Naufrage
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Cet écrit a été rédigé par Joris, en collaboration avec Aron Seppyn, et se trouve sur l'ancienne Esperia, inaccessible pour le moment.
L'ouvrage est disponible dans la bibliothèque du Monastère de l'ancienne Esperia.
Ne voyez pas en nos mots l’expression de notre avis profond et tranché, ni notre désir. Ce n’est qu’un recueil d’exercices poétiques et littéraires, notre Rokraaen : un terme adaarion désignant un coffre très rustique et repoussant dans les Monastères, et dans lequel on préfère ne rien mettre. Qui oserait ainsi parler d’Esperia et de ceux qui la font? L’hypocrisie d’une telle satyre nous dégoûte fondamentalement et jamais nous ne nous y adonnerions. Ne voyez pas de signifiés là où il faut uniquement voir des signifiants. Nous avons voulu donner corps au mouvement de la Décadence, à travers nos thèmes ou nos formes, ou parfois les deux. Le Poète joue avec les mots, pas avec les esprits, et si vous n’en êtes pas convaincus, apprêtez vous à lire ceux-ci.
De toutes les histoires de l’Histoire
Celle d’Esperia est la plus noire
Gracieuse, idéale ou sacrée?
Crasseuse, vénale et gangrenée
Au loin apparaît l’Archipel
Ce parrain du Servile appel
Cité sublime et raffinée
Petit rocher vil et échoué
Je parle aux Colons installés en ce lieu
A ceux qui virent l’éclosion des Spiritueux
Adobe sur fragiles canaux se fonder
Et Justice dans profondes mers s’abîmer
C’est ici que vont se mêler rats et cafards
Festin frugal pour nombre de ces charognards
Mais notre repas sera trivial
Et cette rime trop banale
Alors, nous laissons tout là
L’Art? Ces rats n’en voudront pas
Raconter? Ils connaissent tout déjà
Le Sénat saccagé, le Consulat souillé
Une Abbaye si faiblement protégée
Ne pouvait dès lors pas résister
Inutile de leur jeter des vers
Pour eux, retournants à la terre
La chronologie n’imposera aucun débat
Seuls, nous contemplons leurs ébats
Mais nous, Abbus de courts délais
Ne pourrons jamais les juger
Et eux, esclaves venus des quais
Ne seront jamais condamnés
Car notre Foi est un clivage
Leur Espoir n’est qu’un village
Déchus et méfiés, déçus et trompés
Ils voient en nous un danger
Et refusent de se laisser guider
Alors purifions, délivrons
Apaisons, cicatrisons
Finalement exorcisons
Ce grave échec, bestial et exalté
Voilà l’étreinte de la Flamme
Des Feux de la Nivôse
Nous sommes les Héritiers
Nous voulons peindre Esperia une fille dépravée,
Sur qui pèsent des regards, furieux et indignés.
Le premier orgueilleux, corrige, entrave ses travers,
Ses drapeaux hissés haut, au beau milieu de la mer,
Ce voleur acharné, la gronde et la gifle d’un revers,
En l’espoir secret et amer qu’elle revienne,
Vers lui s’excusant pour l’embrasser à nouveau
Mais ce jour n’est qu’une idylle lointaine,
Car la putain déjà est au milieu de l’eau,
Le second n’est qu’un marchand, un vil,
Il aime davantage l’or que lui,
Au loin il la voit ; elle se profile,
Et de son or il rêve : avarie !
Plus haut, un regard noble et blessé,
Blessé, par les vices; les délices,
Noble, de par ses deux couleurs sacrées,
D’une main protectrice,
Lui offre des caresses désabusées,
Deux premiers la maudissant,
Le troisième est clément,
Mais la fille débauchée,
N’est qu’immorale et souillée,
Et rejette les trois.
Car des rats sur son corps,
Dont les morsures apaisent le caprice,
La Vie ou bien la mort,
La Foi ou bien le vice,
Le sang se répand,
Les entrailles se déchirent,
Serait-ce un enfant,
Qui mutile pour mieux fuir ?
La putain se meurt.
Les regards inchangés,
Restés de marbre tout durant,
Froids mais inquiets,
Et les yeux tout à fait pétillants,
Déchirée; la chair qui était douce,
Au massacre assistant,
Ils ne bougent pas d’un pouce.
Esperia est un violent échec,
Qu’ils voudraient triomphant,
Bientôt ses os secs,
Brûleront ardemment,
Esperia tu m’attristes,
Plus que tout autre empire,
Faudrait-il pour le lui dire,
Deux phalangistes ?
Ô Poète
Grand Fataliste
Plaignant la destinée
Fustigeant cette société
Insultant aussi les astres
Condamnant ce monde si vaste
Dès lors subissant toute l’existence
Tu révèles alors toute cette Décadence
Mais dans cette fine description, tu te méprends
Souviens toi, petit, que ce monde évolue
Et que cette longue plainte est révolue
Elle ne fait que joie monachiste
Et seul est le phalangiste
Qui dévoué à sa terre
Nie toute conscience
Prie, paie le cens
Lui, il te voit
Et toi…
Tu danses
J’ai cueilli, au coeur même des champs de blés
Dans les entrailles du monde, bâti
Et j’ai foulé ses poumons : les forêts
Les ruisseaux, veines et artères, j’ai suivi
L’air que j’ai respiré : comme son âme
Je l’aime comme on aime une femme
Aux gens qui y vivent, y meurent et y prient
Sont l’essence de ce quelle m’a transmis
Et au sol, l’on y trouve, ses rubis
Et c’est le sang
Rouge et blanc
De son parent
Arbitrio
Huramisto
Qu’il est grave ce sillon, fracassant la mer
Bruyant, hurlant, laissant son écrasante trace
L’Eau cri, sa face tranchée au son de la masse
Avançant sans crainte au vent atroce des terres
Cette effroyable bête de bois est trapue
Dans son ventre des chaînes forgent les tracas
Rassasiée, traversant au loin vers Esperia
Là bas vomissant, ceux qu’elle n’aura pas perdue
Tombants, comme du lest, au creux du sillon
Tragique, horrible destin, lâchés du pont
Assourdissant silence, et doux hurlements
L’animal, des bestiales âmes se nourrit
Le restant, naufragé sur cette rive en vie
S’engouffre dans l’antre, de l’Autre léviathan
Que vous êtes bien faite, belle au demeurant,
Tête fardée de blanc, cheveux noirs reluisants,
Ce regard éveillé, victorieux des coeurs,
Ne cesse d’accroître, ma honteuse rancoeur,
Qui chante pour vous et votre âme souveraine,
Que j’approuve en secret, et nomme ma Reine.
Depuis ma tribune, j’avise le spectacle,
Fait d’acier et de sang, de souffles et d’idées
S’affrontent ici ceux qui te veulent possédée.
Ton esprit ainsi fait, n’est plus que le cénacle,
Qui renferme en toi, cette lutte si obscène,
Où séduits se livrent, les rivaux de tes songes,
Luttant à en périr, maîtrisant le mensonge
Morts ici et tués là, au coeur de l’Arène.
Lune apparaît, embaumant la cité
Soleil, vous quitte, après de vains ravages
De ma plume, j’use mes qualités
Au loin, si subtils, semblent les rivages
Et mon encre, digne du sang versé
Eux qui cachent, le village sauvage
Grâce à Lui, regagne sa pûreté
Lui et moi, connaissons, le vrai visage
De ces Princes bestiaux qui l’avilissent
Ils renient la foi d’un affreux virage
De ces Nordiques bouillants de malice
Ils sombrent parfois dans d’hideux usages
De ces Qadjarides sans vraie justice
Ils n’ont pour unique amour que leur rage,
De ces Caroggians envieux de vices
Ils mènent bien mal leur pèlerinage,
Du Reste qui souffre de ses caprices
Prêt à mener les plus graves outrages,
D’Arbitrio qui contemple ses fils.
Chester Loor, dont la face est perverse
Eldermann, cet obèse, ce salace
Ma douce haine à jamais vengeresse
Coutumier de ses actions de garce
Le volontaire du dément néant
D’un hideux visage, je garde traces
Encore j’entends, ce chien aboyant
Mais pour son âme, ma haine est vivace
Leur meute errante, au plus profond des cendres
Et nous enrageants, dans les bas méandres
Mais notre échec, cuisant, n’est pas si vain
Et le leur, plus violent, est très prochain
Même au doux creux de ce songe profond,
Nous fuyons la triste réalité,
Même à l’Esperia des sages démons,
Nous cherchons encore la vérité,
Même devant le trône des vils rois,
Nous nous inclinons bien bas face aux Grands.
Même chez tous ces sinistres malfrats
Nous ne rejetons point le bel argent,
Ne nous élevons pas : Nous somm’ déjà si haut
Dobre Iszad : <<Abbus vesetoje !>>
Meïta kuulla : <<Apothis vaaralinen !>>
Nous réfutons ceux qui voudraient voir l’oeil fermé
Mais ils nous regardent en respirant la haine
Délirants, médisants, la pupille injectée de sang
En nous voyant, leurs yeux s’abîment
Leur chair moite voit leurs poils s’élevant,
Démunis, enfin ils avouent leur crime.
Mon marteau m’accompagne, raison dictant loi,
Mon crâne vous écrase, sermon faisant foi,
Sauvés de l’esclavage, pour les pieds d’un roi,
Parvenus au sommet du Culte, sûrs de soi,
Nous démontrons les vices lors d’un coup d’éclat,
Trahis alors par ceux qui veulent le Fracas,
L’un ne devient plus que le reflet d’un héros,
L’autre érige Reine, muré dans son enclos,
Finalement exilés, ils s’en retournent à Iona,
De là sortent ces mots, et malgré tout cela :
Qu’il vente, qu’il neige, qu’il pleuve,
La main fera des veuves,
Afin de trouver ses doigts.
A notre ami Elisard.