L'histoire d'une vie, Tome I
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Cet écrit a été rédigé par Victoria, et se trouve sur l'ancienne Esperia, inaccessible pour le moment.
Sommaire
Collection L'histoire d'une vie
Chapitre I : Petite enfance
[un dessin de jardin, avec deux bancs de pierre et quelques arbres, en automne]
L'air était frais, mais le soleil pointait déjà le bout de son nez. Le ciel cotonneux laissait filtrer des rais de lumière dorée. La journée promettait d'être aussi chaude que les deux précédentes, et cela ne pouvait qu'enchanter les six jeunes enfants qui barbotaient déjà dans une petite mare quelque peu boueuse, cachée par de grands saules qui étiraient leurs feuillages le plus bas possible, certains touchant presque la surface mouvante du bassin. Celui-ci, peu profond et bien agréable pour des enfants, se trouvait au fond d'un petit jardin en pente, lui même en croissant de lune autour d'une demeure qu'on peut définir comme correcte. Elle était presque tout en pierre taillée avec soin, avec de larges fenêtre laissaient entrevoir un intérieur simple mais confortable, avec beaucoup de tentures et peu de boiseries.
Le plus âgé était un petit garçon du nom d'Havel, avec des cheveux bruns bouclottant sur son crâne, s'arrêtant au niveau de ses petites oreilles. Il avait le teint souvent hâlé, et ne cessait de sourire, ce qui plissait ses petits yeux marrons. La plus jeune, prénommée Victoria, était une fillette un peu empotée, aux joues pleines et aux mains potelées. Ses cheveux blonds peinaient à tomber sur ses épaules, et elle levait sans cesse son regard bleu maya vers son camarade. Les bambins barbotaient tranquillement sous l’œil attentifs de leurs parents qui participaient ce jour à l'une des fêtes organisées par la corporation Kulta. Les apprentis et les compagnons participaient à diverses compétitions, tandis que leurs familles jouaient, buvaient et se restauraient à l'ombre des saules. Ça et là, des serveurs apportaient friandises et glaces pilées aromatisées, et un petit orchestre jouait des airs entraînants sur l'une des terrasses. Toutes les familles présentes avaient un lien avec la corporation Kulta.
En effet, celle ci est connue pour son élitisme, sa taille s'en voyait réduite. Néanmoins, il lui fallait bien trouver de nouveaux orfèvres pour étendre son influence. Une petite partie des compagnons et des appentis étaient récemment partis en voyage d'affaire. En effet, des marchants étrangers posaient quelques problèmes dans les villes avoisinantes, et il fallait régler le problème assez rapidement, sinon la rumeur circulerait que la corporation avait perdu de son importance dans la dite région, et ce serait la porte ouverte aux « bricoleurs », comme ils les appelaient. C'était simplement des hommes et des femmes qui travaillaient les pierres précieuses et le métal, mais sans la précision et les finitions chères à la corporation. L'après midi fut simple et agréable, on vit même un instant l'un des maîtres de la corporation pointer le bout de son nez. Voila comment allait la vie autour de nos deux bambins : elle s'écoulait tranquillement, dans une atmosphère aisée, et bien loin des problèmes. Ils étaient entourés de sourire et d'attentions, car ils représentaient l'avenir de ces familles élitistes.
Chapitre II : Jeunesse
La nuit était déjà bien avancée, comme en témoignaient les rayons de lune filtrant à travers la fenêtre grande ouverte. La jeune femme était allongée dans son lit, sur le ventre, vêtue d'une simple chemise de nuit noire. L'air chaud apporté par le vent faisait vaciller la flamme d'une large bougie posée sur la table de nuit. Le bruit d'une page qui se tourne brisa le silence un instant, puis il retomba lourdement sur la pièce sombre.
Le vieux livre à la couverture rougeâtre rongée par le temps et aux pages brunies contait l'histoire de Zhora, une très jeune femme mariée de force par son père à un homme riche, qu'elle apprenait à aimer avec le temps jusqu'à se rendre compte qu'elle en était tombée amoureuse. C'était l'un des romans préféré de Victoria, qui rêvait d'un mariage heureux. Un petit caillou blanc rebondit sur le rebord de la fenêtre, avant d'émettre un son mat en tombant sur le tapis de laine. Le livre claqua en se fermant, poussé par des mains pressées.
Elle enfila ses chaussons et se dirigea à la fenêtre, tout sourire, apposant ses mains dépliées sur le bord de pierre lisse et froide. Elle se pencha doucement en avant de sa taille déjà supérieur à celle des jeunes filles de son âge, les yeux plissés, et elle scruta le jardin avec attention. Un étage plus bas, un jeune homme aux cheveux bruns courts et aux yeux noisette lui faisait signe de la main. Elle le regarda longuement, posant sa tête dans le creux de ses mains, coudes sur la pierre. Victoria se détourna finalement et sortit de sa chambre à pas de loup. Elle croisa la bonne, qui ne fit aucune remarque. Dans les bonnes famille, il était de coutume de laisser les jeunes gens se faire la cour, et ce genre de badinages étaient tolérés tant que tout était fait dans les formes. Sortant en chaussons dans le jardin en faisant grincer la petite porte de service en bois usé, Victoria finit par rejoindre Havel sur un banc de pierre blanche et lisse sous ce qui semblait être un saule, et il s'y assirent, seulement éclairé par les rayons de la lune déjà haute dans le ciel.
Installés dans la pénombre, ils passèrent plusieurs heures à parler de tout et de rien. Il la faisait rire, elle minaudait et exagérait ses réactions plus que nécessaire, comme le voulait la coutume de ce genre de choses. Aucun rapprochement physique n'eut lieu, la décence l'imposait, mais les deux jeunes gens passèrent tout de même une très belle soirée.
Chapitre III : Une journée comme les autres
Le soleil venait de se lever, éclairant la modeste chambre par des taches orangées qui dansaient sur le sol au gré des mouvements des rideaux brodés balancés par le vent. La fenêtre tout juste ouverte apportait déjà une touche de fraîcheur humide dans la pièce, ce qui fit frémir la jeune fille. Elle ouvrit un oeil, puis l'autre, et profita un instant du spectacle muet qui avait lieu. Ça et là, de minuscules grains de poussières dansaient dans la clarté matinale, baignées par les rayons fins et droits qui réussissaient à s'épancher par les interstices mouvants. Elle s'accorda une minute de plus pour regarder le ballet des particules, puis bailla allègrement et étira ses bras vers le plafond de pierres grises. La journée serait longue, elle ne devait pas traîner.
Malgré tout, son regard rencontra la petite table de nuit où reposait un grimoire usé par le temps. Sa couverture de cuir grise dure et craquelée renfermait de nombres pages crème, qui comportaient des dessins de gemmes colorées et de nombreuses explications les concernant. Il était ouvert à la fin du volume, au chapitre des Néosilicates, plus précisément sur la page d'une pierre bleue appelée Disthène. Contre le coin corné reposait un papier à dessin griffonné, sur lequel son regard s'arrêta. Si elle progressait en dessin, elle créerai peut être un jour de tels livres à son tour...
Elle repoussa le draps de lin en soupirant, et rabattit la couverture en laine plus rêche vers ses pieds afin de s'asseoir sur le bord de son lit. Non loin devant elle était déposé un verre de sirop ainsi qu'un plateau de fruit accompagné d'une friandise goûtue et sucrée, un koilstkä à n'en point douter. Elle enfila des chaussons roses usés par le temps et saisit une pomme. Tout en la croquant avec conviction, elle partit chercher l'une de ses tenues de travail dans la grande armoire en hêtre qui dominait la pièce. Après avoir reposé le fruit, elle enfila un pantalon marron lui tombant aux chevilles, un haut à manche longues vert foncé et son tablier de travail blanc. Elle essuya le jus autour de sa bouche d'un revers de manche : ça ne se verrait pas de toute façon. Ceci fait, elle se positionna sur le tabouret en face de sa coiffeuse. Trois reflets d'elle lui faisait face, et elle s'enorgueillit de son visage. Des joues propres à l'enfance étaient encadrées de pommettes saillantes, elles mêmes surmontées d'un regard franc et droit. La bouche, un peu trop petite, surplombait un menton fin. Des oreilles trop grandes étaient cachées par une masse de cheveux blonds encore ébouriffés. Elle se sourit, révélant une rangée de dents entretenues, mais aussi une incisive gauche quelque peut décalée par rapport au reste, ce qui accentuait l'asymétrie déjà présente sur son visage. Satisfaite de ce qu'elle voyait, elle empoigna une brosse à cheveux épaisse et entreprit de dompter sa chevelure.
Alors qu'elle s'acharnait sur une mèche récalcitrante, la gouvernante entra dans la pièce. Archétype de la dame de maison, c'était une petite bonne femme replète aux bonnes joues et au regard vide. Toujours cordiale, elle remplissant son rôle chez les Silmät depuis 7 ans déjà. Elle salua, puis ramassa le plateau du déjeuner, laissant cependant le verre sur la petite table ronde. Elle ouvrit les rideaux d'une main habituée, et repartit sans plus de cérémonie. Victoria consulta la petite horloge à balancier qui pendait au mur. Elle était déjà en retard. Saisissant une paire de chaussure en toile des plus banales, elle s'élança dans le couloir et passa devant son frère en sautillant pour les enfiler. Il lui rendit un sourire amusé, semblant avoir l'habitude de ce genre de matinées.La jeune femme finit par arriver en bas de la maison de pierre. Elle dévala les escaliers et couru jusqu'à la porte d'un atelier, deux rues plus loin. Celle ci était de simple facture, mais bien renforcée. Saisissant un trousseau dans son tablier, elle déverrouilla les deux serrures présentes et se glissa à l'intérieur. Elle eu pour accueil une phrase cinglante, exprimée par une voix morne et froide :
- Tu es en retard, encore.
Elle rentra la tête dans le épaules en plissant les yeux un instant, puis soupira. Le contremaître qu'elle servait était rarement satisfait d'elle, de toute façon. Elle l'assistait depuis deux ans déjà, et il avait toujours été avide de compliment. Il abaissa son masque et fronça ses sourcils blancs broussailleux pour lui asséner un regard réprobateur. Sans plus attendre, elle fila jusqu'à sa place. Elle s'installa sur une petite chaise rembourrée, contre une petite table de travail en bois sombre. Elle sortit d'un ensemble de petits tiroirs placés dans une vieille caisse ses outils principaux, et se pencha sur son travail du moment. Il s'agissait d'un collier précieux, à réaliser pour la fille d'une Noble Dame adaarionne, à l'occasion d'une réception prestigieuse. C'était la première grosse commande que son maître lui laissait, et elle comptait bien faire de son mieux pour le satisfaire.
Suite de l'histoire dans le tome II.
V.Silmät
