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« La dignité est dans la lutte. »


Vous consultez la fiche d'un personnage absent d'Esperia.

     Feu-Follet
Informations RP
Genre
Femme
Année de naissance
Rang
Esclave de







Métier
Métier
Compléments








Origines
Ville d'origine
Région d'origine
Informations HRP
Login Minecraft
Belzarb
Pseudo
Elyrïa
Prénom IRL
Camille
Âge IRL
20 ans





Portrait

  • Prénom : N'ayant jamais rien évoqué sur elle, pas même son extraction, ou son nom, ceux qui l'ont côtoyée ont fini par rendre hommage à sa tignasse rousse en la surnommant Feu-Follet, et plus couramment, Follet. L'ironie du sort a voulu conférer une toute autre dimension à ce nom qu'elle porte néanmoins comme un autre.
  • Nom : Aucun de connu
  • Âge : 28 ans
  • Taille : 1m82
  • Poids : 70 kg


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Le Feu-Follet, du temps où ses charmes suppléaient son rôle de mercenaire.
Origines : Selon toute vraisemblance, la jeune femme serait originaire d'Iona. Des rumeurs courent sur les prémisses de son enfance, qui se seraient déroulés entre les murs de l'abbaye locale. Issue d'une esclave Qadjaride, le prieuré l'aurait pris en charge suite à la vente de sa génitrice à un continental. Elle aurait, au cours de son éducation, entretenu des liens étroits avec sa première tutrice, Ann Ovlaggenau, l'abbus d'Iona. Une éducation austère parmi des gens qui l'étaient tout autant, dont l'enfant se lassa vite. Elle finit par fuir les murs de l'abbaye, égarant son corps et sa raison dans les dédales des bas-quartiers. On raconte que Marvalat l'engloutie sans jamais la recracher. Mais si Follet est au courant de ces rumeurs, elle n'y prête guère attention.


Retracer son histoire devient plus aisé à partir du moment où elle rencontre Jebediah. Cueillie enfant dans le quartier pauvre de Marvalat, à l'image d'une mauvaise herbe sur un tas de purin, la rouquine acheva de grandir sous sa tutelle. D’abord destinée à une utilisation triviale au sein des bordels, la fillette sut se démarquer par son infaillible pugnacité et sa vivacité d’esprit, deux traits qui, au fil des années, lui permirent de conquérir la place de bras droit auprès de l'insulaire. A partir de là, Jebediah lui insuffla le goût de l'ambition et la prétention à un avenir meilleur. Il lui offrit, en outre, la possibilité d'exploiter son penchant pour le maniement des armes. Ses qualités certaines en la matière la prédisposaient à des perspectives plus glorieuses que le simple fait d’ouvrir les cuisses. Troquant en effet volontiers jupons, corsets pigeonnants et tenues seyantes à la faveur de cuirs bouillis, de cotte de mailles ou de harnais bien ajusté, l’impétueuse s'avérait plus douée à recueillir le sang des hommes que leur jouissance. Quelques années plus tard, suite à l'incident qui la laissa mutilée, elle délaissa définitivement son rôle de concubine et se consacra pleinement à son statut de maquerelle et de mercenaire dans le lupanar de Jebediah.

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Période d'errance, avant sa rencontre avec Jebediah.





Croyance : L'abbaye d'Iona est toujours restée farouchement opposée aux chefs de la pègre, ce qui ne l'a jamais encouragée à en franchir les portes. Sauf dans l'anonymat le plus complet. La position de l'insulaire peut sembler ambigüe de prime abord, balançant en réalité entre une espèce d'indifférence amère, inhérente à ceux qui ont connu les désillusions de la misère la plus noire, et une foi inébranlable, quoique discrète. Même si Follet se fie plus volontiers aux valeurs sûres, à l'exemple du tranchant de sa lame ou à la dextérité dont elle fait preuve dans son maniement, Arbitrio demeure un noyau de son existence, autour duquel elle gravite, intimement convaincue qu'il détient la clef de son salut.

Marques distinctives : A l'aube de ses 18 ans, la jeune femme fut marquée par un évènement dont le souvenir reste profondément refoulé, et jamais évoqué. Aujourd'hui encore l'ionnienne arbore les stigmates de l'incident. Le côté droit de son visage, ravagé par les flammes, présente les mêmes balafres sordides que son flanc droit, et le creux de ses reins, consumés au contact de la perversion humaine. Une vieille blessure qui ne manque jamais de susciter son aversion dès lors qu'elle en croise le reflet. Aussi porte-t-elle un masque en cuir la plupart du temps, couvrant la partie altérée de son visage, tandis qu'elle semble s’accommoder du reste.



Compétences


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  • Grille Plume.png Alphabétisation et calcul :

    Follet est capable de lire et écrire -bien que sa calligraphie ne soit pas d'un raffinement exquis, elle écrit lisiblement et sait former des phrases cohérentes. L'éducation qu'elle a reçue l'a également habilitée à manipuler les chiffres, même si elle a toujours considéré le calcul comme une tâche rébarbative.


  • Grille Hache de Guerre Sertie.png Combat :

    Plus qu'un moyen de défense, la faculté à lutter est devenue élémentaire dans son mode de vie. La rouquine n'a jamais eu de nature violente ou sanguinaire, seulement des prédispositions pour le maniement des armes, et la pègre de Marvalat n'a pas été suffisamment bête pour s'en priver. Le Feu-Follet a rapidement bénéficié d'entraînements, suivant un long cursus d'apprentissage auprès d'individus qualifiés. Elle a su tirer parti de sa solide constitution, qui, si elle l'handicapait pour minauder son rôle de concubine, servait au contraire ses prétentions à la victoire lors de duels. La jeune femme jouit à présent d'une expérience honorable dans le domaine. Elle ne surpassera peut-être pas les meilleurs, mais avec du travail et de la persévérance, il se pourrait qu'elle les égale un jour.

    Malgré son goût pour les armes contondantes, elle n'excelle jamais autant qu'avec une lame entre les mains, si possible à double tranchants.

Maîtrise de l'épée : normal. Maîtrise de la dague: amateur.


  • Grille Vieille Botte.png Endurance :

    Fournir des efforts sur le long terme ne l'effraie pas. Pas plus que d'exhaler l'odeur rance de la transpiration. L'ionnienne est en mesure de soutenir la cadence endiablée d'un combat jusqu'à son dénouement.


  • Comp Agilite.png Agilité (majeure) :

    Mobile sur ses jambes et prompte à réagir, la rouquine a parfois des allures de grand fauve. Ses réflexes et sa souplesse en font une cible particulièrement véloce. Et fourbe.


  • Grille Feu.png Force (mineure) :

    Sans pouvoir rivaliser avec des hommes de taille ou de conformation égales, Follet jouit d'une force supérieure à la moyenne. Une force qui appuie et accompagne chacun de ses coups.



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La flamboyante rousse est une amatrice de bonnes pintes, et de manière générale, de tout alcool qui s'ingurgite.



Possessions

Divers

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L'objet fétiche du Feu-Follet.




Masque en cuir : Follet s'en sépare peu car elle le revêt de manière presque systématique en extérieur. Ce n'est pas par pudeur, seulement par confort que la rouquine cache les traits altérés de son visage sous un masque. La curiosité morbide des badauds se fait ainsi moins pressante, et si elle endure malgré tout les regards indiscrets, ce n'est en rien comparable à la chaleur du malaise qu'elle ressent lorsqu'on scrute les vestiges de son profil nu. En outre, croiser le reflet de ce visage qui ne lui appartient plus lui évoque des souvenirs qu'elle préfère abandonner à l'oubli.






Époque de l'Ancien Monde.



Chambre du Feu-Follet



Chambrefollet.jpg



La peau pâle, quoique encrassée par la misère de son existence, elle avait les lèvres pleines, vermeilles, aux courbes travaillées par une candeur sensuelle. Elle portait encore sur son visage le masque ingénu de l'innocence à peine écorchée. La qualifier d'enfant aurait été juste, mais puisqu'elle n'allait plus jamais être traitée comme telle, pourquoi s'en embarrasser ? Elle ne devait pas avoir plus de 12 ou 13 ans. Les paillettes cuivrées de son regard perdirent de leur éclat lorsque l'imposante rouquine se pencha sur elle, d'autant plus intimidante qu'elle portait un masque de cuir lui dévorant la moitié du visage. Follet considéra l'angoisse au fond des prunelles agrandies de terreur avec un mépris mêlé de réticence. Un geste sec, mais dépourvu d'hostilité, vint rabattre les mèches sales sur les pourtours de son visage rond. Comme ses doigts restaient empêtrés dedans, elle soupira à la perspective d'y remettre un peu d'ordre.


" Laisse-toi faire."


La rouquine trouva une chaise branlante, s'installa, la fille sur les genoux, puis brandissant son canif, s'improvisa barbier en taillant dans la masse de l'épaisse tignasse blonde, sans réellement se préoccuper d'un quelconque aspect esthétique. L'orpheline demeurait figée, ses doigts rigides recourbés sur ses cuisses comme dix petits bâtons froids. Respirait-elle seulement ? Son corps juvénile était parcouru de tremblements discrets.


" Ici comme ailleurs, tu ne seras pas heureuse, " commença posément Follet, rôdée par son expérience.


Sa vocation n'avait jamais été d'être tendre, ni de prendre des pincettes. Elle ne voulait pas mentir à cette gamine, pas plus qu'elle ne voulait rajouter à son dénuement.


" Mais ici, tu mangeras à ta faim. Tu auras un toit, et si tu remplis ta part du contrat, tu n'auras à craindre personne. C'est différent de la rue. Vois ça comme une chance. "


Des paquets de cheveux dégringolaient comme des épis de blé trop mûrs sur les frêles épaules. A ses reniflements fréquents, elle devina le torrent de larmes qui ravinait la saleté de ses joues rondes en y creusant des sillons humides. Elle la laissa pleurer tout son soûl, tandis qu'il lui semblait avoir le même goût de sel sur les lèvres, celui de ses propres pleurs, bien des années auparavant. Une sensation gênante qui occasionna un de ses froncements de sourcils bousculant l'harmonie de son visage à moitié voilé. La jeune femme lui aurait bien inculqué quelques règles de base, là tout de suite, mais la détresse de l'enfant était si palpable qu'elle ne pouvait pas seulement se borner à l'ignorer. Dans son état, ce serait contre-productif. Pour l'avoir elle-même vécu, elle savait que tout ce qu'elle lui dirait se disperserait aussitôt aux quatre coins de la chambre -comme la poussière qui s'accumulait, sans espoir qu'elle en retire le moindre bénéfice. En outre, ses dernières paroles avaient probablement contribué à alimenter son désarroi. Elle s'y prenait comme un manche.


" Là. Voyons ça. "


La saisissant par les épaules pour la remettre sur pieds, elle la souleva d'un mouvement vif, avec autant d'aisance que s'il avait s'agit d'un sac de plumes. Effectivement, sa figure ravagée par les larmes incarnait à la perfection l'image de la détresse la plus indécente. Le rendu de son opération ne la satisfaisant que très modérément, Follet camoufla le désastre -le sien, indubitablement, en ébouriffant négligemment les épis restant. Son allure dubitative dû néanmoins alerter la fillette, car cette dernière palpa avec précaution les vestiges de sa tête blonde. Les sanglots succédèrent à son air interdit, lourds de désespoir humide, et Follet, assiégée par la consternation, se leva en emportant la braillarde sous le bras.


" Allons-y, fillette. On va descendre voir les autres. "


Mais la gamine gesticulait si bien et si fort qu'elle fut tentée de la lâcher dans les escaliers qu'elles empruntèrent toutes deux. Un soupçon de sang-froid et l'ombre d'une compassion sobre et austère la convainquirent cependant d'endurer ses ruades -au moins jusqu'au palier. Le lupanar connaissait l'un de ses rares jours de repos, et la fébrile exaltation qu'il abritait d'habitude s'était mué en une quiétude somnolente, parfois ponctué par les cavalcades turbulentes le long des couloirs, les rires ou les disputes bruyantes des filles. Follet en intercepta une par le bras, et sans s'attarder sur son expression déroutée, lui présenta la pleurnicharde dont les larmes ne s'étaient pas encore taries.


" Elle est arrivée aujourd'hui. Rends-la présentable, nourris-la. Ensuite trouve-lui une chambre où passer la nuit. "


Ameline considéra son nouveau fardeau avec une moue rétive, à laquelle Follet riposta par une injonction sommaire :


" T'es responsable. "


Le regard céruléen confronta les nuances de nacre verte d'Ameline et de ses deux émeraudes taillées en amande. Ces dernières luisaient d'une amertume plutôt douce qu'amère tandis qu'elles soutenaient la houle impétueuse dans les prunelles de sa maîtresse. Follet avait elle-même recueilli l'adolescente, quelques années auparavant, pour la former à l'art de l'amour. La jolie brune lui avait renvoyé son propre reflet à âge égal. Sa nature indomptée ne s'était assouplie qu'au travers du climat de confiance qui avait fini par s'instaurer entre elles. Introduire de la souplesse dans son tempérament avait constitué un défi qu'elle s'était fait un devoir de relever. Car ici ceux qui ne pliaient pas finissaient brisés. L'indécision de la catin fit rapidement place à la résignation. Elle détourna les yeux, hocha la tête puis emprisonna la main de la blondinette dans la sienne.


" Elle a un nom ? "


La rouquine jaugea la concernée avec incertitude, pensive. La petite va-nu-pieds avait baissé la tête pour cacher son visage larmoyant et échapper aux regards inquisiteurs. Elle accompagna sa réponse d'un haussement d'épaules laconique :


" Trouve-lui en un. Fais-lui comprendre qu'ici, elle entame une nouvelle vie. "


Ameline retroussa ses lèvres sur un sourire mutin. Son interlocutrice devina ses intentions avant même qu'elle ait esquissé le moindre mouvement. Elle pouvait lire dans son regard, aussi clairement que dans un ouvrage. Elle la connaissait par cœur. Se grandissant sur la pointe des pieds, l'affriolante garce déposa un chaste baiser sur la bouche de la maquerelle, laquelle cilla à peine, d'un clignement d'yeux un rien réprobateur, avant que la jeune effrontée ne s'éloigne d'un pas délié en emportant la fillette à sa suite. Elle distillait un imperceptible arôme de jasmin dans son sillage. Le parfum coûtait cher. Probablement importé de Tenence, celui-ci devait être l'onéreux présent d'un de ses clients. La charmante putain possédait sa propre chambre, et n'accueillait dans sa couche que les mieux lotis du quartier. Elle avait su tirer son épingle du jeu dans cet univers, jusqu'à décrocher le ravissant sobriquet d'Ameline la Concubine.


Follet croisa les bras en s'attardant sur la menue silhouette de la gamine, laquelle ne tarda pas à disparaître au bout du couloir, désert à présent. Puis elle modula son souffle pour s'adresser aux murs du lupanars, murmurant :


" Tout le monde n'est pas fait pour avoir un surnom comme le tien, Ameline. "

Lupanar de Marvalat



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Les colonnes de pierre grise ployaient sous le fardeau de leur histoire. Elles évoquaient quelques vieilles dames voûtées par le poids d’une vie trop longue. Leurs ombres séculaires s’étiraient sans limite sur les vestiges d’une civilisation engloutie par un flot de verdure inextricable. Une masse sombre, vivante, paraissait profiter de la fraîcheur toute relative des ruines, campée sur ses deux jambes, prisonnière d'une posture hiératique, les épaules voûtées vers le sol, tremblante et douloureuse. Sa respiration rauque suffisait à combler la niche poreuse dans laquelle elle avait trouvé refuge, son souffle se muait en ronflement guttural et soulevait des auréoles de poussière la nimbant de particules éparses. La silhouette balança sa lourde tête de droite à gauche, mollement, dans un mouvement de balancier métronomique. La roche lézardée et sans âge des décombres se couvrit aussitôt d’éclaboussures étincelantes. Des perles de sang pourpres irriguèrent paresseusement les crevasses, pareilles à des canaux sanguinolents, empruntant l’itinéraire des veines autrefois largement abreuvées de l’autel.


L'humanoïde déchira finalement le rideau d’ombre. Sa tête monstrueuse s’exposa en première à la lumière accablante du soleil, puis son cou nu et ses larges épaules. Le dehors l’enveloppa brutalement, l’aspira tout entier dans son aveuglante luminosité, jusqu’à brûler sa rétine. L’épiderme de la créature frémit douloureusement. Son corps à vif souffrait l’incendie du jour qui l’accouchait. De nouveau, elle secoua son crâne grésillant pour en chasser le bourdonnement désagréable, avec violence cette-fois. Sa mâchoire claqua sèchement dans le vide, tentative vaine pour happer et déchirer l’élancement dans sa chair corrompue. L'irritation de la chose était perceptible jusque dans les palpitations spasmodiques de ses muscles, lesquels s’exhibaient en tas de viande informes ici et là, nerveux et luisants comme un nid de serpents rouges.


De larges cloques purulentes enflaient sur son corps et son visage devenus grotesques. Sa peau cuisait, rôtissait au soleil en dégageant une abominable odeur de chair brûlée. Son crâne n'était plus qu'une coquille fissurée prête à laisser crever le débordement de l'intolérable douleur qui battait à ses tempes. Ivre de souffrance, un élan violent lui fit rejeter la tête en arrière. Le craquement des vertèbres succéda au chuintement écœurant des orbites qui éclatèrent dans une gerbe de tisons brûlants. Des lambeaux de peau se flétrirent, carbonisés par l'éclat incandescent du soleil, avant de se détacher de la carcasse, dénudant le cartilage noirci des pommettes. Deux grosses larmes gélatineuses, vestiges de ses prunelles, dévalèrent la cambrure des joues avec l'indolence de deux mollusques, une traînée visqueuse dans leur sillage. L’agonisante laboura les ruines de sa figure à peine humaine, les doigts recourbés, pareils à des serres. Sa bouche étirée en un rictus hideux, et ses lèvres boursouflées ouvertes sur un silence indicible, ne parvenant pas à faire jaillir de hurlements, se tordaient de manière inhumaine. Le cri restait coincé dans sa gorge. Et elle brûlait. Vive.


Follet ouvrit brutalement les yeux, l'esprit grésillant, comme si les dernières étincelles d'un fabuleux brasier finissaient de crépiter dans l'habitacle de ses pensées, probablement asphyxiées par les soubresauts de sa conscience. Elle effleura prudemment le côté droit de son visage, en sueur. Sous ses doigts, elle sentit l'aspect sinueux de la brûlure qui lui dévorait la moitié de la figure depuis plus d'une décennie, puis s'étendait sur son cou en une marque sombre, tortueuse, et se propageait comme une gangrène sur son flanc droit, pour s’achever au creux des reins, sculptés par de terrifiants stigmates. Une blessure qui irradiait toujours le même malaise, un malaise aussi diffus qu’était perceptible le feu de la douleur rampant encore sous sa peau.


" Foutus rêves à la con... "


Le lit grinça lorsqu'elle se propulsa hors de ses limites, jetant ses pieds nus à la rencontre du plancher. Elle rafla la broigne en cuir clouté gisant sur le dossier d'une chaise et l'enfila à la hâte, couvrant les ruines désolantes de son corps mutilé. Ses deux pieds investirent les bottes abandonnées au pied du sommier et elle boucla sa ceinture d'arme autour de la taille, par-dessus son pantalon en laine. Ses hanches furent aussitôt lestées par le poids d'une épée bâtarde et d'un fléau de petit gabarit, achevé par deux goupillons sphériques hérissés de pointes en métal, battant mollement sa cuisse. Elle paracheva son équipement en glissant une dague contre sa cheville, sous le cuir épais de la botte, tandis que la réminiscence de son mauvais rêve s'estompait.


Des étages inférieurs montait l'émoi du lupanar. Des échos de rires, de chaises raclant le plancher, de querelles avinées, de gémissements lascifs et de dés jetés sur les plateaux de jeux composaient la rumeur de cette effervescence fiévreuse qui s'infiltrait entre chaque planche de sa chambre miteuse, jusqu'à l'investir complètement, semblable à une rengaine. Le Feu-Follet se pencha au-dessus de la cuvette d'eau pour se débarbouiller. Elle s'ébroua, puis s'épongea négligemment le front, avant de saisir son masque, une pièce de cuir grossière faîte sur-mesure, soustrayant la partie altérée de son visage aux regards scrutateurs. Elle s'en coiffa avant d'abandonner la pièce à son austérité. Ses semelles martelèrent les marches à une cadence soutenue, jusqu'à ce que ses pas soient amortis par le tapis du couloir. Une vieille carpette usée jusqu'à la corde, au motif si délavé qu'il en devenait indéchiffrable. La démarche de la rouquine aurait pu être feutrée si elle n'avait pas été pas si empreinte de fermeté et d'assurance, car ici, elle faisait autorité.


Une suite de portes consécutives jalonnait le corridor. Celles qui demeuraient ouvertes offraient le spectacle réjouissant de corps suants, ahanants, aux muscles saillants, à la bedaine ou aux mamelles ballotantes, dans des mises en scène aux positions variées. Un concert de sons étouffés courait contre les murs, des grognements rauques soutirés par les efforts, aux glapissements aigus, parfois éraillés de la jouissance - lorsqu'ils n'étaient pas éclipsés par le martèlement incessant des allées et venues, le grincement des sommiers éprouvés par les ébats, les rires gras des hommes repus ou par les altercations des plus éméchés d'entre eux. Outre l'entêtante odeur d'alcool et d'urine flottant dans les couloirs, celle du sexe se faisait encore plus capiteuse, allant jusqu’à imprégner ses locataires. Dès lors qu'on franchissait le seuil, le relent saisissait la gorge de ses doigts libidineux et excitait les sens d'une manière étourdissante. L'esprit grisé s'enivrait, aussi sûrement qu'avec la boisson.


Follet s'arrêta devant une porte close. De derrière le battant s'échappaient les plaintes étranglées d'une pute qu'on besognait. Ici plus qu'ailleurs, les hommes renouaient avec leurs instincts primaires qu'excitaient les locataires de ces murs. Soudain un hurlement, déchirant, se répandit dans la maison, témoignant d'une détresse et d'une douleur à la frontière de l'hystérie. L'émoi du lupanar se suspendit, troublé. Un instant, fugace, le Feu-Follet retint son souffle -avant de se ruer vers l'origine de l'appel. Le cri, bien que dénaturé, ne pouvait qu'appartenir à Ameline. Sa chambre se trouvait au bout du couloir, là où les privilèges se faisaient plus nombreux et le milieu moins malsain, les incidents plus rares. En théorie, du moins.


La silhouette d'un homme encapuchonné campait devant de sa porte. Ou plutôt -montait la garde. Grand et lourd. Austère. Une barbe fournie noyait sa mâchoire carrée. L'ombre de son regard luisit d'un miroitement pernicieux à son approche. Son allure belliqueuse conféra un frisson d'adrénaline à la jeune femme qui décrocha son fléau, armant sa main droite.


" Et v'là l'pute d'Jebediah qui r'mène s'gueule d'merde ! L'en a mis d'temps ! "


Rire grinçant. Rangée de dents jaunes et carnassières. Le moignon de son auriculaire gauche frétillait comme un asticot au bout de sa phalange tandis qu'il s'esclaffait. Des cris répliquèrent de derrière la porte d'Ameline, succédés par les ricanements graveleux d'au moins deux autres gaillards. Elle perçut également les sanglots d'une fillette, presque submergés par les protestations torturées de la catin. Elle comprit qu'il ne servirait à rien de raisonner ou de négocier. Ces types n'étaient pas ici par hasard. Ils connaissaient Jebediah, la connaissaient elle, et Ameline, la favorite de la maison. L'imposante rouquine se focalisa sur l'homme avec une acuité démultipliée. Il écarta les pans de son manteau pour dégainer sa flamberge dont il lui présenta la tête effilée.


" Viens t'embroch' là-d'sus, salope ! ", vociféra sa voix rocailleuse, acérée comme le fil de sa lame.


Sa main droite arborait la marque de la petite pègre de Marvalat. Grossièrement esquissée, une ancre surmontée d'un soleil noir à six branches s'étendait sur le dos de sa main et attestait son appartenance à une famille tributaire de Lertefroy. Une faction à l'influence montante dans le quartier, réputée pour ses expéditions punitives particulièrement sanglantes, mais à l'autorité contestée par d'autres groupuscules. Tenanciers de leurs propres bordels pour le compte du puissant garantier du commerce de la Belle-Iona, ils rentraient régulièrement en confrontation avec leur commerce -mais jamais à travers des démonstrations aussi risquées jusqu'à maintenant.


Follet prit une profonde inspiration. Ses doigts se soudèrent d'eux-même autour du manche ciselé. L'arme lui était familière. Son maniement également. Elle fit s'entrechoquer les deux goupillons avec fracas, provoquant chez son rival l'ombre d'une hésitation, bientôt estompée par sa soif de vaincre. L'air vibra lorsqu'il s'élança en rugissant, flamberge en avant, prête à la transpercer de part en part. Mais ce que le fléau perdait en précision, il le gagnait en portée. Une rotation vive et fluide du poignet fit tournoyer ses masses qui fusèrent à la rencontre de l'assaillant. Trop tard pour esquiver. Un craquement lugubre retentit, et sa mâchoire fut pulvérisée sous la violence du choc. Des éclats de dents et d'os s'éparpillèrent alors que son corps désarticulé s'écrasait lamentablement, le crâne défoncé par la seconde sphère, solidement fichée dans sa boîte crânienne. La guerrière s'autorisa à se désolidariser de l'arme en la laissant rejoindre le plancher dans un bruit sourd qui fit sursauter l'assistance.


" La salope t'a baisé, " persifla-t-elle en le dépassant, humectant la commissure de ses lèvres.


Elle enjamba le cadavre, et sans perdre de son sang froid malgré les échos abjects qui lui parvenaient de la chambre, empoigna fermement la garde de son épée bâtarde. Elle s'en aida pour briser la serrure du battant, lequel s'ouvrit à la volée, exhibant le corps nu et molesté d'Ameline, étendue sur les draps souillés de son lit. Défiguré par les larmes, son joli minois se leva vers elle.


" F-FOLLET ! "


Le cri jaillit douloureusement de sa poitrine. Un des mercenaires cramponnait furieusement sa tignasse pour exposer sa gorge, palpitante et luisante de sueur, au tranchant de son poignard. L'autre se démenait avec son pantalon, cherchant visiblement à le remonter sur sa virilité pendante, laissant libre cours à un flot de jurons.


" T'bouges l'rouquine, et j'tranche c'te truie ! T'compris ?! 'lors lâche ton arme ! "


Le Feu-Follet localisa la gamine, recroquevillée dans un coin de la pièce, pareille à un petit animal terrorisé. Elle ne portait pas de traces de violence apparentes. Comment savoir ce qu'elle avait pu subir ? Aussi discrète qu'une ombre, elle se faufila à l'extérieur de la pièce. La combattante se redressa, inspira, lentement, posément, avant de toiser l'homme.


" Cet endroit pullule de catins. Son sort m'importe bien moins que le vôtre. Parce que vous... "


Lentement, son bras se leva pour les désigner de la pointe du glaive, ses lèvres ornementées d'un petit sourire courtois.


" Vous êtes les deux seuls connards sur ma liste. "


Là-dessus, elle rassembla ses forces pour projeter l'épée bâtarde sur le mercenaire le plus éloigné. Encore entravé par son pantalon, mais mue par un réflexe instinctif, il la réceptionna maladroitement au vol, manquant de se blesser sur le fil. Toutefois le poids de la lame, combiné à son élan, lui fit perdre l'équilibre, et il trébucha en arrière, se mettant à la merci de l'impétueuse. Mais cette dernière fondait déjà sur l'autre, pressée de saisir son arme et de tenter de libérer Ameline, qui se tortillait avec la force du désespoir. Le type luttait également. Ses doigts rigides s'efforçaient de retenir le couteau qui planait comme une promesse de mort au-dessus de la gorge de la Concubine. Les souffles se confondaient dans un même effort.


" BORDEL ! VIRE MOI C'TE GARCE ! " grogna l'homme, muscles bandés.


Un mouvement, derrière, fit frissonner le Feu-Follet. Elle entendit le plancher craquer, puis le crissement d'une lame qu'on dégaine. S'était-elle déjà sentie si vulnérable ? Ameline, qui pouvait voir la menace se profiler dans le dos de son amie, la contempla, avant de sombrer dans l'océan de son regard, éperdue. Elle ne pourrait pas à la fois sauver sa vie et la sienne.


Le fauve roux remonta son genou gauche sur le lit pour mettre l'ourlet de sa botte à la portée d'Ameline. Ses deux mains retenaient toujours celle du mercenaire, dont la force menaçait à tout moment de submerger la sienne. Son pied, surélevé, entama dangereusement son équilibre.


" Prends-la ! VITE ! "


Ameline compris. L'instant d'après, elle empoignait le poignard dissimulé dans la fourrure de la botte et le logeait dans la tempe de son geôlier, se libérant du même coup. Enfin, comme la vie l'abandonnait, le poignard du gisant glissa dans la main de Follet. Aussitôt, elle fit volte-face, prête à affronter la menace... et vit s'abattre l'épée sur elle.


Alarmés par le remue-ménage, d'autres individus avaient investi la chambre. Seule la poigne salvatrice de Jebediah défendit sa protégée du coup létal. Le lascar s'en retrouva si contrarié qu'il balança néanmoins son pied à la figure de sa cible, dont le nez s'écrasa sous l'impulsion de sa semelle, émettant un craquement sinistre. Rejetant la tête en arrière sous la violence de l'impact, Follet jura. Un voile rouge tomba devant son regard. Le goût du sang envahit sa bouche, rajoutant à sa frustration, supplantant la souffrance pour ne faire subsister qu'un violent vertige. Lorsqu'elle reposa les yeux sur sur son assaillant, la haine rehaussait l'éclat sombre de ses prunelles, alimentée par la douleur sourde qui irradiait son visage. Son tuteur réfréna néanmoins ses velléités belliqueuses d'un signe apaisant de la tête.


" Eh là, l'ami, " claironna Jebediah d'une voix trop affable pour être sincère.


Sa main broyait tant la sienne qu'il finit par le désarmer.


" As-tu de quoi payer ma marchandise ? "


La rouquine essuya son museau ensanglanté d'un revers de main vif. Dans son dos, Ameline surveillait la scène, bientôt rejointe par d'autres filles qui entreprirent de la couvrir de réconfort. Pour sa part, elle tenait fermement la dague, objet de sa revanche, sans quitter le gaillard des yeux. La féline consulta finalement le maître des lieux, qui, d'un simple coup d’œil, approuva ses intentions. Un léger sourire s'épanouit dès lors sur le visage de la femme.


" Tenez-le. Je sais où il cache ses bourses, " lâcha-t-elle d'un air détaché, non sans savourer l'expression interloquée du bougre.


Et par le plus délicieux des hasards, comme elle approchait d'un pas où se percevait l'inéluctable, son pantalon, mal ficelé, tomba à nouveau à ses chevilles.

Port d'Iona



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Les docks constituaient les tribunes idéales pour surplomber le dépotoir de la ville. Tout ce que l'île rejetait, l'océan le charriait invariablement sur la plage. Le vrai visage d'Iona se déployait ainsi sur toute l'étendue de la grève, toujours terne et navrante sous le ciel de plomb. Excepté durant les premières lueurs du jour.


Les flots ondulaient lascivement en ondes pourpres, caressés par la moiteur de l’aube. Et comme le jour pointait en jetant ses feux sur le miroir lisse de l’océan, il soulevait de la berge l’odeur acre et pestilentielle de la viande avariée. Les cadavres pourrissants de la vermine, disséminés sur la plage comme autant de coquelicots empourprés dans un champ de fleurs étaient, à n’en pas douter, l’origine de la puanteur. Leur décomposition s’accélérait à cause du ressac de la mer qui attirait à elle les corps sans vie : une ultime étreinte de la terre qui les avait vus naître puis mourir. Parmi eux, la dépouille d’un grand cabot noir gisait, rongée par une maladie corrosive et contagieuse. Son regard vide s’ouvrait sur un ciel déjà couvert. Parfois, l’ombre d’une aile obscurcissait le blanc livide de son œil. Bientôt le flanc du macchabée accueillit deux volatiles à l’appétit vorace. Le clapet du premier plongea instantanément entre ses reins, fouilla longuement la chair morte avant d’en extirper son butin. L’autre tira sur un lambeau aux ligaments souples, le décolla sans mal du cartilage, un peu à la manière d’une pièce décousue. Déjà, de nouveaux charognards se joignaient au festin et se disputaient les meilleurs morceaux, secouant l’enveloppe du défunt animal de sursauts spasmodiques. Marvalat se rapportait peu ou prou au tableau, car ses méandres recelaient les mêmes vermines se régalant de l'indigence et des tribulations funestes de ses habitants.


" R'garde, c'clebs là va pas tarder à cr'ver. "


Éraflée par le sel de la mer, la voix appartenait à un matelot probablement étranger au spectacle désolant de la plage d'Iona, suffisamment pour qu'il s'en ébaubisse. Follet demeura accoudée au parapet et scruta la face burinée du marin, façonnée par les embruns du grand large, avant de suivre l'orientation de son regard. Un roquet famélique avançait en effet en longeant la frontière entre terre et mer, les oreilles basses, les babines enduites d’une écume métissée de sang frais, sans humeur ni pensées distinctes. Le bout de sa queue trainait négligemment dans l’eau salée. Les empreintes mouillées de la bête s’effaçaient au passage de la houle qui s’échouait sur la plage en bras bouillonnant. Le bruit du ressac couvrait le crissement de ses pas, régulés par les prémisses de son agonie. C’était un ronronnement sourd, un murmure ouaté dans lequel l’âme périssable se plaisait à se laisser envelopper puis bercer avec quiétude. Mais la brise qui colportait la puanteur du rivage ancrait solidement l'âme du rêveur dans la réalité morbide où les restes des gisants se mélangeaient avec les coquillages polis de l’océan.


" Comme nous tous, " répliqua une voix intérieure, étouffée par un excès de retenue, ou peut-être de pudeur.


Et sans se résoudre à le formuler tout haut, le Feu-Follet se détacha du muret, peu désireuse d'offrir au loup de mer une occasion de la questionner sur le masque de cuir épousant ses traits. Elle contempla les voiles blanches du vaisseau sur lequel elle embarqua. Leur ondoiement conférait de l'ampleur mais aussi de la grâce au navire en claquant dans le vent.


" Tu es certaine de ton choix ? Parce que je suis sûr du mien. "


Jebediah la considérait avec sérieux, adossé contre le bastingage, manifestement prêt à entamer le voyage vers le Nouveau Monde. Il ne lui avait jamais demandé de l'accompagner, pas plus qu'il ne lui avait exposé ses motivations. Pourtant, elle était là, sur le pont de La Filante, seulement armée de résolutions. Sa réponse retentit, vibrante d'opiniâtreté :


" Rien ne me retient ici. Si j'ai vécu dans ce trou, c'est que vous y étiez. Vous partez, je pars aussi. "


Un accord tacite passa entre eux. Jebediah se retira, et avant de rejoindre à son tour les cales, Follet attarda longuement son regard sur les hauteurs des falaises où se découpaient les cimes déchiquetées de l'abbaye, à laquelle elle adressa une prière silencieuse :


Puisse Arbitrio m'attendre sur le prochain rivage.