Pirate
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Cet écrit a été rédigé par Kemelvor et se trouve sur l'ancienne Esperia, inaccessible pour le moment.
e n'ai jamais porté les pirates de Lig Ocolide dans mon coeur. Ils sont connus à Caroggia pour avoir coulé bon nombre de navire marchand, causant les malheurs de nombreuses familles de marchands, influentes ou non.
En allant une fois à la Taverne du Zgribouillard, il y a quelques temps, et voyant le nouvel esclave cuisinier de Scholwitz, j'ai eu deux réactions tout d'abord : de la réserve, puis de la curiosité. Son comportement était assez singulier : jovial, fêtard, bout-en-train ... De nombreux adjectifs tournant autour de cet homme haut en couleur.
Je le regardais souvent réaliser ses plats. Il avait une manière de le faire qui était différente, accrocheuse. Le regarder cuisiner était même plus étonnant que le plat lui même, pourtant fait d'une main experte.
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'était devenu une attraction, le Zgribouillard connaissait un renouveau grâce au pirate si agile avec ses couteaux et sa langue. Son accent était remarqué de tous. Beaucoup tentaient d'accrocher son attention mais bien peu y arrivèrent.
J'ai fais parti de ces privilégiés. Je n'ai jamais vraiment su pourquoi. Peut être grâce à ma sincérité, ma mordante ironie ou le fait que ses boutades m'ont fait éclater de rire plus d'une fois. Peut être un peu de tout, mais surtout de pas grand chose.
J'ai appris à connaitre Will, il me faisait des repas gratuit, heureux de me voir à chaque fois. Il faut dire que moi aussi j'étais plutôt heureux de le voir aussi enjoué. Sa joie de vivre était contagieuse.
N'étant encore que Maire d'Adobe, mon chemin de gouverneur était déjà tout tracé, comme un tapis déroulé sous mes pieds et me montrant le long et difficile chemin. Malgré tout, j'adorais passer du temps avec ce pirate, ça me réconciliait avec la mauvaise vision que j'avais d'eux et il m'apportait de la joie face à la brutalité de cette ville.
yyrh était tombée amoureuse de lui. Un bel amour passionnel. Les détails ... C'était inutile et inapproprié de les connaitres. Le savoir heureux suffisait.
Mais en réalité ... Vous vous souvenez que j'ai dit qu'il était bien difficile d'obtenir l'attention de Will ? Myyrh n'a jamais su l'avoir, aussi difficile est-ce à avouer.
Relation de courte durée, qui fut déchirante pour la jeune couturière. J'ai passé beaucoup de temps avec elle pour la réconforter et l'aider à passer à autre chose. Par devoir, mais aussi pour aider Will à vivre sa vie de pirate. Après tout, au fond c'est ce qu'il voulait.
À la même période, il rejoint les Tarkhans. Une famille bien agitée menée par Mikamus. C'est sans doute là qu'il a dû bien retrouver son caractère de pirate, hurlant dans la rue des phrases à la gloire de sa famille et à la haine des nobles. Heureusement, nos bons rapports furent conservés. Un peu trop bien même. Lorsque j'ai dû m'opposer aux Tarkhans, il a refusé de se battre contre moi et s'est retourné contre Mikamus pour prendre la tête du quartier de Rivelame, le quartier de cette famille.
e fut avec succès
Le brave pirate est donc devenu maire. Un bon maire malgré les complications apportées par la vengeance des Tarkhans, qui vendirent la moitié des bâtiments clés du quartier sous prétexte qu'ils leurs appartenaient. Mais il tint bon et comme tout bon pirate, usa de ses capacités pour protéger son quartier. Il récupéra une bonne partie des biens, sauf le navire que possède Scholwitz et le Tarkhier, encore aux mains des Spiritueux.
Il est devenu petit à petit un peu plus "sage", occupant le siège de maire tel un politicien expérimenté. En réalité, il faisait ce qu'il avait à faire. Il est retourné avec Myyrh et nous parlions souvent du quartier et de son avenir. De grands projets, les lendemains semblaient encore si colorés à ses côtés. Il avait tenté de fonder une famille, les Lam's Bardi. Si vous voulez voir son emblème, elle flotte encore à la taverne du lac à Rivelame
ais comme chacun le sait ici, ce genre de situations ne durent point.
Dans l'ombre, des personnes n'ont pas apprécié sa saisie de la mairie de Rivelame. Sa tête fut mise à prix et il fut agressé par des hommes dont je tairais les noms. Lorsque la nouvelle parvint à mes oreilles, la panique m'envahissa immédiatement. Oeil crevé, crâne défoncé, multiples blessures. J'étais mortifié. Myyrh hurlait sa douleur, le coeur déchiré de voir William reduit à un état aussi dérisoire. C'était incroyable de le voir ainsi, impensable même. On aurait tous préférés se réveiller d'un tel cauchemar. La douleur de son jeune esclave, Thémis, lui aussi agressé et voyant son maître cotoyant la mort ... Des souvenirs à jamais marqués dans mon esprit.
La dernière fois que je l'ai vu, c'était un soir. Il s'était réveillé, m'a regardé, paniqué, cherchant de l'air et m'a dit ses dernières volontées, son esprit agité savait que c'était ses derniers instants de clarté. Puis William s'endormit une dernière fois, ses souvenirs, sa vie, ses amis ... Tout s'endormit pour la dernière fois. Tout s'effaça. Il venait de mourir.
illou s'est réveillé à sa place. Le pirate était revenu, sa mémoire était partie. On l'a enfermé dans une cellule du dispensaire pour éviter qu'il ne fasse du mal ... Ou qu'il ne se fasse mal. Si vous avez l'envie, vous pouvez aller voir dans la première cellule du sous sol, encore marqué par ses gravures.
Il ne reconnaissait plus personne. Myyrh était devenue une femme blondasse, qui porterait malheur sur son navire. Etrangement, il a toujours gardé sa sympathie pour moi, quand je suis venu le voir dans sa cellule, il m'a fait une grande accolade en me nommant "Le maire". Et ça m'a brisé le coeur.
Il a eu un ami, de Kelmazad. La fameuse pierre bleue nommée Wilson, son plus fidèle acolyte. Il lui parle comme s'il était réel, comme s'il était dans un autre monde.
Je ne l'ai plus revu depuis que je l'ai relâché du dispensaire. Sauf quelques fois au Sans Fond, réalisant quelques sombres combines avec l'Aveugle. Mais je ne lui ai pas parlé.
Puis lors de la cérémonie funéraire d'Arn et Mikamus, un regard qui n'aura duré que quelques instants, insaisissable, dont l'éclat semblait si proche de celui qu'avait le William que l'on avait connu.
Quand je le revois, je lui fais un sourire triste. Il ne comprend sans doute pas pourquoi, et ne le comprendra sans doute jamais.
Ainsi s'achève l'histoire de William E. Hallen, grand parmi les grands, qui aura subit la sordide réalité de cette ville. Tombé pour sa bonté, sa jovialité, son envie de vivre.
