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Version du 3 avril 2013 à 15:08
Sommaire
Elyrïa
Portrait
- Prénom : Elyrïa
- Nom : Elle porte le même nom que Sheolh, son père adoptif à Esperia.
- Âge : 23 ans
- Taille : 1m68
- Poids : 51 kg
La rupture avec sa communauté fut brutale et définitive. Elle survint à ses 15 ans. Considérant avoir été trahie par sa propre famille, abandonnée aux mains peu scrupuleuses d’esclavagistes au cours d’un assaut violent, elle n’a jamais cherché à les retrouver et depuis rien que l’évocation de son existence d’antan attise chez elle un sentiment de rancœur. Son arrivée à la Capitale en tant qu’esclave du savant Dogmalion a marqué la fin d’une vie, et le début d’une nouvelle.
- Croyance : La jeune femme a pratiqué les rites Qadjarides du temps où elle cohabitait avec son groupe –jusqu’à ses 15 ans. Elle est caractérisée par les superstitions propres à son peuple. Contrainte de s’adapter à sa nouvelle vie à la Capitale par la suite, elle a laissé les rituels et les traditions de côté, sans toutefois renier ses racines ni ses convictions profondes. Elle a du apprendre à composer avec ses croyances et celles plus répandues de l’Arbitrio. Du reste, les investigations de Sire Dogmalion sur le Ouandaï a suscité un vif intérêt chez la belle. Depuis qu’elle les a découvertes à travers les notes rédigées par son tuteur, Elyrïa alimente une fascination secrète pour ces pratiques ancestrales et taboues.
Marques distinctives : Elyrïa arbore un mystérieux tatouage sur l’épaule droite, dissimulé sous son épaisse crinière sombre. Elle n’en a jamais livré la signification. Là où le néophyte n’y verra qu’une marque quelconque, un œil avisé saura néanmoins y reconnaître un symbole Ouandaï.
Une brûlure s’étend à l’intérieur de sa cuisse, sur la jambe gauche, d’une forme allongée. Plutôt discrète, elle se devine davantage au toucher, à cause de son aspect gondolé. Elle résulte d’un interrogatoire musclé mené par Davos Blake, le Commandeur de la garde. Elle n’oubliera jamais la douleur aigüe qui a irradié son corps lorsque la lame chauffée à blanc a consumé sa chair. Ni l’aversion qu’elle a depuis conservée envers la « justice » de cette ville.
Son bras droit, du coude au poignet, est enfermé dans un brassard de cuir rouge. Elyrïa masque l’inscription « CRIMINELLE » gravée dans sa chair au couteau, de la main d'un des gardes, lors de son incursion au bagne. Cette cicatrice alimente chaque jour sa rancune envers les représentants de l’autorité. Elle lui rappelle ce qu’elle a enduré, sans justifications valables, à ses yeux.
Fichier:Ely7.jpg
Compétences
- Alphabétisation et calcul : Sa caravane lui a appris à lire et à compter. Mais ce n’est qu’une fois auprès de son tuteur qu’elle a consolidé ses bases de lecture et de calcul.
- Connaissance de la flore : Grâce à ses voyages et à son expérience de nomade, Elyrïa connait le secret des plantes, les vices et les vertus qu’elles renferment. Elles lui ont toujours été très utiles à la confection de remèdes ou de potions.
- Alchimie : De tout temps la belle s’est intéressée aux mélanges et aux expérimentations qu’elle pouvait effectuer avec ce qu’elle avait sous la main, malgré la précarité de sa situation. Elle sait notamment préparer des onguents et des breuvages curatifs, plus ou moins efficaces. Mais son domaine de prédilection se trouve ailleurs...
- Connaissances scientifiques : On ne passe pas près d’une décennie aux côtés d’un éminent médecin sans en tirer certaines conclusions. La belle a accumulé de nombreuses connaissances en anatomie, tout en acquérant un réel savoir-faire pour soigner et panser toutes sortes de plaies, ou pour venir à bout des fièvres les plus brûlantes. Cela a profité à ses talents de guérisseuse et à l’élaboration de ses compositions. Elle pratique également les massages, où se conjuguent son savoir anatomique et son expérience de courtisane.
- Agilité :
Souplesse et vélocité : La jeune femme est dotée d’un corps souple et alerte, taillé par son existence de bohémienne. Elle grimpe, glisse et se faufile n’importe où, avec l’aisance d’un chat, tout en se montrant particulièrement insaisissable face à des assaillants.
Grâce et finesse : C’est ce qui lui permet de se déhancher avec autant d'adresse quand elle danse, un art qu'elle maîtrise bien, mais qu'elle exploite rarement en public depuis son déchirement avec sa communauté Qadjaride.
Main leste : Plus jeune, la sauvageonne saisissait les occasions qui se présentaient en ville pour aiguiser ses réflexes de pickpocket et délester les badauds inattentifs de leur bourse. Voler à la tire est un exercice dans lequel elle excelle.
Possessions
Divers
Cartes divinatoires : La jeune femme pratique régulièrement la cartomancie, qui s’apparente à un art de la divination, pour y trouver des réponses, ou en donner. Plusieurs de ses présages se sont révélés justes -souvent funestes. Elle ne quitte jamais son jeu de cartes, lequel reste soigneusement lové dans son corsage. Il lui vient de l'Ancien Monde, du temps de son existence de nomade.
Masque de bal : Spécialement confectionné par Amorce pour la sulfureuse Qadjaride, en l'honneur du bal de Thermidor. Elle le garde de côté, aimant se prêter au jeu des rendez-vous masqués.
Brassard en cuir rouge : La pièce est faite sur mesure, par les soins de Rayley, un vieux tanneur. A la fois robuste et souple, le cuir lui assure résistance et confort. Il est frappé de l'emblème d'un oiseau, l'expression de l'affranchissement par excellence. Le brassard enveloppe soigneusement son avant-bras droit et ne le quitte jamais. La belle veille en effet à ce que l'inscription infamante gravée dans sa chair, à l'intérieur de son bras, soit toujours camouflée.
Bijoux
30pxAnneau d'or : La bague orne le pouce de sa main droite en accaparant les rayons du soleil. Elle lui vient de Peredïn. L'écumeur est aujourd'hui mort et la belle s'interroge encore sur la nature de cet homme perturbé.
Pendentif en diamant : Elassar Vestrit lui a fait don de ce pendentif un jour de Thermidor. Un diamant aux reflets moirés se balance au bout, dont elle ignore l'origine. La pierre est finement taillée et présente de nombreuses facettes lisses et chatoyantes. Elle orne discrètement son cou, car le plus souvent le joyau est lové entre ses seins.
Griffe de loup : Le présent accompagnait un mot mystérieux, qui a su capter son intérêt. Depuis, elle le garde autour de son cou, comme le témoignage silencieux de sa réponse. Elle affectionne ce symbole fort, lié à la nature sauvage, dont elle est elle-même issue.
Bracelet en os sculpté : Façonné par Fenrir Domanilion, il est gravé d'urnes aux propriétés inconnues de la jeune femme. L'homme semble sensible au fait qu'elle le porte ou non. Elle l'exhibe attaché à un lacet de cuir noué autour de son poignet gauche.
Pendentif en argent incrusté d’un miroir : Cette pièce d’orfèvrerie constitue le témoignage matériel de l’affection de Sire Baldeaur pour la brunette. Touchée par l’amour sincère dont il la drape, elle le quitte le moins possible. Son reflet dans la glace appelle invariablement celui de l’homme dans son esprit.
Collier scindé : Taillé dans l’os, creusé d’une rune énigmatique, le pendentif est l’œuvre de Fenrir Domanilion. Il est fragmenté en deux parties. La sauvageonne en conserve une, tandis que le ténébreux Nordique garde la seconde. Ely’ est amusée par l’importance qu’il accorde à la signification de son geste. Elle le porte pour ne pas susciter sa colère.
Livre
Expérience Alchimiques de Haspiik : Ely' est tombée par hasard sur l'ouvrage qui n'a pas manqué de susciter son intérêt. Elle le garde de côté, convaincue qu'il lui sera utile pour ses expériences à venir. La couverture s'est détériorée à cause de l'humidité du Sans-Fond et les pages sont chiffonnées à force d'avoir été manipulées.
Arme
Dague sertie : La dague est finement ouvragée. Sa garde a fait l’objet d’une attention particulière puisqu’elle est sertie de diamants, minutieusement enchâssés dans l’acier. Le fil de la lame est naturellement tranchant. Ely’ affectionne cet objet particulièrement pratique, témoignant du savoir faire d’Heimdal et de sa gratitude.
Epoque de l'Ancien Monde
Capitale, place du marché
Saturées par sa population, les artères principales de la Capitale débordaient d’une effervescence fiévreuse. Le flux convergeait vers la place du marché, là où la foule se faisait plus dense encore, où les échoppes bariolées étaient prises d’assaut par des habitués pressés. Elyrïa dominait la masse indistincte de nobliaux et de bourgeois qui s’écartaient au passage de sa monture. Elle remonta l’allée centrale au rythme du pas régulier de son cheval, sans prêter attention aux regards appuyés qu’on lui jetait. Ses prunelles sombres s’attardèrent cependant sur l’obstacle se dressant au milieu de l’avenue. Les sabots de l’animal raclèrent les pavés gris lorsqu’elle tira sur les rênes face au palanquin drapé de tentures rouges, soutenu par quatre esclaves mâles à chaque extrémité. Elle avisa le noble avachi dans sa litière d’un œil froid. Un homme sûr de son pouvoir et de son influence dans cette ville, de toute évidence. Sa corpulence grasse, handicapante, attestait de l’abondance de sa richesse. Il la considéra à son tour, paresseusement, critique. La Qadjaride détonait par son allure de bohémienne sulfureuse au milieu de cette foule de bien-lotis. Une accumulation de bracelets dorés courrait le long de ses bras nus. D’autres parures épousaient la forme de son cou, toutes incrustées de pierreries, trahissant son appartenance à une classe supérieure, aisée.
« En voici, un bel animal… » lâcha l’anobli, appréciateur.
Elyrïa flatta l’encolure de sa jument en faisant tinter les boucles d’or suspendues à ses oreilles.
« En effet. Bien en chair. »
La paupière du noble frémit sous la pique.
« Je sais qui tu es. Sire Dogmalion a toujours eu des goûts particuliers, pour ses catins.
-D’où je viens, ce sont les hommes et les femmes respectés qui montent à cheval, et les catins qui restent couchées, Sire. »
L’homme se redressa d’un bond dans sa couchette, empourpré de colère, portant un doigt accusateur contre elle. Autour d’eux, quelques visages curieux se tournèrent vers la scène, enjoignant le noble à maîtriser la violence de son hostilité.
«Soit. Je veillerai à ce que les traditions soient respectées ! Ton maître ne sera pas contre se séparer de toi une semaine ou deux, si je le lui demande.
-Je lui laisse le soin de vous répondre, Sire. »
L’emportement du haut-sociétaire contrastait avec l’apparente sérénité de la nomade.
« Justement, j’ai à parler affaire. Dis-lui que le conseiller et noble Trardodus est impatient de s’entretenir avec lui autour d’une table bien garnie. Dans deux jours. Chez lui.
-Ce sera fait. »
D’un geste impatient de la main, l’anobli commanda aux quatre porteurs qui soulevèrent la litière d’un même élan et contournèrent la cavalière. Elyrïa referma ses doigts ornés de bagues sur la bride de sa monture. Sa jument piaffa, nerveuse, avant de s’engager dans un pas actif dont l’écho retentit sur les dalles de l’avenue.
Salon de Sire Dogmalion
« La vermine Lig Ocolidienne pullule dans les eaux carrogiennes, à ce qu’il paraît. Plus qu’à l’accoutumé.
-J’ai eu l’occasion de me rendre à Lig Ocolide, il y a longtemps, pour mes recherches. Une expérience enrichissante, que je ne renouvèlerai certes pas. On devient plus sage, avec l’âge ! »
Les voix de Sire Trardodus et de Sire Dogmalion portaient jusqu’à la cuisine où Elyrïa s’était retirée. Une robe longue couleur jade habillait ses formes sans les dévoiler, en suggérant leurs attraits sous un voile diaphane. Sa crinière sombre couvrait ses épaules en coulant jusqu’aux creux de ses reins comme une cascade d’eau noire, rehaussant l’éclat lumineux de son teint hâlé. La jeune femme retira une fiole de son corsage, presque vide, au contenu liquide et translucide. Elle y plongea l’extrémité d’une plume blanche, immaculée, fixée à l’un de ses colliers et attendit qu’elle s’imbibe du poison.
« Je vous savais excentrique, Sire Dogmalion, mais au point de chercher à vous joindre à ces sauvages…- C’est une curieuse façon de se cultiver, là où par définition, l’instinct primaire domine sur le reste. Je suppose que ça éclaire certains aspects de votre personnalité qui m’échappaient jusque là.
-Mes travaux m’ont amené à m’intéresser sur une pratique dont il ne reste de trace nulle part ailleurs. Je n’ai pas à me justifier davantage. Mais je me réjouis que vous me pensiez différent de vous et du reste de votre assemblée, Sire Trardodus. »
La Qadjaride scella la fiole désormais vide qu’elle fit disparaître entre la vallée de ses seins. Elle se saisit d’un plateau d’argent surchargé de mignardises et de pâtisseries soigneusement disposés et quitta la cuisine, l’air parfaitement détaché.
« En parlant de sauvages…- »
Le mépris de Trardodus se mêlait à un profond sentiment de frustration à la vue d’Elyrïa. Cette dernière se pencha vers lui et inhala son odeur de sueur grasse en disposant le plateau au centre de la table. La tension était palpable entre les deux nobles. Le conseiller posa la main sur l’arrondi de son ventre repu en avisant le choix de gâteaux, intéressé. Son gouteur, assis à sa gauche, s’empara d’un des desserts pour s’assurer de leur caractère inoffensif. Elle le regarda faire avec amusement –comme s’il s’agissait d’un jeu auquel elle avait un coup d’avance.
« Vous l’avez ramenée de l’un de vos voyages, Sire Dogmalion ? »
L’hôte dévisagea son invité dont l’influence et la fortune surpassaient les siennes. Sa protégée s’avança vers lui et s’agenouilla à sa droite avec l’indolence d’un grand fauve, le regard porté sur le convive. Le médecin réputé chercha aussitôt le contact de la courtisane en glissant la main dans ses cheveux.
« Je l’ai rachetée à des esclavagistes d’Indubal, sur le retour de mon expédition. Elle avait 15 ans et avait été enlevée à un groupe itinérant de Qadjarides. Elle m’accompagne depuis, et partage notre culture. Ce n’est pas une sauvage.
La voix du praticien s’était durcie face à l’homme qui le toisait avec suffisance. Ce dernier étira ses bras lourds sur la table en arborant un sourire froid.
«- Qu’en est-il de vous, Sire Dogmalion ? lança-t-il, ses pupilles réduites à deux fentes sournoises. Vos talents de chirurgien vous permettent de briller en société, mais d’aucuns rapportent vos affiliations de longue date avec l’entourage de l’ancienne famille royale, tombée en disgrâce. Des murmures qui ternissent votre réputation, j’en ai peur. »
L’intonation insidieuse du mondain dissimulait à peine ses intentions belliqueuses, ce qui provoqua une légère oscillation de la tête de la part d’Elyrïa.
« Le nouveau Roi ne me tiendra pas rigueur d’entretenir des amitiés qui me sont agréables, répliqua tranquillement le destinataire de ces accusations.
-Cependant, il est de notoriété publique que les alliances encouragent les amitiés, et vice versa. L’autorité de notre bien aimé souverain souffre encore de quelques failles, et je vous soupçonne d’être l’une d’elles, docteur. Il me serait très facile d’en convaincre certains hauts-dignitaires. »
Ce dernier commentaire jeta un froid polaire dans la grande salle.
« Aussi je me permets de vous réclamer une faveur. J’aimerais beaucoup que vous vous passiez des services de votre favorite, le temps que je puisse moi-même juger de ses mérites » confia le puissant commanditaire, assorti d’un petit sourire féroce.
Elyrïa sentit la main de Dogmalion se crisper dans ses mèches sombres. Elle devina l’expression profondément contrariée de son visage sans même lever les yeux vers lui.
« Mais avant cela… je ne pourrai rien avaler d’autre sans évacuer au préalable tous les excès de ce banquet, et ces petits gâteaux me font terriblement envie. »
Avant même que le maître de maison puisse faire signe à un esclave, Trardodus désigna la jeune femme du menton, sa bouche étirée en un sourire acerbe. Les bracelets de la concernée s’entrechoquèrent quand elle se leva.
« Vider un homme ne devrait pas te poser problème » déclara-t-il, goguenard, en se levant à son tour.
« Je suis heureuse que vous me donniez l’occasion de faire étalage de mes dispositions naturelles, Sire. »
Son tuteur inspira profondément, agacé par le manège se déroulant sous ses yeux impuissants. Il suivit du regard celle qu’il avait élevé et instruite, 8 années durant, se doutant de quelque chose. Elyrïa invita l’aristocrate replet à la suivre jusqu’à la cuisine, où un large plat en cuivre semblait attendre.
« Vous avez apporté des vomitifs ? » demanda innocemment la brune.
Trardodus la considéra avec moquerie, savourant l’instant. Son oubli était volontaire.
« Non. »
Elle hocha la tête, accompagné d’un sourire fugace, et porta la main à la plume encore suspendue à son pendentif. Le riche nanti alla s’installer près du récipient.
« Relevez la tête, Sire. »
Il s’exécuta en offrant le spectacle de sa bouche béante, ouverte sur les ténèbres sirupeux de sa gorge. La belle posa la main sur la nuque suintante en introduisant la plume entre les mâchoires, et s’appliqua à enduire les muqueuses du venin, en insistant bien sur la glotte pour provoquer des spasmes irrépressibles. L’homme émit des borborygmes plaintifs avant de se pencher sur l’auge et de vomir copieusement, parcouru de convulsions.
Le reste de la soirée se déroulera normalement. Trardodus entreprit de se gaver encore, jusqu’à ce qu’il se plaigne de violents maux d’estomac, qui écourtèrent sa visite. Durant la nuit qui suivit, le docteur Dogmalion fut sollicité auprès de son chevet. Il ne le quitta que deux jours plus tard, à la mort inexpliquée et foudroyante du conseiller.
Chambre de Sire Dogmalion
Belle, désirable toujours, dévoilant et refusant ses charmes du haut de sa terrasse, Elyrïa dominait la cité en contrebas, avec, dans la pause, un soupçon de morgue. L’aube pointait. Au loin, le roulement tapageur d’une course folle grondait comme le tonnerre, ébranlant la ville encore engourdie. Trois cavaliers déboulèrent au coin de la rue, lancés au galop. Ils arrêtèrent leur monture écumante devant la propriété et l’un d’eux mit pied à terre. Le docteur Dogmalion enfonça la porte et disparut à l’intérieur.
« -ELYRIA ! » rugit sa voix de stentor entre les murs de la demeure.
La dénommée se retourna lentement vers l’intérieur de la chambre, s’apprêtant à le voir surgir. Il repoussa brutalement le battant de la porte, les mains tremblantes, animé d’une fureur sans borne. Son poing serrait une cravache de cuir tressé, si fort que ses phalanges en blanchissaient.
« -Maître, » souffla doucement la Qadjaride.
Elle avança vers lui à pas feutrés, en déployant une sensualité provocante. Son regard sombre et pénétrant épousa celui du médecin, où elle décrypta une profonde lassitude, et surtout, la brûlure d’une colère à peine contenue. Cette dernière s’évaporait au fur et à mesure que la belle approchait, vaincue par le charme de la tentatrice.
« -Pourquoi as-tu fais cela, Elyrïa.. ? » souffla l’homme dans ce qui ressemblait davantage à une plainte qu’à une sommation.
« Qu’ai-je fait ? » demanda-t-elle, imperturbable.
L’étincelle de courroux crépita de nouveau dans les yeux de son tuteur. Il agrippa ses cheveux d’une poigne ferme et les tira en arrière pour la contraindre à lever son visage vers le sien. Elle céda, sans rien laisser paraître d’autre que son inébranlable assurance.
«Jusqu’à preuve du contraire, je ne suis pas un idiot, persifla-t-il. Personne ne sera en mesure de le prouver avec exactitude, mais il est évident que tu n’es pas étrangère à la mort subite de Sire Trardodus ! Je suis médecin, Elyrïa, je sais reconnaître un décès par empoisonnement ! Et je ne suis pas le seul, hélas ! »
Il la relâcha, sèchement, sans cesser de la contempler.
«- Son gouteur se porte comme un charme. J’ignore comment tu as procédé, cela n’empêche que j’en sais suffisamment sur ta nature pour reconnaître ton œuvre ! » ajouta-t-il, hargneux.
Des hennissements, suivis de bruits de sabots impatients leur parvinrent du dehors. Les chevaux trépignaient, dans l’attente, reflétant probablement l’humeur de leur cavalier. La jeune femme comprit qu’elle se faisait désirer.
« Tu n’as rien à dire ? » grommela le noble en laissant l’extrémité de sa cravache frapper sa botte avec humeur.
Elyrïa ignora la menace latente qu’il brandissait à grand renfort de sang-froid. Elle se détourna de lui et retrouva sa place initiale, sur le balcon, afin d’évaluer les deux miliciens, dans la rue. A leur accoutrement, elle pouvait affirmer sans craindre de se tromper qu’ils n’étaient pas de la Capitale.
«-Son sort a été scellé au moment même où il a posé les yeux sur moi, déclara-t-elle d’une voix douce, maîtrisée. Le tien aussi. »
Dogmalion s’était rapproché, jusqu’à se coller à elle, d’une manière familière, presque tendre.
« -J’ai tiré les cartes, avant que tu n’arrives, murmura-t-elle en rejetant sa tête en arrière afin de mieux le considérer. Je sais ce qu’il m’attend. »
Un érotisme voluptueux enveloppait les amants. Tant et si bien que les mains du maître glissèrent d’elles-mêmes sur la peau tiède et satinée de la courtisane. Il écarta sa crinière pour dégager sa nuque et ses épaules, dévoilant un tatouage au-dessus de son omoplate droite, qu’il embrassa doucement. Elyrïa fut parcourue d’un délicieux frisson.
« -Il avait raison finalement… tu es restée sauvage, concéda-t-il, murmurant, le timbre de sa voix emprunt de regrets.
-Cet opulent salopard ne pourra plus t’atteindre, désormais. »
Il encercla ses hanches, la retourna tout contre lui, puis fit courir ses doigts dans la cambrure de ses reins. La captive disposa ses lèvres à la base de son cou, en remontant vers sa gorge. Elle sentit le sang pulser sous l’épiderme de son mécène, attisée par l’appel de sa bouche.
« Il y a, le long de ton échine, des étincelles endormies qui se réveillent parfois sous la caresse pour mieux brûler… »grogna-t-il dans un soupir alangui.
La Qadjaride le repoussa d’une main, faisant tinter ses bracelets.
« Ils s’impatientent, » dit-elle d’un ton péremptoire.
Un éclair de déchirement traversa le regard de Dogmalion tandis qu’il défit son étreinte, résigné.
« Ils attendront le temps qu’il faut, c’est moi qui les ai payés. J’ai négocié pour qu’on t’emmène à Esperia, loin de la Capitale. Tu feras l’objet d’égards durant le voyage, mais une fois arrivée, tu n’auras plus de droits. Tu seras une esclave » débita-t-il d’une traite, troublé.
Elyrïa marchait déjà vers la porte. Il la rattrapa en une enjambée, en saisissant son poignet.
« Je le fais pour te mettre hors de portée de ceux qui te voudraient du mal » souffla le noble à son oreille, la gorge nouée.
Quatre cavaliers traversèrent la ville en silence, alors que le jour commençait à jeter ses feux sur les bâtiments de la Capitale. Arrivés aux quais, ils descendirent de leur monture respective, hormis Dogmalion. Il surplombait la scène en contenant son émotion. Elyrïa était flanquée des deux mercenaires qui devaient l’accompagner dans son périple.
« Prends soin de ma jument, »énonça la belle avec un sourire.
Il acquiesça en se saisissant de la bride de l’animal. La jeune femme sentit le riche aristocrate la considérer avec regrets, une nouvelle fois.
« Prends soin de toi, Elyrïa. »
Elle échangea un dernier regard avec lui, fugace mais intense. Après quoi, il éperonna son cheval et s’éloigna au galop, fuyant l’instant où elle embarquerait vers le Nouveau Monde. Loin de lui, et de tout ce qu’elle avait connu jusque là.
Notes