La Bête d’Irona

De Wiki'speria
Aller à : navigation, rechercher

Préambule

La légende de la Bête d’Irona est populaire auprès des tribus du Kinemaar. Dans la plupart des dialectes kinemaers, on parle de “Oakanirona” plutôt que la formule capitaline.

La légende de la Bête d’Irona prodigue des enseignements cruciaux relatifs à la Kinterïa, la philosophie vaahva qui constate l’équilibre du monde et préconise de le préserver. Elle met en scène la punition de ceux qui abusent des ressources qui les entourent et le pardon de ceux qui l’utilisent à bon escient, même lorsqu’ils bravent les interdits. Elle sert fréquemment à terrifier les enfants qui voudraient profaner les lieux sacrés marqués de runes vaahvas ou gâcher les précieuses ressources de leur tribu.

Récit

Ce conte débute dans un village tranquille du kinemaar. Un village prospère, en plein développement, réunissant des vaahvas robustes de plusieurs tribus courageuses, pieuses et honnêtes. Ce village s’apprêtait à connaître une Nivôse très rude, particulièrement froide.

Pour répondre aux besoins à venir, les bûcherons entamèrent la coupe d’une large partie de la forêt attenante au village. Privée du bois qu’on tirait d’elle pour bâtir ou pour alimenter les feux, des bêtes et des baies qu’on prenait pour nourrir les clans, des plantes qu’on arrachait pour soigner les malades, la forêt exprima bientôt sa souffrance à l’égard de ceux qui la fréquentait le plus : les bûcherons. Alors qu’elle ne se restaurait plus aucunement, ces derniers allèrent trouver plusieurs thralls du village qui interdit formellement que l’on ne prélève quoi que ce soit de ce pan de la forêt.

Les bûcherons partirent couper du bois plus loin, hélas, la Nivôse avait frappé le village et les tempêtes rendaient le chemin pénible et dangereux. Les autres domaines de la forêt étaient notoirement habités par des esprits ou par de terrifiants animaux affamés. Ces voyages vers les lieux de coupe pouvaient durer plusieurs jours et certains y perdaient la vie.

Un jour, un jeune bûcheron refusa de se risquer encore à un tel voyage et il décida d’aller chercher du bois dans la forêt interdite dans le secret le plus total. En dépit de l’interdiction des Sept Déesses et des différents thralls, il profita de l’eau fraîche de la rivière, mangea les rares baies qui avaient résisté au froid, il abattit un arbre et rentra au village, ignorant qu’un pieux vaahva venu se recueillir l’avait observé tout du long.

Les thralls prévenus, les pravadyrs et les anciens furent tous réunis afin de décider du sort qui allait être réservé au jeune bûcheron. Après un court débat, tous s’accordèrent : il serait banni du village pour ne pas attirer la colère des Déesses sur ses semblables. Le bûcheron fut contraint à l’exil mais une tempête l’empêcha de s’aventurer bien loin. Plusieurs trappeurs se virent assigner la mission de veiller à ce que le jeune s’enfonce dans la tempête et ne rebrousse pas chemin.

Quand les trappeurs rentrèrent au village, ils étaient tous terrifiés par ce qu’ils avaient pu observer dans la tempête : apeurés et livides, ils décrivaient une ombre bestiale terrifiante, pourvue de griffes crochues et acérées comme les serres d’un aigle, dotée d’une tête de loup avec des dents pointues et acérées, aussi longues que les défenses d’un sanglier, et d’un corps aussi large et majestueux que celui d’un cerf, tout en étant aussi discret et agile qu’un chat. Cette bête titanesque les avait empêchés de traquer le bûcheron exilé plus loin, car tous les vaahvas alentours avaient dû fuir pour leur vie.

Dans les jours qui suivirent, les vaahvas du village se mirent en quête du bûcheron. Ils cherchèrent d’abord là où ils l’avaient perdu en vain, puis ils se rendirent dans la forêt interdite. Là, ils découvrirent une cabane de fortune à moitié couverte par la neige. Le plus brave des vaahvas entra le premier et il découvrit le cadavre mutilé du bûcheron baignant dans une mare de sang. Ses yeux avaient été crevés, sa mâchoire arrachée de son crâne et ses membres lacérés. Horrifiés par cette découverte, les vaahvas rentrèrent au village et organisèrent une ultime réunion. Les thralls interdirent le glanage, la récolte ou la coupe dans la forêt pour l’éternité pour s’excuser encore une fois auprès des Déesses. Ils marquèrent les arbres de runes vaahvas pour empêcher les voyageurs de demeurer à cet endroit.

Bien des années après, lors d’un chaud Thermidor, un trappeur nomade en voyage dans la région s’arrêta à la rivière pour y boire. Après qu’il se soit désaltérer, la bête apparut à lui pour l’interroger avec tranquillité :

“Voyageur, je suis Irona, l’Ombre de Svartsjö, n’as-tu pas vu les runes qui indiquent ma présence dans cette forêt sacrée ?” lui demanda la bête qui revêtait alors un aspect sage quoique cruel, lassée de tuer ceux qui dérogeaient à la règle depuis des cycles.

“Si Irona, je les ai vues” lui répondit le trappeur.

“Voyageur, n’as-tu pas peur de me déranger, moi qui suis envoyée par les Déesses pour protéger leur sanctuaire ?” reprit la bête.

“Non Irona, maintenant que je n’ai plus soif, que j’ai profité de l’ombre de ces arbres que tu protèges, je vais les protéger avec toi.” répondit le trappeur avec un grand naturel.

La Déesse Svartsjö dont la colère animait la bête fut frappée par son courage comme par son innocence, et bientôt cette rage se dissipa totalement. Le trappeur revint au village accompagné de la créature qui, plutôt que de s’en prendre aux vaahvas, consentit à leur restituer le sanctuaire restauré. Elle permit aux vaahvas du village de recommencer à en profiter mais ils ne le firent pas par prudence et par respect.


Trivia

  • Cette légende a été proposée par Rumi (Code_Wiifi).