qu'ils tombent face à Kemelvor, face à l'histoire ils ne seront que des rebelles anéantis, néanmoins si ils avaient vaincus le gouverneur, on aurait compté aux enfants quels grands libérateurs ils étaient, tout intellectuel se doit de creuser la question: sommes nous dans le bon camps?
Durant toutes leurs tentatives de faire tomber ce monde, j'ai observé les compères, leurs méthodes, leurs buts...Et je sais maintenant comment arriver à l'objectif qu'ils s'étaient fixés, le pouvoir du gouvernement se détient par deux éléments: la garde, et l'argent.
Mais depuis peu, l'état est incapable de donner un salaire à ces gardes, et lorsqu'on perd confiance en son dirigeant, que l'on meurt de faim, c'est vers un nouvel employeur qu'on se tourne...peut-être une faille exploitable pour mettre la main sur le pouvoir Kemelvorien.
En conclusion, ce n'est pas de leur vivant, que les compères ont amené une révolution, mais peut-être par leur mort...
II) Terre maudite
Lorsqu'on arrive depuis le navire de l'esclavagiste sur ce nouveau monde, la légende de notre terre natale, l'objectif de la capitale, on se dit que l'on arrive à Esperia, la ville de l'espoir, gouverné par un homme bon et ses conseillés plein d'honneurs.
On se rend rapidement compte de notre erreur...En réalité, il existe deux types d'esclaves:
- ceux qui s'adaptent à leur nouvelle vie, courbe l'échine et font ce qu'on leur dit sans poser de question, ce sont généralement ceux qui s'affranchissent le plus rapidement, on leur découvre plus tard une capacité de survie certaine.
- Et ceux qui sont victimes, du syndrome de l'ancien monde, habitué à leur ancienne situation (prince, chevalier, marchand, écumeur...) tous, ont du mal à accepter les nouvelles règles, auquel ils n'ont jamais goutés, ils ne réalisent pas qu'en traversant la mer, ils ne seraient plus rien...Comme si tout ce qu'ils avaient réalisés dans leur vie ne s'étaient jamais passés.
Quelque soit l'esclave, il met généralement peu de temps à découvrir que derrière les titres, les richesses, les fonctions prestigieuses et les beaux vêtements, tout ce qui a de la valeur dans cette ville, s'acquiert par des coups de poignard dans le dos, des trahisons, c'est pourquoi, le haute société d'Esperia n'est réservée qu'aux plus véreux.
Tout ceux qui ont tentés de changer ce monde, ont été brisés, nous étions des légions à vouloir réinstaller un système de valeur, d'honneur et de confiance, mais aucune de nos actions n'étaient à la hauteur. Cette ville prend les braves de l'ancien monde, les détruis, pour en faire des monstres à l'image de ces terres maudites.
- Le chevalier Thémis, le valeureux guerrier lié à un code de conduite exigent, s'est transformé en chien de l'aveugle, la créature qu'on appel le "sans-visage".
- Le tavernier William, sourire sympathique, maire de Rive Lame, est devenu le Cap'taine Will, un esprit qui a sombré dans la folie et le chaos, fourbe et calculateur.
- Toute la garde, des Hommes en qui j'avais confiance, les derniers individus encore humains de la ville ont finalement tournés le dos à notre fraternité, l'idéologie de notre famille, c'est lorsque nous avions le plus besoin de ces soldats pour faire ce qui devait être fait, qu'ils m'ont trahis!
La cruauté s'apprend, et cette ville est une bonne école, en vivant ici, on se surprend à faire des choses dont on ne s'imaginait pas capable de faire, des choses discutables, et au fond de soit, on se dit que nos actions sont justifiées, que nous sommes encore humains, mais lorsque l'on viole une femme, que l'on brule le visage d'un homme, que l'on lui coupe la langue, que l'on frappe des esclaves pour un aveugle, que l'on organise des combats, que l'on fouette pour l'exemple, comment peut-on encore prétendre être humain?
Derrière une beauté artificielle, cette ville cache des horreurs à coupées le souffle, cette situation...vous en êtes tous responsables, vous m'avez brisés...vous m'avez tous brisés...Vous me chassez comme un être indésirable après tout ce que j'ai fait, au nom de votre loi, de votre éthique que vous sortez quand bon vous sembles! Après réflexion, je ne suis arriver qu'à une unique conclusion, une purge irréalisable pour un seul homme, sauver ce monde par le feu, en corrigeant l'erreur du créateur d'avoir toléré pareil enfer. Par le feu et le sang! C'est le seul moyen de mettre fin à ce mensonge véreux, gangréné qui s'imprègne dans les populations telle une maladie pestilentielle, Esperia n'est pas un espoir mais une infection putride qui tue assurément, ne laissant qu'un corps sans humanité, car vous qui lisez ces lignes...vous ne le réalisez pas encore, mais cette ville vous a déjà tué.
III) Je suis le Darion
Ces derniers jours, j'ai passé plus de temps avec les monstres de la foret, les chiens du sans fond et la solitude de ma maison qu'avec des habitants de la ville.
J'ai usé de tout ce que je sais faire, de tout mon savoir et mon entrainement passé pour mettre au point le plan final du chapitre de ma vie.
La ville toute entière repose sur la force et l'efficacité de la garde, sans ces soldats, les politiques n'ont pas de pouvoir réel, c'est pourquoi je me devais de faire couler ce corps militaire, pour finalement avoir l'occasion d'atteindre le centre de gravité du pouvoir, le gouverneur Kemelvor.
Briser le capitaine de la garde ne fut pas difficile avec l'aide du camarade Edwins, l'argent trouvé sur Zehyrr le nain me permit de financer mes vivres ainsi que mes armes, mais lorsque l'on est seul, notre champs d'action s'amenuise brutalement...
Je devins ainsi l'ennemi du peuple que je protégeais autrefois et que je rêve aujourd'hui de voir brulé, le visage facilement reconnaissable et sans allié, j'ai dû me tourné vers ceux qui n'ont rien et qui sont prêt à tout, les créatures du sans fond, l'aveugle et ses briseurs d'esclaves, les chiens.
Rapidement, la barbare du nord qu'on nomme Eudoxie tomba, et une fois de plus, ma colère prit le dessus...je n'ai pas su contrôlé les évènements qui ont menés à sa paralysie, ce n'est pas ce que je souhaitais, mais je ne pouvais laisser quelqu'un mettre mes plans en périls, l'importance de ma mission dépasse celle d'une nordique sans foi, ni loi.
Grâce aux chiens, je parvins à faire basculer la balance de mon coté et mettant fin aux agissements du soldat Menako, un autre tomba...le reste de la garde n'était composé que d'amateurs qui venaient d'intégrer le corps, les plus compétents d'entre eux furent licenciés, comme si le créateur m'ouvrait une ouverture, me lançait un défi, comme si il me disait: "La mission doit être accomplit...quelque soit le prix".
La gangrène me ronge les os, la chair, elle dévore la vie depuis mon épaule, et je n'ai plus quelques jours à vivre dans ce monde, peu de temps et tant de chose à faire, je réalise finalement que c'est en nos dernières heures que les choses qui furent sombres et obscurs deviennent clairs et limpides, votre vision est encore trouble alors je vais vous illuminer, vous enseignez la dernière de mes leçons:
Je suis venue en homme de l'ancien monde, je mourrai et finirai cette mission en homme de l'ancien monde, je vais faire de nouveau mon devoir, tout se terminera dans le feu et le sang.