Utilisateur:Emon deman

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Informations RP
Genre
Homme
Année de naissance
Rang
Esclave de







Métier
Métier
Compléments








Origines
Ville d'origine
Région d'origine
Nation d'origine
Informations HRP
Login Minecraft
superjojo46
Pseudo
Khorvald


Âge IRL
15





Description

Physique & Psychologique

Emon Deman est né à la Sublime Capitale en 492 (a 21 ans en 513). Originaire de l'Albunae, son père s'est installé à la Capitale en 485; il maîtrisait les chiffres et les lettres (ses propres parents l'ont confié aux moines de Bayens) et a donc réussi à s'intégrer parmi les classes moyennes en tant que comptable au service du Roi et du fonctionnaire de son district. Sa mère lui est inconnue et son père n'a jamais répondu à ses questions sur ce sujet. Il a neuf ans quand il est recueilli par le savant Magor Indberg suite à la mort de son père. Il devient son assistant.

Emon n'a rien de bien remarquable : ni beau ni laid. Ses yeux bruns sont plutôt quelconques, d'autant plus qu'ils sont de la même couleur que ses cheveux. Il a pour habitude de se raser, une habitude qu'il ne peut évidemment pas entretenir en tant qu'esclave. Sa taille est moyenne puisqu'il donne dans les cinq pieds et demi (1m70, c'est juste une habitude que j'ai pris de tout convertir en lieues et pieds pour plus moyen-agisme ^^ ), et sa carrure est elle aussi dans la normalité ennuyeuse des 110 livres (50kg, si ça vous paraît peu, faut pas oublier qu'on mangeait beaucoup moins à l'époque dans les classes moyennes). Son corps a gardé quelques souvenirs de sa traversé vers Esperia sous forme de cicatrices aussi bien sur le torse que dans le dos.

Les gens qui connaissent Emon savent bien qu'il n'est un adepte du culte d'Adaarion que parce que son père l'était. Il fait partie de ces gens qui croient ce que les autres croient, sans vraiment y faire attention. Cela s'explique par le fait qu'il n'a reçu les enseignements religieux de son père que pendant ses neuf premières années, il était bien trop jeune pour les comprendre autrement que comme de simples vérités comparables à la conscience des roturiers que le soleil fait la lumière sans se douter une seconde que toute vie serait impossible sans lui. Le savant qui l'a recueilli n'a pas vraiment insisté sur ce point puisqu'il ne se rendait lui aussi aux cérémonies que par simple habitude (il considérait qu'il en avait assez bouffé quand il était à Golvandaar). Une radicalisation dans sa foi n'est pas impossible, ça va dépendre de ce qu'il vivra. Emon est du genre calme et réfléchi dans sa vie quotidienne, mais sous tension, il adopte plutôt un comportement inverse en agissant précipitamment sans réelle réflexion. S'il est dur de l'énerver, il par contre peureux. Durant son enfance, on le disait plutôt amical, mais la mort de son père l'a rendu sociopathe. On peut donc le trouver froid au premier abord, mais en persévérant dans la création de liens, c'est une personne chaleureuse qui vous accueillera à bras ouverts, même en cas de problèmes. Emon a un goût prononcé pour la découverte... tant qu'elle est ludique. Les longues leçons lui sont un véritable calvaire, mais expérimenter pour trouver l’enthousiasment bien plus. A noter que, même s'il déteste les ouvrages pédagogiques, il est un grand amateur de littérature (du moins de la vingtaine d'imprimés aux pages déchirées qu'il a pu lire).

Compétences

Maîtrises

  • Grille Alambic.pngAlchimie : Son maître était un scientifique ayant une préférence pour la chimie. Si ce dernier, par manque de temps et d'attention (de l'élève), n'a pu enseigner les lois de la chimie, ses connaissances sur les mélanges et les propriétés de certaines substances ont néanmoins été acquises par Emon.
  • Grille Boussole.pngMinutie : Quand on se lance dans l'alchimie, il vaut mieux être minutieux sur les proportions d'ingrédients à mélanger ou encore sur le temps d’ébullition (liste non exhaustive). La fabrication de petits objets fragiles ont aussi contribué à l'acquisition de ce talent. Emon a acquis une certaine rigueur bien utile pour toutes sortes de choses.
  • Grille Diamant.pngMinéralogie : Connaître les minerais, notamment les métaux, est particulièrement utile pour préparer un mélange (dissolution de poudres minérales, etc), mais aussi pour fabriquer certaines pièces fragiles composant un mécanisme
  • Grille Tableau.pngCréativité : L'inspiration et l'imagination est née de ses lectures.
  • Grille Livre et Plume.pngAlphabétisation et calcul : Son père naturel était comptable, il lui a appris à compter, à lire et à écrire. Petit déjà, il relisait l'unique livre (qui n'étaient pas des comptes) de la bibliothèque paternel. L'homme qui le recueilli l'aida à perfectionner ses bases à l'aide d'imprimés usés.

Talents

  • calme/réfléchi en général
  • potentiel amical
  • lecteur
  • bricoleur

Défauts

  • anxieux
  • peureux
  • sociopathe
  • piètre combattant

Intérêts culturels et goûts

  • goût de la découverte
  • dégoût de l'apprentissage traditionnel (cours, etc)
  • amateur de lecture

Connaissances

  • avatar.php?u=Buldozeer&size=32&ext=.png Fardop Reeves: Fardop est celui qui a acheté Emon (02/07/2013) pour 3eo. Emon lui est reconnaissant pour la grande liberté qu'il lui accorde (quand certains sont en permanence de corvée) mais il aurait préféré le voir plus souvent.
  • avatar.php?u=Bwapa&size=32&ext=.png Bwapa: Cet individu a cogné Emon alors que ce dernier vantait les mérites de l'apothicairerie "L'Elixir des Quatre Chemins" sur la grande place. Emon le craint.
  • avatar.php?u=xXMarshalXx&size=32&ext=.png Déodred Galkulas: Déodred est arrivé à Esperia dans la même fournée qu'Emon. C'est par un généreux partage de pain rassi qu'ils firent connaissance. Tous deux ont été rachetés par des Merendë. Emon considère Déodred comme un ami.

Histoire

L'Ancien Monde

Enfanticide

Le silence, dans la Capitale, un fait assez rare pour être mentionné. Emon marchait dans une rue étroite pour les critères de Belle-Roseraie, c'est à dire une trentaine de pieds de large. Quelques femmes passaient par là, un panier à la main, discutaillant de la vie. Ses yeux le piquaient encore, mais ses larmes avaient séchées. Il s'était résigné à accepter la mort de son père, quelle fatalité... Un vent matinal plutôt frais courait entre les vieilles bâtisses. La nuit avait été rude pour le nouvel orphelin. Encore une sur les pavés d'une impasse nauséabonde et il pourrait bien rejoindre feu son père. Sauf que ce dernier n'était pas mort de froid mais bien de chaud. D'après les quelques gens qui passaient le voir sur son lit de mort, il avait été puni par Arbitrio pour avoir fréquenté trop de filles. Pendant ses derniers jours, le sang se mêlaient aux excréments dans son pot de chambre et il ne pouvait plus se lever. Il n'en restait pas moins là, sa présence réconfortante, bien que limitée à sa chambre. Et la maison aussi !

Mais tout ça c'était avant, et même Arbitrio, dans toute sa générosité, ne semblait pas pouvoir venir en aide à l'orphelin. Les fonctionnaires l'expulsèrent de sa maison le lendemain de la mort paternelle, comme si le deuil ne suffisait pas. Et il traversait désormais la ville depuis deux jours, à la recherche de sa mère. Il ne l'avait jamais connu mais les autres enfants avaient deux parents, qui ne s'étaient d'ailleurs pas gênés pour lui faire comprendre qu'il était désormais de trop. Il avait faim, une faim de loup. S'il avait étanché sa soif avec l'eau infecte d'un bassin de la dernière avenue, il n'avait rien trouvé d'autre à manger qu'un vieux rat mort, et ce repas datait déjà du matin précédent. Des rêves de copieux repas défilèrent dans sa tête. Sur la table, étirée à l'infini, se succédaient soupes, légumes, fruits, poissons et... le corps inerte de son père.

C'en était trop ! il s’assit contre un mur et se replia sur lui-même, protégeant son visage derrière le rempart de ses mains. Bien qu'il n'ait pas compris par lui-même qu'il était mort à ce moment là, cette scène ne voulait pas se détacher de lui. Vivre sans lui semblait impossible, il allait mourir lui aussi. Non, il ne bougera plus d'ici, il attendra son trépas. Qu'Arbitrio décide une bonne fois pour toute de son sort. En attendant son jugement, il ne pu s'empêcher de songer, sans une once d'optimisme. La mort ne pouvait qu'être mieux que la vie, il n'avait plus personne pour lui. Tout le monde le fuyait, comme il fuyait lui-même les enfants errants. Même ses amis ne semblaient pas le reconnaître. Si on ne voulait pas de lui en ce monde, pourquoi la vie persistait-elle à s'accrocher à son âme ? Pourquoi ces enfants de riches, à peine plus âgés que lui, avaient arrêté leurs coups ? Accepter le décès paternel, c'était aussi accepter sa propre fin.

La journée s'écoula sans qu'Emon ne bougea d'un pouce. Il n'avait pas pensé à autre chose qu'à son père. Il n'avait rien prévu d'autre que sa mort. Et les rares passants l'ignoraient, faisaient mine de ne pas voir l'enfant esseulé. Le crépuscule précédait les vents nocturnes de Brumaire, et ce n'était pas l'arbre mort planté non loin de lui qui risquait de le protéger de leurs morsures. Peut-être bien qu'il mourrait de froid, c'était ce qu'il cherchait après tout... Mais une porte s'ouvrit... En sortit un vieil homme chaudement vêtu et tenant une lanterne à la main. « Reste pas là ! » disait-il. Emon ne se souciait pas de lui, si sa présence le gênait, il n'aurait qu'à la supporter le temps d'une nuit seulement. Mais le plébéien s'approcha et lui attrapa le bras. Il se débattit mais, malgré son âge, le vieil homme avait la poigne ferme et le traîna avec facilité... dans sa demeure. Une claque, deux claques, « ferme-là ! Tu vas réveiller le voisinage ! chuchota-t-il. Tu vas me dire ce que tu fais là. » Il raconta tout à l'inconnu avant de s'effondrer dans ses bras. Le sommeil l'emporta rapidement. Il rêva... Il vit son père, bien vivant, et sa maison, toujours à lui. Les larmes coulèrent le long de son visage reposé, des larmes de joie : il allait vivre...



Pacte

La lumière couchante traversait les carreaux de verre de l'unique fenêtre du laboratoire, mettant en évidence toute la poussière en suspension dans son sillage. La pièce ne se différenciait pas des autres maisons de Belle-Roseraie : un enduit en décrépitude, un plancher grinçant et beaucoup de poussières. Le royaume des araignées ! On avait tenté de masquer les fissures à l'aide d'une bibliothèque d'imprimés usés jusqu'à la reliure, un choix peu judicieux puisque les potions étaient préparées seulement quelques mètres plus loin, sur la table au pied de la fenêtre. Emon passait sa vie dans cette pièce, soit à bouquiner, soit à assister Magor Indberg, l'homme qui l'avait recueilli douze ans plus tôt, dans ses travaux. Ce dernier se maintenait en vie à l'aide de remèdes dont il avait le secret, mais il ne lui cachait pas que sa fin était proche. Son grand âge et son travail ne lui permis de transmettre qu'une infime partie de son savoir à son protégé. L'alchimie et la mécanique, seulement ça en douze ans. Magor ne se voulait pas non plus instituteur et devait travailler assez tard pour subvenir à leurs besoins. C'est donc à treize ans qu'Emon commença à travailler. Son maître lui confiait tantôt une horloge rustique à réparer, tantôt deux produits à mélanger pour créer un effet désiré. Autant dire qu'il n'a jamais brillé à la tâche et préférait observer des heures entières le fonctionnement de la montre ou le dégagement gazeux de la solution avant de se faire corriger puis de s'y remettre de mauvais cœur. Mais dès que le vieil homme retournait sur sa propre table, de l'autre côté du laboratoire, il recommençait à se distraire. Il ne sortait pas beaucoup, seulement pour livrer. Autrement, il lisait un livre attrapé au hasard dans la bibliothèque. Si c'était feu son père qui lui avait enseigné les bases, c'est bien Magor qui avait fait de lui un lecteur et compteur affirmé.

Emon n'avait désormais plus besoin de son maître pour réaliser les colorants. A 21 ans, il était bien capable de broyer les pierres et d'extraire les essences florales. Il s'appliquait pour livrer cette fiole, ainsi que les autres préparées plus tôt, aux couturières de la rue voisine. Ainsi verrait-il, avec un peu de chance, sa passade du moment. Elle était jeune, blonde et follement belle. Mais si le jeune homme était tombé amoureux de cette couturière, elle n'en restait pas moins une inconnue ─ il ne connaissait même pas son nom. D'autant plus qu'il ne l'avait qu'entraperçu lors d'une précédente livraison et, s'il n'avait aucun mal à crier les jours de marché, il éprouvait des réserves quant à aborder la jeune femme sans réel motif. Mais c'était toujours un plaisir que de l'entrapercevoir le temps de déposer les caisses dans un vieux placard à balais. Une caisse à la main, il descendit le vieil escalier grinçant, ouvrit la porte et tomba nez à nez avec un parfait inconnu attendant manifestement depuis un moment. Il était vêtu, comme les mercenaires, d'un pourpoint de cuir sur de la maille et de braies de laine blanches. Une rapière était rangée dans son fourreau, contre sa hanche gauche. « C'est vous Indberg ? lança-t-il. ─Non, moi c'est juste son assistant. répondit-il tout en sortant de la maison. ─Il est où ? ─En haut. » Il préférait accompagner le mercenaire, mais celui-ci l'en découragea. Alors, anxieux, il prit la route de l'atelier de couture. Les rues étaient plus vivantes en Thermidor, bien que ça n'ai rien de comparable avec le reste de la Capitale. A Belle-Roseraie, les gens formaient de petits groupes de trois à cinq personnes, chacun étant généralement bien distinct. On circulait bien plus facilement ici que dans les autres quartiers de la grouillante Capitale. L'atelier n'était plus très loin, tant mieux car il regrettait d'avoir laissé son vieux maître seul avec l'étranger. Il accéléra le pas pour enfin en apercevoir au tournant l'enseigne. On y remarquait un nombre incroyable de femmes, comparé au reste du quartier, à l'entrée comme à l'intérieur. Cet endroit était en quelques sortes le lieu de rendez-vous de toutes les amitiés. Emon avait l'habitude, il se fraya un passage entre les robes grossières pour trouver la doyenne. Cette dernière le conduisit à l'habituel cellier, et le jeune homme ne manqua pas de jeter un rapide coup d’œil à la porte entrebâillée où les travailleuses de second plan concevaient les tissus trop chers pour la plèbe de Belle-Roseraie, destinés à la revente chez les tailleurs des quartiers riches trop chargés de demandes pour les préparer eux-mêmes. Ni à l'aller, ni au retour il ne vit sa belle, mais c'était sans importance, il fallait rentrer, et rapidement.

Magor Indberg concoctait quelque potion sur l'atelier en face de la fenêtre, grande ouverte. A ses côtés semblait le surveiller le mercenaire. « Emon, dit-il avec autorité, tu vois le plan sur l'atelier, au fond ? » Il y avait effectivement un papier avec une sorte de schéma d'arbalète crayonné rapidement. « Fabrique ça. Ou prépare au moins les éléments à l'assemblage. Et vite ! ». Si le dessin était bien légendé ─ les tailles annoncées paraissaient d'ailleurs fort menues ─ , il n'en restait pas moins ardu à déchiffrer. Il avait besoin de cordelettes, de bois d'if, de bandes d'acier, de vis... C'est après avoir dressé une liste de ce qu'il pensait nécessaire qu'il se rendit dans le local surchargé adjacent à l'atelier de l'inventeur Indberg, une caisse à la main. Les divers composants furent entassés sans distinction aucune dans la boite avant d'être ramené à la table de travail. Emon n'avait rien d'un forgeron, il savait néanmoins qu'en chauffant l'acier à la cheminée de la ridicule salle de vie, il pourrait le tordre et le trouer plus facilement. En suivant avec rigueur les indications du plan, la crosse ─ qui était d'une rusticité prononcée ─ s’emboîtait relativement bien avec l'arc en métal, mais l'assemblage de l'étrange mécanisme déclencheur en forme de poignée fut moins satisfaisant et toutes ses pièces furent à retravailler avec plus de soin. Tandis que le ciseau à bois faisait la découpe au fond de la pièce, la verrerie d'alchimie s'entrechoquait en moult cliquetis sous les opérations de Magor. Ce dernier portait une sorte de masque en cuir recouvrant entièrement son visage pour se protéger des vapeurs s’échappant du récipient.

Si tous ces événements ne parurent se dérouler qu'en une seule journée, il n'en fut rien. Les directives de Magor étaient claires : achever la commande le plus rapidement possible. Pour y parvenir, quelques concoctions énergisantes furent préparées en parallèle pour tenir la nuit. Après trois jours de travail acharné, les deux créateurs avaient les yeux emplis de fatigue. Mais il fallait, comme exigé par l'homme d'armes, procéder à une démonstration. Les rats grouillaient dans toute la ville, c'est donc l'un d'eux qui fut commis aux essais. Emon n'avait pas cessé de poser des questions à son maître comme au mercenaire, mais sans jamais obtenir une quelconque réponse. Il ne pouvait donc qu'imaginer à quoi pouvait bien servir une telle commande. Tuer, et discrètement, sans aucun doute. Il avait lui-même confectionné la petite arbalète selon les plans gribouillés avant son retour de l'atelier de couture et la préparation de son maître n'avait rien d'un remède. On attacha la petite arme au poignet de l'envoyé à l'aide de lanières de cuir, puis on déverrouilla un loquet pour rétracter l'arc d'acier. L'objet se cachait à merveille sous la manche d'un manteau. L'étrange poignée semblait se tenir dans le poing et une simple pression relâchait la corde tendue à la main.

Trois rats gisaient par terre, chacun un petit carreau trempé dans le poison enfoncé dans leur chaire. « Filez-moi un rat avec, dit le mercenaire, mon patron veut 'sayer ça lui-même ». Pendant qu'il attrapait la boite contenant les deux derniers survivants, Magor s'empara d'une petite fiole au liquide incolore et versa son contenu dans la bouteille de poison avant d'envoyer un regard autoritaire à Emon. Le silence était de mise. L'homme quittait l'atelier après paiement ─ une bourse correcte laissée sur une table sans mot aucun. « Pourquoi ? ne pu s'empêcher de demander Eldon. ─ Ce type était le larbin d'un homme bien plus puissant. Je n'en sait pas plus, seulement que ses intentions étaient mauvaises. ─ Et alors, c'était quoi ce truc que t'as versé dans ton poison ? ─ Le poison est maintenant aussi saint que de l'eau de source. Je me refuse à donner la mort, même indirectement. Si j'ai bien retenu une chose des moines de Golvandaar pendant ma jeunesse, c'est bien qu'il faut aider et non tuer les gens si l'on veut s'attirer les grâces d'Arbitrio, répondit-il d'un ton solennel semblable à celui que l'on prend lorsqu'on récite un serment. » Emon faisait les cent pas autour des rongeurs empoisonnés. L'homme avait prit des rats avec lui, il allait essayer l'arme. Et si les carreaux n'étaient pas suffisamment puissants pour en tuer un ? Et même si c'était le cas, un homme ne pourrait pas en mourir... Tout va nous tomber dessus !, cette pensée le hanta toute la journée, même après avoir quitté la maison pour un quartier voisin où il pourrait se cacher quelques jours. Il avait bien proposé à son vieux maître d'en faire de même, mais ce dernier déclina l'invitation sous prétexte qu'il était trop vieux pour ça et qu'il n'avait rien à cacher.



Thermidor

La paille, Emon connaissait déjà. A la mort de son premier père, il avait pu constater la rudesse du pavé, là où ce n'était pas de la boue. Mais la nuit était, elle, bien plus douce que dans ses souvenirs. Thermidor, saison des chaleurs et des fleurs, règne du soleil et de la treille, réchauffait cœurs et orteils. Rien à voir avec Brumaire. Pourtant, si ses orteils allaient bien, son cœur ne se réchauffait pas. Il s'allongeait au fond d'un cul-de-sac miteux. Il avait constaté plus tôt dans la journée que Thermidor était aussi la saison de la guerre et de l'or. D'abord la commande meurtrière, ensuite l'acte suicidaire de son maître. Et c'était sans mentionner la guerre de gangs ou de nobles ─ qu'importe ─ qui s'était déroulée en plein milieu d'un marché du quartier de la Dame, foutant le bordel dans toutes les rues avoisinantes et déclenchant un incendie de vieilles maisons au bois passé qui ne tarda à se répandre à travers les avenues. Il avait fallu se réfugier un quartier plus loin, aux Milles. Les souvenirs lui revenaient au fil des nuits. Il se rappelait à quel point Magor Indberg, son maître, avait été généreux d'accueillir le pauvre orphelin qu'il était et de l'éduquer bien plus que feu son père aurait pu le faire. Sa fuite était d'une ingratitude si puérile qu'il en éprouvait des remords. Mais fallait-il rebrousser chemin pour autant ? Non ! Lui criait une voix au fin fond de son crâne, mais Emon se relevait déjà. Abandonner son maître paraissait désormais à Emon être la dernière des solutions, il en négligeait même la cause de son départ. Tant pis, je peux pas me résoudre à le laisser seul. Il marchait avec détermination à travers les étroites ruelles du quartier des Milles, parfois éclairées par l'unique lumière des étoiles, ce qui n'empêchait pas les passants d'y être particulièrement nombreux pour ce genre de coupe-gorge. Les rues plus larges étaient bondées par la populace qui se livrait à de bruyantes fêtes nocturnes au nom de la saison des moissons sans se soucier ni de l'incendie voisin, ni de l'escarmouche l'ayant précédé. Traverser ce mur de fêtards était plus compliqué qu'il n'en paraissait, ce calvaire ne fut pas sans lui remémorer les inondations de son quartier d'enfance suite au débordement de l'Auscre où la boue lui montait jusqu'aux genoux. La Dame brûlait encore, à en juger les panaches de fumées qui s'élevaient, par chance, à la verticale sans embrumer la ville. Des silhouettes se démenaient autour des flammes, des seaux à la main. D'autres observaient les flammes par pur curiosité, la chaleur les tenait bien sûr à distance respectable. Un détour fut donc de mise.

Le feu semblait se propager à la frontière de Belle-Roseraie, mettant les gens dehors. Eux aussi regardaient ou s'activaient, mais Emon n'avait pas particulièrement le temps d'aider qui que ce soit. Déjà n'y avait il pas la fête pour lui obstruer la voie. Il fallu néanmoins un bon quart d'heure encore pour atteindre le débouché de sa rue sur la grande avenue qu'il avait longé. « Enfoiré ! Descend de là sale bâtard croulant ! ». Les mots étaient accompagnés de bruits sourds. Emon discerna des ombres, quatre ou cinq, qui s'agitaient devant l'atelier. L'une d'entre elles était au milieu de la rue tandis qu'une autre s'activait sur la porte, une hache à la main. Il fut prit d'effroi et s'appuya contre l'angle de la rue de telle façon que seule sa tête pouvait être vue de l'atelier. Ils sont là pour nous ! Par Arbitrio, Magor ! La porte avait du céder d'après le Craaaac retentissant et des bruits de course précipitée s'en suivirent. Ses jambes lui ordonnaient la fuite, mais Emon ne pu s'empêcher d'approcher. Les vandales sortirent à cet instant de la maison, traînant le vieux savant. Munis de bâtons, ils le frappèrent violemment au ventre, puis recommencèrent, et encore, et encore... Si Magor ne semblait pouvoir prononcer mot ni cris sous la douleur, ses tortionnaires, eux, s'en donnaient à cœur joie. Salaud, Bâtard ou encore Vieille Loque avaient dut être chacun prononcés une dizaine de fois avant qu'Emon ne leur crie d'arrêter. A cet instant, tous s'arrêtèrent et l'observèrent. « Eh mais... Ça s'rait pas l'pote du vioc ? lança l'un d'eux. ─ Ch'sais pas, on voit r'en dans c'te noir. T'en dit quoi Mer'nii ? » Un grand gaillard s'avança. Emon était pétrifié, à la fois déterminé et effrayé, il ne savait que faire. Avec un accent très Caroggian, l'homme prononça avec une lenteur démoniaque « Attrapez-le ! ».

Emon courait. Ses poursuivants le talonnaient. Belle-Roseraie semblait absolument déserte, tous les volets étaient fermés et l'on entendait l'écho de leur course sur les pavés qui n'étaient pas noyés sous la boue ou la mauvaise herbe. Ils se rapprochaient de l'incendie, la chaleur devenait insupportable et une épaisse fumée noire les suffoquait et les aveuglaient. Le jeune fuyard avait peut-être une chance de leur échapper en passant au milieu de cet enfer... Il n'en eu pas l'occasion. On l’attrapa par le col et l'attira dans une bâtisse au bord des flammes. Il larmoyait, sans savoir si les larmes provenaient de la fumée ou de l'émotion. Quoi qu'il en fut, il était alors dans l'incapacité totale de voir l'individu. Ce dernier le plaqua contre un mur, sans plus le brutaliser. « C'est sir Bonfeulcourt qui m'envoie, dit-il. Vous allez faire ce que je dis. »

Emon avait les yeux bandés. Il était exténué lorsque son ravisseur lui permit de s'agenouiller. Le sol devait être recouvert par un tapis à en juger la texture et une cheminée crépitait non loin de là. « Je suis Ermont Bonfeulcourt, dit un homme qui devait marcher d'un pas lent et silencieux autour de lui. Et toi, qui es-tu ? ─ Emon Deman, répondit-il avec prudence. ─ Mais encore... Que fais-tu de ta présente vie ? Ah, et donne-moi du messer je te prie. ─ Oui, messer. Je suis l'assistant du savant Magor Indberg. » Ermont s'arrêta et, malgré le bandeau aveuglant Emon, il senti un regard lourd d'attentes se poser sur lui. « Il faisait quoi de sa vie, cet homme là ? questionna-t-il d'une voix empreinte d'ironie. ─ Il... Il fabriquait des choses et il... il préparait des potions... m-m-messer. ─ Ah ? Ca ne lui arrivait jamais d'avoir des commandes... mmmh, comment dire ?... Spéciales ? ─ Très rarement... m-m-messer. En général, il réparait des serrures, quelques fois des pendules, et il créait des colorants et des savons. » Le noble arrêta sa marche sur un pas ferme. « Très rarement... Récemment ? ─ Non ! trancha Emon. ─ … Messer ! ─ Non, messer... » Sa voix se faisait plus hésitante, ce ne fut pas réellement du goût du Sir. Le captif entendit un claquement de doigt, et des pas se firent entendre, suivis par un bruit métallique et de flammes. « Voir les autres souffrir me retourne vraiment le cœur, tu sais ? Mais c'est encore pis lorsqu'on me ment. Alors j'ai appris de mes confrères, beaucoup moins sensibles que moi à ce propos, qu'il faut parfois employer des manières fort peu agréables pour régler les problèmes. On se comprend ? ─ Oui messer ! ─ Je repose donc ma question. Y-a-t-il eu une commande spéciale récemment ? ─ … Oui. » Un soupir s'échappa de Bonfeulcourt. « Nous y voilà. Il s'avère que j'ai eu un certain dérangement ces derniers jours... Vois-tu, j'ai des affaires fort convoitées en notre Sublime palais royal. Ces rapaces de Résidents n'ont d'yeux que pour elles et il m'a fallu agir pour conserver titres et droits. Certaines choses ont fort déplu aux corbeaux, surtout lorsqu'il m'a été remis quelque document compromettant sur leur intégrité. Depuis, ils ne cessent de me courir après ! geignit-t-il. Au point que diverses escarmouches eurent lieu dans nos magnifiques rues ! Tu vois où je veux en venir ? ─ Messer, vous les avez tués, les corbeaux ? ─ Raaaah, non ! Non ! Non ! » Il marqua une pause. « Pour qui me prends-tu ? Pour l'un des leurs ? Je ne suis pas un rapace, qu'Arbitrio en soit témoin ! Je ne tomberais jamais dans de telles bassesses ! Faibles d'esprit sont ceux qui éliminent leurs adversaires par le meurtre, qui est précisément la méthode la plus sale et surtout la moins discrète pour se débarrasser de quelque individu un tant soit peu reconnu. C'est précisément l'inverse qui s'est produit. Un inconnu s'est mêlé à la foule de protestataires ─ ceux qui n'ont pas encore été battus ─ devant les portes du palais. Un carreau d'arbalète s'est enfoncé dans mon épaule, mais sans autre effet que d'engendrer d'horribles et innocentes douleurs ainsi que la panique générale. Mes hommes ont néanmoins pu lui tomber dessus. Il portait au poignet une sorte d'arbalète. Ça ne dirait rien par pur hasard ? »

Le noble accompagnait avec sa suite Emon à travers les rues. Le captif avait recouvert la vue au lendemain de son interrogatoire. « Où allons-nous, messer ? osa-t-il demander. ─ T'ai-je donné l'autorisation de poser des questions ? Mmmh, qu'importe. Nous allons au petit marché. ─ Vous... Vous allez me vendre messer ? Mais je n'ai rien fait, messer ! » Ils ne dirent plus rien jusqu'à ce qu'une rue s'achève sur un portail rouillé grand ouvert. L'odeur qui se dégageait de la cour qu'il abritait était écœurante : un mélange de sueur et de merde du genre à vous décaper le fond de la gorge. A mesure qu'ils avançaient se faisaient entendre les cliquetis de chaînes et les voix autoritaires. Sir Bonfeulcourt s'arrêta là, au milieu de la place boueuse, pendant qu'un de ses hommes se dirigeait vers l'une des bâtisses. Il se tourna vers Emon et lui dit : « Toi et ton maître avez bien agis en neutralisant le poison, si j'en crois tes dires. » Le jeune homme ne put s'empêcher d'éprouver de la tristesse à l'évocation du vieillard. On lui avait appris qu'on l'avait achevé avant d'en mutiler les restes. « Mais, reprit l'urbain, vous avez été mêlé à un jeu vous dépassant totalement, où les pions ne peuvent faire marche arrière. Tu es encore en vie, estime-toi heureux. Il m'est néanmoins interdit de te relâcher puisque tu as participé à l'attentat me visant. Qu'il saigne ou qu'il meure, un noble ne peut être attaqué sans que la justice ne réplique. Ainsi, tu as été jugé expéditivement pendant ton sommeil pour avoir fabriqué, si ce n'est le poison, du moins l'arbalète. Nous avons décrété que tu seras désormais esclave. C'est déjà faire preuve de beaucoup de clémence pour ce genre d'affaire, heureusement pour toi que le carreau n'a rien transpercé de plus qu'un peu de gras. » Le serviteur revint, accompagné d'un homme corpulent, une matraque à la main. On leur fit comprendre que les séparations se faisaient ici et que le prisonnier continuerait seul son périple à travers le petit marché. « Je me fiche de l'endroit où tu te retrouveras. Cela m'est tout à fait égal. Mais tu peux toujours prier Arbitrio qu'il t'emmène loin de cette ville, un certain résident de bas étages ne te manqueras pas dans le cas contraire vu la ruine que vous lui avez causé... »