Utilisateur:Dalìa

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Informations RP
Genre
Femme
Année de naissance
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Métier
Métier
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Origines
Ville d'origine
Région d'origine
Nation d'origine
Informations HRP
Login Minecraft
audrey98
Pseudo
Dalìa
Prénom IRL
Audrey
Âge IRL
16 ans




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Description

Dalìa est une femme âgée d'une trentaine d'années, personne, même pas elle, ne saurait exactement dire son âge, les années passées dans la rue n'ayant pas aidé à suivre le cours du temps. Son visage, caractéristique de par ses deux cicatrices, l'une séparant son visage et l'autre marquant juste sa mâchoire, est souvent animé d'une expression sereine, ni accueillante, ni repoussante. Lorsqu'un sourire se tente à se dessiner sur ses lèvres, il est en général recalé par une expression vive de douleur, donnant un aperçu de ce que ressent la verrière lorsqu'elle tente de sympathiser. Sa chevelure rousse, s'étendant jusqu'au bas de son dos lorsqu'elle est détachée, est souvent nouée dans un chignon recouvert d'un napperon vert. Seules deux mèches folles formant sa frange qui se sépare vers le milieu s'étendent par dessus sa poitrine. Ses yeux émeraudes sont ceux qui transmettent le plus ses sentiments, puisque ses lèvres sont condamnées à ne pas bouger, et on peut souvent les voir au bord des larmes, à cause des multiples blessures de la femme. Son nez, recouvert de taches de rousseur à l'image de ses joues, est de taille moyenne, bien que légèrement aquilin. Légèrement rosies, ses lèvres sont la plupart du temps légèrement pincées, par méfiance, ou douleur, cela dépend des moments. Pour ce qui est de sa morphologie, Dalìa est plutôt petite, légèrement enrobée. Elle est généralement vêtue de vert, la couleur de la Déesse Raakavann, car persuadée que cela pourrait attirer ses faveurs. Au niveau de ses genoux, elle porte en permanence des coques de bois rembourrées de tissus, lui permettant d'amortir ses articulations en cas de chute, ou d'accroupissement, dont la douleur serait telle qu'elle en tomberait inconsciente.

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Aptitudes

  • Alphabétisation.Alphabétisation: Dalìa a eu la chance de recevoir une éducation lui permettant d'écrire et de lire. C'est ce qui, notamment, lui a permis de survivre si longtemps avec son commerce à Uuroggia.
  • Art.Art: Une des passions de la rousse avec son métier, c'est de graver ou de rendre la forme artistique à un vase, ou autre. Elle apprécie le faire et les gens semblent aimer son travail.
  • Calcul.Calcul: Étant une artisane, il est presque nécessaire qu'elle sache compter, pour ne pas se faire arnaquer par le premier passant.
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Qualités

  • Personne de confiance: Dalìa cracherait sur les traîtres si ça ne lui faisait pas autant mal. Autant dire qu'elle ne pourrait plus se regarder en face, chose déjà difficile, si elle se mettait à mentir et à rapporter les secrets qu'on lui confie.
  • Adoratrice de son métier: La Vaahva pourrait passer des heures entières enfermées dans son atelier pour finir une unique fiole, pour la rendre la plus belle que possible. Elle aime son travail, et ça se voit.
  • Franchise modérée: Si la plupart du temps elle dit ce qu'elle pense, la rousse se retiendra de critiquer une personne en face d'elle, préférant garder ses commentaires pour elle.
  • Maniaque: Elle fera tout pour que tout reste en son contrôle, que tout soit propre et parfait, au risque de la rendre très mal à l'aise avec le lieu où elle se trouve.
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Défauts

  • Sourire laid: Si Dalìa tente un sourire, il est souvent remplacé par une grimace de douleur, ou n'est fait qu'à moitié, semblant retirer la sincérité de son expression.
  • Vite occupée par son travail: Lorsqu'elle souffle du verre, elle est en général tellement concentrée qu'il est impossible de l'entendre dire quelque chose, jusqu'à qu'elle ait fini.
  • Sévère: Elle n'apprécie pas les faux pas et corrigera une personne si, d'après elle, elle a mal réagi.
  • Maniaque: Voir une maison sale la rend très mal à l'aise, anxieuse, et elle fera tout pour quitter au plus vite le lieu en question, sans s'inquiéter de la politesse.
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Intérêts culturels et goûts

Aime

  • Le vert.&Le bleu.La couleur verte et bleue
  • Le verre.Le verre
  • La propreté.La propreté
  • La politesse.La politesse
  • La musique.La musique
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N'aime pas

  • Les oeufs.Les œufs
  • Le verre brisé.Le verre brisé
  • La saleté.La saleté
  • Les esclaves mal dressés.Les esclaves mal dressés
  • Les cris.Les cris
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Histoire

Chapitre 1

Petite Dalìa deviendra grande.

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« Bonjour, vous venez chercher une commande ? » Un large sourire accueillant était dessiné sur le visage pâle de la jeune vendeuse rousse. Plutôt petite et embonpoint, la femme semblait sympathique et joyeuse. Ses traits étirés dans une figure rieuse étaient composés de lèvres rosies, d’un nez recouvert de taches de rousseur, d’yeux émeraude et d’un large front recouvert d’une frange se séparant en deux vers le milieu et s’étirant en mèches folles jusqu’en dessous de sa poitrine. Le reste de sa chevelure rousse foncée était tirée en un chignon recouvert d’un napperon vert assorti à sa tunique. Ce haut de la couleur de Raakavann lui était très important puisqu’offert par sa mère la veille de son départ, car celle-ci se faisait du souci pour son état de santé. En effet, la rousse possédait deux blessures aux genoux qui lui étaient impossible de soigner. Elle s’était fait ça en chutant d’une échelle, enfant, et les apothicaires chez qui elle était allée se faire opérer, car elle était alors paralysée des jambes, réussirent à lui rendre la marche, mais à quel prix ? Depuis, elle était obligée de porter des genouillères de bois creuses rembourrées de tissus pour amortir ses articulations lorsqu’elle s’agenouillait, sans quoi elle tomberait inconsciente à chaque accroupissement sous la douleur. De plus, le moindre pas qu’elle faisait lui était désagréable, et monter des escaliers une épreuve quasiment insurmontable –c’était sans parler des échelles…-. Pour s’aider quotidiennement, elle prenait des calmants qui venaient de cette mer mystérieuse de par ses multiples algues bloquant l’accès sur, peut-être, un autre monde, et portait souvent sa tunique pour espérer attirer le regard de la Déesse de la santé.

« Oui, une eau de rose dans un flacon travaillé… » répondit le client sans réfléchir bien longtemps. « Très bien, je vais vous chercher ça ! » s’empressa d’ajouter la rousse avant de passer la porte se trouvant à sa gauche. Elle pénétra dans une arrière-boutique remplie d’étagères contenant un bon nombre de fioles remplies, ou pas, de liquides colorés ou translucides. Elle glissa son doigt sur chacune des bouteilles en avançant rapidement entre les rayons puis s’arrêta sur celle qui semblait être la désignée par le client. Elle observa l’œuvre un instant, se félicitant de vendre pareille merveille, puis retourna au comptoir où patientait l’homme qui était venu chercher sa commande.  « Désirez-vous le savon assorti au parfum ? Ça ne fait que quatre pièces d’or supplémentaires au lieu de six, c’est une bonne affaire ! » l’homme hocha la tête, faisant se retourner la rousse qui ouvrit les petites armoires suspendues au plafond, à hauteur de son visage, remplies de savons de milles couleurs. Elle en sortit un rose et le déposa à côté de la fiole, sur le comptoir. Elle sortit ensuite un tissu et une sacoche de cuir rembourrée et rangea dans le premier le savon, en nouant un ruban pour bien faire tenir la protection, et dans le deuxième la fiole, dont elle prit particulièrement soin de ne pas brusquer pour ne pas la briser. Elle tendit ensuite au client les deux objets et lui réclama les pièces, qu’il tendit sans rechigner, avant de demander, amicalement : « Merci, Dame… Dame comment, au fait ? » « Je m’appelle Dalìa ! » elle sourit à nouveau largement puis salua l’homme qui s’en allait.

Ce jour-ci était plutôt calme, le seul bruit qu’elle percevait était celui du vent qui soufflait fort dehors. Dalìa observait sa boutique avec une admiration non-dissimulée. Ce magasin, c’était l’investissement de sa vie et de celle de son mari, et les Déesses savaient qu’elle en était fière. Sur le mur qui se tenait à sa gauche se trouvait un bon nombre de peintures aux mille couleurs flamboyantes. En face d’elle était l’entrée, une simple porte en bois entourée de deux guéridons sur lesquels reposaient des pots de fleurs, un de rose et l’autre d’orchidée bleue. Au milieu de la pièce se trouvait un tapis rond de couleur pourpre et, sur le mur de droite, des étagères affichaient fièrement de nombreuses fioles de bonnes manufactures. Elle tapota des doigts le comptoir sur lequel elle était appuyée et contrôla que tout y était bien rangé : tout à gauche, la caisse, une petite boîte de bois avec une serrure de bonne qualité. Vers le milieu se trouvait des languettes de papiers sur lesquelles elle pouvait faire tester les parfums aux clients et tout à droite se trouvaient les sacoches et tissus dans lesquelles elle rangeait les produits avant de les donner aux clients. Derrière elle s’affichaient fièrement des armoires suspendues, basiques et d’un bois assez sombres. En dessous se tenait un chaudron, pour se laver les mains, et un petit établi où étaient rangés divers outils de gravures si jamais le client désirait un ajout sur sa fiole de dernière minute.

« Je suis de retour ! » s’exclama la voix d’un homme qui entrait, et qui provoqua un sourire radieux sur le visage de la jeune femme. Elle fonça dans les bras du damoiseau et le serra d’une tendresse presque inimaginable. Il déposa son sac rempli par terre et l’ouvrit, après s’être défait de l’étreinte de la jeune femme, pour lui montrer ce qu’il avait ramené. « Du colorant ! » s’écria-t-elle dans un élan de surprise et de stupéfaction. « Ca a dû te coûter une fortune ! » « Si c’est pour toi, alors c’est plus que rentable… » minauda-t-il en déposant un baiser sur ses lèvres. «  Je vais aller le poser dans ton atelier, près du sable, ça te va ? » elle hocha la tête vivement en guise de réponse et retourna s’installer derrière le comptoir, au cas où un nouveau client se présenterait.

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Chapitre 2

Toute blessure laisse une cicatrice.

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Dalìa et Sigfred, son époux et collègue, se promenaient tranquillement au marché en observant les divers étalages. Chaque commerçant tentait d’hurler plus fort que l’autre pour vendre ses pacotilles et pour passer au-dessus des voix des acheteurs, bruyants et intéressés, qui jetaient çà et là des regards curieux aux échoppes. « Tu vas pas me dire qu’il n’y a aucun herboriste dans ce fichu marché ? » grommela Sigfred, perdant visiblement patience après avoir refait le tour une deuxième fois. « On a dû le rater à nouveau… » répondit Dalìa avec malice, désireuse de remarcher encore une fois, malgré la douleur omniprésente que lui faisaient ressentir ses genoux, appréciant l’ambiance qui se dégageait des marchés. Son époux se tourna vers elle et rigola, douteux qu’elle ne l’avait pas prévenu alors qu’elle avait repéré ce qu’il cherchait. « Bon, on le fait une troisième fois seulement si tu me dis où il est. » lâcha l’homme, faussement exaspéré. Il suivit alors la jeune femme qui avait accélérer légèrement le pas, le traînant entre la foule en perpétuelle mouvance que représentait ce public.

Une dizaine de mètres plus loin, une personne bouscula Sigfred sans que Dalìa ne s’en aperçoive. Elle continua sa route tandis qu’il avait perdu sa trace. Pris de panique, il se mit à courir en poussant tout le monde sur son passage, tentant de trouver le sillon laissé par sa femme mais qui se refermait tout de suite sur elle. Il chercha ainsi toute la journée, en vain, et fut obligé d’attendre que la masse s’en aille enfin.

Il refaisait le tour pour la quatrième fois ce soir-là, ne trouvant pas sa dulcinée malgré ses recherches poussées de plus en plus loin. Il observait chacune des échoppes bien cinq minutes avant de passer à la suivante, quand il rentra dans une personne. « Oh c’est toi ! » s’écria Dalìa, surprise de la coïncidence et vacillant encore légèrement. Elle tenait dans sa main un panier rempli de fleurs. « Comme je ne savais pas lesquelles tu voulais, j’en ai pris de chaque espèces qu’il vendait ! » elle sourit largement en lui tendant le panier, lui dessinant une expression rassurée et satisfaite sur le visage. « Ça va tes genoux ? » s’inquiéta-t-il tout soudainement, se souvenant qu’elle venait probablement de passer sa journée debout, à agoniser en silence. « Oui, c’est bon, l’herboriste a eu la gentillesse de me passer un siège pour que je puisse m’asseoir… » répondit-elle rapidement, entamant la marche pour rentrer chez eux, visiblement désintéressée de l’éventuelle peur bleue qu’elle aurait pu faire à son compagnon.

Dalìa déposa avec difficulté le gros vase qu’elle venait de terminer sur son plan de travail, l’observant avec un mélange de satisfaction et de fatigue dans ses traits rougis par la chaleur du four avec lequel elle venait de « coopérer ». Elle semblait fière de sa création, un long vase, s’affinant à l’image des hanches d’une femme vers le centre, translucide comme s’il n’y avait pas de verre et recouvert d’un filament torsadé sur toute la longueur, de couleur bleue foncée. Elle avait pris toute la journée à le faire et le voir enfin, là, fini devant elle ne pouvait que réchauffer son cœur épuisé par la tâche, et essoufflé par les bulles qu’elle avait dû faire pour lui donner un pareil volume.

Elle commença à ranger son atelier, trop fatiguée pour réaliser qu’elle oubliait la chose la plus importante quant à la fabrication du verre : le refroidissement. Elle savait pourtant bien ce qui arrivait si on sautait cette étape, et ce serait tout son travail qui se briserait, devant elle, sans qu’elle ne puisse rien y faire ! Elle le savait, on le lui avait répété des millions de fois… Mais cette fois-ci, elle eut un mauvais état d’esprit, et lorsqu’enfin elle réalisa, il était trop tard…

Elle se précipita vers le vase et le serra dans ses bras pour lui donner le peu de chaleur qu’elle avait, retourna près du four, là où se trouvait celui de refroidissement, mais tandis qu’elle ouvrait ce dernier, elle sentit le bras qui tenait la pièce s’affaisser contre son corps, et le pire réflexe qu’elle eut fut de baisser la tête pour voir ce qu’il se passait. Deux éclats de verre giclèrent et vinrent se loger dans son visage, tandis qu’un autre resta dans la main qui tenait, précédemment, un vase et qui n’était, présentement, plus qu’un tas de débris de verre ayant explosé à cause de la chaleur concentrée dans ce filament torsadé autour du vase froid.

Sigfred, affolé par les hurlements et ce bruit de verre brisé, déboula dans l’atelier et se précipita vers sa femme, qu’il porta pour la sortir des fragments de verre au sol ; il n’aurait pas fallu qu’il y en ait un supplémentaire dans son pied… Le premier réflexe qu’il eut, probablement pas le meilleur qu’il aurait pu avoir, fut d’arracher les débris encore logés dans sa peau, malgré ses cris de protestation et de douleur. Il la reprit dans ses bras et se précipita dehors, cherchant désespérément une personne pouvant l’aider, et croisa la route d’un soignant, grâce lui soit faite.

Dalìa ouvrit lentement, très lentement ses yeux. Une vive douleur omniprésente lui lacérait le visage tandis qu’elle tentait de comprendre où elle était, et ce qu’elle faisait là. Elle observa longuement la pièce, une très petite chambre meublée uniquement du lit sur lequel elle était précédemment couchée. La porte de bois qui semblait être l’unique sortie, et entrée à l’occasion, s’ouvrit et laissa passer un homme qui lui était inconnu, suivi de Sigfred, le regard vitreux et le teint pâle.

« Bonjour Dame Dýrmundur… Votre blessure ne vous fait pas trop souffrir ? » l’homme s’approcha encore un peu et sortit de sa poche un rouleau de bandages visiblement propre. La rousse tenta de répondre, mais lorsqu’elle essaya d’ouvrir la bouche, la douleur était telle qu’elle lâcha un petit cri de réprimande, retournant fissa au silence, des larmes de souffrance montant aux yeux. « Ça va aller, ne vous en faites pas. Je vais juste changer vos pansements, si vous le voulez bien. » et sous le regard attentif, et terrifié, de Sigfred, celui qui semblait être un soignant défit le bandage qui entourait alors son visage. Lorsqu’il fut entièrement enlevé, Dalìa put constater avec tristesse l’expression horrifiée de son époux, qui ne tarda à détourner le visage de dégoût. Le médecin tamponna légèrement son visage d’un tissu imbibé d’elle ne savait quoi, mais qui picotait énormément au contact de ses plaies, puis renferma ses blessures dans le nouveau bandage, comme momifiée. Elle effleura sa mâchoire de ses mains tremblantes et regarda l’inconnu avec toute la crainte du monde dans les yeux, seule partie encore visible de son visage. Il l’observa avec compassion et sortit de la pièce, avec, à ses talons, Sigfred qui ne semblait pas pouvoir rester plus longtemps pour rassurer sa femme, vu qu’il était lui-même terrorisé.

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Chapitre 3

L'argent est le nerf de la guerre.

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Ces derniers temps, Sigfred rentrait tard le soir, ou parfois même, pas du tout. Lorsqu’il arrivait, il était saoul et se couchait immédiatement dans le lit, tournant le dos à sa femme, ne lui adressant pas la parole. Le lendemain, il repartait aux premières lueurs, sans annoncer où il allait, sans se préoccuper de la rousse blessée. Celle-ci était encore affaiblie par son accident, et le fait qu’il ne s’occupait jamais de contrôler ses plaies avait provoqué une infection qui lui donnait une fièvre et, parfois, des malaises. Lorsqu’elle avait assez de force, elle se débrouillait pour laver ses cicatrices et remettre l’onguent vendu par le soignant, mais elle était rapidement épuisée et avait rarement le courage de nettoyer le bandage. Mais ce qui l’inquiétait le plus n’était pas ses chances de survie, devenant de plus en plus maigres à mesure que le temps passait, mais bien le fait qu’elle ressentait l’appauvrissement du foyer. Quand son époux daignait lui prêter un peu d’attention, il lui faisait à manger, mais plus le temps passait, et plus les repas se limitaient et avaient une consistance moindre. Ces derniers temps, il se résumait à une bouillie de restes de restes de la veille, dont l’aspect avait très certainement voulu être dissimulé, mais l’odeur trahissait les aliments qui étaient très probablement entrés en décomposition lorsqu’ils avaient été préparés.

Mais ce soir-là, ce serait différent. Sigfred pénétra dans la chambre en vacillant, enleva son haut avant de s’étaler dans le lit, la tête la première. Dalìa attendait ce moment depuis plusieurs heures, et, son courage pris à deux mains, elle entreprit d’ouvrir la bouche pour communiquer. « Où… Où étais-tu ? » la peau de son visage se tiraillait à chaque mots, comme si elle se déchirait à chaque mouvement qu’elle devait faire. Pour la première fois depuis longtemps, il se retourna et la regarda, d’un air méchant et agressif. « Qu’est-ce ça peut t’faire ? » son haleine puait un mélange d’alcool dont elle n’aurait su établir la liste. « Je ch’uis ton épouje, je penche mériter des réponches. » répondit-elle en serrant les dents sous la douleur, malgré l’accent décalé que ça lui donnait. « Je jouais. » finit-il par avouer « J’essaie, vois-tu, d’sauver notre p’tain d’vie d’la misère ! » Dalìa ressentit un violent pincement au cœur à ces mots, et elle ferma les yeux, ne voulant plus être confrontée au regard dément de son époux. « Pa’c’qu’tu vois, là, toi, avec tes onguents qu’servent à rien, t’coûtes une fortune, pis ton opération qui t’as rendu… Hideuse, ça nous fout sur la paille ! T’dois penser qu’j’suis égoïste d’me barrer sans rien dire, mais c’toi qui l’es. T’penses qu’à ton p’tit bonheur pendant qu’j’me casse l’cul à essayer d’nous sauver, et toi t’pas contente pa’c’qu’j’suis jamais là, hein ? Alors tu m’engueules, bravo ! » il haussait le ton, de plus en plus, jusqu’à hurler sans lui laisser le temps de répondre. « Maint’nant j’fais quoi moi ?! J’tout perdu, on a plus rien ! Not’ magasin, plus personne qui vient, ils pensent qu’on est maudits tu vois ça ? J’suis coincé avec une horreur déformée et tout c’qu’j’ai pour oublier ça, c’est d’me défoncer la gueule en misant c’qui nous reste d’tunes contre des tarés, qu’ont plus d’chances qu’moi ! » secouée de sanglots, la rousse se recroquevilla sur elle, de douleur et de crainte qu’il ne finisse par la frapper. « J’en ai marre p’tain ! » il se releva et partit en claquant la porte, la laissant seule à pleurer face à cette vérité si durement avouée. Il fallait qu’elle l’accepte, pourtant, et qu’elle fasse avec, attendre que le temps passe et qu’il chasse les mauvais souvenirs…

Dalìa allait de mieux en mieux. Chaque jour que les Déesses faisaient, elle se battait pour se soigner et cela semblait marcher. Elle avait recommencé à souffler des verres mais, cette fois-ci, baignant dans la crainte de l’erreur. Chacun de ses gestes n’étaient que plus précis et chaque outil était rangé une fois qu’elle l’avait utilisé. L’attention qu’elle portait aux disparitions de son mari devenait chaque jour plus mince même si elle remarquait qu’à son retour, il avait souvent le regard rouge et désespéré. Quelque chose, en elle, avait changé. Premièrement, l’admiration et l’amour qu’elle ressentait pour son mari s’étaient transformés en répulsion et haine. Ensuite, l’habituel sourire qui illuminait son visage n’était plus que des lèvres pincés de colère, de douleur et de méfiance qui donnait à son visage maquillé par ces deux nouvelles cicatrices un air agressif et mauvais. Son regard, pour finir, était devenu froid et distant, ne s’intéressant plus aux beautés de la vie.

Un jour, Sigfred entra dans la boutique où attendait, comme à son habitude, Dalìa derrière le comptoir. Il s’approcha d’elle, le teint pâle, et déposa une main tremblante sur sa joue, d’une douceur qu’elle croyait disparue depuis bien longtemps. « Désolé, Dalìa, désolé pour tout ce que je t’ai fait endurer… » il respirait très profondément, secoué par quelques sanglots, avant de reprendre. « Je t’aime, je t’ai toujours aimée… Merci pour tout. » il se retourna alors et partit, laissant Dalìa à son poste, toujours de marbre. Il s’était moqué d’elle et avait joué de sa confiance, c’est ce qui l’avait rendu si méfiante envers tout le monde. Si elle ne pouvait plus croire son mari, alors elle ne pouvait plus croire personne, ainsi était son raisonnement.

Un homme entra dans la boutique, le regard sombre et désolé, en s’approchant de la femme. Il se racla la gorge lorsqu’il fut à proximité d’elle, et cracha enfin le morceau. « Dame Dýrmundur… C’est… C’est votre époux… » la rousse arqua un sourcil puis ricana. « Bien fait pour lui. » elle le lâcha, d’une manière plus tranchante que la lame d’un barbier. « Faites-lui donc ses funérailles, je n’ai cure de cette homme. » l’homme repartit, horrifié, et alors Dalìa comprit qu’elle n’avait plus sa place dans cette ville.

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Chapitre 4

Un départ ressemble toujours à une désertion...

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Dalìa rêvait jours et nuits de partir de cette ville, laisser derrière elle ce qui la maintenait à ses souvenirs douloureux. Chaque heure lui semblait devenir un supplice et, pour s’aider un peu, elle avait quitté sa boutique pour s’enfoncer dans une errance à travers les ruelles délabrées de la pauvre Uuroggia. La misère y était omniprésente, les vols nombreux. Elle avait la chance de ne rien avoir sur elle, et d’attirer autant la pitié que ceux qui l’entouraient. Ses maigres possessions se résumaient à ses vêtements : sa tunique verte et son bas surmontés d’une large cape noire à capuche épaisse avec, sur les épaules, une peau de loup grise pour mieux se réchauffer.

Tout ce temps passé dans la pauvreté la rendit encore plus méfiante, plus renfermée. Elle rendait des petits services aux personnes qu’elle croisait, faisait les commissions pour eux ou livraient des missives, rien de bien palpitant. Elle espérait pouvoir, un jour, remettre de son souffle pour créer un nouveau vase mais ce jour, il semblait si lointain… Et puis lui vint cette idée folle.

Esperia…

Esperia, cette ville dont on parlait tant. Esperia, cette ville d’espoir, placée sur cet archipel éloigné de tout. Esperia, synonyme de recommencement, de renouveau… Esperia, promesse d’une nouvelle vie, des nouveaux amis, de nouvelles rencontres.

Tout ça lui était venu telle une vision, une vision qui lui paraissait géniale. Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Cela faisait pourtant bien longtemps qu’elle en rêvait et Sigfred et elle avaient même songé, à la base, d’y aller en premier lieu, plutôt qu’à Uuroggia.

Elle marchait dans les rues, silencieuses de par la nuit, en ayant rabattu son capuchon sur son visage. Elle portait une large cape noire assez épaisse pour lui tenir chaud avec, sur ses épaules, une peau de loup grise, attachée par le devant avec une fine chainette. Elle traversa plusieurs pâtés de maisons puis se posta devant son ancienne boutique. Durant toutes ces longues années, ce qui était, avant, une boutique de parfum était devenue une forge. Elle ne pouvait s’empêcher de trouver ça insultant et scruta longuement l’intérieur du bâtiment, avant de partir, méprisante. Elle rejoint ensuite les ports où elle s’installa sur un banc et patienta ainsi, observant, au loin, le soleil poindre par-dessus les toits des bâtisses de bois et de pierres.

L’animation dans les ruelles commença, les personnes sortaient de leur maison, se rencontraient, rigolaient, discutaient, puis se séparaient pour rejoindre, chacun, leur lieu de travail, ou le marché, pour certaines ménagères qui se devaient de nourrir leurs enfants. Dalìa, elle, restait toujours sur son banc, la tête baissée pour rester méconnaissable. Les navigateurs rejoignirent peu à peu le port et chacun prit les commandes de ses matelots, leur ordonnant de laver un peu tout, distribuant les tâches à coup de braillées à s’en arracher la gorge.

Elle se leva enfin et s’approcha des navires, posant à lui, ou lui, quelques questions concernant leur destination. Lorsque le mot « Esperia » sortait des lèvres serrées de la femme, âgée alors d’une trentaine d’années, alors chacun semblait dire qu’il fallait aller voir chez un autre.

Finalement, elle trouva. Contre une certaine somme d’argent, qui lui restait encore de divers services qu’elle avait rendu, elle obtint sa place à bord. Elle observa longuement Uuroggia s’éloigner puis se retourna, s’imaginant déjà à quoi ressemblerait le bel archipel tant admiré.