L'histoire d'une vie, Tome II
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Cet écrit a été rédigé par Victoria, et se trouve sur l'ancienne Esperia, inaccessible pour le moment.
Collection L'histoire d'une vie
Chapitre III : Une journée comme les autres (suite)
Voir L'histoire d'une vie, Tome I.
Tout le monde savait qu'avant de faire passer les épreuves qui font d'un apprenti un compagnon, on lui offrait l'occasion de montrer ses talents en lui donnant une vraie commande complète à réaliser, pour voir si il était prêt à franchir le cap. A sa droite reposait le dessin du dit collier, première étape essentielle à la création joaillière, comme elle l'avait lu il y a de cela des années. Elle avait tellement consulté d'ouvrage pour être certaine de réussir qu'elle pouvait en citer des passages par cœur sans le moindre problème.
Extraits du livre (avec reformulation) "Guide de la Joaillerie" :
"Avant d'être façonné en atelier, le bijou est étudié en fonction des contraintes de corps et de mouvement et passe ainsi par l'étape du dessin qui se devra d'être le plus complet possible. Selon un cahier des charges précis, le collier, la bague ou tout autre type de bijou est ainsi d'abord "croqué" avant de se voir coloré au fusain ou selon la technique joaillière du "gouaché": une peinture le plus souvent à l'échelle et qui laisse apparaître chaque détail du futur bijou. Une technique qui permet de visualiser au mieux le bijou à produire et qui sera complétée généralement par différentes vues du bijou en dessins techniques détaillés, marquant les mesures, pierres et métaux choisis."
Le sien était encore très incertain, et les proportions n'étaient pas parfaites. Ce n'était pas bien grave, elle avait des années pour apprendre. Quand elle levait les yeux vers le mur à sa gauche, elle pouvait observer les dessins de son contremaître. A ses yeux, ils semblaient parfait : les reflets du métal, les ombres, la profondeur des joyaux et leur façon de réagir à la lumière. Une fois de plus, elle se promit d'y arriver en jour, tout en jetant un dernier regard à son piètre gribouillis. De toute façon, elle avait déjà réalisé la deuxième étape, à savoir la maquette.
"Qu'elle soit en cire ou directement en métal, la maquette est la base du bijou. Réalisée selon le dessin préalablement sélectionné, elle reprend les dimensions indiquées et les emplacements nécessaires aux pierres fines et/ou précieuses,perles, etc. qui seront ajoutées par la suite lors de l'étape du sertissage. Effectuée par un Joaillier, elle est la base même du métier."
Elle choisissait généralement le métal directement, n'ayant jamais réussit à travailler convenablement la cire. Les morceaux de maquette de cire cassés et craquelés dans le pot en verre grisâtre contre son bureau en disaient long. Elle soupira une fois de plus, puis entreprit de continuer le collier. Elle l'avait imaginé de A à Z, et ce pour la première fois. Contrairement à certain, elle n'était pas du genre à remplir tous les espaces possibles avec des pierreries, mais plutôt à travailler la base du collier, sa forme et ses entrelacs puis à ajouter une pierre pour rehausser le tout. C'est ce qu'elle fit encore et encore, pendant des heures, penchée sur son petit atelier, à travailler le métal avec la plus grande des minuties. Les jours passaient, et il advint celui qu'elle attendait avec impatience : celui du sertissage. Elle avait choisir un serti dit "clos", c'est à dire que la pierre s'enchâssait directement dans un petit emplacement prévu à cet effet. Ce n'était vraiment pas le plus simple : la taille de l'emplacement devait être gérée au millimètre près, afin que la pierre reste bien en place.
[Quelques dessins d'un sertissage clos]
"Pour parer les bijoux de somptueuses pierres fines ou précieuses telles que le diamant, le saphir la tourmaline ou encore la citrine, le joaillier doit faire très attention. Il peut sertir dans les emplacements prévus à cet effet depuis la maquette les pierres présentes sur le dessin de base du bijou. Selon le type de création, le joaillier optera pour un serti clos, un serti griffe, un massé ou un pavage pour un bel effet de masse; de nombreuses techniques qui s'adaptent à chaque pierre et chaque bijou pour un rendu toujours étudié au plus juste."
Soufflant un coup, elle inséra la petite pierre taillée avec des brucelles. Celles ci, tout en acier, étaient légèrement recourbées au bout pour permettre une accroche fine, et recouverte de fin tissus afin de ne pas rayer le joyaux. La pierre cilla un instant, puis pris place dans son emplacement. La jeune femme soupira et ses épaules se détendirent : tout n'était pas à refaire. Elle chauffa légèrement le métal autour de la pierre pour le recourber vers l'intérieur, de façon à ce que celle ci ne sorte pas. Après des jours de travail, elle attaqua enfin les dernière étapes : le polissage et les finitions.
"Parce que chaque création est différente, il existe de nombreuses finitions à appliquer sur le bijou juste avant la dernière étape du polissage. Que ce soit un martelage ou un brossé pour un effet de matière, des gravures externes ou internes pour une personnalisation du bijou; toutes les finitions sont envisageables. Enfin ultime étape du bijou, le polissage très utilisé en petite joaillerie rend votre bijou net et brillant, pour un véritable joyau qui trouvera place avec élégance au sein de son écrin."
Plusieurs jours plus tard, le bijou était enfin terminé. Se relevant doucement de sa petite chaise de bureau, elle appela son contremaître d'un geste. Elle se plaça ensuite contre le mur, mains derrière le dos, docile. Le bijoux en question était dépose à plat sur un tissus rouge, prêt à être emballé et posé dans un écrin afin d'être livré si il était accepté par le gérant. Celui ci prit son temps pour faire les quelques pas nécessaires à la traversée de l'atelier, et s'assit finalement à la place de son élève. A l'aide d'une petite loupe portative, il examina chaque recoins du bijoux, de la chaînette à la taille de la pierre. Victoria retint son souffle et serra ses mains dans son dos, comme pour se rassurer. Après quelques minutes qui parurent durer éternellement, il releva la tête vers la jeune femme.
- Pas mal, c'est acceptable.
Les épaules de Victoria s'affaissèrent, et elle pu relâcher sa respiration. En plusieurs années de service, ce devait être le plus beau compliment qu'il lui avait fait. Pourrait-elle bientôt passer les épreuves pour devenir compagnon ? Elle n'osait y croire. Un fois qu'il fut retourner à sa table de travail, elle emballa le petit collier avec mille précautions, et le déposa dans un écrin en verre dépoli bleu ciel. Elle ouvrit un petit tiroir sous la table et prit une lettre, puis l'y attacha au coffre à l'aide d'un petit ruban bleu foncé. Prenant le tout avec soin, elle sonna une cloche. Un jeune homme brun à l'apparence simple avec un petit sac beige contenant un coffre fermant à clef lui prit la boite et la lettre des mains, avant de les ranger et de s'en aller au niveau de la porte. Il l'ouvrit avec soin, regarda à gauche, puis à droite, et s'en fut à pas rapides dans les rues bondées de Golvandaar.
"Créer un bijoux est long et fastidieux, cela peut prendre de plusieurs jours à plusieurs semaines. Mais le jour ou l'on regarde sa création finie et portée, on se dit que cela valait bien toute la peine qu'on a pu se donner."
Chapitre IV : Havel
[Un portrait rapide est fait, au fusain, il est assez grossier, voir la page wiki de Havel]
Note : cette partie est fictive et romancée, elle n'est pas objective.
Deux sons se firent entendre, secs et rapides. On frappait à la porte. Un jeune homme à la peau tannée par le soleil releva la tête. Des mèches brunes en désordre venaient se poser sur des sourcils broussailleux, juste au dessus de deux yeux noisette. Il souffla, et finit d'enfiler les bottes noires à lacets bruns qui complétait son tabard marron et ses braies blanc cassé, puis saisit à côté de lui une ceinture de cuir épaisse à grosse boucle en fer où était accroché un fourreau de dague. Il se releva en accrochant sa ceinture, et fouilla sous le matelas. Il en sortit une dague longue, simple, dont le pommeau était serti d'une petite pierre bleue. Il s'étira une dernière fois et sortit de sa chambre pour aller travailler, commençant une nouvelle journée comme les autres.
La Nation Adaarionne, foncièrement pacifique, n'a pas d'armée propre. De ce fait, afin de protéger les grands commerces de la convoitise mal venue des moins aisés, il n'était pas rare de voir un garde ou deux affectés à des ateliers, ou encore postés devant certaines vitrines. Même si tout allait bien la plupart du temps, il arrivait de se trouver face à quelques détrousseurs étrangers venus pour un pillage, espérant partir ensuite rapidement revendre les biens au plus offrant dans une autre ville. Rappeler que tout était protégé était bien souvent nécessaire, et c'est ce à quoi il servait. Pour ne pas rendre son travail morne, ses affectations changeait assez souvent.
La plupart du temps, il gardait les ateliers de bijouteries de la corporation en faisant des rondes, à sa demande. Il pouvait travailler le matin et le début d'après midi, ou la soirée et la nuit. Il pouvait ainsi profiter de quelques poses en journée pour voir Victoria, ou l'observer par l’œil de bœuf donnant sur son petit plan de travail quand elle était concentrée. Il n'était pas dupe, elle était trop bien pour lui. Ses parents lui trouveraient certainement un bien meilleur parti, mais qui pouvait lui reprocher d'espérer ? Si ils réussissaient à les convaincre, il pouvait espérer l'épouser dans les années à venir. Il fallait qu'il se dépêche, elle avait déjà 15 ans passé. Il s'installa le dos contre un mur de pierres taillées pour guetter la rue attenante à l'atelier, face à la petite fenêtre ronde, et l'observa une fois de plus. Son visage fin était baissé sur une chaînette en or, qu'elle semblait s'efforcer d'assembler. Les sourcils froncés au dessus de ses yeux si bleus, ses dents qui mordillaient sa lèvre tant elle était concentrée, et l'une de ses mèches qui lui retombait inlassablement dans l’œil gauche alors qu'elle avait les cheveux attachés...
Aucun détail ne lui échappait. Il pouvait la regarder des heures durant, cela ne le dérangeait pas.. au contraire, il en était ravi. Elle avait toujours fait partie de sa vie, aussi loin qu'il se souvienne. Enfants, ils avaient joué des heures pendant les nombreuses fêtes annuelles de leurs parents. La mère d'Havel était orfèvre pour la corporation depuis sa jeunesse. Bien qu'il aime ce genre de choses, le jeune homme n'avait jamais eu la patience pour cet art.
Suite de l'histoire dans le tome III.
V.Silmät
