Utilisateur:Kvēta

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Vous consultez la fiche d'un personnage reparti dans l'ancien monde.

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Informations RP
Nom
Genre
Femme
Année de naissance
Rang


Famille


Quartier




Métier
Métier
Compléments








Origines
Région d'origine
Nation d'origine
Informations HRP
Login Minecraft
gemacx
Pseudo
Kveta
Prénom IRL
Coline





Description

Kvēta a pris l'habitude de jeûner régulièrement pour endurcir son mental, aussi est-elle petite et maigre : un mètre soixante pour 42 kilos. Ses côtes saillent légèrement sous sa peau, on peut distinguer les articulations de ses coudes et de ses genoux, ainsi les os pointus de ses hanches. On voit au premier coup d'oeil ses omoplates ancrés dans son dos tels deux ailes repliées. La corpulence de la jeune femme est toutefois loin de suggérer une maladie ou une sous alimentation trop prononcée ; elle est maigre, pas squelettique.

Sa peau est pâle en raison d'une légère allergie au soleil -douloureuse mais pas dangereuse- qui l'empêche de sortir plus de cinq ou six heures lorsque le soleil de Thermidor se fait insistant. Pour la même raison, elle porte des bandages aux mains qui laissent libres ses doigts, protégeant ainsi la peau fine et sensible.

Le visage ovale de la hura est caractérisé par des pommettes saillantes et des joues discrètement creusées, résultat de ses privations. Un front haut et blanc s'orne de sourcils noirs, fournis sans être épais. Ses yeux gris terne de taille moyenne, bordés de cils courts et épais, sont habituellement légèrement plissés. Ils encadrent un nez relativement quelconque, pourvu d'une irrégularité discrète sur le dessus ; peut être le souvenir d'une mauvaise chute. Enfin une petite bouche aux lèvres plutôt fournies surmonte le menton rond. Ces traits sont encadrés de cheveux châtains, ternes, le plus souvent emmêlés et assez longs pour balayer les reins de la jeune femme, et presque toujours attachés en une commode queue de cheval dont des mèches viennent retomber avec liberté. La jeune femme n'est ni laide, ni spécialement belle. Un air méfiant a tendance à durcir ses traits, la majorité du temps.

Kvēta n'est pas très soucieuse de son apparence, aussi porte-t-elle une robe rapiécée, trouée, re rapiécée, poussiéreuse voire terreuse de surcroît ; quant aux chaussures, elle n'en porte que rarement. Du fait de la Nivôse, elle l'a troquée contre une veste et un pantalon en cuir taillés par Halvar. Elle porte des sabots peu confortables aux pieds. La plupart du temps, elle apporte avec elle une odeur de terre, de cuir et, plus légère, de fleurs ; due à son métier. La steiertalière parait souvent alerte et est constamment en éveil malgré les cernes qui se devinent la plupart du temps sous ses yeux. Plus par habitude que par anxiété, elle ne peut rester sans rien faire et doit sans cesse s'occuper les mains.


Compétences

Connaissance de la flore : Kvēta a été initiée dès son plus jeune âge à l'art des plantes. Elle apprit auprès de sa mère leurs propriétés et sait en prendre soin pour les amener à maturité.

Connaissances météorologiques : Par l'observation et la force de l'habitude, l'Huratelone sait comprendre les signes annonçant l'arrivée des beaux jours ou d'un climat pluvieux, cela lui est indispensable pour organiser ses récoltes.

Alchimie : Kvēta sait également utiliser les plantes pour produire des breuvages qui, loin d'être miraculeux, peuvent au moins éloigner les maux de tête ou assurer une bonne nuit de repos. En effet, ces talents sont utiles pour améliorer le train de vie de sa famille grâce à des moyens peu coûteux. Elle peut aussi fabriquer des colorants, mais montre moins de facilités dans ce domaine.

Minutie : La femme a toujours été patiente et perfectionniste, la minutie est donc un talent qu'elle a rapidement et durablement acquis.

(Note : Kvēta ne possède pas la compétence créativité et a peu de compétences dans ce domaine, elle sera donc une piètre paysagiste.)

Agilité : Kvēta part souvent en forêt pour trouver de nouvelles plantes. Elle a souvent l'occasion d'escalader, de courir, de sauter. Ces gestes lui sont devenus familiers et elle a ainsi pu acquérir une agilité qui, sans être exceptionnelle, reste pratique.

Survie : au vu de ses expéditions, Kvēta a appris à se débrouiller avec ce qu'elle trouve. Cette aptitude lui est indispensable pour subsister.

Kvēta a appris l'alphabet, aussi sait elle lire laborieusement et écrire phonétiquement malgré une calligraphie déplorable. Cela reste lisible, en toute objectivité.


Qualités

De nature calme et réservée, Kvēta sait maîtriser ses émotions, mais trop d'épreuves auront raison de sa timidité.

Elle est loyale, valeur qui lui vient droit de la foi qu'elle a en Arbitrio. Discrète, la jeune femme sait garder un secret. De même, elle se vante rarement, et fait peu souvent montre de ses connaissances, faisant preuve d'une certaine humilité ; peut être se rappelle-t-elle de la formule qu'employait souvent son père : "L'savoir, c'comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale."

La hura n'est pas matérialiste, elle se fiche de la taille de sa maison ou du nombre de robes qu'elle possède. L'important pour elle est de vivre tranquillement, et de manger à sa faim. Ceux qui cherchent à avoir toujours plus, soignant leur toilette et leur apparence la font doucement sourire. Pourtant, si elle n'est pas attirée par la richesse, la brune attache beaucoup d'importance aux bibelots qui lui sont offerts, y plaçant facilement une grande valeur sentimentale.

La jeune femme est travailleuse, elle trouve du plaisir et du calme à exercer son métier ou à nettoyer.


Défauts

La hura n'est pas une meneuse, son instinct la pousse plutôt à se placer sous la protection de plus grand qu'elle, sans chercher plus de pouvoir qu'elle n'en peut assumer.

La méfiance guide ses gestes, elle parle avec prudence, soupèse ses mots et n'exprime pas souvent sa pensée entière. Elle est économe de paroles tant qu'elle ne se sent pas en confiance, et préfère écouter que parler. Kvēta ne peut maîtriser ou dissimuler son anxiété, elle perd alors toute patience et est à fleur de peau. Elle sourit rarement et les effusions d'amitié ont tendance à la gêner plus qu'autre chose : même si elle est touchée, elle ne sait comment réagir. Lorsque ses nerfs sont usées par la fatigue, la faim et le travail, elle se montre désagréable et sèche.

La stertalière est peureuse et superstitieuse, elle imagine un monstre derrière une ombre et n'a pas tendance à affronter ses peurs. La fuite lui parait une option préférable, aussi a-t-elle développé des réflexes aiguisés et de bonnes aptitudes à la course. Cela ne l'empêche pas d'être d'une curiosité maladive, qui parfois même surmonte sa peur.

De plus, assez têtue, la jeune femme n'écoute que rarement les conseils qui lui sont donnés, préférant continuer à vivre et à penser comme elle l'a toujours fait. Elle supporte les critiques, mais n'en tire presque jamais l'expérience qui s'impose.

Elle s'exaspère vite lorsque quelqu'un fait la fine bouche et a tendance à perdre patience, étant elle même rarement dégoûtée.

La demoiselle a un sens de l'orientation déplorable. Hormis quelques lieux qu'elle connait bien, elle ne peut aller quelque part sans se perdre et tourner en rond jusqu'à ce que la chance ou un habitant d'Esperia lui vienne en aide.

Elle ne sait absolument pas nager, et nourrit une peur superstitieuse vis à vis des eaux profondes : son imagination y crée mille créatures mauvaises rêvant de lui enserrer les chevilles pour la dévorer.

La hura est également une vraie tête-en-l'air, elle fait de l'oubli un art de vivre.


Intérêts culturels et goûts

Elle est très croyante, selon le rite Phalangiste, et dédie une grande part de son temps libre à Arbitrio. Prier lui apporte un calme certain, ainsi on la trouvera souvent au monastère.

Kvēta parle couramment l'Hura et le Capitalin, bien qu'elle soit plus à l'aise avec l'emploi de la première langue. En effet, quelques inexactitudes viennent entacher son Capitalin qui, malgré des hésitations, reste correct et assez riche pour s'exprimer correctement, tant que le vocabulaire requis n'est pas trop pointu. Des erreurs de formulation et de prononciation sont également présentes, mais ne gênent pas la compréhension globale. C'est sa mère qui l'a poussée à apprendre cette langue pour faciliter de futurs échanges commerciaux, qu'elle n'aura finalement pu réaliser qu'occasionnellement.

Kvēta apprécie l'alcool, mais sa corpulence ne lui permet pas d'en consommer de grandes quantités. Elle ne recherche pas tant le goût de celui ci, mais simplement la sensation de chaleur qu'il lui procure. La jeune femme n'est pas difficile à satisfaire culinairement parlant ; elle n'a en effet connu que des plats peu goûteux et souvent mal cuits lors de sa vie dans l'Ancien Monde, sa mère étant une piètre cuisinière. Il y a peu de chances qu'elle reproche à un cuisinier la qualité de ses repas, à moins qu'il soit immangeable. La brune apprécie le calme et le silence, qui sont pour elle bien préférables à un environnement animé. Elle apprécie autant la solitude que la compagnie, tant que celle ci lui est agréable.


Histoire

Situation familiale dans l'Ancien Monde : Kvēta est originaire de Grande Huratelon, et y vit depuis sa naissance, soit trente et un ans. Elle a grandi dans une famille relativement pauvre, mais vivant grâce aux récoltes de ses parents, agriculteurs et horticulteurs. Elle entretient de bons rapports avec ses parents, une solidarité est fortement présente dans la famille. De même, elle a un frère de 15 ans son cadet, Léo, qu'elle aime beaucoup en dépit de "son côté tête brûlée" et de son comportement parfois exaspérant.


Les barreaux de la cage

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Le soleil dardait ses derniers rayons sur le paysage, l'embrasant de lueurs chaudes : doré, rouge, jaune, ocre se mêlaient dans un kaléidoscope à l'aspect vivant. Les senteurs lourdes de cette fin de journée étaient presque palpables, recouvrant la maison et ses environs d'une chape parfumée de résine. Kvēta s'avança paresseusement pour une fois, un pot rempli de plantes odorantes en main. Elle s'installa en tailleur sur une pierre encore gorgée de soleil, et se mit à écraser les plantes avec un pilon au creux du bol. Ainsi penchée sur son travail, fredonnant une mélodie joyeuse et enfantine, les yeux à demi fermés, elle incarnait l'image du bonheur simple, ce bonheur qui ravit les cœurs de ceux qui sont heureux de vivre.

"Kvēt' !"

Relevant les yeux, la Hura put apercevoir une silhouette familière venir à sa rencontre. Un pas assuré, de fins cheveux blonds soulevés par sa course, une allure altière.

"Hanna. la salua la brune en regardant la jeune femme la rejoindre.

- Comment va ? questionna son amie, avant d'enchaîner sans attendre : Ah, encore en train d'essayer une nouvelle potion ?

- C'est pas une potion. protesta sa vis-à-vis sans finesse, dans cette simplicité qui révèle la maigre éducation des paysans. C'est un breuvage.

- Joue pas sur les mots, contrecarra la blonde.

- Tu voulais me voir ?" abrégea l'autre en posant ses yeux sur la belle jeune femme.

Hanna était impressionnante. Grande, mince sans être maigre. Son visage d'ange était encadré d'un long rideau de cheveux blonds, presque blancs, qui paraissaient presque irréels dans le soleil couchant. De grands yeux bleus, quelques tâches de rousseur ravissantes, des lèvres purpurines la rendaient si belle qu'on n'aurait pu passer à côté d'elle sans la regarder. Comme toujours, Kvēta songea qu'elle semblait venue d'un autre monde, surtout dans ce petit village miteux. La jeune femme aurait pu être jalouse, mais il n'en était rien : elle aimait bien trop son amie de toujours. Les deux comparses avaient grandi ensemble et étaient inséparables. Leurs premières bêtises, leurs premiers amours et leurs premiers déboires, elles avaient tout partagé. Si Kvēta s'était assagie, Hanna avait gardé son tempérament de feu et parvenait parfois à entraîner sa calme confidente dans d'irraisonnables aventures.

"Oui. Tu veux bien venir parler avec moi ?

- Bien sûr. Pas de mauvaise combine, cette fois, hm ?

- Promis." conclut Hanna en lui tendant la main pour l'aider à se relever.

Délaissant son travail sans crainte qu'il soit volé - ici, l'entraide était de mise et tout le monde se connaissait ; personne n'aurait jamais fait une chose pareille -, Kvēta saisit la main tendue et emboîta le pas à la belle.

Les pavés poussiéreux étaient tièdes sous les pieds nus des deux femmes, qui s'avançaient en silence. Elles saluaient de la tête chaque villageois qu'elles croisaient : Grimm, le boucher, un homme sympathique et replet ; Ijne, la boulangère, juste mais sèche et intimidante ; Magd, le petit garçon toujours souriant. Bientôt elles dépassèrent les dernières habitations, et pénétrèrent presque aussitôt dans une des nombreuses forêts de Steiertal. Hanna trouva un grand arbre aux branches larges, et s'élança avec grâce pour atteindre une confortable fourche. Kvēta la rejoignit avec agilité, et prit place à ses côtés. Une légère brise soulevait leurs cheveux, rafraîchissant leurs membres lourds de la chaleur thermidorienne. Dans le silence qui suivit, la brune Hura lissa sa queue de cheval d'une main distraite, patientant jusqu'à ce que son amie se décide à parler.

"Nous y voilà. sourit Hanna, les yeux brillants d'excitation.

- Je vais enfin savoir ce qu'on fait là ?

- Sois pas rabat joie.. et tiens toi bien à ta branche.

- Oui, bon, alors ?

- J'ai trouvé comment quitter ce trou paumé ! Et tu vas v'nir avec moi, cocotte !" chantonna la blonde enjouée.

Kvēta tourna vers son amie un regard scandalisé.

"Mais enfin, 'nna.. je peux pas faire ça.. Père, Mère et Léo ont b'soin de moi..

- C'est la chance de notre vie, Kvēt' ! Ouvre les yeux, tu vas pas pourrir ici tout l'reste de ta vie !"

Hanna lui passa un bras autour des épaules, et d'un large geste de l'autre engloba les monde les entourant.

"C'est l'aventure qui nous attend là bas ! Pense à toi, un peu ! T'imagines toutes les choses passionnantes qu'on pourrait vivre, loin d'ce truc ?

- J'ai pas ton courage.. ça me fait peur, tout ça. On sait pas c'qu'il peut nous arriver, mais sans doute beaucoup de mal.

- Tu s'ras pas toute seule, je serai là. Tu vois pas qu'on a qu'à tendre le bras pour toucher notre rêve ?

- C'est ton rêve Hanna. Pas l'mien.

- Oh, choupette.." soupira la belle jeune femme.

Kvēta grimaça. Les surnoms que lui affublait son amie n'avaient pas pour habitude de la gêner, mais en cet instant toute cette légèreté et cette inconscience la hérissaient.

"Écoutes, je viendrai pas. J'me suis faite à l'idée que je resterai ici toute ma vie, et c'est ça, la réalité. Alors tu f'rais mieux de t'y faire aussi."

Elle se radoucit pour ajouter :

"J'veux pas t'faire de mal, 'nna. Mais il faut pas que tu partes. Tu nous manquerais, et puis il peut t'arriver que de mauvaises choses là bas. - Mais cette vie me rend folle, tu sais bien.. - Faut pas que tu partes." répéta la brune avec une fermeté feinte ; bouleversée à l'idée qu'elle pourrait perdre, si facilement, son amie de toujours.

Sur la branche que caressaient les derniers rayons du soleil, les deux femmes s'enlacèrent, laissant le silence parler pour elles.



Un lourd présent

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Kvēta fronça les sourcils, anxieuse. Postée devant la fenêtre depuis une longue heure déjà, elle scrutait la rue d'un œil attentif, tandis que son souffle prenait d'assaut la vitre d'une tâche de buée qui s'élargissait avec ambition à chaque inspiration. Le ciel gris et l'averse ombraient le décor, peu glorieux il est vrai. De petites maisons se serraient les unes contre les autres, comme pour se réchauffer ou se trouver de force une place dans ce village miséreux. L'eau débordait des gouttières quand celles ci n'étaient pas brisées, leur ventre déchiré libérant des cascades miniatures qui se déversaient sur le sol pavé de dalles grossières, irrégulières et crasseuses.

La jeune femme patientait, si tant est que le mot put être utilisé, en donnant de petits coups de pied dans le mur. Visiblement, nerveuse. Que faisait-il ? Il aurait dû rentrer depuis longtemps déjà. Son côté anxieux lui faisait envisager mille situations, toutes plus terrifiantes les unes que les autres. Elle savait qu'elle n'aurait pas du angoisser pour si peu, mais elle n'y pouvait rien. Depuis une semaine, des gardes avaient emménagé en ville. Si Hanna se plaisait à leur parler, Kvēta rebroussait chemin dès que leurs rires bruyant tintaient à ses oreilles. S'ils s'en étaient pris à son frère ? Elle n'avait pas confiance.

Heureusement pour elle dont l'attente écorchait l'humeur, bientôt parut la silhouette tant attendue. Aussitôt qu'elle eut repéré son pas cadencé, la Hura dévala les marches et se rua sur la porte. Elle l'ouvrit en grand sans se soucier des gouttes qui éclaboussaient ses pieds.

"Léo !" s'écria-t-elle avec soulagement.

L'interpellé hâta le pas, un large sourire s'étalant sur son visage. Il avançait légèrement courbé, une main sous sa cape, détails que Kvēta releva en haussant un sourcil inquisiteur.

"Ça va ? T'as l'air bizarre.

- Si ça va ? questionna son frère en pénétrant dans la sombre bicoque. Et comment ! Regarde moi ça !"

Et, d'un geste théâtral, il sortit sa main des dessous de sa cape. Il tenait un magnifique éventail de satin rouge, luxueusement brodé et ouvragé ; l'armature en bois elle même était sculptée avec délicatesse. L'objet devait valoir une fortune, et paraissait déplacé en un tel lieu.

"Par ma barbe !" s'exclama Kvēta, les yeux et la bouche arrondis en une expression presque comique.

"Tu n'as pas de barbe, fit remarquer le jeune garçon avec un sourire. Il est pour toi.

- Mais.. co-.. comment ? balbutia sa sœur avec incrédulité. On est pas assez riches..

- C'est un secret." répondit-il avec un clin d'œil.

Kvēta s'empara du présent religieusement, touchant du bout des doigts cette merveille de peur de la salir.

"Il est.. merveilleux. souffla-t-elle. Merci.

- Prends en soin. Et garde le en souvenir de moi."

La steiertalière hocha doucement la tête. Bientôt, son frère quitterait le village pour faire son service à la milice. C'était dans l'ordre des choses et, même s'il allait lui manquer ces deux années prochaines, elle s'y était faite. Elle déposa un baiser sur la joue de l'adolescent, qui ne se départait pas du sourire qui fendait son visage.

"C'est le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait, Léo."



Le prix à payer

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Toc ! Toc ! Toc !

Kvēta suspendit son geste et laissa son bras retomber le long de son flanc, dans l'attente d'une réponse. Son frère avait quitté le village depuis une semaine, et elle se sentait étrangement vide. Elle savait qu'elle avait peu de chances de le revoir. S'il le pouvait, il saisirait l'occasion pour aller vivre ailleurs ; il était d'un naturel aventureux et curieux. D'un geste absent, elle caressa l'éventail qui était serré contre sa hanche, présence rassurante, bienveillant souvenir de Léo. Depuis le départ de ce dernier, elle voyait Hanna tous les jours : son amie pleine de vie l'aidait à relativiser et à penser à autre chose.

La porte ne tarda pas à pivoter sur ses gonds, révélant les grands yeux bleus et le joli sourire de Hanna.

"Bon jour, toi !

- On va marcher ? proposa Kvēta, comme à leur habitude.

- Je te suis."

Les deux jeunes femmes déambulèrent dans le village, abordant tous les sujets qui leur venaient à l'esprit. Le but était plus de se distraire que d'entretenir une vraie conversation.

Le ciel de Brumaire était lourd de nuages emplis d'eau, mais qui ne semblaient pas vouloir éclater. Depuis plusieurs jours déjà, une tension électrique s'accumulait et pesait sur le village. L'orage n'était pas loin. Leurs pas les guidaient machinalement à travers le village, sans qu'elles se soucient réellement de leur direction. Bientôt, des bruits d'une conversation animée parvinrent à leurs oreilles ; et si Hanna continua sa route sans paraître perturbée, Kvēta elle s'arrêta net.

"On va vers les gardes. Faut retourner en arrière."

Hanna se retourna sur son amie, éclatant d'un rire qui dévoila ses dents bien alignées.

" Fais pas ta peureuse, ils vont pas nous manger ! J'leur ai déjà parlé, ils sont un peu bêtes mais pas méchants.

- Non Hanna, c'pas une bonne idée. Ces gens là me font peur.

- Tout te fait peur, choupette." conclut la blonde en prenant son amie par le bras, l'entraînant vers les gardes. Hanna faisait bien quinze centimètres de plus que son amie, et elle était aussi plus forte ; aussi la petite Hura n'eut d'autre choix que de suivre son insouciante compagne.

Plus elles se rapprochaient, plus Kvēta se sentait mal à l'aise. Elle tenta de n'en laisser rien paraître et se contraignit à avancer la tête haute, bien qu'une envie grandissante de prendre ses jambes à son cou tenaillait son ventre avec insistance.

"Eh les gars, c'est Hanna ! Ça f'sait longtemps ma belle, qu'est c'qui te retenait ? les apostropha un garde au sourire torve.

- La p'tite femme que vous voyez là."

Kvēta se retint d'avaler sa salive, craignant qu'ils ne l'interprètent comme un signe de faiblesse, mais se colla contre Hanna comme pour se fondre en elle.

"Boonjouur ma joliie.." articula-t-il comme s'il parlait à une enfant de cinq ans.

Les hommes éclatèrent de rire, et la brune Hura se sentit rougir de honte. Elle aurait aimé avoir l'audace de Hanna pour leur lancer quelque pique mordante, mais ce n'était pas chose qu'elle savait faire. Heureusement pour elle, l'attention générale se reporta sur sa svelte amie, qui jouait de son charme naturel. Elle haussa légèrement les sourcils, esquissant une moue boudeuse.

"Vous moquez pas.. C'est ma grande amie.

- Aah, si c'est ta grande amie.. Enfin, plutôt petite, hein.. ?"

Les deux jeunes femmes restèrent de marbre face à la plaisanterie, et Kvēta osa enfin s'exprimer.

" 'faut qu'je rentre, marmonna-t-elle.

- T'as raison. On a des trucs à faire, mentit Hanna, ayant perçu le malaise de son amie et ne souhaitant pas la forcer plus avant.

- Roh, déjà.. ?

- Ouais. J'reviendrai." leur lança la blonde steiertalière avec un clin d’œil.

Sur ces mots, les deux femmes firent demi tour et commencèrent à s'éloigner ; quant un cri rageur éclata derrière elles.

"Ah ! La pute ! C'est elle ! C'est elle les gars !"

Kvēta fit volte face pour comprendre la motivation de ce cri. Un garde, grand et bâti comme une armoire à glace, la fixait d'un air de taureau prêt à charger. Ses vêtements relativement propres et l'imposante épée rutilante qui pendait à sa ceinture laissaient penser qu'il n'était pas n'importe qui.

"Quoi.. ? balbutia l'intéressée avec incrédulité. Mais qu'est ce que..

- L'éventail de ma fiancée bordel ! Regardez à sa taille !"

Le sang de l'horticultrice ne fit qu'un tour dans ses veines, et elle comprit immédiatement. L'éventail, volé. Aux gardes. Evidemment. La Hura ne prit pas la peine de réfléchir et, avant même qu'elle n'ait eu le temps d'avoir peur, ses réflexes prirent le dessus et ses jambes trouvèrent leur rythme. Rapide. Quelque part derrière elle, le garde s'élança à sa poursuite. Une grimace de terreur déforma les traits de la jeune femme, qui sentit un goût de bile sur sa langue.

Kvēta avait toujours aimé courir. Mais pas cette course là. Son cœur cognait à grands coups contre ses côtes, douloureusement. Elle courrait vite, mais l'homme avait des jambes plus grandes, et plus puissantes. Avec une facilité déconcertante, il la rattrapa, et se saisit de sa queue de cheval avec brutalité. La steiertalière fut contrainte d'arrêter sa course et elle tomba à genoux, haletante. Elle ne voyait du garde dressé derrière elle que l'ombre, qui l'enveloppait toute entière. Quelques grosses gouttes éparses éclaboussèrent la scène, les cieux semblant enfin enclins à se libérer de toute cette eau qui les noircissait. Son adversaire jeta la femme dans la poussière sans ménagement, et l'immobilisa. D'un coup sec, il récupéra l'éventail glissé dans la ceinture de la Hura, et l'éleva à hauteur de ses yeux.

"Depuis l'temps que j'le cherche. Dis moi, petite pouffiasse, t'as conscience que d'voler un garde, c'est grave ?

- Prenez le ! Je l'ai pas volé, on me l'a donné, j'savais pas d'où il venait !

- Une voleuse et une menteuse ! Qui voudrait t'offrir un tel cadeau, p'tite miséreuse ? T'es même pas belle ! Ou du moins, tu l'seras pas après c'que j'vais t'faire !"

Un rictus torve étira les lèvres de l'homme, qui paraissait prendre plaisir à torturer ainsi la jeune femme. Son poing s'abattit sur les pavés, juste à côté de la tête de Kvēta qui se tortillait avec rage.

"Arrête de gigoter !"

De nouveau, il frappa, et toucha son but cet fois. La jeune femme cria de douleur et de peur mêlées.

"Lâche la ! Mais lâche la, enfin !"

Hanna les avait rejoint et tentait d'éloigner le garde de sa proie, furieuse. "Mais t'es taré ? Elle t'a dit qu'c'était pas elle ! C'est son frère qui lui a donné !

- Ferme la, Hanna ! tenta de la couper Kvēta.

- Mais il est loin maint'nant, et vous l'attraperez pas !" poursuivit-elle en haussant encore le ton.

Le garde adressa un regard grave à la blonde qui s'agitait en criant.

"Elle a raison Hanna, ferme la. J't'aime bien, j'voudrais pas apprendre que t'as trempé là dedans.

- Mais c'est pas d'sa faute, tu m'écoutes oui ?!"

Les deux bras puissants d'un autre garde soulevèrent la trop bavarde jeune femme, et l'emportèrent plus loin. On entendait toujours ses cris puissants, qui vrillaient les oreilles de Kvēta.

"J'vais être clément. Tu gardes ton p'tit minois pour cette fois, parce que Hanna t'aime bien."

"Kvēta !" cria celle ci d'une voix étouffée par la distance.

La respiration de la brune se relâcha, surprise de s'en tirer à si bon compte.

"Par contre, dis lui au r'voir, parce que j'veux plus te voir.

- Mais.. Où.. ?"

La poigne du garde se referma sur ses poignets, et il se pencha sur son oreille avec une lenteur calculée. Une odeur de sueur et de cuir envahit les narines de la jeune femme.

"Kvēta !"

Des gouttes s'écrasèrent sur le visage de la Hura, glissant le long de ses joues et se perdant dans ses cheveux. Elle ferma les yeux pour ne plus voir le cruel homme penché sur elle.

"Kvēta !"

"Tu sais pas où vont les voleuses et les menteuses comme toi.. ?"

Kvēta émit un gémissement de terreur. L'esclavagiste.

Bien sûr qu'elle savait.