Utilisateur:Judit

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Vous consultez la fiche d'un personnage décédé.

     Judit
Informations RP
Nom
Genre
Femme
Année de naissance
Rang
Esclave de







Métier
Compléments








Origines
Ville d'origine
Région d'origine
Nation d'origine
Informations HRP
Login Minecraft
Kenesha






Judit


Informations générales
  • Prénom : Judit
  • Âge : 19 ans
  • Taille : ~1m60
  • Poids : ~49 kg
  • Cheveux : Bruns
  • Yeux : Verts
  • Religion : Phalangiste
  • Rang social : Née esclave
  • Origine : Santrussi
Compléments
  • Grille Vieille Botte.pngEscalade
  • Grille Clef en Acier.pngCrochetage Tier 1
Art-Connaissance
  • Grille Dé.pngNéant
JuditArrivée.jpg


L'ancien monde


Nivôse 499 :



Mère est morte. Son corps froid reste immobile sur le sol de la grange. J’attends à genoux à quelques pas d’elle, les mains sur mes cuisses. J’attends comme l’intendant me l’a demandé. Je n’ai rien à dire ou à faire, alors je reste silencieuse dans cette position inconfortable. La fraicheur du sol passe à travers la fine toile de mon pantalon ; je grimace et remue mes orteils dans l’espoir de faire circuler le sang chaud dans mes guiboles. Le fils du maréchal ferrant pleure en silence à l’entrée de la grande pièce, je lui jette un regard condescendant. Il me fait pitié. Il a beau avoir deux ans de plus que moi, il continu à pleurer comme un nouveau-né. Mais personne ne lui dit rien, nul ne lève la voix pour le disputer ; il est fils du maréchal ferrant du domaine, un homme libre. Libre. Un mot qui sonne étrangement à mes oreilles. Je me demande ce que ça fait d’être libre : choisir l’heure du repas, sortir quand on veut, parler aussi fort qu’on le souhaite. Vrai, que ça doit être vachement bien ! Et l’autre la, le garçon du maréchal ferrant qui utilise son temps libre pour pleurer. Pleurer une esclave. Autant pleurer une chèvre ! Moi je ne pleure pas pour rien, et le maitre répète suffisamment que nous ne sommes rien. Alors je ne pleure pas. Les bottes de l’intendant claque sur les dalles de la grange, il est suivi par deux esclaves forts. Il y a beaucoup d’esclaves forts au domaine, les travaux des champs sont durs. Ils agrippent le corps de Mère et l’emmène vers la sortie. Je les regarde s’éloigner chargés de leur triste paquetage lorsque quelqu’un m’agrippe par le bras, rompant mon observation. L’intendant me lance un regard amer, il n’est pas content. Je n’ai pourtant rien fait, pas aujourd’hui du moins. Il m’arrache du sol gelé et m’entraine avec lui, criant des ordres pour disperser les autres esclaves. Je ne l’écoute pas lorsqu’il m’explique que je vais devoir remplacer ma mère aux champs ; je préfère jeter un dernier regard vers le corps sans vie de Mère. Un nœud se forme dans mon ventre et les yeux me piquent : je ne devrais pas être triste, elle n’était rien, n’est-ce pas ?


Brumaire 518 :



Le cor sonne la fin des travaux de la journée. Je me précipite vers la sortie de l’enclos, bousculant les chèvres me barrant la route. Je dois me dépêcher avant que les autres n’engloutissent tout le diner ! Je cours à travers les champs de blé et d’orge, dépassant les deux frères, Fred et Karl, en leur adressant une jolie insulte manuelle. Un grognement parvient jusqu’à mes oreilles mais je dévale déjà la petite colline sans les attendre. Le domaine des Maitres est très étendus et la journée de travail est lourde dans mes jambes maigres ; malgré tous je cours à perdre haleine en humant l’air chaud et appréciant le vent emmêlant mes cheveux longs. Ce temps est le moment que je préfère parmi ces journées qui se ressemblent toutes : le seul ou j’entrevois ce qu’est la liberté. Je franchis les portes de la grange le souffle court. Les plus vieux sont déjà attablés sur la longue table de pin et mâchonnent leur pain. Je me glisse sur le banc, poncé par l’utilisation quotidienne, et attrape ma miche de pain dans le grand panier d’osier. Je me gave du premier pain et j’en chipe un deuxième en évitant les coups des vieux qui s’indigne à côté de moi. Je bats en retraite vers mon coin dans la grande. Cette routine est rassurante et pourtant tellement étouffante, et je compte bien l’agrémenter que quelque uns de mes secrets. La nuit est tombée depuis plusieurs heures déjà et je vois les deux frères s’approcher de ma couche à pas feutrés. En silence, je recule dans l’ombre du mur, les observant tel un chat. Le premier glisse sa large paluche sous le drap, espérant surement tâter mon postérieur. Dans un méchant sourire, je me prépare à bondir. Je m’élance et retombe genoux en avant, au milieu du dos du premier frère qui s’effondre en grognant. Son frère éclate de rire et je l’accompagne. Ces manies la font aussi partie de notre quotidien. Ils ne sont pas bien méchants mais je n’ai aucune envie de l’un d’eux, ou alors peut-être pour passer le temps. Plus tard peut être. Pour l’heure, nous avons rendez-vous ! La lune éclaire notre route, de la grange jusqu’à l’enceinte du domaine : la partie réservée aux maitres. Le plus grand des deux frères, Fred, se place contre le mur et place ses mains en coupe. Karl, non loin, s’occupe de faire le guet. Sure de moi, et entrainée à l’exercice, je m’élance et franchi le mur d’enceinte avec l’aide de Fred. Je saute souplement de l’autre côté et roule à l’abri, dans l’ombre du mur. Je retiens mon souffle et observe les alentours. Personne. Un sourire éclaire mon visage lorsque je m’élance vers la réserve. La petite porte gardant l’accès aux réserves est verrouillée. Je glisse ma main entre deux pierres du bâtiment, l’interstice étroit raclant ma peau. J’en retire une fine pique, volé dans les affaires de la fille des Maitres. Ils nous avaient fallu arrêter de manger pendant trois jours pour récolter assez de pain pour l’échanger contre l’épingle métallique, l’esclave de chambre de la Maitresse est vraiment dure en affaire. Le jeu en valait la chandelle ! Je ne réfléchis pas, agitant machinalement l’objet métallique pour faire céder la serrure. Le bruit caractéristique de fin de lutte de la serrure est un son agréable à mes oreilles. Je pousse la porte en vitesse et m’introduit dans l’espace réduit. La pièce embaume de blé, d’orge et d’autres céréales, mais ce qui m’intéresse est plus loin. J’attrape deux gros fromages de chèvre, je les reconnais sans mal dans le noir ; c’est moi qui les ai fait. Je file jusqu’au mur et repère l’endroit d’évasion. Je siffle deux coups, compte soixante seconde en silence et balance les fromages par-dessus l’enceinte, l’un après l’autre. Le vieux rempart est mal entretenu et les prises sont faciles à trouver. Je franchi l’obstacle avec l’aisance de l’habitude et me réceptionne souplement de l’autre côté. Sans un mot, nous filons vers le village. La taverne est animée ce soir, beaucoup de bruit s’en dégage et les odeurs de viandes cuites à point me fait saliver. Nous entrons discrètement et nous dirigeons vers le comptoir du patron. Notre venu ne lui fait pas plaisir en général, qu’importe, il prendra les fromages comme chaque fois ; et comme chaque fois nous tremperons nos lèvres dans une bière amère et dégusterons un plat de ragout à nous trois. J’en salive d’avance. Ce soir pourtant, la tension noue mon ventre. J’y vois d’abord la faim dévorant mon estomac, mais plus j’avance vers le comptoir plus la tension monte en moi. Le patron discute avec un homme accompagné de deux colosses ; le ton est peu amical. L’aubergiste ne semble pas serein et il éponge souvent son front humide de sueur. Il lance des regards rapides dans l’ensemble de la pièce et son regard croise le mien. Il nous pointe alors du doigt, le regard soulagé. L’homme face à lui se retourne et je sens le sol s’ouvrir sous mes pieds : l’intendant ! Il est là, devant nous. Les frères tiennent les deux fromages volés. Il crie des ordres vers les deux colosses qui l’entourent. Je n’écoute que mon instinct et je tente de fuir. Un effort aussi inutile que stupide. Je suis rattrapé bien vite et Fred aussi. Karl semble avoir plus de chance. La suite de cette soirée n’a pas tourné en notre faveur. Fred à écoper d’une punition exemplaire : fouetter jusqu’à ce que son frère revienne de lui-même au domaine. Je ferme les paupières pour ne pas imaginer la scène, mais elle s’impose à mon esprit d’elle-même. Je déglutie péniblement, cherchant à étancher la soif qui irrite ma gorge depuis plusieurs jours maintenant. La privation d’eau est plus difficile que je ne le pensais, et je m’inquiète plus de ce besoin vital plus que de ma position. Je me trouve sur un bateau en route vers une destination lointaine, enchainée à la cale.

Les Maitres ont préféré me vendre plutôt que de garder une voleuse dans leur maison, et je suis étonnée de n’avoir pas été envoyé au bordel, comme nombre d’esclave désobéissante. Un frisson parcourt mon échine. L’intendant avait dû en décider autrement ; j’ai lu dans son regard furieux lorsqu’il m’a remis au marchand d’esclave, la même tristesse qu’il arborait le jour de la mort de Mère.