Lukemise

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Lukemise

La Lukemise, ou sous sa forme complète « Taivaslukemisen », littéralement « Lecture des Cieux » en capitalin, est une science proche de l’astronomie née d’un fragment monachiste de la Mythologie arbitrée autour de la Synty.

Origine mythologique

Selon la mythologie lukemisiste, lorsqu’Arbitrio arracha son cœur au cours du Temps du Sacrifice pour créer l’Homme, son sang se dispersa dans le ciel, altérant les étoiles déjà présentes, en créant de nouvelles, et colorant la voûte céleste de mille dessins. Une autre interprétation non-reconnue officiellement par le Concordat de Roskilde, mais généralement privilégiée par les adeptes de la Lukemise et plus généralement par les monachistes, veut que le Récit de la Création ait été mal écrit et qu’en réalité, les étoiles et le ciel se seraient composés avec le sang d’Arbitrio directement au cours du Temps du Sacrifice, et non précédemment au cours du Temps de la Séparation : ce qui impliquerait que tous les corps célestes sont les créations directes d’Arbitrio. Une troisième théorie complémentaire aux deux premières, plus récente et généralement mieux acceptée, a établi que les comètes et étoiles filantes - qui ne sont pas distinguées les unes des autres - ne sont pas constituées du sang d’Arbitrio, mais de ses larmes, ce qui constitue ainsi un nouveau domaine d’études.

Étude du ciel

La Lukemise affirme que le ciel est une « toile peinte par Arbitrio », un aperçu direct de sa sagesse infinie et parfaite. De ce fait, découvrir, décrire et comprendre le ciel permettrait d’accéder aux enseignements directs d’Arbitrio, comme s’il s’était littéralement servi de la voûte céleste comme d’une sorte de carnet de notes ; même si cette vulgarisation déplaît aux adeptes les plus fanatiques. Ceci fit de l’astronomie une science sanctifiée dès le premier siècle, bien que depuis le développement de l’érudition à Golvandaar, une claire différence a été marquée entre l’astronomie, science d’observation du ciel et de ses diverses composantes, et la Lukemise, la lecture symbolique et mystique de cette étude, et l’interprétation de cette lecture. Les deux ont toujours fait bon ménage et le lien immuable qui les connecte garantit aux astronomes un financement incomparable, et inversement pour les lukemisistes.

La Lukemise constitue ainsi une forme de théologie de très haut vol et reste d’une grande complexité, d’une inaccessibilité certaine aux profanes, et dont les découvertes elles-mêmes sont toujours sujettes à être discutées aujourd’hui par les rares érudits à en détenir les arcanes. Cette étude ne concerne donc finalement que peu de monde, mais au cours des siècles qui suivirent son apparition, les lukemisistes ont développé un désir de partager leur savoir aux croyants, offrant les augures des astres ; des bribes du message d’Arbitrio. De plus, il n’est pas rare de croiser des imposteurs se revendiquant de la Lukemise, et il est souvent difficile pour un non-initié de distinguer les savants des charlatans.

La Lukemise des comètes, elle, eût d’ailleurs un tout autre effet que celui de l’étude initiale du Ciel comme étant un plan fixe. Les lukemisistes ont commencé à mettre en lien les mouvements des comètes avec la vie du monde, développant dès lors des prophéties, ou une « opinion d’Arbitrio », au travers de ce qu’ils observaient à l’aide des télescopes de leurs observatoires.

En dehors de ces arcanes très concrètes pour certains, très abstraites pour d’autres, la Lukemise a fait des étoiles, des constellations, des comètes et de tous les autres corps célestes des éléments primordiaux dans l’imagerie religieuse monachiste et culturelle adaarionne.

Histoire et Institution

Appelée Tähtien hakuryhmä mais plus fréquemment désignée comme « Hakuryhmä » voire « Haku », nom capitalinisé en « Organisation d’études des étoiles », l’institution ayant réuni le plus de chercheurs et produit le plus d’ouvrages autour de la Lukemise est basée à Laaksot, d’où elle coordonne ses multiples centres dispersés dans les États Arbitrés. Le choix d’où elle s’établirait fut quelque peu contraint : en -4, alors que Golvandaar, encore en pleine construction autour de l’antique citadelle de Castel-Roc, se préparait à la disparition prochaine du Selkeä, elle ne prit pas le temps de s’intéresser au financement de ce qui deviendrait le Hakuryhmä. Ce sont les Notables Hyvas laaksottis d’alors qui se penchèrent les premiers sur la question et accueillirent à bras ouverts les chercheurs en leur cité, leur offrant un terrain de premier choix à l’extrémité de leur vallée, et en surplomb de celle-ci ; là où les paysans ne sauraient déranger l’observatoire, qui profite ainsi d’une absence de lumières nuisibles.

Elle fut donc créée deux ans avant le décès d’Allistère, qui ne se prononça d’ailleurs jamais en public quant à la théorie de la Lukemise. Un acte signé de sa main indiquant qu’il reconnaissait comme « vertueuse » et « d’intérêt général » la mission du Hakuryhmä fut retrouvé dans ses quartiers peu après son trépas, mais le papier ayant aujourd’hui disparu, certains en profitent pour renier son existence et, avec elle, la légitimité de l’institution elle-même. Laaksot en expose aujourd’hui la seule copie connue dans le lieu où se regroupe son Kokous.

Cette maigre faction n’empêche pas les lukemisistes d’accomplir leur travail et d’être reconnus par le Monastère Adaarion. Néanmoins, de nos jours, cette question refait surface au sein des communautés kantaisäistes : certains mettent en avant leur rejet de la Lukemise dans une tentative d’apparaître comme des monachistes plus pieux, plus respectueux des préceptes originels, sans savoir que la Lukemise en fait justement partie ; d’autres, justement, ont tendance à s’inventer des connaissances en la matière et à prôner sa parfaite exactitude, allant même jusqu’à désigner le Moine Rhunnio comme un lukemisiste qui aurait basé son mouvement sur une prédiction fournie par la Lukemise, et ce sans que le principal intéressé n’aie nié la chose jusqu’ici.

En 207, à la création de l’Oppikaupunki, Astaarzon le Studieux essaya de déplacer le siège du Hakuryhmä de Laaksot à Golvandaar. Cette tentative fut marquée par le second écueil le plus grand auquel se confronta le Sovitelija : les élites laaksotties, qui tenaient grandement à ce que l’institution conserve sa place en leur ville de sorte à attirer certains investissements étrangers, firent front commun et défièrent l’autorité d’Astaarzon, lui rappelant son échec de l’année précédente lors du « Pogrom de la Paix ». Marquant une première dans l’Histoire, Laaksot prit la tête d’une petite coalition lors du Kaikkikokous qui devait mettre un terme à la querelle, et l’ensemble des Assemblées Urbaines de Laaksot, Siniseima et Lodaving, appuyées par une partie de la délégation de Svarstak, se présentèrent pour défendre la position actuelle du siège du Hakuryhmä. Si les érudits d’aujourd’hui tendent à s’accorder sur le fait que cette mobilisation demanda des efforts considérables pour un résultat mitigé, au vu du fait que l’Observatoire de Golvandaar reste de qualité similaire, voire supérieure selon certains, à celui de Laaksot, les laaksottis eux-mêmes en ont tiré une immense fierté qu’ils gardent encore aujourd’hui. Les positions de Siniseima et Lodaving sont moins tranchées, mais toujours plutôt accordées quant au fait que cette aide apportée leur fut favorable - ces deux cités ont bénéficié de forts investissements laaksottis en retour de leur intervention, et elles ont ainsi contribué au maintien d’un semblant d’équilibre entre les Cités Adaarionnes.

L’expansion de l’influence du Tähtien hakuryhmä fut historiquement compliquée. Au départ très réticents pour à investir dans la construction de lieux adaptés à la recherche et dans l’élaboration d’instruments d’observation toujours mieux réalisés, avec les technologies contemporaines, les États arbitrés ne cédèrent aux demandes adaarionnes qu’à partir de l’an 195, à la conversion de l’Empereur, et de manière très progressive ; Eyjarfolk, Mesigios et une bonne partie de la Vellabria et de la Dione n’étaient pas encore totalement convertis à cette époque, et la Grande Huratelon venait d'obtenir le droit d’organiser son propre culte.

Au VIème siècle, cette institution est essentiellement financée par le Monopole de l’Or, mais elle l’est aussi par de riches Notables Hyvas qui souhaitent être bien vus du peuple, tout particulièrement à Laaksot. Par leur contribution totale et dans l’ordre décroissant, les généreux mécènes étrangers à la Nation Adaarionne sont : Capitalins, Caroggians, Ribadans, Eyjarskas, Mésigues, Canatanais (principalement Roskildois), Huras monachistes et dans une bien moindre mesure, souvent de manière anonyme, Huras phalangistes.

Hauts lieux de la Lukemise

Au premier plan de la recherche lukemisiste figurent naturellement les observatoires adaarions. Appelés « Observatorios », il s’agit principalement de ceux de Laaksot et de Golvandaar ; le premier étant réputé pour être le siège du Hakuryhmä ainsi que le plus ancien observatoire, tandis que le second est le plus fréquenté du Continent et le mieux placé symboliquement, puisque sur le flanc du Mont Adaar. Le dernier et plus récent observatoire présent en Nation Adaarionne est celui du petit ermitage de Kraanvik, très réputé et à la mode parmi les adeptes de la Lukemise qui sont les plus amateurs de fromage, du fait de la fabrication du célèbre « Toit du Monde » au sein du même village. On qualifie de ce fait ces personnes, avec une affection amusée, de « lukemisistes fromagers » - auxquels on attribue même parfois de manière moqueuse le pouvoir de lire l'avenir dans les trous du gruyère.

Encore plus au cœur de l’attention, et ce chez les fervents admirateurs de la Lukemise d’une manière bien plus large, c’est l’observatoire de Dansjlos qui attire beaucoup de monde ces derniers temps. À cause de son grand isolement et de son positionnement tout au nord de la carte, à la latitude la plus froide du monde connu, ce n’est que difficilement que les volontaires y parviennent, et lorsqu’ils y arrivent, c’est essentiellement en thermidor. Les plus riches des croyants n’ont cependant pas de mal à financer leur voyage jusqu’à ce lieu, souvent accompagnés par des sovsackers eyjarskas payés pour l’occasion, eux qui connaissent bien leur région. On y bénéficie d’une vue sublime sur les Lumières d’Arbitrio, et le peu de représentations que des peintres peuvent en faire sont extrêmement prisées, en particulier, même si de manière inavouée depuis leur défaite lors de la Mikillsjostrid, par les Caroggians.

De manière bien moins significative, l’observatoire de la Capitale, qui ne fut pas créé à l’initiative du Haku mais abrite tout de même quelques-uns de ses chercheurs, essaie de participer à la recherche lorsque les fumées de la ville ne passent pas devant son télescope ; il est souvent la cible de moqueries du fait de sa mauvaise situation. La Concorde de Roskilde abrite elle aussi un petit observatoire au sommet de sa Tour Cendrée mais ne participe pas activement à la Lukemise et ses appareils servent surtout au plaisir des moines monachistes.

Enfin, il est communément admis que le plus ambitieux de tous est celui, encore en construction, de Malakasi. Situé au sommet de la chaîne des Alcontes, à quelques kilomètres de la ville de Malakasi, il est placé sur un terrain qui a déjà été acquis par Lampekastro et qui abritera principalement des moines ribadans, en dépit de la distance entre la Principauté de la Ribada et les Alcontes. Lancé à l’initiative du Monastère de l’Adaar-Doré, le projet est d’établir un observatoire qui puisse rivaliser avec ceux de Laaksot et de Golvandaar en terme de qualité d’observation dans la partie sud du Continent. Puisqu’il est admis que certains corps célestes sont mieux visibles depuis des endroits précis, le projet séduit rapidement et, au début du VIème siècle, la prospection débuta. Une fois l’emplacement trouvé, les plans furent dessinés, mais les troubles politiques dans lesquels se trouvait alors la région ont grandement ralenti la construction de l’édifice. La Guerre d’indépendance de Mesigios fait bientôt rage et les travaux sont alors interrompus. Ils ont peu à peu repris au terme de cette dernière et, de sorte à améliorer ses relations avec le Monastère et sa Province pacifiée, Cédric Adagan a notamment affirmé vouloir subventionner cet observatoire lors du discours faisant suite à son sacrement.

Apport scientifique

Outre la question religieuse et le domaine de l’Astronomie, la Lukemise a aussi rendu possible l’établissement d’un système de mesure basé sur l’observation d’une nature immuable. Ainsi, le système de mesure lukemisiste, développé du premier au début du troisième siècle, a largement contribué à faire connaître le nom de la Lukemise dans les milieux scientifiques de l’Ancien Monde. De plus, le système royal, le système de mesure dominant actuellement le monde connu (et l’équivalent du système métrique dans l’univers d’Esperia) découle directement du système lukemisiste et se base lui aussi sur l’étude des astres.