Sakâ'i
Les Sakâ’i sont des chasseurs et guerriers montés de la diaspora qadjaride, particulièrement reconnus pour leur art de la fauconnerie.
Sommaire
Concept
Les Sakâ’i sont des chasseurs et guerriers qadjarides particulièrement reconnus et respectés dans la diaspora de part leur prédisposition à être sensible au Souffle. Cependant, ils ne sont pas des sorciers et concentrent leurs compétences dans la chasse, la fauconnerie, l’équitation et le maniement des armes traditionnelles qadjarides, à commencer par l’arc. Les Sakâ’i sont presque totalement absents des clans sédentaires et demeurent relativement rares au sein des clans nomades de part la rudesse de l’entraînement demandé pour que le qadjaride puisse se prétendre Sakâ’i, ils suivent le dromovelto. Parfois, un Sakâ'i respecté peut prendre le rôle de chabbod si son clan l'en juge digne.
La fauconnerie Sakâ’i
L'aigle royal les symbolise tant par la capacité de l’animal à voler que par ses capacités de chasseurs. En effet, l’animal est considéré comme particulièrement réceptif au Souffle et un certain nombre de qadjarides s’accordent à dire que le vent qui les fait planer durant de longues heures est poussé par les Ancêtres. La fauconnerie qadjaride est une tradition ancestrale évoluant peu, ainsi, il est de coutume de chasser avec un aigle royal, toujours femelle de part leur traille bien plus imposante que celle des mâles de part leur dimorphisme sexuel.
L'aiglon est capturé dès leur éclosion en mi-floréal de préférence par le qadjaride ayant commencé son entraînement en vue de devenir Sakâ’i. C’est une étape dangereuse puisque les nids des aigles royaux se trouvent très souvent dans les hauteurs escarpées et peuvent être défendues par les parents qui peuvent faire jusque dans les 2,30m de long pour 6,6 kilos. L'animal se trouvant dans de nombreuses régions, n'importe quelle culture peut trouver des nids si ils savent où les trouver. Les Sakâ'i étant particulièrement protecteurs et défenseurs de cet animal, ils savent généralement où les trouver et tendent à protéger les nids des chasseurs kharedjis imprudents.
Les Sakâ’i distinguent deux façons de chasser avec leur rapace:
Bas-vol
Tout d’abord, le bas-vol ou “Ghata ûdana” en qadjaride qui consiste en un départ envolé depuis le poing protégé du Sakâ’i portant un gant de fauconnier une fois que la cible à chasser est débusquée. L'aigle fuse sur celle-ci à basse altitude pour intercepter sa proie en la liant (en l’attrapant). Le bas-vol est utilisé pour chasser les petits animaux allant du lapin jusqu’au renard pour les aigles adultes. Le bas-vol est une méthode risquées pour l'aigle puisque les nombreux obstacles sur sa route entre lui-même et sa proie peuvent le blesser, c’est donc une méthode de chasse plutôt employée dans les grandes plaines et seuls les Sakâ’i expérimentés peuvent se venter d’avoir un aigle suffisamment entraîné pour chasser en bas-vol dans une forêt, par exemple.
Haut-vol
Ensuite, le haut-vol ou “Ujîh ûdana” en qadjaride qui consiste, lui, en un vol constant en haute altitude du rapace, au dessus de son fauconnier, qui vient alors piquer à très grandes vitesses contre les proies aériennes en la buffetant (en l'assommant) ou en la liant. L’animal est alors guidé et rappelé via un sifflet au son particulièrement strident que l’animal sait reconnaître à force d’entraînement. L’on chasse ainsi les perdrix, les cailles, les canards et certains Sakâ’i peuvent même intercepter les pigeons voyageurs et les corbeaux porteurs d’un message.
Dressage du rapace
La fauconnerie Sakâ'i est un art complexe dont les traditions ont voyagées oralement de Sakâ'i en Sakâ'i. Il y a eu assez peu d'évolutions notable de la pratique et notamment de la façon dont ces qadjarides affaitent (dressent) leurs rapace. De nombreuses traditions en sont ressorties:
Aiglon
Tout d'abord, une fois l'aiglon capturé hors de son aire durant l'absence des pairons (ses parents), il est ramené au camp et posé dans une cage. Il s'agit alors d'habituer l'animal à la présence humaine et, pour la première fois, user de son Souffle pour que l'aiglon puisse en être sensible et le reconnaître. Il est de coutume pour les qadjarides Sakâ'i de méditer devant l'animal en le regardant fixement dans les yeux, ce afin de faire naître ces premiers liens. Jours après jours, le rapace s'habitue à la présence humaine, aux sensations, aux odeurs et aux visages. L'aiglon est nourrit au bec avec de petits morceaux de viandes crues, c'est la beccade. En outre, un lien affectif doit aussi se créer. Le qadjaride doit apprendre à réchauffer l'Aiglon en nivôse, celui-ci n'étant pas encore capable de réguler sa température avec son duvet. Il est aussi important que le qadjaride donne un nom à son Aiglon.
De préférence, le jeune aiglon est posé dans la même cage que l'aigle d'un autre Sakâ'i de façon à ce que l'adulte puisse lui donner l'exemple du comportement, les aigles étant, par nature, très enclins à imiter leurs congénères surtout si ils sont plus âgés. Les entraînements de l'aigle adulte peuvent aussi être effectués devant l'aiglon, toujours enfermé, toujours dans ce but qu'il cherche à mimer plus tard son aîné.
Cependant, le travail avec l'aiglon reste principalement spirituel. Il revient au qadjaride de développer sa sensibilité au Souffle pour qu'il puisse créer un lien puissant avec son partenaire. En effet, l'Aigle n'est, pour les qadjarides, pas seulement un animal utilisé pour la chasse, mais bien un partenaire via la méditation. Le débat est encore ouvert parmi les qadjarides sur le fait que les aigles puissent avoir un semblant de Souffle ou non, mais la plupart des Telesmbod s'accordent à dire qu'ils sont juste les animaux de l'Ertä les plus sensibles au Souffle sans pourtant en posséder.
Béjaune
Lorsque l'oiseau est habitué à la présence humaine, il est régulièrement sorti de sa cage. Il s'agit alors de patienter jusqu'à ce qu'il puisse grandir et devenir un jeune béjaune, c'est-à-dire un jeune niais non affaité. Son duvet laisse place à des plumes d'un brun profond, conservant encore son bec jaune. Il commence alors la partie la plus importante de son éducation pour devenir un rapace de poing. Pour cela, l'on porte un gant de fauconnerie très épais en cuir dont on dépose un appât d'à peine un quart-de-gorge à trois mètres de l'animal. Le qadjaride doit alors chercher à attirer l'attention de son béjaune et l'inciter à prendre son premier bref envol. L'expérience est réitérée durant des jours, de plus en plus loin parfois en courant pour le forcer à se poser sur un poing en mouvement.
L'oiseau devient alors un rapace de poing et peut véritablement commencer à s'entraîner à la chasse. Le béjaune se voit d'abord posé sur ses tarses, des lanières de jets, un grelot et vervelles qui, retenues par la main du fauconnier, empêche l'oiseau de s'envoler sans ordre. Au repos, les qadjarides lui posent un cache appelé "Nazarahīna" en qadjaride. Souvent précieusement décoré et brodé, l'objet a une importance symbolique pour le Sakâ'i comme le début de son véritable apprentissage et sa relation avec l'animal. Cette cache permet aux aigles d'être isolés des stimulis extérieurs afin de les plonger dans un état détendu. Pour les qadjarides, l'état que l'Aigle possède à ce moment se rapproche d'une sorte de méditation. Le retirer au dernier moment lors d'une chasse, permet à l'animal d'aussitôt se concentrer sur la cible à chasser. Le béjaune voit aussi son bec commencer à être coupé à son extrémité pour ne pas qu'il puisse blesser qui que ce soit, ou trop abîmer les proies.
Le béjaune est entrainé en attachant des morceaux de viande crue à une sorte de cerf-volant en toile et en plumes tenue par le fauconnier. Le rapace s'entraîne à buffeter. Il peut aussi être entrainé à être simplement envoyé sur une charogne se situant à plusieurs centaines de mètres.
Petit à petit l'animal peut commencer, avec son fauconnier, à chasser les petits animaux comme les rongeurs ou les lièvres. C'est un moment crucial qui permet de tester l'affaitage et le rapport que le Sakâ'i a avec son Aigle. Il n'est pas rare qu'un Sakâ'i perde un doigt à partir d'ici puisque l'aigle hirsute, stimulé par le combat peut devenir violent et perde un coup de bec sur un doigt imprudent lors d'une chasse en situation réelle.
Petit à petit le béjaune devient adulte et devient un véritable Aigle de poing, plus souvent dit sur son nom honorifique qadjaride: "Kah'bah" pour désigner l'Aigle d'un Sakâ'i correctement affaiter et qui partage une relation basé sur le Souffle avec son fauconnier.
Kudar'ertä
Les Sakâ'i gardent leur Aigle femelle jusqu'à ce qu'elle atteigne l'âge de cinq ans. Le rapace est alors au sommet de sa force du haut de ses 2,3 mètres d'envergure et ses 6 kilos. C'est aussi durant cette période que Kah'bah devient sexuellement mature et peut pondre. Les portées d'Aigles royaux étant rares et dont les couvées n'excèdent presque jamais les trois œufs, il est obligatoire pour un Sakâ'i de pratiquer le Kudar'ertä, rendre à l'Ertä.
Au travers d'un rite sérieux et souvent déchirant, le fauconnier défait les lanières de jets de son compagnon, seul le grelot est gardé pour que l'on puisse la reconnaître comme une mère protégée. Après avoir participé à un dernier moment de méditation en sa compagnie, c'est l'heure du dernier envol pour l'animal qui est relâché. Respectueusement, les Kah'bah relâchées sont appelées "Ertädamata", "mère de l'Ertä". Croiser une Ertädamata à l'état sauvage est signe pour un qadjaride d'un avenir radieux. Le Sakâ'i devra de nouveau capturer un aiglon femelle dans l'aire pour se faire un nouveau compagnon.
Le Sakâ’i combattant
Bien que respectés pour leurs capacités martiales, notamment pour l’arc dont ils sont de bons représentants de l’archerie qadjaride, les Sakâ’i ne sont pas un corps d’élite militaire d’un clan qadjaride puisqu’ils sont avant tout des chasseurs. La plupart des qadjarides préférant souvent la fuite, la négociation ou les actions détournées pour éviter la violence, les Sakâ’i ne voient donc leurs capacités martiales que rarement utilisées pour qu’ils puissent surtout se concentrer sur ce qui occupe la majorité de leur temps: La fauconnerie et l’archerie.
Le Sakâ'i est cependant capable de se servir d'une arme et peut, lors de situations critiques et majeures et où toutes les autres solutions privilégiées par les qadjarides habituellement pour s'en sortir ont échoués, dégainer les armes pour défaire des bandits qui attaqueraient son clan, typiquement. Il laissera par contre ce rôle bien volontier aux qadjarides dont le combat est leur rôle principal dans le clan.
Devenir Sakâ’i
Être Sakâ’i n’est pas seulement un métier comme peut l’être un trappeur mais est un véritable statut qui peut être important dans un clan, bien qu’il ne soit pas rare qu’un clan nomade ne possède aucuns Sakâ’i.
Un qadjaride motivé à l’idée d’en devenir un doit tout d’abord recevoir l’autorisation du Telesmbod de son clan qui reste seul juge de la capacité du qadjaride a être sensible au Souffle. Si le qadjaride reçoit l’autorisation du Telesmbod, il peut alors être pris en charge par un Sakâ’i ayant déjà fait ses preuves dans son art. Si il n’y en a pas, il n’est pas rare que le qadjaride apprenant rejoint temporairement un autre clan où s’en trouve un, le temps de son apprentissage.
L’apprentissage pour devenir Sakâ’i peut grandement varier en fonction de la capacité de l'apprenant, de la sévérité du Sakâ'i professeur.
Cet apprentissage est marqué par de nombreux voyages où le qadjaride devra suivre les indications ainsi que les épreuves exigées par son tuteur. Des épreuves de chasse difficiles dans des milieux variés et souvent hostiles partout où ils le peuvent et où les kharedjis ne sont pas trop une menace.
Une fois que le tuteur juge le qadjaride prêt, il lui est traditionnellement demandé de survivre seul durant une semaine dans un endroit hostile loin de la civilisation. L’endroit est défini par le tuteur et peut-être un désert sec, une chaîne de montagne ou encore une forêt profonde. Le qadjaride finalisant son apprentissage ne pourra compter que sur son aigle, son équipement sommaire et surtout ses connaissances pour subsister.
A l'issue de cette épreuve, le qadjaride peut revenir dans son clan et le Telesmbod lui tatoue les “traces du rapace” aux coins des yeux.
Apparence
Les Sakâ’i portent des vêtements variés et colorés tout comme n’importe quel qadjaride. Cependant, deux caractéristiques essentielles permettent de reconnaître un qadjaride Sakâ’i du premier coup d’œil:
- Le “Maïkal” est un couvre-chef typique, avec une forme légèrement arrondie sur le dessus. Il est souvent fabriqué à partir de feutre de laine ou de fourrure de chèvre plus ou moins dense ou présente en fonction du climat où évolue le qadjaride Sakâ’i, et est décoré de motifs brodés et de pampilles de soie colorées si il n'est pas directement en acier pour les plus militaires d'entre eux. De longues chutes de cuir ou de tissu encadrent le visage du porteur et peuvent être attachées entre elles pour couvrir le bas du visage. Le sommet du chapeau est orné de plusieurs plumes d'aigles, attachées au sommet du chapeau par une bande de tissu. Les plumes sont choisies avec soin et ont une signification particulière pour le porteur du chapeau.
- Les “traces du rapace” sont des tatouages rouges présents sur les bords extérieurs des yeux qui épousent leur prolongement. Elles sont les marques ultime de l’accomplissement d’un qadjaride dans sa quête de devenir Sakâ’i. Ainsi, l’honneur de se les faire tatouer est confié au Telesmbod de son clan qui finalise l’apprentissage du qadjaride dans cette voie.
Sources
Image 1: 涼森 弐敷
Image 2: Qantar Samal
Image 3: 涼森 弐敷