Le Sans-Fond de l'Aveugle, Volume 2 : Le Maître

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Cet écrit a été rédigé par Thémis et se trouve sur l'ancienne Esperia, inaccessible pour le moment.

Ce court récit a été écrit par Thémis Lunargent. Il fait suite au livre Le Sans-Fond de l'Aveugle, qui à la base n'était pas sensé faire suite à une série. Le premier étant presque un écrit documentaire et le second un vrai récit fictif - même si inspiré de faits réels, la différence de style est assez large. Aucune préface n'est présente.

Le Sans-Fond de l'Aveugle, Volume 2 : Le Maître

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Le Sans-Fond... Une crevasse béante à l'histoire sombre et bien enfouie. Nous sommes en plein Brumaire, le 3 juillet 512. Comme à son habitude, le lieu est oppressant et plongé dans l'obscurité, mais comme il arrive parfois, un cri vient briser le silence pesant.
- Non ! Non ! Faites pas ça ! Arrê...
- Ta gueule, esclave ! hurla l'homme en armure en lui prenant fermement la bouche pour lui ouvrir.
L'Aveugle introduisait l’œil d'araignée dans la bouche de l'esclave insolent, un large sourire amusé aux lèvres.
- C'est bon. Fait-le mâcher, chien. Dit-il en ricanant sans retenue, trouvant visiblement la situation très comique.
Le "Chien du Sans-Fond" obéit immédiatement, forçant l'infortuné à croquer, puis le jeta dans le sable. Libéré de l'étreinte, Héris essaya de se relever sans y parvenir. Courbé sur le sol de La Fosse, il commença à sentir les terribles douleurs qui lui détruisaient l'estomac. Il ne fallut pas longtemps pour qu'il se mette à vomir, souffrant terriblement. L'Aveugle cracha une gerbe de sang devant lui, fut pris d'une bonne quinte de toux, puis contre toute attente, rit de bon cœur, comme s'il ne s'était rien passé.
- Frappe-le encore un coup, chien ! Je l'entends pas assez... Ajouta-t-il, s'interrompt lui-même par un ricanement.
Héris retomba dans le sable, à demi sur son vomis, renversé par le coup de botte dans les côtes.
- Pitié ! Arrêtez ça !
Le Maître sourit largement, et s'accroupit devant lui.
- Tu veux qu'on aie pitié ? Pitié de toi ? Mais bien sûr... Chien ! Libère-le de ses chaînes.
Il s'éloignait en ricanant, tournant le dos à l'esclave.
- Oui, l'Aveugle. Répondit le Sans-Visage, sans une once d'émotion dans la voix.
- C'est vrai ? Vous... Vous allez me laisser partir ?
Le "Chien" attrapa la gorge de l'esclave et le souleva d'une main, l'amenant à quelques centimètres au-dessus du sol.
- Mais bien sûr, lui répondit-il d'un ton parfaitement neutre.
Il toisa l'assistance remplie de non-libres apeurés, certains reculèrent légèrement en rencontrant les yeux inexpressifs du "Chien" derrière son heaume de garde. Le Sans-Visage redescendit brutalement son regard sombre à peine perceptible derrière sa visière, imprévisible. L'esclave versait des larmes, comprenant la supercherie, et le chien lui donna brutalement deux coups dans l'abdomen, puis l'envoya valdinguer d'un geste mécanique contre la poutre à côté de l'entrée de La Fosse. Il s'approcha calmement en décrochant son heaume de guerre de sa ceinture.
- Plus fort, Chien ! cria l'Aveugle qui demeurait à l'écart, interrompant ses mots par des ricanements incessants. J'entends rien du tout !
Il s'approchait, pas à pas, pendant qu'Héris roulait par terre, en vomissant à demi, parcourut de blessures infectées et puant le rat mort que l'on servait à la Cantina du Sans-Fond.
- Oui, l'Aveugle. Dit une nouvelle fois le chien, d'une voix neutre et froide.

* * *

L'Aveugle hurla soudainement, annonçant le début du combat d'esclaves.
- Je veux entendre vos coups, pourritures de bons à rien ! Mettez-m'en plein les yeux !
Garth se contenta de grogner. Le Sans-Visage se permit d'ajouter d'un ton froid et pesant : "Le moins pitoyable d'entre vous aura une récompense." Les esclaves se jetèrent dessus sauvagement, l'un commença presque aussitôt à tenter d'étrangler l'autre à l'aide de ses chaînes. Ashia regardait l'affrontement depuis une des estrades qui surplombaient La Fosse, partagée entre le sentiment de terreur et celui de douleur que lui causaient ses chaînes rudement accrochées à sa cheville. Elle sursauta au hurlement sauvage du Maître.
- BATTEZ-VOUS ! J'ENTENDS RIEN ! Hurla l'Aveugle, assez fortement pour couvrir les acclamations de l'assistance. FAITES-MOI VOIR DU SANG ! Ajouta-t-il enfin, avant de ricaner.
Garth s'approcha des combattants, des murmures retentirent parmi l'assistance. L'esclave qui étranglait son adversaire releva la tête en sentant le sol trembler. Il pâlit en trouvant le colosse noir de peau de deux mètres de haut, tout en muscles, qui était devant lui.
Garth grogna, et lui envoya une baffe qui le fit voltiger jusqu'à la paroi de La Fosse. La voix du Sans-Visage retentit :
- Frappez ! Que le Maître entende vos coups !
- Bien dit, chien ! Et celui qui s'oppose, amenez-le moi ! Que j'le vois de plus près... Ajouta l'Aveugle en ricanant, un oeil d'araignée dans les mains.
Ashia tremblait, fixant le sable teinté de rouge qui s'étendait peu à peu, provenant de l'esclave heurté par Garth... Il ne bougeait plus.

* * *

Ashia était au dispensaire, au chevet d'Héris qui avait été délaissé par les soignants. Elle craignait qu'il ne s'en sorte pas : il avait beaucoup souffert de son "combat" contre le Sans-Visage. Enfin... ça n'égalait pas encore le cas "Edval", ce forgeron qui eut la moitié du visage défiguré en guise de punition pour son opposition envers l'Aveugle. Et puis... S'il était tombé sur Garth, il serait déjà mort, comme l'infortuné du dernier combat.
Des hurlements retentirent en écho. Aucun doute... Ça recommençait.
Le gong du Sans-Fond émit un fracas assourdissant qui se propagea sans difficulté dans toute la ville. Ashia sa hâta de peur d'être châtiée.
Elle arriva en courant au bord de la crevasse où s'accumulait déjà la populace de la ville en quête de divertissement. Les gens de la Haute, comme le Maître les appelait, ne pénétraient jamais dans la zone de non-droit qu'était le Sans-Fond. Elle parvint jusqu'à l'entrée non sans mal, se faisant cracher dessus par un citoyen hilare.
Apparemment, c'était les deux "semi-chiens" qui participaient au premier combat. Ces deux-là étaient entièrement soumis à l'Aveugle et participaient même au développement du quartier, quoiqu'ils servaient surtout leurs propres intérêts par ce comportement.
Le premier, Morzhin, était notamment un mineur mais surtout un voleur raté complètement ruiné par la garde. Loin d'être un esclave, c'était simplement un infortuné qui décida de mettre ses talents au service de l'Aveugle pour subsister.
Le second, c'était Edval. Devenu pratiquement fou après ce que lui avait fait le Sans-Visage, il ne voyait son avenir que dans celui du quartier. L'Aveugle était bien content de l'avoir sous le bras. Grâce à lui et l'approvisionnement de Morzhin, les chiens avaient un nombre incalculable d'armes et d'équipements en tout genre. C'est aussi lui qui forgea le Heaume du Champion de La Fosse, un objet assez unique dans son genre.
L'Aveugle finit par interrompre les deux combattants après que le Sans-Visage lui ait chuchoté quelque chose. Ils devaient sûrement attendre que les esclaves arrivent.
- Chien ! Cria-t-il à Garth, s'interrompant par un ricanement. Amènes-en deux ! Allez ! J'veux voir quelque chose de plus sanglant !
Ashia frémit en rencontrant le regard du colosse noir de peau. Il s'approcha lentement d'elle. Elle le fixait en tremblant violemment, comprenant le destin qui l'attendait. La réaction fut vive : elle s'élança vers l'escalier qui menait au niveau supérieur, de crainte de se retrouver à son tour dans La Fosse. Terrifiée, elle courait de toutes ses forces sur le sable parcouru de cailloux qui lui blessaient ses pieds déjà meurtris.
Elle arriva finalement à la sortie, et heurta quelqu'un, retombant sur les fesses. L'homme se retourna, et lui sourit.
- Alors quoi ? Tu ne veux pas participer ?
- Elle est là ! Hurla le Sans-Visage en remontant les escaliers.
- Pitié... Laissez-moi passer !
- Avoir pitié pour un esclave ? Je crois que tu ne comprends pas bien ta situation, petite.
Un gantelet lui saisit l'épaule, et la tira avec facilité jusqu'au bord de la crevasse, bousculant l'homme qui s'était interposé.
- Hé !
- Tu veux finir dans le trou, toi aussi ? Répondit le Sans-Visage d'un ton froid, comme à son habitude.
Ashia se faisait traîner sans qu'elle ne puisse rien faire... Et elle savait ce que le "chien" avait en tête. Elle pleurait toutes les larmes de son corps, n'ayant plus la force d'appeler à l'aide. Tout d'un coup, il s'arrêta. Elle sentit le gant de métal la saisir par la nuque, puis la soulever. Elle ouvrit les yeux avec inquiétude, et cria en voyant que le Sans-Visage était désormais la seule chose qui l'empêchait de tomber dans la crevasse.
- Tu voulais aller dans La Fosse, non ? Ça tombe bien : regarde, j'ai trouvé un aller direct.
L'Aveugle regardait la scène d'en bas, riant de bon coeur.
L'étreinte se libéra. Elle tombait.

* * *

Une douce et attirante odeur nauséabonde de rat crevé s'élevait de la Cantina : l'Aveugle allait ouvrir. Une file d'esclaves entra dans le "bâtiment" puant et commencèrent à discuter discrètement. Un cliquetis de botte en fer massif retentit, et aussitôt tout le monde se tut.
Le Darion toisait la pièce, heaume dans les mains, et reniflait l'odeur âcre de la cuisine horripilante de l'Aveugle.
- Aaaah ! Quel doux fumet. J'sais pas pourquoi, mais je sens que ça va être meilleur qu'hier ! Dit-il en se léchant les lèvres, et en amenant son regard vers l'attroupement d'esclaves. Il reprit en s'adressant à eux :
- Et alors ? Vous attendez quoi ?! Pourquoi vous me regardez comme ça ?!
Plusieurs non-libres quittèrent la Cantina à toutes jambes à ces mots, et quelques autres s'installèrent brusquement, terrifiés. Le Darion fixait les esclaves en faisant un rictus haineux, de plus en plus effrayant.
- ... Ça y est, j'ai compris... Bande de p'tits bouffons, vous trouvez ça drôle hein ?! Vous aimez voir mon visage c'est ça ?! TÊTE BRÛLÉE ! Ah ! Qui a osé dire "tête brûlée" ?! Toi, c'est toi ! Toi, toi, toi, toi ! TOI ! Hurlait le "chien" comme un fou, extrêmement complexé par la deuxième moitié de son visage qu'un noble avait brûlé, il y a longtemps.
- Darion, arrête ! On a rien dit ! Protesta Héris d'un ton suppliant en se mettant à genoux. Ton visage est parfait ! Je t'assure !
- LE DARION ! J'suis LE Darion !
Il dégaina et envoya un grand coup de lame dans l'épaule de l'esclave infortuné, puis porta l'épée jusqu'à sa langue.
- Un bon accompagnement pour le rat à la tomate de l'Aveugle, ça ! Hihihihihi...
- Chien ! Cria l'Aveugle qui sortait de la pénombre derrière le comptoir, ricanant légèrement. Ils sont déjà abîmés, ceux-là ! Les tue pas pour un rien.
- Mais, l'Aveugle...
Garth grogna en pénétrant à son tour dans la pièce, bientôt suivis du Sans-Visage. Les trois "chiens" s'installèrent à leur table habituelle, sans autre protestation de la part de la "tête brûlée" en armure de fer.
Héris se releva avec difficulté, et évita de rencontrer le regard d'un des trois combattants qui parlaient au Maître. Une quinte de toux retentit, et l'Aveugle cracha une grosse gerbe de sang sur le comptoir, puis ricana en reprenant la discussion comme si de rien n'était.
L'esclave les observait avec curiosité, se tenant sa blessure à l'épaule. Il n'avait aucune idée de la raison qui le poussait à croire ça... Mais il était certain que tout ça était loin de prendre fin...