Utilisateur:Neshan mihra
Sommaire
Description
Neshan Mihra est un jeune homme plutôt élancé et à la peau bronzée. Il est issu d'une famille plutôt aisée, et habitait à Nehevand, une des villes du vaste archipel Ocolidien. Sa vie a basculé le jour où sa mère, Kiana, est morte en accouchant de Eeyna, sa petite soeur. Son éducation a donc été prise en charge par un mentor, Ajay, engagé par son père, ce dernier n'ayant pas le temps de s'occuper de la famille à cause de son travail.
Il a des yeux d'un brun profond, de même que sa chevelure. A ce propos, ses cheveux sont assez longs mais Neshan a l'habitude d'utiliser un catogan pour les maintenir à l'arrière. Il a quelques grains de beauté sur le visage. Comme tout manarade, son corps et surtout ses bras sont tatoués. Sous ses vêtements, diverses fresques et autres symboles : plumes, noms gravés, représentations astrales imprécises. Ses manches sont légèrement retroussées de façon à laisser paraître le début de ses tatouages.
Il a le pas plutôt léger et prend son temps dans ses actions, tout comme dans ses paroles ; douces et lentes. En revanche, il n'est pas très habile avec des armes ou des armures ; il n'a jamais porté tout cet attirail : ce n'est absolument pas l'archétype du vaillant guerrier qui manie la hache à la perfection, c'est même d'ailleurs tout son contraire. Au niveau de la religion, elle n'a que peu d'importance pour le manarade ; il appartient au culte des images mais sa ligne directrice reste avant tout le sens du travail plutôt que la croyance. Son mentor (tout comme son père) n'accordaient pas non plus beaucoup d'importance à la religion ; bien qu'ils soient tout de même croyants.
Choix
Libraire > Ouvrier non spécialisé > Education
Libraire: Son père, qui était bibliothécaire, lui proposait parfois de venir passer un après-midi dans son lieu de travail et lui expliquait les rudiments du métier et de son activité.
Éducation:
L'éducation de Neshan a rapidement reposé presque exclusivement sur Ajay, et non pas sur son père. Ajay lui a transmis tout ce qu'il savait : politique, sciences, art... Ses connaissances sont plutôt éparses.
Talents & défauts
Neshan est plutôt pudique mais une fois en terrain connu, il s'avère être plus serviable et cordial qu'il n'y paraît. Il est plutôt cultivé et il adore apprendre, découvrir de nouvelles choses. Une fois la glace brisée, c'est quelqu'un en qui on peut avoir une totale confiance.
En revanche, il possède un défaut majeur qu'il tient de son père : l'avarice. Même s'il en a lui-même conscience, Neshan aura souvent envie d'être récompensé pour ses actes. Et ici, nous ne parlons pas juste d'un sourire ou d'un "merci" mais très souvent de monnaie sonnante et trébuchante ou quelconque autre bien de compensation.
Pour ce qui est du caractère et de ses habitudes, Neshan est quelqu'un de plutôt calme et qui peut sembler réserver au premier contact. Mais cela dépend des individus ; il peut, parfois rien qu'à "la tête", juger si un individu semble cordial ou non. Dans le premier cas, il pourra alors contourner sa pudeur pour essayer de faire connaissance ; même si encore une fois, il ne se dévoilera pas en entier au premier inconnu. De façon générale, c'est quelqu'un qui se pose beaucoup de questions et semble curieux ; il avance avec de l'hésitation et, bien souvent, de l'appréhension. Il souhaite trouver ses marques rapidement dès qu'il intègre un nouveau milieu, quel qu'il soit (lieu de travail, groupe social, pairs...) ; l'inconnu et l'ignorance le déstabilisent quelque peu, tout comme l'embarras et la gêne peuvent le rendre un peu stressé dans certaines situations.
Intérêts culturels et goûts
La famille de Neshan (notamment son mentor, Ajay) lui a appris de nombreuses choses. Ses connaissances sont assez vastes et s'étendent dans plusieurs domaines ; il aime aussi la musique mais préfère toujours le calme et le silence qui peut sembler pesant pour certains. Il aime parler et écouter ce que les autres ont à dire et à lui apprendre.
C'est quelqu'un d'assez rêveur, de par les nombreux livres qu'il a lu, il a une certaine imagination et a tendance à se perdre parfois dans ses pensées. Il rêve d'astres, de l'au-delà, et se pose beaucoup de questions sans réponses. Selon lui, la plume et la parole sont les armes les plus efficaces en ce monde, parfois plus dangereux que quelconque glaive. Il adore la littérature ; les histoires fantastiques et les poèmes ; il lui arrive même parfois d'en rédiger lui-même, quand il en a l'inspiration et le temps libre.
La culture est quelque chose d'important pour lui, mais il n'est pas du genre à exposer son savoir sans prétexte ni raison, mais apportera plutôt ses connaissances lorsque lui ou un de ses pairs sera dans le besoin ou l'interrogation (bien que Neshan n'a évidemment pas réponse à tout, bien entendu).
Lecture & écriture
De par son éducation assez poussée (dès le plus jeune âge), Neshan a développé une véritable passion pour la lecture, l'écriture et l'apprentissage. Il ne se limite à aucun genre et adore justement découvrir de nouvelles choses. C'est quelqu'un d'assez curieux vis-à-vis de l'environnement qui l'entoure, et il aime bien être au courant de ce qui se passe.
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Goûts culinaires
Sur le plan de la nourriture, Neshan adore les plats épicés et assez originaux. Il avait l'habitude de manger des mets assez bien préparés durant son enfance ; mais depuis son arrivée sur Esperia en tant qu'esclave, il n'a pu que se nourrir de viande et de légumes. Cela ne lui déplaît pas, mais il regrette les plats de son enfance. En revanche, il n'aime pas le sucré.
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Alcools
L'alcool n'est pas quelque chose qu'il a eu l'occasion de boire. Que ce soit du vin ou des bières, Neshan a tout sauf l'alcool joyeux ; cela le rend plus malade qu'autre chose. Cela fait par ailleurs longtemps qu'il n'en a pas goûté à nouveau.
Activités
Neshan est libraire dans le quartier d'Adobe. Il travaille dans la Librairie du Codex, gérée par Mürgen. Il tient la librairie, vend du matériel et des ouvrages aux clients, et participe à la confection du papier et des livres ainsi qu'à l'impression/copie de documents.
Située en plein cœur du quartier d'Adobe, voici la librairie dans laquelle Neshan travaille. Il tient la librairie la plupart du temps, et consacre son temps libre à la rédaction d'un recueil de poèmes, projet qu'il désire tenir secret avant la parution du dit-ouvrage. En effet, Neshan s'intéresse à la poésie ; genre qu'il n'avait pas réellement fréquenté avant son arrivée en Esperia. Il passe beaucoup de temps à consulter les poésies rédigées et entreposées à l'étage de la librairie, ou à l'académie de Lunargent.
Pour plus d'informations au sujet de ce commerce, allez consulter la page wiki dédiée. [à venir]
Chronologie
An 493:
Naissance de Neshan ; premier enfant du couple. Le ménage est ravi, l'accouchement n'était pas prévu pour si tôt, la naissance s'organisa de façon prématurée. Les deux parents s'occupent de leur progéniture et en sont fiers.
An 498: La mère accouche de Eeyna, sa fille, mais meurt après l'accouchement. Le père s'isole quelques temps, quitte son poste le temps de faire son deuil et trouver quelqu'un capable de s'occuper de Neshan lorsque le travail reprendra. Le père finit par engager un mentor, du nom de Ajay. Contre une rémunération régulière, le mentor octroie au jeune garçon un enseignement rigoureux et complet. Neshan vit alors ses premiers cours privés.
An 504: Le père a alors environ quarante ans ; il a depuis repris du service. L'an 504 aura été l'un des plus lucratifs. Étant la principale bibliothèque locale (et d'ailleurs l'une des plus grandes de la région), beaucoup de documents sont réclamés ; le monopole exercé a d'ailleurs aussi contribué à cette fructuosité ; encore une fois, très peu d'infrastructures culturelles de cette envergure étaient établies dans la région à l'époque. Eeyna a six ans, et suit les cours de la petite école de Nehevand (la jeune fille souhaitant devenir artisane) ; le mentor n'est à la charge que de Neshan et ne s'occupe pas d'Eeyna. Cette dernière n'a pas eu le même apport culturel que son grand frère ; ce qui sera d'ailleurs plus tard source de quelques conflits familiaux.
An 510: Neshan est maintenant âgé de dix sept ans. Nehevand est en proie à quelques attaques criminelles, et autres écumeurs ; attaques qui furent jusqu'ici assez peu conventionnelles. La sécurité locale est de moins en moins assurée, et les milices de Nehevand se dépeuplent petit à petit à cause du peu de moyens engagés dans la défense et dans le financement de l'équipement des miliciens. Eux-mêmes sont sujets à la précarité et voient leurs rémunérations en forte baisse. Les relations militaires avec le reste de l'archipel Ocolidien se ternissent.
An 514: Le mentor, Ajay, considéré à présent comme un ancien par la communauté locale (de par son âge), cesse son activité et estime avoir appris tout ce qu'il pouvait à son élève. Neshan vient tout juste de terminer ses études supérieures dans l'optique de devenir libraire à son tour. Eeyna tombe très gravement malade, et est finalement contrainte de rester au foyer. Un apothicaire est tout de même déployé en catastrophe pour lui tenir compagnie. A la même période, les attaques se multiplient et endommagent des parties de la ville. Certaines écoles commencent à fermer. Plusieurs boutiques sont pillées ou détruites mais les habitants sont épargnés ; cette année est définitivement celle où la menace explose.
Le père est contraint de quitter la bibliothèque dans laquelle il travaille et doit déplacer temporairement ses archives et ses documents suite à un incendie ayant endommagé une aile du dit-bâtiment. Son activité s'en retrouve interrompue mais cet événement inopiné prend une place trop conséquente pour se consacrer pleinement à l'avenir de sa famille, l'argent étant une fois de plus l'une des seules préoccupations de l'homme.
"L'argent est probablement ce qui nous sauvera." disait-il.
Neshan doutait et, lui qui voulait intégrer la bibliothèque pour remplacer son père qui se fait de plus en plus vieux, finit par se résigner et se demanda bien où est-ce qu'il pourrait mettre en application ses compétences. Malgré les événements, la population ne semblait guère vouloir fuir. Les quelques miliciens qui avait décidé de rester quelque soit la situation faisaient leur mieux pour calmer la situation, mais n'étaient clairement pas assez préparés face à l'armement et face aux moyens employés par les écumeurs ocolidiens ; provenant d'autres îles de l'archipel.
An 516: Départ de Neshan du foyer, il se résigne à l'idée de prendre la place de son père à la bibliothèque et se sait perdu s'il reste ici trop longtemps ; dans l'espoir de rejoindre Carrogia pour s'y installer et tenter de trouver du travail avant qu'il ne soit décidément trop tard. Le père reste au plus près de sa fille malade qui, de par son état de santé, ne peut se permettre de suivre son frère. Arrivé à Marata (depuis laquelle Neshan était censé se rendre en bateau à Carrogia), la situation s'envenime et le bourg portuaire, finalement assiégé aux côtes par des pirates, bloquent les entrées et les sorties et finissent par réduire en esclavage les populations alentour ; Neshan se retrouve contraint de suivre les règles et se sait déjà privé de toute liberté. Il sera vendu comme esclave et transporté jusqu'à Esperia.
L'omniscience de tout un lieu
C'était une journée forte ensoleillée. Une infime brise infiltrait les ruelles du quartier dans lequel la fière demeure de Neshan se dressait. L'air était iodé, le soleil frappait sur la pierre des pavés au sol, jaunie par l'usure. Neshan sortait de sa demeure, accompagné de son père, Juhan. Tous deux se tenaient la main et avançaient, le sourire aux lèvres. Aujourd'hui, le père du jeune home l'emmenait pour la première fois visiter son lieu de travail : la bibliothèque de Nehevand. L'un des lieux que Neshan rêvait le plus de visiter depuis que son père avait réussi à trouver un poste d'assistant auprès des des érudits ocolidiens qui étaient les propriétaires du lieu. A l'origine, ce bâtiment n'était pas du tout destiné à y abriter mille et un ouvrage comme c'était à présent le cas. En effet, la population réclamait la construction d'une nouvelle auberge, plus spacieuse que l'ancienne. La construction achevée, c'est à ce moment qu'une vague d'immigration ocolidienne frappa la région. Quelques centaines d'hommes, femmes et enfants vinrent s'installer sur cette île de l'archipel, non pas pour fuir quelconque famine ou guerre civile mais bien pour des raisons économiques évidentes : s'accaparer le monopole de la science et de l'art, deux notions qui, malgré le fait qu'elles restaient familières à la population, n'étaient pas vraiment quotidiennement employées par la population et encore moins soutenues par cette dernière.
Une fois arrivé à destination, Neshan fut d'abord surpris par l'allure qu'avait la bibliothèque de l'extérieur.
"C'est... ça, la bibliothèque dans laquelle tu travailles ?" pensa-t-il tout haut.
En effet, du dehors, le bâtiment se fondait presque dans la masse des autres habitations du quartier. Pas bien haut, fait de bois et d'une base en pierre légèrement effritée et avec des fenêtres plutôt basses, donnant sur un intérieur dont la visibilité est réduite à cause d'épais rideaux. On distingue juste des formes, probablement des tables et des armoires, des conteneurs... Mais Juhan souhaitait abréger le moment d'attente et venir infirmer toutes les attentes que son fils était en train de se faire : il le précipita presque sans lui demander à l'intérieur de la bibliothèque, en poussant avec ferveur la petite porte d'entrée qui pouvait laisser présager, là aussi vu de l'extérieur, de la petitesse du lieu. Mais une fois les pieds dans ce dit-lieu, il en était tout autrement. La surprise éprouvée quelques minutes par le jeune homme se mua instantanément en admiration : la salle principale était splendide. Des tas d'armoires, tables et tiroirs qui contenaient tout autant de romans, de manuels, de lettres... Un dédale d'écrits s'étalait sous les yeux du jeune manarade à mesure qu'il avançait dans la pièce et la balayait du regard.
"Tout ça est à toi, père ? demanda-t-il alors, avec presque des étoiles dans les yeux.
-Oh, non. Disons que j'aide les personnes qui, elles, possèdent tout cela."
La réponse du père ne semblait pas avoir d'importance, c'est comme si Neshan n'avait fait que l'entendre et non l'écouter. Il consultait les couvertures de quelques livres ouverts, en train d'être consultés. Les encriers, quelques plumes sèches... A l'étage, du matériel d'écriture était entreposé. Pas seulement des feuilles, mais des parchemins et des vélins (des papiers de luxe plutôt rares et qui ne sont employés que pour les documents officiels relevant d'une importance assez marquée pour justifier leur emploi). Des sacs et des sacs remplis de fusains, de couvertures de livres diverses... Ce qui ferait le bonheur de plus d'un écrivain.
Cette visite marqua Neshan et l'encouragea à lire, à apprendre. Il ignorait tout du métier de libraire à cette époque, n'avait pas encore l'âge pour des études approfondies, mais se savait déjà atteint de la fièvre du savoir.
Il voulait devenir libraire, archiviste, et se faisait déjà, malgré son jeune âge, une vague idée de ce que son père avait la possibilité d'apprendre avec cette véritable source de connaissances à portée de main...
La chute
Nous sommes alors en l'an 516, que Neshan aime nommer période de "la chute" ; même si, ce qu'il préfère encore, c'est de totalement occulter ce passage de sa vie. L'année où tout a basculé : la situation de criminalité empirait. Le peu de solidarité dont faisaient preuve les manarades n'aidait d'ailleurs pas non plus. Les érudits ocolidiens qui étaient propriétaires de la bibliothèque voyaient leur fortune d'antan s'écrouler ; l'incendie avait brûlé trop de documents et de précieuses ressources. Les étrangers (tout comme les habitants de Nehevand) ne pouvaient se permettre de prêter attention à ce marché. Ce qui comptait, c'était la subsistance plutôt que le loisir et l'officialité. Nous étions loin d'une grave crise économique et sociale ; juste un sentiment de trop-plein. Finalement, les propriétaires, conscients des faits, finirent par abandonner leurs biens et laisser leur lieu de travail en l'état dans l'espoir de regagner rapidement Ocolide, capitale de l'archipel et ville dont ils étaient originaires ; lieu qui leur assurait un avenir moins sombre.
La famille du jeune homme se remit en question ; des conflits. Des accusations. Une déchirure morale qui fusait dans tous les esprits. Le père, qui voulait rendre la condition de ses enfants la plus aisée possible les avait conduits à leur perte en restant à Nehevand sans tenir compte de la situation, et en pensant que sa fortune pouvait les sauver de ce chaos qui gagnait du terrain. Que voulez-vous faire de votre argent lorsque la plupart des artisans ne sont plus des têtes de pancartes arrachées ou brûlées sur des fondations manquant de s'écrouler ? Les seuls qui avaient été épargnés avaient fui, étaient parti se réfugier loin des villes avec leur familles en gardant ce qui leur restait pour eux. Un autre problème majeur : l'état d'Eeyna, qui s'aggravait de semaines en semaines. L'apothicaire faisait tout ce qui était possible mais manquait de ressources. Manquait de temps. Neshan voulait quitter l'île, ce qui lui semblait être la meilleure chose à faire. Il était prêt à quitter sa sœur, décidément incapable de voyager en vue de son état. Juhan voulait rester au plus près de sa fille, et préféra garder ce qui lui restait de sa fortune à portée de main pour l'aider.
Les préparatifs étaient effectués ; le jeune homme devait quitter l'île dans quelques semaines ou au plus tard dans le mois. Il rejoindrait Carrogia, qu'il espérait suffisamment prospère et voyait en ce nom un lieu où tout ce qu'il a appris pourrait être mis à bien. Il se mit en route vers Marata, bourg portuaire de l'île réputée pour être l'un des centres du commerce naval des Manarades (ville depuis laquelle il espérait partir). Il partit en fin de semaine, embrassa sa sœur et son père, mais au fond, plus aucune affection ne le parcourait. Il ne s'attachait plus à ces lieux et ces caractères ; ne cherchait qu'à décliner ses doutes et ses questions sur son avenir. Certains y verront probablement une forme d'égoïsme dans cet acte, d'autres comme de la lucidité. Le voyage prit quelques jours ; il logea dans une petite auberge plutôt pauvre à mi-chemin. Ses nuits étaient tout sauf reposantes ; nombre d'interrogations le parcouraient.
"Comment dois-je m'y prendre ?" "La situation est-elle réellement meilleure à Carrogia ?" "D'où viennent ces écumeurs, et pourquoi viser nos terres ? Que veulent-ils ?"
Il atteignit Marata au petit matin. Les oiseaux chantaient, la légère brume qui enveloppait les horizons commençait à se lever doucement. Il faisait froid. Neshan avait planifié le scénario dans sa tête, plus inquiet que jamais : il arriverait au poste de contrôle, et compte tenu de la situation, les miliciens le laisseraient passer. Ses deux pieds dans le bateau, direction Carrogia. Bien sûr, d'autres inquiétudes s'ajoutaient à celles-ci ; mais le manarade était conscient que ce qui était capital, dans l'immédiat, c'était l'instant présent.
Cependant le sort en fut tout autre : la milice manarade qui siégeait sur une des côtes où se trouvait l'un des seuls postes maritimes pour quitter l'île avait été complètement écartée. En effet, les côtes étaient le principal point faible de l'île. Non protégées, elles étaient devenues dans certains cas de véritables quartiers généraux de la criminalité. Arrivé là-bas, Neshan constata vite qu'il n'avait en aucun cas affaire à des miliciens, ni même des contrôleurs, mais bel et bien à des contrebandiers. Ces derniers l'empêchèrent de faire machine arrière et lui promirent de l'emmener à bon port. Mais bien vite, les choses tournèrent au vinaigre : il fut dépêché dans un rafiot appartenant à des esclavagistes. Tout alla si rapidement ; il martelait ses oppresseurs de question, bien que ce transfert se fut sans confrontation physique. Uniquement des cris et des larmes, joints à une amère surprise. D'une hargne sans pareille, des hommes vinrent attacher le jeune homme à l'aide d'une épaisse corde.
Des dizaines d'autres habitants avaient été pris au piège. Au loin, on voyait des miliciens manarades affolés. Ils approchaient, mais hésitaient. Depuis que Lig Ocolide avait coupé la principale ligne de ravitaillement (importe cargaison d'armes et de ressources), Nehevand était devenue vulnérable. Neshan Mihra s'apprêtait alors à être vendu au prix offrant et emmené vers une île dont il n'avait jamais entendu parler, ni même dans ses livres. Un vieil homme, présent sur le rafiot et qui semblait lui aussi avoir été réduit en esclavage, avait brièvement prononcé son nom avant la fin des derniers préparatifs.
"Esperia".
